SOGO BO · Marionnettes du Mali

La première danse qu'ils exécutent s'appelle kòmofòli, qui est à l'origine une danse d'initiation. Les hommes et les femmes dansent en ligne: quelques pas, suivis d'un petit saut et d'un demi-tour, et ainsi de suite. Les bras se balancent librement, suivant les mouvements du corps. Elle est réalisée à chaque fois qu’une nouvelle équipe de batteurs prend le relais.

Avant l’arrivée des masques, tout le monde danse le kòmòdon et le namadòn, danses qui imitent les anciennes cérémonies des sociétés initiatiques Kòmò et NamaPour en apprendre plus, lisez l'encart dans Participants du sogo bò. Les participants forment deux cercles : celui des hommes entoure celui des femmes.

Danse réalisée uniquement par les kòrèdugaw, membres d’une société initiatique bamanan. Les kòrèdugaw sont des bouffons.

Pendant le bònjalan, des paires de jeunes hommes font de grands sauts en l'air, montrant leur agilité et leur force.

Les chanteurs choisissent entre plusieurs chansonsPour découvrir ces chants, rendez-vous sur la page regard sur les sogow dédiées à chaque masque. Celles-ci font référence à certaines qualités des personnages, à une légende ou à une métaphore relative à divers comportements humains. Elles critiquent aussi les comportements négatifs et encouragent la bonne conduite de l’individu dans la société. En plus du nom du personnage, les chants mentionnent parfois son village d’origine, le nom de son créateur, les noms des bons chanteurs, etc. Ils flattent également les personnages, élèvent leur prestige et mettent en action les danseurs. Les textes ont souvent un sens crypté et doivent être analysés et interprétés dans leur contexte social.

 

La musique est exécutée principalement avec des instruments rythmiques : tambours et petits instruments à percussions. Trois types de tambours sont utilisés :

• cun : un large tambour en bois couvert d’une peau et battu avec les mains.
• bòngolo<:i> : un tambour conique à une peau battu avec des bâtons fins et une main
• nganga : un tambour cylindrique à deux peaux battu avec un bâton

Le chœur des femmes donne le tempo avec des claquettes en bois appelées tegere qu’elles vont percuter l’un sur l’autre, et des hochets en calebasseGrosse courge séchée et vidée servant de récipient, d'ornement, et dans ce contexte de caisse de résonance pour les instruments de musique africains. sur lesquels sont accrochés des coquillages cauris qui vont s’entrechoquer et frapper la paroi.

Les pigments utilisés sont issus des végétaux (racines, feuilles et écorces de l’arbre n’galama), du sang et de la boue. Les couleurs obtenues ainsi peuvent produire du jaune, du marron, du rouge et du noir. La technique de teinte se base sur le négatif : les zones peintes en noir correspondent au fond, les zones blanches, laissées vides, correspondent au dessin.

 

Le visuel du tissu se fonde sur la répétition de modules de petites tailles sur une large surface qui forme un motif complexe, porteur de sens. Les formes sont souvent abstraites ou semi-abstraites et évoquent des objets communs (tambours), des animaux de la brousse ou des formes humaines. La lecture d’un tissu bogolan est un savoir réservé aux initiés, celui-ci est le support d’un discours et permet de véhiculer des connaissances : conseils sur la vie maritale, histoire des héros et des villages, légendes et mythes…

 

Dans la société bamanan, le discours direct est mal perçu, on préfère à cela les métaphores et énoncés ambigus. Pour Sarah C. Brett-Smith, professeur à l’Université Rutgers (New Jersey, États-Unis), le tissu bogolan est perçu comme un “document secret”, dont les irrégularités volontaires permettent de cacher la connaissance aux yeux des non-initiés. Dans la culture bamanan, il y a une absence volontaire de symétrie et de perfection, bien que le tissu bogolan affiche dans son ensemble une impression de régularité, on remarque des fautes et cassures provoquées.

 

Outre les messages portés par les motifs, le tissu bogolan est un marqueur identitaire. Il permet de distinguer un individu et sa situation sociale ; les chasseurs bamanan sont vêtus d’un tissu bogolan brun-rougeâtre. Ces tenues de chasseurs sont également portées lors de la fête des masques par le danseur du masque N’domo et par le second groupe d’hommes le plus âgé du ton.

 

De nos jours, le vrai tissu bogolan est moins présent dans les fêtes des masques, car il est cher et lourd à porter. On lui préfère les tissus en coton commerciaux sur lesquels sont imprimés les motifs.

 

Au cours des dernières années, le tissu bogolan a gagné en popularité. Les artistes contemporains et designers se sont appropriés le tissu notamment dans la confection de vêtements en Afrique et en Europe.