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Matlubeh. Yar kelour. Uzbekistan.
Matlubeh. Yar kelour. Uzbekistan.
Matlubeh Dadabayeva, chant
Nabi Ziaev, robab et ud
1. Yar yar
2. Ay négaré nazanine
3. Yar kelour
4. Dadarakam
Ouzbékistan, Ferghana. Chants et hymnes soufis. Spectacle
4-5 mars 2003
L'Asie centrale fut un important foyer historique dans la vie spirituelle du monde musulman. Sur les bases du zoroastrisme, du bouddhisme et du chamanisme se sont développées des formes mystiques variées. Dans la ligne proprement soufie, la tariqa Naqshbandi s'est propagée depuis Boukhara jusqu'aux Balkans, à l'Inde et à la Chine. La Yasa-viya, dont le centre est à Turkestan (au Kazakhstan), représente un autre courant important qui a eu un grand impact populaire notamment à travers les recueils de sagesse en poésie turcique. De plus, cette confrérie, qui favorisait le chant, les litanies (zikr) et la danse, est à l'origine d'une tradition vocale de niveau professionnel qui s'est maintenue malgré 70 ans de politique délibérément hostile aux religieux et aux soufis. L'indépendance de l'Ouzbékistan n'a cependant pas apporté à ces traditions le souffle nouveau et la reconnaissance que l'on attendait. Les lieux saints sont réhabilités, mais la crainte de l'intégrisme et de l'extrémisme entraîne la méfiance à l'égard de toutes formes de religiosité non officielle, ce qui oblige toujours les soufis à une certaine discrétion.
Cela n'empêche évidemment pas les chanteurs spécialisés dans les répertoires religieux et soufis de poursuivre leurs activités sans contrainte. Dans certaines villes du Ferghana, ils sont présents aux fêtes privées toy, données à l'occasion d'un mariage, d'une circoncision, d'un jubilée, ou à certain des dates du calendrier religieux. Leur présence et leurs chants confèrent à ces événements une certaine gravité et solennité, un caractère spirituel, une touche de sacralité.
Héritiers de la tradition soufie la plus libérale, ils chantent avec les instruments de la musique classique ouzbek : dutôr, tanbur, ney, ghijak, dayra, rabôb. Ce n'est que dans les cérémonies de zikr, comme on les pratique encore ici ou là, notamment à Turkestan, qu'ils laissent leurs instruments pour chanter a cappella, soutenus par le choeur des adeptes qui scandent des paroles sacrées.
Les chants religieux se rangent en différentes catégories : monâjât (supplique), nasihat (conseils), dâstân ou revâyat (histoires), hikmat (sagesses) de Ahmad Yasavi que l'on chante durant la scansion collective du zikr.
Les zikr sont classifiés selon le nombre d'accentuation des formules verbales : 1, 2, 3, 4 zarb-s (yakka zarb, du zarb, se zarb, chahâr zarb), ainsi que sultân zikr et arre zikr (zikr de la scie).
Bien que sous une forme simplifiée le zikr fasse partie des pratiques populaires d'Asie centrale (notamment au Tadjikistan et Ouzbékistan), dans sa forme pure, il appartient en propre aux techniques extatiques soufies qui se situent au-dessus de la religiosité standard. Selon un des chanteurs de cette tradition, le cheminement intérieur comporte plusieures étapes : la shar'iat (l'obéissance à la Loi), la tariqat (l'engagement dans la Voie), la haqiqat (la Vérité), et l'étape de mohabbat (l'Amour). C'est à cette étape que l'on s'adonne pleinement à la pratique du zikr.
Les poèmes présentent une large palette des sentiments et de thèmes religieux : la contrition et le pardon, la dévotion, la vénération des saints et des prophètes, les professions de foi, la mort et l'espoir du salut, le désir de se rendre aux lieux saints, des conseils et sagesses. La majorité relèvent de la piété courante, même s'ils sont imprégnés de pensée soufie. Certains poèmes relèvent d'une inspiration plus mystique, comme ceux d'auteurs fameux écrivant dans un style classique et dans différentes variantes du türk ancien. C'est le cas de Mashrab, Navâ'i, Makhdum Qoli (un poète turkmène), Hazini, Yasavi, Huvaydo, Mujrim Obid, Fuzuli (poète azerbaïjanais). Leur art était qualifié de féodal et clérical à l'époque soviétique. À cette lignée appartiennent aussi des poètes plus populaires, originaires du Ferghana, comme Khazini Domla et Sufi Allâhyâr. Leurs poèmes sont souvent de facture simple comme ceux de Râji. Parmi les expressions spirituelles et soufies que l'on trouve dans les musiques d'Asie Centrale, celles qui sont réunies ici sont de différents types.
Le duo vocal de Rustam et Ne'mat prolonge la tradition soufie remontant à Turkestan, telle qu'elle fut préservée durant l'ère soviétique par les frères Subhanov (cf. Ouzbékistan. Les grandes voix du passé, Ocora, 1999). Leur répertoire comporte notamment des histoires religieuses comme celle du sacrifice d'Ismaïl par Abraham ou des Quatres Califes (Chahâr Yâr). Rustam était très proche des frères Subhanov et reçut d'eux la bénédiction (fatihâ) qui est donnée à ceux qui sont jugés dignes de représenter et transmettre une tradition musicale.
Tout différent est le cas du chantre Nurollâh Qâri. On peut le rattacher à la catégorie des divâna dont le comportement a-typique et très extraverti traduit un état d'intoxication mystique bien connu dans le soufisme indien, mais rare en Asie centrale. Durant la période soviétique, il fut brimé et emprisonné parce qu'il ne craignait pas de chanter des poèmes religieux et mystiques au grand jour, devant de vastes auditoires. Quand nous l'avons rencontré la première fois, il affirma sans vergogne qu'il n'avait jamais chanté de sa vie, qu'il n'était pas musicien, bref, qu'on était mal renseignés à son sujet (en un sens il ne mentait pas, car il a évidemment de bonnes raisons de ne pas se considérer comme musicien ou chanteur au sens usuel du terme). Une nouvelle approche nous permit d'apprécier pleinement son art, et surtout son style et son comportement scénique qui diffèrent totalement de celui des autres. Il a toutefois décliné notre invitation, prétextant d'abord qu'il avait perdu son passeport, puis qu'il ne voulait pas prendre l'avion et, enfin, que cela ne l'intéressait pas du tout. À l'heure de la médiatisation de toutes les traditions, ce genre de résistance peut paraître salutaire.
Un cas particulier est celui de Abdusamad qui chante seul avec son dutôr. Son style rappelle celui des poètes populaires du Pamir ainsi que les chants de femmes du Ferghana, qui s'accompagnent au dotâr. Abdusamad Ahadov, qui tient maintenant une maison de thé dans une bourgade du Ferghana, travaillait dans sa jeunesse comme comptable dans un kolkhoze. Il raconte qu'il fut poussé ou presque forcé à chanter par un homme qui avait pressenti son talent naturel. Il se mit alors à reproduire les chansons classiques assez bien pour attirer l'attention du fameux Ma'mur Jân Uzakov, qui bientôt lui donna un dotâr, et plus tard lui accorda sa bénédiction. À cette époque, il chantait plutôt de la musique profane, mais depuis il a étendu son répertoire religieux qu'il chante d'une façon singulière et prenante.
Les chanteurs de cette lignée ne veulent pas parler des événements qui sont à l'origine de leur vocation, car ils pensent qu'ils perdraient quelque chose en dévoilant ce qui doit rester un secret intime. En parler est pour eux un signe de faiblesse. Ce simple aveu révèle bien que leur art relève de la vocation, probablement marquée par des rêves, des visions, des chocs existentiels, comme c'est toujours le cas pour les dépositaires de la tradition chamanique par exemple. C'est surtout le cas lorsqu'un chanteur n'est pas issu d'une famille de musiciens, comme c'est le cas d'Abdusamad et d'Is'hâk. À ce propos, ce dernier dit simplement qu'il s'est passioné pour la musique dès son enfance. Il aspirait, dit-il, à devenir chanteur afin d'encourager les gens dans la bonne voie, de s'abstenir des fautes, et de s'en remettre à Dieu. Il n'a pas eu de maîtres mais a appris la musique en écoutant des enregistrements d'airs religieux. Chaque chant, dit-il, a son propre secret, et leur effet est de rendre les gens meilleurs et plus charitables. Is'hâk Jân choisit les poèmes qui lui parlent et les met en musique lui-même. On peut dire qu'il a détourné le style de chanson semi-classique pour l'élever au niveau d'un art spirituel. Tout en étant professionnel, il vit davantage de son travail d'artisan.
Aucun de ces chanteurs n'a reçu une éducation musicale académique mais leurs styles, authentiques autant par l'intention et l'impulsion qui les animent que par leur conformité aux canons de l'art sacré, recueillent l'adhésion de musiciens professionnels de haut niveau. C'est autant pour leur plaisir que pour participer à un acte méritoire, que de grands maîtres classiques comme Qosim Rahmatov ou Abdurahim Hamidov unissent la voix de leur flûte ou de leur luth à celle des chanteurs, prodiguant un accompagnement instrumental inspiré et libre qui semble rendre un culte à la Beauté autant qu'à la Divinité.
JEAN DURING
Concerts organisés avec le soutien de l'Aga Khan Music Initiative in Central Asia. L'Aga Khan Music Initiative in Central Asia a pour mission de sauvegarder et de promouvoir les traditions musicales de quatre pays de la Route de la Soie : le Kazakhstan, la République Kirghize, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle apporte un soutien financier et technique à la revalorisation des grandes traditions musicales de ces régions, et s'efforce à long terme de susciter l'émergence au niveau local d'institutions culturelles destinées à être prises en charge par les communautés elles-mêmes. En outre, c'est sous l'égide de l'Aga Khan Music Initiative in Central Asia que le célèbre violoncelliste Yo-Yo Ma et le Silk Road Ensemble sont appelés à donner une série de concerts en Asie centrale et à animer des master classes où seront jouées les 'uvres d'éminents compositeurs originaires de la Route de la Soie.
L'Aga Khan Music Initiative in Central Asia fait partie de l'Aga Khan Trust for Culture, une des agences de l'Aga Khan Development Network.
Remerciements à Monsieur Bahram Qurbanov, ministre de la culture de la République d'Ouzbékistan, à Monsieur Luis Monreal, Madame Fairouz Nishanova et Monsieur Jean During.
Programme
1. Introduction instrumentale
Qosim Rahmatov et Aburahim Hamidov : tanbur et dotar
Monâjât
2. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Gawhari nuri imân" *
"Hayât an-nabi"
3. Is'hoq Hofiz
"Yighlasam" *
Katta ashula : "Muhammad jahonni sarvaridursiz" *
4. Qosim Rahmatov, ney
"Umid"
5. Abdusamat Ota
Katta ashula : "Sharmanda qilma"
"Bandang man"
6. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Le sacrifice d'Isma'il" *
"Ey khodâ âsân bokon"
7. Ensemble
Zikr ashula
8. Ensemble
"Sayqal"
9. Chansons didactiques et lyriques
Abdusamat Ota
Terme : Sagesses et conseils
Ensemble :
Saqi noma : "Fido"
"Ayrilmasin"
* poème surtitré
La lumière de la foi
ghazal de Mashrab
Gavhari nuri imonim 'qul huvallohu ahad'
Zoti pokingni haqin aytgum 'allohu samad'
Le joyau de lumière de ma foi est 'dis Il est le Dieu un'.
Je proclame la réalité de Ton essence pure : Dieu indépendant.
'Lam yalid' zotingga qildim iqtido man to abad
Dinu imonimga yor berguvchi "valam yulad
Par l'essence du 'il n'a pas été engendré', je conclue ma prière pour l'éternité.
Secoureur, ma voie et ma foi, 'il n'a pas engendré'.
Ki 'valam yakullahu' zotingni ruhim angladi
Qodiri rahi haqiqatdur san o'zing "kufuvan ahad"
Mon âme a saisi : 'il n'est personne''
Tu es le Puissant de la voie du Vrai, 'qui lui soit semblable'.
Yo iloho, surai ixlos poking hurmati
Jon berur vaqtimda san imonimga bergin madad
Ô Dieu, par le respect de la pure sourate de la Sincérité,
Au moment où je rendrai l'âme, assiste mon âme dans sa foi.
Bas, inoyating bilan bandangni aybin yopmasang
Mashrabi bechoraning qilgan gunohi beadad.
Par l'effet de tes attentions, ne caches-Tu pas les fautes de ton serviteur ?
Les fautes que le pauvre Mashrab a commises sont innombrables.
Yighlasam
Lorsque je pleure
ghazal de Mashrab
Yighlasam maqbuli duo bo'lghaymikin,
Ko'z yoshim dardga davo bo'lghaymikin?
Je pleure, ma prière sera-t-elle acceptée ?
Les larmes de mes yeux seront-elles un remède à mon mal ?
Boda-i ishq-i muhabbatim ichib,
Shavkati dunyo judo bo'lghaymikin ?
J'ai bu le vin de l'amour et de l'attachement
Serai-je délivré des attraits du monde ?
Bosh urib keldim seni dargohingga
Bir madadkorim Xudo bo'lghaymikin?
Je suis parvenu à Ton seuil et je me suis prosterné
Dieu sera-t-Il mon secoureur ?
Yighlamoqdin mendayin kom qolmadi
Yoridin menga nido bo'lghaymikin?
J'ai tant pleuré, je n'ai plus de désir
De l'Ami, un appel viendra-t-il ?
Telba Mashrab yighlayur, Yo rabbano,
Rabbi al - a'lo desam bo'lghaymikin?
Mashrab le fou est en pleurs, ô Seigneur
Je l'ai appelé "Seigneur très Haut", est-ce juste ?
Ode au prophète
qasida
Muhammad(sav) Mustafo nomli jahonni sarvaridursiz
Nabilar khotami, insu basharning rahbaridursiz
Toi dont le nom est Mohammad Mostafâ, tu es le seigneur du monde.
Tu es le sceau des prophètes, le guide de l'humanité et de tous les êtres.
Zaminu osmon ganjining noyob gavharidursiz
Tamomi anbiyolarning halimu kamtaridursiz
Tu es le joyau des trésors de la terre et du ciel.
De tous les Envoyés, tu es le plus doux et le plus humble.
Refrain :
Tasadduq sizga jonim oxirzamon payghambaridursiz
Yaratdi Tangri qildi siz tufayli oshyonlarni
Que je dévoue ma vie pour toi, tu es le Prophète jusqu'à la fin des temps.
Tout ce qui a été créé sur la terre, l'a été en ton honneur...
Histoire du sacrifice d'Ismaïl
Poème de Gharib
Haq taolo oshiqlarin sevgonidin
Boshlariga dardu mehnat solmadimu
Dieu le Très Haut, parce qu'il aima ceux qui étaient épris de Lui
Posa sur leur tête le fardeau de la douleur et de l'épreuve.
Oshiqlarim mandan boshin ayarmu deb
Ishq bobida ma'lum sinab ko'rmadimu.
Il dit : "ceux qui M'aiment ont préservé leur tête de Moi ;
Dans le chapitre de l'amour, il n'ont pas été éprouvés."
Jabroilga farmon qildi Haq taolo
Diydorimga oshiq bolsa Khalilulloh
Dieu le Très-Haut déclara à Gabriel :
"Si Abraham Khalil-ol-lâh aspire à me rencontrer'
Amrim tutib bino qildi Ka'batulloh
Endi o'ghlin qurbon qilsin demadimu
"Lui qui a érigé sur Mon ordre les murs de la Ka'ba,
Qu'il offre maintenant son fils en sacrifice."
Ul Jabroil Haqq farmonin etkuribon
Aydi Ayo Khalil, sizga Haqdin farmon
Gabriel lui transmit le message de Dieu ;
Il dit : "Ô Abraham, il y a un ordre pour toi de la part de Dieu'
Mino borib Ismoilni aylang qurbon
Haqq farmoni shudir debon aytmadimu
"Rends-toi à Minâ et sacrifie Ismaïl."
Et il ajouta : "tel est l'ordre du Vrai."
Khalilulloh Haqq farmonin mahkam tutib
Ismoilni boshin silab, yuzin o'pib
Abraham obéit sans discuter à l'ordre divin.
Il caressa la tête d'Ismaïl, embrassa son visage.
Hojar onasi qo'ying uni boshin yuvib
Do'st-do'stini ko'rsin debon aytmadimu
Il dit à sa mère Hâjar de lui laver la figure
Car cet ami allait à la rencontre de son Ami.
Ipu pichoq Khalilulloh pinhon oldi
Ato-o'g'il Mino sari ildam yurdi
Abraham prit une corde et un couteau et les cacha.
Puis le père et le fils marchèrent d'un bon pas vers la colline de Minâ.
O'shal holda Shayton mal'un yetib keldi
Ismoilni ul dam yolin to'smadimu
À ce moment-là Satan le maudit survint.
Il barra la route d'Ismaïl.
Ey Ismoil, bu so'zimni anglagil san
Otang bilan Mino sari bormagil san
"Ô Ismaïl, entends mes paroles,
Ne va pas vers Minâ avec ton père'
So'yarman deb pichoq oldi bilurmisan
Sani unda qoning to'kar demadimu
"Sais tu qu'il a pris un couteau en disant 'je vais le sacrifier'
Il versera ton sang ici" ajouta-t-il.
Otam meni joni dildan yakhshi ko'rar
Ko'zlaridan g'oyib bo'lsam yoshi oqar
Ismaïl dit : "mon père m'aime comme la prunelle de ses yeux
Lorsque je disparais de sa vue, il verse des larmes'
Bu hol birlan nega mening qonim to'kar
Shaytonsan deb unga bir tosh otmadimu
"S'il en est ainsi comment pourrait-il verser mon sang ?
Tu es Satan" dit-il et il lui jeta une pierre.
Bir tosh birlan o'shal Shayton mardud bo'ldi
Ota-o'g'il qo'l ushlashib Mino yurdi
Avec cette pierre, Satan fut chassé.
Le père et le fils, main dans la main marchaient vers Minâ.
Khalilulloh ko'zlaridan yosh to'kildi
Jonim bolam bir so'zim bor demadimu
Des larmes coulaient des yeux d'Abraham :
"Mon cher enfant, j'ai quelque chose à te dire'
So'zim shuldir jonim qo'zim pandim anglang
Mardonavor belingizni mahkam bog'lang
"Telle est ma parole, mon cher agneau, écoute mes conseils :
Noue ta ceinture comme un vrai homme'
Qurbon qilay qoningiz-la yerni dog'lang
Yaratgandan farmon shuldir demadimu
"Je vais te sacrifier, ton sang va colorer la terre,
Tel est l'ordre du Créateur."
Ul Ismoil yig'lab dedi: Jonim ota
Ming jon bo'lsa Khudoimga bo'lsin fido
Ismaïl en pleurs répondit : "cher père
Si j'avais cent vies, je les sacrifierais toutes à Dieu'
Jonim otam siz bo'lsangiz mandin rizo
Jonim otam uch so'zim bor demadimu
"Cher père soyez satisfait de moi
Mais, mon cher père, j'ai trois demandes'
Biri shuldir qo'l-oyog'im mahkam bo'lsin
Jon achchiqdur, qonim sizga sachramasin
"La première : que mes mains et mes pieds soit attachés
Car l'âme vitale est vivace et mon sang ne doit pas gicler sur vous'
Yuzim yerga qiling, ko'zim qaramasin
Beodoblik bo'lmasin deb aytmadimu
"Tournez mon visage vers la terre, que je ne puisse vous voir
Et ne manque donc pas aux bons usages'
Biri shuldir uyimizga siz borsangiz
Mehribonim onajonim siz ko'rsangiz
"L'autre est que lorsque vous rentrerez dans notre maison
Et verrez ma chère et douce mère'
Ismoilim qayda qoldi deb so'rsalar
Haq do'sti uchun qurbon bo'ldi demadimu
"Lorsqu'elle demandera 'où est mon Ismaïl ?'
Dites qu'il a été sacrifié pour son Aimé divin'
Jonim otam endi sizga to'yolmadim
G'arib onam khizmatlarin qilolmadim
"Cher père, je ne serai pas rassasié de votre compagnie
Ma pauvre mère, je ne vous aurai guère servi'
Onam ko'rib rizo bo'ling deyolmadim
Salom ayting rizo bo'lsin demadimu
"Je ne pourrai pas dire que j'ai contenté ma mère.
Passez lui mon salut, qu'elle soit satisfaite de moi" dit-il.
Khalilulloh aytdilarki, jonim bolam
Bobolaring payg'ambarlar ko'rsang mudom
Abraham dit : "mon cher enfant
Lorsque tu verras pour toujours les prophètes'
Barchalariga etkurgaysiz bizdan salom
Vidolashib so'zin tamom qilmadimu
"Transmets-leur nos salutations."
Et il conclut en lui faisant ses adieux.
Ismoilni qo'l-oyog'in Khalilulloh mahkam qildi
Atrofini maloiklar o'rab turdi
Abraham attacha les pieds et les mains d'Ismaïl.
Autour de lui les anges formaient un cercle.
Arshu kurs lavhu qalam dodlab turdi
Ismoilni Haqdin tilab turmadimu
L'Arche, le Trône, la Table et le Calame se lamentaient
Implorant le Vrai en faveur d'Ismaïl.
Takbir aytib Khalilulloh pichoq qo'ydi
Ismoilni halqumiga hech o'tmadi
Abraham prononça la prière des morts, il appliqua le couteau
Mais la lame ne trancha pas la gorge d'Ismaïl
Jonim otam uchi bilan sanching dedi
Pichoq o'tmay halqa bo'lib turmadimu
« Cher père, utilisez la pointe du couteau » dit Ismaïl.
Mais là encore le couteau ne pénétra point.
Jahli chiqib Khalilulloh ul pichoqni toshga urdi
Toshni kesib pichoq yana chaqnab turdi
Abraham s'irrita, il jeta le couteau contre une pierre
Et le couteau trancha la pierre en deux.
Sabab nadur Ismoilni kIsmaydursan
Qattiq toshni ikki pora qilmadimu
Pourquoi n'as-tu pas transpercé Ismaïl ?
N'as-tu pas coupé en deux la dure pierre ?
Ey payg'ambar, siz aytursiz kesgin buni
Khudoimdan farmon keldi: kisma uni
Le couteau répondit : "Ô prophète, tu m'as dit "tranche"
Mais de mon Seigneur est venu l'ordre : "ne le blesse pas"'
Khojasini amrin tutgan do'stim mani
Pichoq uzrin aytib titrab turmadimu
"Celui qui obéit aux ordres de son Seigneur est Son ami (dit un hadith)"
Le couteau présenta ses excuses, tout tremblant.
Jabroilga Haq taolo farmon qildi
Jannatimdan qo'chqor olib borgil dedi
Le Très-Haut donna cet ordre à Gabriel :
Apportez un agneau du paradis'
Ismoilni o'rniga uni so'ysin dedi
Qo'chqor kelib do'stin khalos etmadimu
"Et sacrifiez-le à la place d'Ismaïl"
L'agneau arriva et libéra ainsi l'ami (de Dieu).
G'arib Osiy oshiqlarni vasfin aytib
Ismoilni qissasini hikmat yetib
Gharib Âsi a chanté les louanges des vrais amoureux.
Il a livré la sagesse de l'histoire d'Ismaïl.
Mashoyikhlar o'rtasinda ifsho qilib
Eshitgandan duo talab qilmadimu
Il l'a racontée aux cheikhs (assemblés)
et demande que les auditeurs prient pour lui.
Ouzbékistan, Ferghana. Ensemble Yasavi, chants et hymnes soufis. Photos
Programme
1. Introduction instrumentale
Qosim Rahmatov et Aburahim Hamidov : tanbur et dotar
Monâjât
2. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Gawhari nuri imân" *
"Hayât an-nabi"
3. Is'hoq Hofiz
"Yighlasam" *
Katta ashula : "Muhammad jahonni sarvaridursiz" *
4. Qosim Rahmatov, ney
"Umid"
5. Abdusamat Ota
Katta ashula : "Sharmanda qilma"
"Bandang man"
6. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Le sacrifice d'Isma'il" *
"Ey khodâ âsân bokon"
7. Ensemble
Zikr ashula
8. Ensemble
"Sayqal"
9. Chansons didactiques et lyriques
Abdusamat Ota
Terme : Sagesses et conseils
Ensemble :
Saqi noma : "Fido"
"Ayrilmasin"
* poème surtitré
La lumière de la foi
ghazal de Mashrab
Gavhari nuri imonim �qul huvallohu ahad�
Zoti pokingni haqin aytgum �allohu samad�
Le joyau de lumière de ma foi est �dis Il est le Dieu un�.
Je proclame la réalité de Ton essence pure : Dieu indépendant.
�Lam yalid� zotingga qildim iqtido man to abad
Dinu imonimga yor berguvchi "valam yulad
Par l'essence du �il n'a pas été engendré�, je conclue ma prière pour l'éternité.
Secoureur, ma voie et ma foi, �il n'a pas engendré�.
Ki �valam yakullahu� zotingni ruhim angladi
Qodiri rahi haqiqatdur san o'zing "kufuvan ahad"
Mon âme a saisi : �il n'est personne��
Tu es le Puissant de la voie du Vrai, �qui lui soit semblable�.
Yo iloho, surai ixlos poking hurmati
Jon berur vaqtimda san imonimga bergin madad
Ô Dieu, par le respect de la pure sourate de la Sincérité,
Au moment où je rendrai l'âme, assiste mon âme dans sa foi.
Bas, inoyating bilan bandangni aybin yopmasang
Mashrabi bechoraning qilgan gunohi beadad.
Par l'effet de tes attentions, ne caches-Tu pas les fautes de ton serviteur ?
Les fautes que le pauvre Mashrab a commises sont innombrables.
Yighlasam
Lorsque je pleure
ghazal de Mashrab
Yighlasam maqbuli duo bo�lghaymikin,
Ko�z yoshim dardga davo bo�lghaymikin?
Je pleure, ma prière sera-t-elle acceptée ?
Les larmes de mes yeux seront-elles un remède à mon mal ?
Boda-i ishq-i muhabbatim ichib,
Shavkati dunyo judo bo'lghaymikin ?
J'ai bu le vin de l'amour et de l'attachement
Serai-je délivré des attraits du monde ?
Bosh urib keldim seni dargohingga
Bir madadkorim Xudo bo'lghaymikin?
Je suis parvenu à Ton seuil et je me suis prosterné
Dieu sera-t-Il mon secoureur ?
Yighlamoqdin mendayin kom qolmadi
Yoridin menga nido bo'lghaymikin?
J'ai tant pleuré, je n'ai plus de désir
De l'Ami, un appel viendra-t-il ?
Telba Mashrab yighlayur, Yo rabbano,
Rabbi al - a'lo desam bo'lghaymikin?
Mashrab le fou est en pleurs, ô Seigneur
Je l'ai appelé "Seigneur très Haut", est-ce juste ?
Ode au prophète
qasida
Muhammad(sav) Mustafo nomli jahonni sarvaridursiz
Nabilar khotami, insu basharning rahbaridursiz
Toi dont le nom est Mohammad Mostafâ, tu es le seigneur du monde.
Tu es le sceau des prophètes, le guide de l'humanité et de tous les êtres.
Zaminu osmon ganjining noyob gavharidursiz
Tamomi anbiyolarning halimu kamtaridursiz
Tu es le joyau des trésors de la terre et du ciel.
De tous les Envoyés, tu es le plus doux et le plus humble.
Refrain :
Tasadduq sizga jonim oxirzamon payghambaridursiz
Yaratdi Tangri qildi siz tufayli oshyonlarni
Que je dévoue ma vie pour toi, tu es le Prophète jusqu'à la fin des temps.
Tout ce qui a été créé sur la terre, l'a été en ton honneur...
Histoire du sacrifice d�Ismaïl
Poème de Gharib
Haq taolo oshiqlarin sevgonidin
Boshlariga dardu mehnat solmadimu
Dieu le Très Haut, parce qu'il aima ceux qui étaient épris de Lui
Posa sur leur tête le fardeau de la douleur et de l'épreuve.
Oshiqlarim mandan boshin ayarmu deb
Ishq bobida ma'lum sinab ko'rmadimu.
Il dit : "ceux qui M�aiment ont préservé leur tête de Moi ;
Dans le chapitre de l'amour, il n'ont pas été éprouvés."
Jabroilga farmon qildi Haq taolo
Diydorimga oshiq bolsa Khalilulloh
Dieu le Très-Haut déclara à Gabriel :
"Si Abraham Khalil-ol-lâh aspire à me rencontrer�
Amrim tutib bino qildi Ka'batulloh
Endi o'ghlin qurbon qilsin demadimu
"Lui qui a érigé sur Mon ordre les murs de la Ka'ba,
Qu�il offre maintenant son fils en sacrifice."
Ul Jabroil Haqq farmonin etkuribon
Aydi Ayo Khalil, sizga Haqdin farmon
Gabriel lui transmit le message de Dieu ;
Il dit : "Ô Abraham, il y a un ordre pour toi de la part de Dieu�
Mino borib Ismoilni aylang qurbon
Haqq farmoni shudir debon aytmadimu
"Rends-toi à Minâ et sacrifie Ismaïl."
Et il ajouta : "tel est l'ordre du Vrai."
Khalilulloh Haqq farmonin mahkam tutib
Ismoilni boshin silab, yuzin o'pib
Abraham obéit sans discuter à l'ordre divin.
Il caressa la tête d'Ismaïl, embrassa son visage.
Hojar onasi qo'ying uni boshin yuvib
Do'st-do'stini ko'rsin debon aytmadimu
Il dit à sa mère Hâjar de lui laver la figure
Car cet ami allait à la rencontre de son Ami.
Ipu pichoq Khalilulloh pinhon oldi
Ato-o'g'il Mino sari ildam yurdi
Abraham prit une corde et un couteau et les cacha.
Puis le père et le fils marchèrent d'un bon pas vers la colline de Minâ.
O'shal holda Shayton mal'un yetib keldi
Ismoilni ul dam yolin to'smadimu
À ce moment-là Satan le maudit survint.
Il barra la route d'Ismaïl.
Ey Ismoil, bu so'zimni anglagil san
Otang bilan Mino sari bormagil san
"Ô Ismaïl, entends mes paroles,
Ne va pas vers Minâ avec ton père�
So'yarman deb pichoq oldi bilurmisan
Sani unda qoning to'kar demadimu
"Sais tu qu'il a pris un couteau en disant �je vais le sacrifier�
Il versera ton sang ici" ajouta-t-il.
Otam meni joni dildan yakhshi ko'rar
Ko'zlaridan g'oyib bo'lsam yoshi oqar
Ismaïl dit : "mon père m'aime comme la prunelle de ses yeux
Lorsque je disparais de sa vue, il verse des larmes�
Bu hol birlan nega mening qonim to'kar
Shaytonsan deb unga bir tosh otmadimu
"S'il en est ainsi comment pourrait-il verser mon sang ?
Tu es Satan" dit-il et il lui jeta une pierre.
Bir tosh birlan o'shal Shayton mardud bo'ldi
Ota-o'g'il qo'l ushlashib Mino yurdi
Avec cette pierre, Satan fut chassé.
Le père et le fils, main dans la main marchaient vers Minâ.
Khalilulloh ko'zlaridan yosh to'kildi
Jonim bolam bir so'zim bor demadimu
Des larmes coulaient des yeux d'Abraham :
"Mon cher enfant, j'ai quelque chose à te dire�
So'zim shuldir jonim qo'zim pandim anglang
Mardonavor belingizni mahkam bog'lang
"Telle est ma parole, mon cher agneau, écoute mes conseils :
Noue ta ceinture comme un vrai homme�
Qurbon qilay qoningiz-la yerni dog'lang
Yaratgandan farmon shuldir demadimu
"Je vais te sacrifier, ton sang va colorer la terre,
Tel est l'ordre du Créateur."
Ul Ismoil yig'lab dedi: Jonim ota
Ming jon bo'lsa Khudoimga bo'lsin fido
Ismaïl en pleurs répondit : "cher père
Si j'avais cent vies, je les sacrifierais toutes à Dieu�
Jonim otam siz bo'lsangiz mandin rizo
Jonim otam uch so'zim bor demadimu
"Cher père soyez satisfait de moi
Mais, mon cher père, j'ai trois demandes�
Biri shuldir qo'l-oyog'im mahkam bo'lsin
Jon achchiqdur, qonim sizga sachramasin
"La première : que mes mains et mes pieds soit attachés
Car l'âme vitale est vivace et mon sang ne doit pas gicler sur vous�
Yuzim yerga qiling, ko'zim qaramasin
Beodoblik bo'lmasin deb aytmadimu
"Tournez mon visage vers la terre, que je ne puisse vous voir
Et ne manque donc pas aux bons usages�
Biri shuldir uyimizga siz borsangiz
Mehribonim onajonim siz ko'rsangiz
"L'autre est que lorsque vous rentrerez dans notre maison
Et verrez ma chère et douce mère�
Ismoilim qayda qoldi deb so'rsalar
Haq do'sti uchun qurbon bo'ldi demadimu
"Lorsqu'elle demandera �où est mon Ismaïl ?�
Dites qu'il a été sacrifié pour son Aimé divin�
Jonim otam endi sizga to'yolmadim
G'arib onam khizmatlarin qilolmadim
"Cher père, je ne serai pas rassasié de votre compagnie
Ma pauvre mère, je ne vous aurai guère servi�
Onam ko'rib rizo bo'ling deyolmadim
Salom ayting rizo bo'lsin demadimu
"Je ne pourrai pas dire que j�ai contenté ma mère.
Passez lui mon salut, qu�elle soit satisfaite de moi" dit-il.
Khalilulloh aytdilarki, jonim bolam
Bobolaring payg'ambarlar ko'rsang mudom
Abraham dit : "mon cher enfant
Lorsque tu verras pour toujours les prophètes�
Barchalariga etkurgaysiz bizdan salom
Vidolashib so'zin tamom qilmadimu
"Transmets-leur nos salutations."
Et il conclut en lui faisant ses adieux.
Ismoilni qo'l-oyog'in Khalilulloh mahkam qildi
Atrofini maloiklar o'rab turdi
Abraham attacha les pieds et les mains d'Ismaïl.
Autour de lui les anges formaient un cercle.
Arshu kurs lavhu qalam dodlab turdi
Ismoilni Haqdin tilab turmadimu
L'Arche, le Trône, la Table et le Calame se lamentaient
Implorant le Vrai en faveur d'Ismaïl.
Takbir aytib Khalilulloh pichoq qo'ydi
Ismoilni halqumiga hech o'tmadi
Abraham prononça la prière des morts, il appliqua le couteau
Mais la lame ne trancha pas la gorge d'Ismaïl
Jonim otam uchi bilan sanching dedi
Pichoq o'tmay halqa bo'lib turmadimu
« Cher père, utilisez la pointe du couteau » dit Ismaïl.
Mais là encore le couteau ne pénétra point.
Jahli chiqib Khalilulloh ul pichoqni toshga urdi
Toshni kesib pichoq yana chaqnab turdi
Abraham s'irrita, il jeta le couteau contre une pierre
Et le couteau trancha la pierre en deux.
Sabab nadur Ismoilni kIsmaydursan
Qattiq toshni ikki pora qilmadimu
Pourquoi n'as-tu pas transpercé Ismaïl ?
N'as-tu pas coupé en deux la dure pierre ?
Ey payg'ambar, siz aytursiz kesgin buni
Khudoimdan farmon keldi: kisma uni
Le couteau répondit : "Ô prophète, tu m'as dit "tranche"
Mais de mon Seigneur est venu l'ordre : "ne le blesse pas"�
Khojasini amrin tutgan do'stim mani
Pichoq uzrin aytib titrab turmadimu
"Celui qui obéit aux ordres de son Seigneur est Son ami (dit un hadith)"
Le couteau présenta ses excuses, tout tremblant.
Jabroilga Haq taolo farmon qildi
Jannatimdan qo'chqor olib borgil dedi
Le Très-Haut donna cet ordre à Gabriel :
Apportez un agneau du paradis�
Ismoilni o'rniga uni so'ysin dedi
Qo'chqor kelib do'stin khalos etmadimu
"Et sacrifiez-le à la place d'Ismaïl"
L'agneau arriva et libéra ainsi l'ami (de Dieu).
G'arib Osiy oshiqlarni vasfin aytib
Ismoilni qissasini hikmat yetib
Gharib Âsi a chanté les louanges des vrais amoureux.
Il a livré la sagesse de l'histoire d'Ismaïl.
Mashoyikhlar o'rtasinda ifsho qilib
Eshitgandan duo talab qilmadimu
Il l'a racontée aux cheikhs (assemblés)
et demande que les auditeurs prient pour lui.
Ouzbékistan, Ferghana. Ensemble Yasavi, chants et hymnes soufis. Photos
Programme
1. Introduction instrumentale
Qosim Rahmatov et Aburahim Hamidov : tanbur et dotar
Monâjât
2. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Gawhari nuri imân" *
"Hayât an-nabi"
3. Is'hoq Hofiz
"Yighlasam" *
Katta ashula : "Muhammad jahonni sarvaridursiz" *
4. Qosim Rahmatov, ney
"Umid"
5. Abdusamat Ota
Katta ashula : "Sharmanda qilma"
"Bandang man"
6. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Le sacrifice d'Isma'il" *
"Ey khodâ âsân bokon"
7. Ensemble
Zikr ashula
8. Ensemble
"Sayqal"
9. Chansons didactiques et lyriques
Abdusamat Ota
Terme : Sagesses et conseils
Ensemble :
Saqi noma : "Fido"
"Ayrilmasin"
* poème surtitré
La lumière de la foi
ghazal de Mashrab
Gavhari nuri imonim �qul huvallohu ahad�
Zoti pokingni haqin aytgum �allohu samad�
Le joyau de lumière de ma foi est �dis Il est le Dieu un�.
Je proclame la réalité de Ton essence pure : Dieu indépendant.
�Lam yalid� zotingga qildim iqtido man to abad
Dinu imonimga yor berguvchi "valam yulad
Par l'essence du �il n'a pas été engendré�, je conclue ma prière pour l'éternité.
Secoureur, ma voie et ma foi, �il n'a pas engendré�.
Ki �valam yakullahu� zotingni ruhim angladi
Qodiri rahi haqiqatdur san o'zing "kufuvan ahad"
Mon âme a saisi : �il n'est personne��
Tu es le Puissant de la voie du Vrai, �qui lui soit semblable�.
Yo iloho, surai ixlos poking hurmati
Jon berur vaqtimda san imonimga bergin madad
Ô Dieu, par le respect de la pure sourate de la Sincérité,
Au moment où je rendrai l'âme, assiste mon âme dans sa foi.
Bas, inoyating bilan bandangni aybin yopmasang
Mashrabi bechoraning qilgan gunohi beadad.
Par l'effet de tes attentions, ne caches-Tu pas les fautes de ton serviteur ?
Les fautes que le pauvre Mashrab a commises sont innombrables.
Yighlasam
Lorsque je pleure
ghazal de Mashrab
Yighlasam maqbuli duo bo�lghaymikin,
Ko�z yoshim dardga davo bo�lghaymikin?
Je pleure, ma prière sera-t-elle acceptée ?
Les larmes de mes yeux seront-elles un remède à mon mal ?
Boda-i ishq-i muhabbatim ichib,
Shavkati dunyo judo bo'lghaymikin ?
J'ai bu le vin de l'amour et de l'attachement
Serai-je délivré des attraits du monde ?
Bosh urib keldim seni dargohingga
Bir madadkorim Xudo bo'lghaymikin?
Je suis parvenu à Ton seuil et je me suis prosterné
Dieu sera-t-Il mon secoureur ?
Yighlamoqdin mendayin kom qolmadi
Yoridin menga nido bo'lghaymikin?
J'ai tant pleuré, je n'ai plus de désir
De l'Ami, un appel viendra-t-il ?
Telba Mashrab yighlayur, Yo rabbano,
Rabbi al - a'lo desam bo'lghaymikin?
Mashrab le fou est en pleurs, ô Seigneur
Je l'ai appelé "Seigneur très Haut", est-ce juste ?
Ode au prophète
qasida
Muhammad(sav) Mustafo nomli jahonni sarvaridursiz
Nabilar khotami, insu basharning rahbaridursiz
Toi dont le nom est Mohammad Mostafâ, tu es le seigneur du monde.
Tu es le sceau des prophètes, le guide de l'humanité et de tous les êtres.
Zaminu osmon ganjining noyob gavharidursiz
Tamomi anbiyolarning halimu kamtaridursiz
Tu es le joyau des trésors de la terre et du ciel.
De tous les Envoyés, tu es le plus doux et le plus humble.
Refrain :
Tasadduq sizga jonim oxirzamon payghambaridursiz
Yaratdi Tangri qildi siz tufayli oshyonlarni
Que je dévoue ma vie pour toi, tu es le Prophète jusqu'à la fin des temps.
Tout ce qui a été créé sur la terre, l'a été en ton honneur...
Histoire du sacrifice d�Ismaïl
Poème de Gharib
Haq taolo oshiqlarin sevgonidin
Boshlariga dardu mehnat solmadimu
Dieu le Très Haut, parce qu'il aima ceux qui étaient épris de Lui
Posa sur leur tête le fardeau de la douleur et de l'épreuve.
Oshiqlarim mandan boshin ayarmu deb
Ishq bobida ma'lum sinab ko'rmadimu.
Il dit : "ceux qui M�aiment ont préservé leur tête de Moi ;
Dans le chapitre de l'amour, il n'ont pas été éprouvés."
Jabroilga farmon qildi Haq taolo
Diydorimga oshiq bolsa Khalilulloh
Dieu le Très-Haut déclara à Gabriel :
"Si Abraham Khalil-ol-lâh aspire à me rencontrer�
Amrim tutib bino qildi Ka'batulloh
Endi o'ghlin qurbon qilsin demadimu
"Lui qui a érigé sur Mon ordre les murs de la Ka'ba,
Qu�il offre maintenant son fils en sacrifice."
Ul Jabroil Haqq farmonin etkuribon
Aydi Ayo Khalil, sizga Haqdin farmon
Gabriel lui transmit le message de Dieu ;
Il dit : "Ô Abraham, il y a un ordre pour toi de la part de Dieu�
Mino borib Ismoilni aylang qurbon
Haqq farmoni shudir debon aytmadimu
"Rends-toi à Minâ et sacrifie Ismaïl."
Et il ajouta : "tel est l'ordre du Vrai."
Khalilulloh Haqq farmonin mahkam tutib
Ismoilni boshin silab, yuzin o'pib
Abraham obéit sans discuter à l'ordre divin.
Il caressa la tête d'Ismaïl, embrassa son visage.
Hojar onasi qo'ying uni boshin yuvib
Do'st-do'stini ko'rsin debon aytmadimu
Il dit à sa mère Hâjar de lui laver la figure
Car cet ami allait à la rencontre de son Ami.
Ipu pichoq Khalilulloh pinhon oldi
Ato-o'g'il Mino sari ildam yurdi
Abraham prit une corde et un couteau et les cacha.
Puis le père et le fils marchèrent d'un bon pas vers la colline de Minâ.
O'shal holda Shayton mal'un yetib keldi
Ismoilni ul dam yolin to'smadimu
À ce moment-là Satan le maudit survint.
Il barra la route d'Ismaïl.
Ey Ismoil, bu so'zimni anglagil san
Otang bilan Mino sari bormagil san
"Ô Ismaïl, entends mes paroles,
Ne va pas vers Minâ avec ton père�
So'yarman deb pichoq oldi bilurmisan
Sani unda qoning to'kar demadimu
"Sais tu qu'il a pris un couteau en disant �je vais le sacrifier�
Il versera ton sang ici" ajouta-t-il.
Otam meni joni dildan yakhshi ko'rar
Ko'zlaridan g'oyib bo'lsam yoshi oqar
Ismaïl dit : "mon père m'aime comme la prunelle de ses yeux
Lorsque je disparais de sa vue, il verse des larmes�
Bu hol birlan nega mening qonim to'kar
Shaytonsan deb unga bir tosh otmadimu
"S'il en est ainsi comment pourrait-il verser mon sang ?
Tu es Satan" dit-il et il lui jeta une pierre.
Bir tosh birlan o'shal Shayton mardud bo'ldi
Ota-o'g'il qo'l ushlashib Mino yurdi
Avec cette pierre, Satan fut chassé.
Le père et le fils, main dans la main marchaient vers Minâ.
Khalilulloh ko'zlaridan yosh to'kildi
Jonim bolam bir so'zim bor demadimu
Des larmes coulaient des yeux d'Abraham :
"Mon cher enfant, j'ai quelque chose à te dire�
So'zim shuldir jonim qo'zim pandim anglang
Mardonavor belingizni mahkam bog'lang
"Telle est ma parole, mon cher agneau, écoute mes conseils :
Noue ta ceinture comme un vrai homme�
Qurbon qilay qoningiz-la yerni dog'lang
Yaratgandan farmon shuldir demadimu
"Je vais te sacrifier, ton sang va colorer la terre,
Tel est l'ordre du Créateur."
Ul Ismoil yig'lab dedi: Jonim ota
Ming jon bo'lsa Khudoimga bo'lsin fido
Ismaïl en pleurs répondit : "cher père
Si j'avais cent vies, je les sacrifierais toutes à Dieu�
Jonim otam siz bo'lsangiz mandin rizo
Jonim otam uch so'zim bor demadimu
"Cher père soyez satisfait de moi
Mais, mon cher père, j'ai trois demandes�
Biri shuldir qo'l-oyog'im mahkam bo'lsin
Jon achchiqdur, qonim sizga sachramasin
"La première : que mes mains et mes pieds soit attachés
Car l'âme vitale est vivace et mon sang ne doit pas gicler sur vous�
Yuzim yerga qiling, ko'zim qaramasin
Beodoblik bo'lmasin deb aytmadimu
"Tournez mon visage vers la terre, que je ne puisse vous voir
Et ne manque donc pas aux bons usages�
Biri shuldir uyimizga siz borsangiz
Mehribonim onajonim siz ko'rsangiz
"L'autre est que lorsque vous rentrerez dans notre maison
Et verrez ma chère et douce mère�
Ismoilim qayda qoldi deb so'rsalar
Haq do'sti uchun qurbon bo'ldi demadimu
"Lorsqu'elle demandera �où est mon Ismaïl ?�
Dites qu'il a été sacrifié pour son Aimé divin�
Jonim otam endi sizga to'yolmadim
G'arib onam khizmatlarin qilolmadim
"Cher père, je ne serai pas rassasié de votre compagnie
Ma pauvre mère, je ne vous aurai guère servi�
Onam ko'rib rizo bo'ling deyolmadim
Salom ayting rizo bo'lsin demadimu
"Je ne pourrai pas dire que j�ai contenté ma mère.
Passez lui mon salut, qu�elle soit satisfaite de moi" dit-il.
Khalilulloh aytdilarki, jonim bolam
Bobolaring payg'ambarlar ko'rsang mudom
Abraham dit : "mon cher enfant
Lorsque tu verras pour toujours les prophètes�
Barchalariga etkurgaysiz bizdan salom
Vidolashib so'zin tamom qilmadimu
"Transmets-leur nos salutations."
Et il conclut en lui faisant ses adieux.
Ismoilni qo'l-oyog'in Khalilulloh mahkam qildi
Atrofini maloiklar o'rab turdi
Abraham attacha les pieds et les mains d'Ismaïl.
Autour de lui les anges formaient un cercle.
Arshu kurs lavhu qalam dodlab turdi
Ismoilni Haqdin tilab turmadimu
L'Arche, le Trône, la Table et le Calame se lamentaient
Implorant le Vrai en faveur d'Ismaïl.
Takbir aytib Khalilulloh pichoq qo'ydi
Ismoilni halqumiga hech o'tmadi
Abraham prononça la prière des morts, il appliqua le couteau
Mais la lame ne trancha pas la gorge d'Ismaïl
Jonim otam uchi bilan sanching dedi
Pichoq o'tmay halqa bo'lib turmadimu
« Cher père, utilisez la pointe du couteau » dit Ismaïl.
Mais là encore le couteau ne pénétra point.
Jahli chiqib Khalilulloh ul pichoqni toshga urdi
Toshni kesib pichoq yana chaqnab turdi
Abraham s'irrita, il jeta le couteau contre une pierre
Et le couteau trancha la pierre en deux.
Sabab nadur Ismoilni kIsmaydursan
Qattiq toshni ikki pora qilmadimu
Pourquoi n'as-tu pas transpercé Ismaïl ?
N'as-tu pas coupé en deux la dure pierre ?
Ey payg'ambar, siz aytursiz kesgin buni
Khudoimdan farmon keldi: kisma uni
Le couteau répondit : "Ô prophète, tu m'as dit "tranche"
Mais de mon Seigneur est venu l'ordre : "ne le blesse pas"�
Khojasini amrin tutgan do'stim mani
Pichoq uzrin aytib titrab turmadimu
"Celui qui obéit aux ordres de son Seigneur est Son ami (dit un hadith)"
Le couteau présenta ses excuses, tout tremblant.
Jabroilga Haq taolo farmon qildi
Jannatimdan qo'chqor olib borgil dedi
Le Très-Haut donna cet ordre à Gabriel :
Apportez un agneau du paradis�
Ismoilni o'rniga uni so'ysin dedi
Qo'chqor kelib do'stin khalos etmadimu
"Et sacrifiez-le à la place d'Ismaïl"
L'agneau arriva et libéra ainsi l'ami (de Dieu).
G'arib Osiy oshiqlarni vasfin aytib
Ismoilni qissasini hikmat yetib
Gharib Âsi a chanté les louanges des vrais amoureux.
Il a livré la sagesse de l'histoire d'Ismaïl.
Mashoyikhlar o'rtasinda ifsho qilib
Eshitgandan duo talab qilmadimu
Il l'a racontée aux cheikhs (assemblés)
et demande que les auditeurs prient pour lui.
Ouzbékistan, le Maqâm de Boukhara avec Matlubeh Dadabayeva et son ensemble, Chants de mariage du Khorezm avec Zohre Khän. Photos
3-4 avril 1998.
Ouzbekistan
-Tradition classique de Boukhara
Magam Sarah Bari Dugâh, suite vocale et instrumentale.
Matlubeh, chant
Abdinabi Ziyaev, robab
Murad Jan, ghichak
Mahmud Jan, tanbûr/satô
Rahmatullah, dayereh
-Entracte animé par Zohre Khân, chant et accordéon et Sarvar Batirov, tambour sur cadre dayereh (chants populaires du Khorezm)
-Chants de mariage du Khorezm
Zohre Khân, chant
Sarvar Batirov, dayereh
-Tradition populaire de Boukhara
Matlubeh, chant
Abdinabi Ziyaev, robab
Murad Jan, ghichak
Mahmud Jan, tanbûr/satô
Rahmatullah, dayereh
Ouzbékistan, le Maqâm de Boukhara avec Matlubeh Dadabayeva et son ensemble, Chants de mariage du Khorezm avec Zohre Khän. Photos
3-4 avril 1998.
Ouzbekistan
-Tradition classique de Boukhara
Magam Sarah Bari Dugâh, suite vocale et instrumentale.
Matlubeh, chant
Abdinabi Ziyaev, robab
Murad Jan, ghichak
Mahmud Jan, tanbûr/satô
Rahmatullah, dayereh
-Entracte animé par Zohre Khân, chant et accordéon et Sarvar Batirov, tambour sur cadre dayereh (chants populaires du Khorezm)
-Chants de mariage du Khorezm
Zohre Khân, chant
Sarvar Batirov, dayereh
-Tradition populaire de Boukhara
Matlubeh, chant
Abdinabi Ziyaev, robab
Murad Jan, ghichak
Mahmud Jan, tanbûr/satô
Rahmatullah, dayereh
Ouzbékistan. Cycle extase et possession. Zikr Jahar, rituel thérapeutique. Spectacle
26-28 mars 2001
PREMIÈRE PARTIE : ZIKR JAHAR
Non loin de la frontière afghane, sur les hauts plateaux du sud-ouest de l'Ouzbékistan, la petite ville de Baysoun. Pour y accéder, il faut emprunter à partir de Samarcande la longue route stratégique qui emmenait, il y a encore quelques années, les soldats soviétiques en Afghanistan.
Dans cette région du Surkhandarya qui dépendait de l'Émirat de Boukhara, riche en musiciens et en bardes, des hommes et des femmes soufis et guérisseurs exercent encore leurs pouvoirs ancestraux. Ici, au cours d'un zikr jahar ' cérémonie thérapeutique ', prières et incantations sont des remèdes imparables pour soigner les malades, chasser les djinns et les esprits du mal.
Le zikr jahar commence par l'invocation de Dieu, pour se mettre sous sa protection. Les prières mêlent les trois langues principales : arabe, persan et turc ouzbek. Légèrement décalées les unes par rapport aux autres, les voix s'élèvent, brutes. Dès le premier instant, une étrange austérité surprend et saisit. Répétition des litanies, des formules, le rythme s'accélère pour atteindre le moment culminant' Culte du feu des zoroastriens, chamanisme des hordes turco-mongoles, mysticisme de l'islam reprennent vie dans ces voix, dans cette cérémonie du soufisme populaire, qui peut durer une nuit entière, parfois même plusieurs jours, jusqu'à ce que le malade entre en transe et que l'esprit maléfique s'en aille. Il arrive que la force terrifiante des voix pousse parfois le malade à s'enfuir'
Le rituel se compose de trois parties ayant chacune le même but : chasser l'esprit (djinn) qui habite le malade. La première constitue la bataille contre le djinn, la seconde est une supplique adressée à Dieu, dans la troisième on chasse définitivement le djinn qui habitait le malade.
Chaque partie présente la même structure : les officiants assis déclament ou cantillent une série d'invocations (profession de foi, énonciation des 99 noms de Dieu, imploration du pardon de Dieu, etc.). Puis ils se lèvent et reprennent les invocations en utilisant la voix laryngée. Ils se regroupent dans une ronde et tout à coup, brutalement, s'embrassent en une mêlée qui symbolise la bataille contre le djinn.
Diverses "armes" et techniques sont utilisées, l'invocation et la demande d'intercession de Dieu, la voix pharyingée et le cri, les coups de cravache sur le corps du malade et des simulacres de coups de couteau.
Le rituel s'achève par une récitation du Coran, cantillée en solo, et par une dernière prière.
DEUXIÈME PARTIE : PROJECTION DU DOCUMENTAIRE
"LES MYSTÈRES D'ASIE CENTRALE"
Réalisation : Jacques Debs, 1997, 52 minutes. ADR Productions en coproduction avec LA CINQUIÈME et l'aidre de la PROCIREP, du CNC et du Ministère des Affaires Etrangères.
Ce film tourné à Baysoun présente à travers des interviews et des scènes de la vie courante, le parcours initiatique ainsi que l'univers spirituel et quotidien des officiants du Jahar.
Le Festival de l'Imaginaire remercie M. Bayram Balci, M. Pierre Chuvin, M. Khudaikul Ibrahimov.
Ouzbékistan. Ghazal d'Ouzbékistan. Spectacle
5-6 mai 1994
Avec Monajat Jultchieva
Shawkat Mirzaev, luth robab
Ahmad Dadaev, vièle ghidjak
Timur Mahmudov, cithare chang, luth dotâr, tambour doïra.
De sa voix de contralto au timbre dramatique, Monajat Yultchieva chante les oeuvres des grands poètes classiques d'Ouzbékistan. Une sensibilité originale et un style respectueux de plusieurs siècles de tradition classique lui ont valu de devenir en quelques années la plus grande chanteuse ouzbèke.
Situé au coeur de l'Asie centrale, entre les fleuves Syr-Darya et Amu-Darya, l'Ouzbékistan occupe l'ancien territoire de la Transoxiane. D'une confédération de tribus turques, un temps soumises à l'empire mongol de Djaghataï, Tamerlan créé en 1364 un puissant Etat dont la capitale, Samarkand, fait encore rêver les voyageurs. Au XVe siècle l'ethnie turque des ouzbeks, alors majoritaire, renonce à son mode de vie nomadique et se consacre à l'agriculture. Les khanat de Boukhara et de Samarkand de viennent alors des foyers de haute culture, gouvernés par des monarques lettrés et amateurs d'art. Babûr Shah, descendant de Tamerlan et fondateur de l'empire moghol en Inde, comptera ainsi parmi les plus grands poètes ouzbeks du XVIe siècle.
Conquis au XIXe siècle par la Russie et intégré au Turkestan, l'Ouzbékistan devient en 1924 l'une des républiques Socialistes Soviétiques; il acquiert son indépendance en 1992.
Le ghazal: poème chanté.
Forme poétique et musicale, car en Orient l'un ne va pas sans l'autre, le ghazal naît en Iran dans le courant du XIIe siècle. Sous l'égide des dynasties turques qui vont étendre leur pouvoir sur l'Iran, le Caucase, l'Asie Centrale, l'Afghanistan et l'Inde du Nord, et grâce à des poètes tels que Hâfiz, Sa'adi, Fuzûlî, Rûmi, Navoy, Babûr, Khusrau'le ghazal va s'affirmer pendant huit siècles comme genre poético-musical majeur tant dans les milieux aristocratiques que dans les confréries soufies.
Poème d'amour, louange à la nature et au vin ou poème mystique, le ghazal s'organise autour de deux pôles: "moi" (ou le fidèle) et "toi" (ou Dieu), pris entre des forces contraires qui tendent à les réunir et à les séparer. Ce conflit trouve sa correspondance dans une interprétation musicale chargée d'intensité dramatique.
Fidèle au texte, la musique épouse étroitement la forme métrique du poème tout en venant l'enrichir de son expressivité propre. Le chant est entonné dans le registre grave, lentement et sotto voce, puis à mesure qu'elle monte vers le medium, la voix enfle peu à peu, des ornements apparaissent, tout d'abord à peine esquissés puis de plus en plus précis tandis que s'affirme le caractère dramatique du poème. De temps à autre, la voix s'interrompt, cède la place à une ritournelle instrumentale, puis elle reprend, montant ainsi jusqu'à devenir une clameur, avant de conclure enfin, doucement, dans le registre grave.
Le chant classique ouzbek est généralement accompagné par un petit ensemble instrumental où prédominent les instruments à cordes. Monajat Yultchieva est accompagnée par un robab kashgar, luth à manche long aisément reconnaissable aux deux cornes qui ornent une caisse de résonance recouverte de peau; un dotâr, petit luth à manche long et à caisse oblongue équipée d'une table d'harmonie en bois; un chang, cithare trapézoïdale à cordes frappées; un ghidjak, petite vièle à archet posée sur le genou au moyen d'une pique; et enfin un tambour sur cadre doïra équipé sur son pourtour intérieur de petit anneaux de métal.
Tous ces instruments jouent à l'unisson, mais leur liberté d'interprétation de la mélodie et des ornements donne à l'exécution musicale une richesse et une épaisseur très particulières.
Monajat Yultchieva, née en 1960, a été formée au conservatoire de Tachkent par le maître Shawkat Mirzaev qui avait pressenti en elle l'étoffe d'une artiste exceptionnelle. Aujourd'hui ses concerts l'ont conduite un peu partout en Asie et en C.E.I. Contrairement à bien d'autres artistes orientaux, la célébrité n'a en rien modifié ses choix artistiques. Au contraire, elle demeure farouchement attachée à la défense du répertoire classique ouzbek et d'un style authentique auquel elle vient apporter la touche personnelle d'une artiste d'exception.
Ouzbékistan. La voix du Shash-Maqâm. Spectacle
2-3 avril 2007 à 20h30
Nâdira Pirmatova, chant et luth dutâr
Shuhrat Nabiev, luth tanbur et voix
Shavkat Nabiev, viole qijak
Mirghiâs Mukhitdinov, tambourin dâyra
Nâdira Pirmatova est née en 1976 dans une famille mixte ouzbèke et tadjike de musiciens et religieux établie à Isfara (Tadjikistan). Elle apprend le chant classique avec son père, puis au Conservatoire de Tachkent. Dès l'âge de 18 ans elle remporte au Tadjikistan le second prix de chant de maqâm, puis elle a la chance d'être remarquée par le maître Abdurahim Hamidov, qui prend en main sa formation.
Après une longue période de maturation, marquée par des concerts dans son pays et en Europe, elle monte en 2005 sur la scène du prestigieux concours international de chant du Festival de Samarkand, pour représenter son pays. Bousculant les usages académiques, elle renonce à se faire accompagner par un orchestre et chante deux airs, l'un a cappella, et l'autre en s'accompagnant elle-même au dutâr, renouant avec une tradition de menestrelles classiques qui s'était perdue depuis longtemps. (Les chanteurs classiques s'accompagnent volontiers au tanbur, mais rares sont les chanteuses qui se produisent avec un instrument et, si c'est le cas, ce n'est jamais le dutâr.) Le jury international, subjugué, lui accorde le premier prix, celui qui quelques années auparavant avait été décerné à Monajat Yulchieva et Alim Qâsimov.
On dit que l'art raffiné du Shash-maqâm ne se maîtrise ' et même ne s'apprécie ' qu'à l'âge mûr. Nâdira montre qu'il existe des exceptions car, depuis sa tendre enfance, elle savait qu'elle serait une maqâmchi, une chanteuse de maqâm. Nâdira n'avait que vingt-cinq ans lorsqu'elle a enregistré, pour le label INEDIT de la Maison des Cultures du Monde, les parties les plus difficiles du Maqâm Dogâh. Elle a chanté la partie introductive ' qui dure plus de vingt minutes ' d'un seul souffle, sans reprise, sans la moindre défaillance, effaçant les traces de plusieurs chanteuses bien connues, sollicitées avant elle, qui avaient échoué à cette épreuve.
La voie exigeante qu'elle a choisie ne l'a cependant pas détournée des genres plus faciles dits "classique" (khalqi klassiki), "populaire" (khalqi), ainsi que des chansons (qoshiq), et des traditions "populaires professionnelles" comme celle des femmes de Boukhara (sâzanda). À noter aussi qu'elle est une des rares chanteuses actuelles à chanter aussi bien en persan-tadjik qu'en ouzbek, ses deux langues natales.
Nâdira Pirmatova représente avec autant de brio que de profondeur l'essence de sa tradition musicale en y apportant une contribution unique : celle de la voix féminine sous sa forme la plus sublime et la plus touchante.
Shuhrat Nabiev est le fils de Jurabeg Nabiev, un fameux chanteur et maître classique. Né et élevé dans un bain de musique, il accompagne très tôt son père, d'abord comme instrumentiste, puis pour chanter à l'unisson avec lui (style jura âvâzi), ou pour le relayer. Bientôt il poursuit sa carrière indépendamment, dans la ligne de la grande tradition tadjike-ouzbèke, chantant indifféremment dans les deux langues, en s'accompagnant, comme il se doit, du grand luth tanbur. Ses tournées l'ont conduit dans plusieurs pays d'Europe, ainsi qu'aux Etats-Unis.
Les chanteurs accomplis s'accompagnent tous au luth et se produisent volontiers en soliste, mais l'association dutâr et tanbur est considérée comme idéale, suffisante par elle-même, et les grands maîtres tadjiks, ouzbeks et ouïgours la préfèrent à toute autre.
Le dutâr joue en même temps le rôle de soutien rythmique et, si l'on veut étoffer l'ensemble, ce sera avec la viole qijak et le tambourin dâyra.
Tout naturellement, c'est vers son frère Shavkat Nabiev que se tourne Shuhrat lorsqu'il faut étoffer sa prestation. Formés à la même école, jouant ensemble de longue date, ils réalisent à deux la fusion la plus intime qui soit : la viole double la voix autant qu'elle brode en liés sur la ligne percutée du tanbur.
Une fois les trois instruments réunis, la percussion devient nécessaire pour articuler les rythmes souvent très complexes des mélodies savantes, ou encore pour donner aux airs plus légers leur caractère de réjouissance incitant à la danse. C'est Mirghiâs Mukhitdinov, le mari de Nâdira Pirmatova, qui assume ce rôle au sein de l'Ensemble.
Jean During
PROGRAMME
Air instrumental :
1) Gul jamâl
Shash-maqâm :
2) Chargâh (du maqâm Dugâh), chant et ensemble
3) Mughulcha et Saqinâme (du maqâm Navâ), chant et ensemble
Airs et chansons classiques :
4) Azim daryâ, solo de qijak
5) Yol bolsin (chant, dutâr et tanbur), Galdir (chant et dutâr)
6) Ayâ (chant, dutâr et tanbur)
7) Kâsh ke, Delkhorush-e Sâderkhân, par Shuhrat Nabiev, chant et tanbur
8) Ufar-e Erâq-e Bukhâra, duo vocal et ensemble
Katta ashula (chant classique a cappella) :
9) Ey delbar-e jânam, Ey nâzenin (chanson classique)
Ouzbékistan. Maqâm Dugâh. Le shash-maqâm ouzbek-tadjik. Nâdira Pirmatova, Mariam Sattarova, Abdurahim Hamidov. Uzbékistan. Maqâm Dugâh. uzbek-tadjik Shash-maqâm . Nâdira Pirmatova, Mariam Sattarova, Abdurahim Hamidov.
Nâdira Pirmatova, chant
Mariam Sattarova, chant
Abdurahim Hamidov, direction musicale et luth dutâr
Abduhâshim Isma'ilov ; Ahmad Jân Dâdâev ; Murâd Narqâziev : violon
Shuhrat Razzaqov ; Tôhir Qâziev : luth tanbûr
Qudrat Samadov ; Hâjimurâd Safarov : tambour dâyra
1. Tasnif (instrumental)
2. Gardun (instrumental)
3. Samâ' (instrumental)
4. Sarakhbâri Dugâh (chant)
5. Six tarana (chant)
6. Sarakhabâri Arâm-e jân (chant)
7. Husayni Dugâh (chant)
8. Dugâh Oynasin (instrumental)
9. Chârgâh (chant)
10. Sawti Chârgâh (chant)
11. Qashqarcha'i Sawti Chârgâh (chant)
12. Sâqi-nâma'i Sawti Chârgâh (chant)
13. Ufari Sawti Chârgâh (chant)
Ouzbékistan. Musiques savantes et populaires. Ensemble instrumental. Luths robab, târ, dutâr et tanbur. Vièle ghidjak. Tambour doïra. Flûte nây. Photos
Musique classique
Tamanna, mélodie populaire instrumentale.
Extrait de la suite maqom navo.
Deux extraits de la suite maqom bayot.
Duo de dutar et tanbûr (adaptation instrumentale d'un chant classique).
Extrait du maqom dugoh.
Extrait du maqom segoh (chant solo accompagné au târ)
Extrait du maqom iroq (nay et doïra).
Extrait du maqom rast.
Musiques populaires
Entrée de la trompe karnay, du hautbois surnay et des percussions.
3 chants de beshkarsak.
2 terma et yalla.
Chant populaire.
2 kata achoula.
Chant lyrique dansé.
Ouzbékistan. Musiques savantes et populaires. Spectacle
15-16 juin 1991.
L'Ouzbékistan peut être historiquement considéré comme le point central des Routes de la Soie' une sorte de croisée des chemins. Après la dislocation de l'empire mongol en 1259, la Transoxiane est englobée dans un territoire bordé par l'Altaï, l'Indus et l'Amou-Darya et appelé khânat de Cagatay du nom du second fils de Gengis-khan. En 1370, Tamerlan (Timûr Lenk), né au sud de Samarkande, met fin à la dynastie des Cagataïdes et intègre le khânat de Cagatay dans l'empire timouride. Après Tamerlan, le pays se divise de nouveau eet plusieurs villes importantes par leur richesse économique se détachent, dominent la région: le khânat de Boukhârâ, le khânat de Samarkand et les villes de Koland et de Fergana, immenses marchés de la soie et carrefours des caravanes.
Le peuple ouzbek est le plus important de l''Asie centrale soviétique avec près de 10 millions d'habitants. Il est aussi celui qui présente le plus de variétés anthropologiques. La majorité de la population de tradition citadine et certains Ouzbeks ruraux sont très proches des Tadjiks, avec lequels ils partagent nombre de traits culturels à l'exception de la langue (les Ouzbeks parlent une langue turque et les Tadjiks un dialecte persan). Une autre partie affirme plus clairement sa descendance d'une souche turque d'où les éléments mongols ne sont pas absents. Enfin un troisième groupe composé d'anciens nomades s'apparente aux Kazakhs, Kirghizes et Karakalpak.
Dès le règne des Cagataïdes l'Ouzbékistan connaît un intense essor culturel qui se poursuivra plus tard sous les Timûrides et dans les différents khânat indépendants. Comme l'Iran et le monde turc l'Ouzbékistan voit fleurir les grandes formes poétiques persanes, composées indifféremment en persan et en turc et plus particulièrement le ghazal qui, grâce aux Moghols, se diffusera jusqu'en Inde.
Parmi les grands poètes ouzbeks il convient de citer Hodja Ahmad Yassavi (1105-1165) fondateur de l'ordre soufi yassaviya, Husseïni (1438-1506) sultan du Khorasan, Alisher Navoï (1441-1501) auteur du célèbre Khamsa, recueil de cinq livres dont l'un conte les amours de
Majnun et Layla, Babûr Shah (1438-1530) petit-fils de Tamerlan, fondateur de l'empire moghol en Inde, Mashrab (XVIIe siècle), les poétesses Nodira et Ouvayssi (XIXe siècle) et Oghaki (XIXe siècle).
Musiques populaires.
Le kata achoula.
La riche vallée de Fergana possède un style de communication chantée spécifique: le kata achoula qui se pratique en solo mais aussi en duo. Il s'agit d'une sorte de récitatif improvisé sur un canevas mélodique restreint. L'air se développe dans un ambitus très large, en longues phrases non-mesurées, chantées sur une voix très tendue parfois amplifiée par l'utilisation d'une assiette en guise de porte-voix.
Le terma et le yalla
Le terma et le yalla sont deux styles de musiques populaires réservés aux femmes. Ils se pratiquent dans les fêtes de mariage et après les cérémonies de circoncision.
Le terma est un chant solo accompagné par la doïra (tambour sur cadre).
Le yalla, chant solo sert a accompagner les danses d'une autre personne. La chanteuse frappe en même temps la doïra. Ytut-han Rahmatullaeva, chanteuse, vient de la ville de Namangan. Excellent danseur, son père âgé de plus de 65 ans danse sur le chant de sa fille (ce qui constitue une innovation). Au cours des mariages où ils sont invités, un rideau sépare la musicienne du danseur et respecte ainsi le cloisonnement des sexes.
Le beshkarsak
Beshkarsak signifie "claquement de mains". Il s'agit d'un chant d'hommes accompagné par le frappement des mains et des crotales de pierre. Le chant très rythmique s'accompagne d'un mouvement oscillatoire des épaules et du buste. Ce style populaire avec son incessant passage de tensions et de relâchements marque l'alternance entre les chants de travail et de méditation.
Musique classique
Le shash-maqom
Héritage de la tradition musicale arabo-persane, la musique classique d'Ouzbékistan est le shash-maqom (litt. six modes). Musiques de cour accompagnant parfois la danse, le maqom ouzbek connut son véritable essor sous le Khânat de Boukhârâ fondé au XVIe siècle. Il se compose d'un ensemble de six grandes suites vocales et instrumentales dont le corpus fut rassemblé et fixé entre les XVe et XVIIe siècles sous le titre de Maqom de Boukhara.
Littéralement le terme maqom (de l'arabe maqam) désigne un mode musical, un itinéraire mélodique qui évolue sur une échelle spécifique et soumise à une hiérarchie propre. Comme pour le maqam arabe, le dastgâh persan ou le râga indien, à chaque maqom correspond un contenu expressif et émotionnel, une couleur, qui lui sont propres.
Demême qu'en Irak et en Azerbaïdjan, le maqom désigne par extension un cycle de pièces vocales et instrumentales, composées ou semi-improvisées, dont la cohérence musicale et expressive est soumise à l'usage d'un mode principal et de modes secondaires souvent voisins du mode principal. Sur le plan rythmique, le chant s'adapte d'abord à la métrique du poème le ghazal, héritée de la métrique arabe. Les mètres les plus répandus sont le ramal "celui qui court", le mûtakorib "trottinant", le sari "rapide", le tavil ou tawil "long".
Poème d'amour profane et mystique le ghazal se compose d'un nombre indéfini de strophes. Chaque strophe comprend deux vers. Les rimes fonctionnent sur le principe aa, ba, ca, da' En fin de vers sont repris certains mots-clés ou groupes de mots (principe du radif). Enfin la signature du poème est donnée par la mention de nom de son auteur dans la dernière strophe. La particularité du ghazal réside dans l'autonomie sémantique des strophes. Chacune constitue une unité de sens en relation plus ou moins étroite avec celles qui précèdent ou suivent. Ce mode de fonctionnement poétique permet au poème d'épouser étroitement la composition musicale en permettant à celle-ci de prendre toute sa dimension, de se répandre en longues vocalises et ritournelles instrumentales semi-improvisées qui viennent ponctuer les strophes. On pourrait comparer le ghazal à ces chapelets d'ambre (masbaha) qu'affectionnent tant les orientaux et dont ils détachent les grains un par un.
L'ensemble qui vient de la ville de Tachkent, est composé de chanteurs accompagnés à la flûte nay, à la vièle ghidjak, aux luths tanbûr, târ, dutâr, robab de Kashgar, robab afghan et au tambour sur cadre doïra.
Contrairement au nay turco-arabo-persan qui désigne la flûte oblique, le nay ouzbek est une flûte traversière.
Le ghidjak est une petite vièle à pique dont on trouve également des variantes populaires au Turkménistan, au Tadjikistan et en Afghanistan. Le ghidjak ouzbek, de forme plus élaborée, s'apparente plutôt au kemânche persan et azéri. Il est formé d'une caisse sphérique recouverte de peau de poisson et comporte en général quatre cordes d'acier.
Le tanbûr dont le musicologue Curt Sachs fait remonter l'origine à Sumer est le plus ancien des luths à manche long d'Asie et sert en fait à désigner toute la famille des luths à manche long du monde turco-arabo-persan. Le tanbûr ouzbek se compose d'une petite caisse piriforme dont la table est percée de petits orifices et d'un long manche fretté.
Le dutar a à peu près la même forme que le tanbûr mais sa caisse est plus importante.
Le robab afghan est un luth à manche court dont la table d'harmonie est composée partiellement de peau et de bois. La caisse présente un léger étranglement. C'est de cet instrument que dérive le sarod indien.
D'origine persane où il naquit vers le XIXe siècle, le târ appartient tout comme le setâr dont il dérive, à la famille des tanbûr. Il s'agit d'un luth étranglé à manche long dont la caisse à double renflement est recouverte d'une peau. Très puissant et très expressif, cet instrument est aujourd'hui utilisé en Iran, en Azerbaïdjan, en Ouzbékistan et au Daghestan.
Le robab kashgarli, robab de Kashgar est un luth à manche long dont la caisse hémisphérique est recouverte de peau et ornée de deux petites cornes décoratives. Cet instrument se retrouve jusqu'au Turkestan chinois sous le nom de rawap.
La doïra est un tambour sur cadre répandu dans tout le monde turco-arabo-persan. Elle accompagne aussi bien les répertoires populaires que savants.
PROGRAMME
Musique classique
Tamanna, mélodie populaire instrumentale.
Extrait de la suite maqom navo.
Deux extraits de la suite maqom bayot.
Duo de dutar et tanbûr (adaptation instrumentale d'un chant classique).
Extrait du maqom dugoh.
Extrait du maqom segoh (chant solo accompagné au târ)
Extrait du maqom iroq (nay et doïra).
Extrait du maqom rast.
Musiques populaires
Entrée de la trompe karnay, du hautbois surnay et des percussions.
3 chants de beshkarsak.
2 terma et yalla.
Chant populaire.
2 kata achoula.
Chant lyrique dansé.