Instruments des Acholi du nord de l'Ouganda
Situé au nord de l'Ouganda et débordant sur la partie méridionale de la nouvelle République du Soudan du Sud, l'Acholi offre un paysage de grandes plaines désertiques et de steppe montagneuse clairsemée d'arbres et de rochers. Pendant l'époque coloniale, cette région ne bénéficia pas des mêmes efforts de développement que le sud et nombre d'Acholi durent travailler comme manoeuvres ou s'engager dans l'armée. Au milieu des années quatre-vingts, des mouvements millénaristes entrèrent en rébellion contre l'Etat, prenant en tenaille deux millions d'Acholi qui subsistent difficilement dans des camps de réfugiés où sévissent la misère, la maladie et la famine.
La plus grande richesse des Acholi est leur patrimoine oral. Essentiellement fondé sur le chant et la pratique instrumentale collective, il témoigne d'une tradition en perpétuelle évolution. Pour exprimer un regard lucide mais non dénué d'humour sur la situation tragique qu'ils vivent, les musiciens puisent dans les classiques de leur littérature orale (chants de funérailles, chantefables...) ou, au contraire, composent des textes de circonstances qu'ils adaptent à des mélodies traditionnelles. Preuve, une fois de plus, qu'une tradition musicale n'est pas immuable, ils ont adapté leurs instruments au jeu collectif en créant de véritables familles d'instruments de tailles et de registres variés.
La cithare nanga
Le nanga est une petite cithare sur cuvette à sept cordes. Les cordes se composent d'un seul fil en tendon de boeuf ou en nylon qui est lacé sept fois entre les extrémités de la caisse. Ceci rend l'accord de l'instrument trés difficile. Le répertoire pour nanga, le plus traditionnel de tous, constitue la référence stylistique de toute la musique acholi. Les pièces sont interprétées par un chanteur soliste qui joue en même temps du nanga, accompagné par un autre cithariste et par un percussionniste qui frappe une pulsation rapide sur une demi-calebasse.
Programme :
Onugudo
Endere (Flûtes et tambours)
Danse Baakisimba (Baganda)
Amadinda (Xylophone 12 lames, joué par 3 musiciens)
Chant "Abalya obuwami"
Akadinda (Xylophone 22 lames, joué par 5 musiciens)
Ennanga solo
Bugondo lamellophone et chant
Danse Muwogola
Endongo solo "Nakatanza"
Danse Kisoga "Abasambira" (Busoga)
Entanga (tambour d'appel)
Endingidi (vièle solo)
Engoma und Engalabi (tambours)
Tambours
Danse
CD1 69'
1 seule plage
09-06-1987 Akademie der Künste, Berlin 1ère partie
CD2 68'49''
1 seule plage
09-06-1987 Akademie der Künste, Berlin 2ème partie
CD3 74'43''
1 seule plage
10-06-1987 Akademie der Künste, Berlin 1ère partie
CD4 37'38''
1 seule plage
10-06-1987 Akademie der Künste, Berlin 2ème partie
Enregistrement effectué en Ouganda du 11-25 octobre 1991 par Patrick Marguerite.
Groupe N'Gali
1. Cérémonie de circoncision
2. Solo de madinda
3. Chanson accompagnée à la nanga
4. Solo de harpes adungu
5. Chansons accompagnées à la sanza
6. Solo de sanza
7. Musique de danse nnankasa
8. Orchestre de trompes agwara
9. Solo de endingidi
Groupe Aboluganda Kwagalana
10. Danse de mariage baakisimba
Groupe Aleka Jazz Band
11. Orchestre de lukeme et chanson en swahili
Groupe Lukeme
12. Orchestre de lukeme et chanson
Groupe Gulu United Arts
13. Chant dansé accompagné de harpes adungu.
Groupe Pawidi
14. Cérémonie Orak
2-3 mars 2006
Chants et cithares nanga
La cithare nanga est une petite cithare sur cuvette à sept cordes qui n'est pas sans rappeler la grande cithare inanga du Rwanda. Ici, l'instrument est accolé à une ou deux calebasses qui servent à la fois de résonateur et d'amplificateur. Les deux nanga sont accompagnées par une demi-calebasse awal frappée avec un petit balai métallique.
-Lokoré
Lorsqu'un garçon rencontre une fille, il n'est pas rare qu'il plaisante avec elle, lui disant par jeu qu'il l'aime, qu'il veut l'épouser, jusqu'au jour où il réalise qu'il en est effectivement tombé amoureux.
-Amone twereko
Ce chant est une sorte d'auto-panégyrique dans lequel Watmon Amone prononce sa propre louange, déclarant qu'il est le meilleur, que c'est pour cela qu'il a été invité à venir jouer en France et que les jaloux ne pourront pas l'empêcher de faire le voyage, dussent-ils recourir au sorcier.
-Labalpiny
Un homme se plaint de son épouse. Il s'est donné bien du mal pour réunir la dot et elle ne lui cause que des désagréments, refusant d'accomplir les tâches ménagères et repoussant sa famille et ses amis.
-Canrac
Où que l'on aille, la pauvreté et les soucis nous collent à la peau.
2-3 mars 2006
Chants et lamellophones lokeme
Le lokeme est un petit lamellophone (sanza) sur caisse qui comprend environ une vingtaine de lames de métal pincées avec les pouces. Il existe en quatre tailles (du plus petit au plus grand) : lokeme olang, lokeme salina, lokeme lakele, lokele mintom. La musique est ponctuée périodiquement de cris féminins et de sonneries de sifflet de chasse en corne bila dont le timbre rappelle curieusement celui d'une trompe.
-Olyak
Louange des musiciens à Watmon Amone, le chef du groupe, qui font l'éloge de ses qualités de leader.
-Rumba
Ce chant à danser est une lamentation d'un jeune homme qui se plaint auprès de sa belle de ne pouvoir réunir la dot pour l'épouser.
-Topacho
Ce chant s'inscrit dans la réalité quotidienne des Acholi contraints aujourd'hui de vivre dans des camps de réfugiés. Il évoque l'état d'abandon dans lequel ont été laissés leurs villages dans le nord du pays.
-Lweny dongpe
Ce chant fait référence aux anciennes guerres tribales. De retour au village les hommes chantent leur victoire et se congratulent tandis que les femmes s'inquiètent de savoir s'ils sont tous rentrés sains et saufs et les comptent un à un.