Recherche
43 items
Internationale de l'Imaginaire. Nouvelle série, N°6 - Mars 1996
Le Liban Second
Le Liban a été, jusqu'à l'époque des violences, une vivante Andalousie : un lieu de fécondes copulations spirituelles, aurait dit Claudel. Et pas seulement pour les diplomates ou les spéculations bancaires - pour des formes multiples de l'imagination : poésie, théâtre, littérature, peinture, cinéma, savoirs divers, architecture. Et pour une vie commune, apparemment heureuse, où se profilait, dans la liberté civile, une image originale de l'homme moderne.
Existe-t-il, en ce siècle, une maladie de la violence ? Les sociétés trouvent-elles soudain une fascination pour le nihilisme et la destruction de soi ? Plus que tout autre, le Liban a subi cette contagion.
Aujourd'hui émerge un nouveau Liban, un Liban second, d'après la violence. Ceux des écrivains et des artistes qui ont survécu à la guerre civile, disent ici ce qu'on peut espérer d'une renaissance.
Chérif Khaznadar, Jean Duvignaud.
Avant-propos d'Arwad Esber. p. 11
UN CERTAIN REGARD
Roger Naba'a : D'un usage paradoxal de la culture. p. 15
Elias Khoury : Où est Beyrouth ? p. 19
Abbas Baydoun : A la recherche d'un fantôme. p. 27
ETAT DES LIEUX
Selim Abou : Pour une société complexe. p. 37
Ahmad Beydoun : Dépayser la recherche. De la nécessité d'un inventaire partiellement francophone ou Nouveau paysage libanais. p. 41
Mona Fayad : L'autre visage de la culture libanaise après la guerre civile. p. 53
Youmna El Id : Liban : une culture en quête d'identité. p. 65
Samir Sayegh : Et si ce n'était pas une perte ? p. 75
Jalal Khoury : Le théâtre arabe a-t-il sa raison d'être ? p. 83
TÉMOIGNAGES
Rim Al-Joundi : Beyrouth - Arts plastiques : ici et maintenant. p. 91
Charles Chawane : L'avenir de la littérature libanaise. p. 95
Antoine Abou-Zeid : La canicule et cinq visites. p. 101
EPILOGUE
Ounsi El Hage : Culture et liberté. p. 111
Jean Duvignaud : Berque. p. 113
Jacques Berque : Un jour tu verras
(son premier texte). p. 117
L'Annonciation : oratorio mystique islamo-chrétien. The Annunciation : An Islamic - Christian Mystical Oratorio. Nidaa Abou Mrad, Classical Arabic Music Ensemble.
Conception et violon : Nidaa Abou Mrad
Cantillation coranique et chant : Cheikh Salah Yammout
Chant : Mohamad Ayach
Cantillation scripturaire : Mikael Hourani
Cantillation scripturaire et chant : Père Joseph Bouraad
Chant et 'ud : Mustafa Saïd
Cithare Qanun : Ghassan Sahhab
Listening - Audition 8:42
Sura of Mary - Sourate de Marie 5:43
Virginity - Virginité 7:15
Love - Amour 6:49
Gospel of Saint Matthew - Evangile selon saint Mathieu 4:09
Theophany - Théophanie 4:41
Sura of the Family of 'Imran - Sourate de la fammille 'Imrân 4:36
Grace - Grâce 2:19
Gospel of Saint Luke - Evangile selon saint Luc 2:19
Logos and Melos 6:18
Birth - Naissance 7:06
Liban 96. Affiche
27 février-14 mai 1996.
Liban 96. Spectacle
C'est la première fois qu'une manifestation de cette envergure est consacrée, en France, à la culture libanaise et en particulier au théâtre libanais.
Depuis que le mouvement de la Renaissance (Al Nahda) est parti de Beyrouth au IXXe siècle, cette ville est devenue un lieu privilégié d'activités culturelles et la plaque tournante des échanges et des rencontres entre le monde arabe et l'Occident. Si Le Caire devait devenir la capitale d'une culture arabe nationaliste, Beyrouth était celle d'une culture ouverte sur le monde, moderne, tolérante et dont la principale valeur s'appelait : liberté. Elle était la capitale des esprits libres, le refuge des intellectuels opprimés par tel ou tel régime, le havre de tous ceux qui étaient en opposition avec un ordre établi, quel que soit cet ordre. Rares sont les intellectuels du monde arabe qui n'ont pas trouvé un temps asile à Beyrouth pour y continuer leur oeuvre.
Et puis, un jour; prise d'une pulsion suicidaire, Beyrouth a sombré dans le chaos. La liberté, dix-sept ans durant, a erré, orpheline d'une ville à l'autre, toujours mal aimée.
La paix revenue, elle a retrouvé son sanctuaire qui bourdonne à nouveau d'une ardente et fébrile activité. Il faut rattraper le temps perdu, renouer les fils coupés, remettre en marche la machine de l'esprit bloquée et malmenée. Pour ce faire, ils sont tous revenus, les vétérans, les combattants, les jeunes loups et ensemble ils remontent la machine du temps.
C'est de ce formidable élan que Liban 96 veut aujourd'hui, à chaud, témoigner: J'ai été, sur place, les retrouver; les vétérans que j'avais connus, avec lesquels nous avions réalisé les rêves les plus fous. Rencontrer les combattants qui ont vécu l'innommable avec, toujours enfoui au fond du coeur; l'espoir d'une sortie des enfers. Découvrir les jeunes loups aux pulsions ardentes. Je les ai tous invités pour venir témoigner; à la Maison des Cultures du Monde à Paris, de ce que sont aujourd'hui à Beyrouth théâtres, musiques, écrits poétiques et romanesques, de ce que le Liban de 1996 a à dire au Monde arabe et à l'Occident. De ce qu'il a à dire pour demain.
Cherif Khaznadar
Association Française d'Action Artistique, AFAA
Ministère des Affaires Étrangères.
La reprise des échanges artistiques entre le Liban et la France
Créée en 1992 et reconnue d'utilité publique, l'Association française d'action artistique est chargée de mettre en Oeuvre la politique culturelle extérieure définie par le ministère des Affaires étrangères en concertation avec le ministère de la Culture. Son statut particulier vient aussi d'une volonté d'associer les artistes et les opérateurs culturels à cette action. C'est le cas avec la reprise des échanges artistiques entre le Liban et la France.
Quelques étapes d'une relance
L'AFAA a soutenu, entre autres initiatives, la "délocalisation" à Beyrouth du SAD, le Salon des artistes décorateurs.
Dans le domaine du spectacle vivant, l'AFAA a favorisé la tenue à Beyrouth d'une rencontre professionnelle parallèlement à une réunion sud-méditerranéenne du réseau culturel français extérieur.
Etaient présents : le Festival des francophonies de Limoges, l'Office National de Diffusion Artistique et bien sûr la Maison des Cultures du Monde. Lors du dernier festival "Mettre en scène" de Rennes, Jawad Al Assadi, venu de Beyrouth était l'un des invités du Théâtre National de Bretagne et de l'AFAA. Et le public du festival de Limoges a pu découvrir l'Escargot entêté de Rachid Boudjedra mis en scène par Siham Nasser.
Un partenariat de l'AFAA avec la Maison des Cultures du Monde
Tout en développant une programmation de spectacles et d'expositions françaises au Liban, l'AFAA dans une logique de réciprocité et d'échange, soutient l'initiative prise par la Maison des Cultures du Monde d'une saison libanaise à Paris, véritable état des lieux de la création dans ce pays. L'AFAA a demandé à Chérif Khaznadar, directeur de la Maison des Cultures du Monde, de jouer un rôle pilote dans ces échanges.
Avec l'aide de l'ONDA et de la productrice Claire Amchin, il s'agira de faire connaître ce programme au réseau des lieux d'accueil en France. Et de rechercher les acteurs d'une coopération artistique soutenue, notamment dans le domaine de la formation où d'ores et déjà s'inscrivent Alain Milianti et le Volcan du Havre avec une mission d'encadrement technique au Théâtre de Beyrouth.
Des projets français et francophones au Liban
La prochaine saison verra à Beyrouth une forte programmation française soutenue par l'AFAA:
Le quartet de jazz Renaudin et le trio Sclavis, le quatuor Arpeggione et le violoniste Laurent Korcia au centre culturel français; des initiatives en faveur de la chanson (Michel Fugain, probablement); un projet d'exposition d'architecture, de design, d'arts décoratifs au Musée Sursok sur le thème de la reconstruction de Beyrouth; relayée par une coopération suivie entre l'ALBA (Académie libanaise des beaux-arts) et l'Ecole nationale d'art de Cergy-Pontoise ou l'Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris. On verra au Théâtre Al Madina : les Trois S'urs dans la mise en scène du Ballatum Théâtre, plus un projet : une résidence d'une compagnie de danse française (l'ensemble chorégraphique du conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon) mêlant formation et spectacles en collaboration avec des danseurs libanais ; et dans d'autres lieux peut-être Jérôme Deschamps, mais aussi les Algériens de la compagnie que dirige Ziani Chérif Ayad...
L'AFAA soutiendra également la résidence à Beyrouth des architectes Eric Chazelle et Henri Raynaud. Ces lauréats 95-96 du programme "l'Envers des Villes" ont un projet d'étude des espaces abandonnés de Beyrouth en cours de reconstruction.
Poésie et Littérature.
Qu'il en soit ainsi
J'enlace l'âge à venir, je marche indompté
dessinant, recréant mon pays
Montez jusqu'à ses plus hauts sommets
Descendez dans ses profondeurs
Vous ne trouverez ni peur ni chaînes
On dirait que la terre
est un enfant
et les légendes femmes
Rêves?
Je laisse à ceux qui viendront après moi
le soin d'ouvrir cet espace
(ADONIS "Le Temps")
Nidal Ashkar ANTHOLOGIE PERSONNELLE
Pour la soirée d'inauguration, Nidal Ashkar présente un florilège de la poésie arabe classique et contemporaine.
Cette grande comédienne libanaise renoue ici avec l'un des éléments essentiel et fondateur de la culture arabe : la poésie récitée.
NIDAL ASHKAR
De 1960 à 1963 elle étudie le théâtre à la Royal Academy of Dramatic Art (RADA) et obtient en 1963 son diplôme d'études scéniques et audiovisuelles.
Elle interprète en 1964 le rôle principal du film Les Ailes Brisées d'après le roman de Gibran Khalil Gibran.
Elle participe avec Peter Brook et Joan Littlewood en 1965 et 1966 à Hammamet (Tunisie) au Centre des Hautes Etudes Théâtrales dirigé par Claude Planson, directeur du Théâtre des Nations.
Avec le metteur en scène Roger Assaf; elle crée à Beyrouth l'Atelier d'Art Dramatique. Ensemble, ils vont mettre en scène et interpréter une vingtaine de spectacles (1968-1975).
Elle participe en 1971 au T.N.P. (Paris) à une production de Joan Littlewood avec Wole Soyinka.
La guerre civile libanaise interrompt pour quelque temps ses activités théâtrales. Nidal Ashkar se consacre alors à la télévision et joue dans plusieurs dramatiques et séries dans tout le monde arabe (1976-1985)
C'est en 1985 qu'elle crée la première compagnie des Comédiens Arabes avec un spectacle Les Mille et Une Histoires du Souk d'Oukaz mis en scène par Tayeb Saddiki qui sera présenté au Festival de Jarash (Jordanie) suivi d'une tournée dans le monde arabe et d'une représentation au Royal Festival Hall à Londres en 1986.
Vice-présidente du Festival de Beyrouth, Nidal Ashkar fonde à Beyrouth en Septembre 1994 le Théâtre Al Madina dont elle assure la direction.
INTERNATIONALE DE L'IMAGINAIRE
Trimestriel de la Maison des Cultures du Monde
Dirige par Jean Duvignaud - Edité par Babel (Actes-Sud)
Numéro 6 - Nouvelle Série
Le Liban Second
Parution février 1996
Textes inédits et études de :
Sélim Abou, Antoine Abou Zeid, Abbas Baydoun, Jacques Berque, Ahmad Beydoun, Charles Chahwane, Arwad Esber, Mona Fayad, Ounsi El Hage, Youmna El Id, Rim Al Joundi, Elias Khoury, Jalal Khoury, Roger Nabaa, Samir Sayegh.
Livre de poche - dans toutes les librairies
Le Liban Second : un numéro spécial d'Internationale de l'Imaginaire consacré à la situation actuelle de la culture au Liban, dans les domaines de l'art, de la littérature, et des recherches en sciences sociales.
Présenté par Jean Duvignaud et Chérif Khaznadar, ce numéro regroupe des études d'universitaires, écrivains et chercheurs, qui dressent un constat de la situation actuelle au Liban, ainsi que des témoignages de jeunes poètes et artistes.
Mais Liban Second renvoie à l'Orient Second, l'ouvrage de Jacques Berque qui aimait profondément le Liban où il a travail1é souvent. Ce numéro comprend donc une nouvelle inédite de Berque, Oeuvre de jeunesse écrite "au fond du Maroc à l'automne 1934". Dans une lettre du 20 décembre 1994, Berque adresse cette nouvelle à Jean Duvignaud son ami de longue date lui demandant si "cela pourrait être publié". Un jour tu verras fut écrite à l'époque des débuts de Berque dans l'administration coloniale française. S'inspirant d'une affaire de bureau, il "incarne dans l'imaginaire certaines des impossibilités qui (le) travaillaient".
Trois chapitres constituent la deuxième partie de ce numéro spécial.
Dans Un Certain Regard, des observateurs de la vie culturelle libanaise livrent leurs points de vue.
Roger Nabaa (philosophe) s'attaque à Un Usage Paradoxal de la Culture, remettant en cause le concept de culture tel qu'il était entendu au Liban, et donc la "culture libanaise" elle-même.
Elias Khoury (romancier, journaliste, rédacteur en chef du supplément culturel An Nahar) se demande Où est Beyrouth? Beyrouth n'est plus la ville qu'on pensait qu'elle était. Elle n'est pas non plus ce qu'on voudrait faire croire qu'elle est. La ville doit se forger une nouvelle identité culturelle, loin du mythe et plus près de la réalité aussi noire qu'elle puisse être.
Quant à Abbas Baydoun (poète, critique littéraire) il va A la Recherche d'un Fantôme, le fantôme de la culture. Depuis la fin de la guerre, la culture est devenue une affaire de marketing que s'approprient les politiciens et tous les grands hommes d'affaire qui veulent acquérir rapidement un certain prestige. On trouve toujours des oeuvres littéraires et artistiques de valeur, mais tout cela n'est qu'accidentel, l'absence de la société et de l'Etat ne constituant pas un contexte propice.
Dans le deuxième chapitre, des chercheurs et des universitaires font un Etat des Lieux.
Anthropologue, recteur de l'université Saint-Joseph, Sélim Abou défend la notion de société pluri-communautaire et la nécessité de penser une société complexe, de lui donner des structures adéquates qui permettraient à toutes les communautés de collaborer à l'invention d'une culture commune.
Ahmad Beydoun (professeur à l'Université Libanaise, chercheur en sciences sociales) souligne la Nécessité de faire un inventaire partiellement francophone du nouveau paysage libanais, inventaire de ce que la société libanaise est devenue, de ce que les libanais et ceux qu'ils appellent "les autres" ont fait d'elle. Inventaire qui gagnerait à être fait en français et avec la collaboration de chercheurs étrangers et francophones, car par l'effet de distanciation qu'il exerce (sur les libanais), le français "nous invite à poser sur nous-mêmes un regard plus réfléchi".
Dans l'Autre visage de la culture libanaise après la guerre civile, Mona Fayad (professeur à l'université Libanaise et chercheur en sciences sociales) part d'observations du comportement des gens dans la rue et elle constate à partir de ces scènes quotidiennes que la guerre a modifié la perception des libanais de ce qui est habituel et exceptionnel.
Ecrivain, critique littéraire spécialiste du roman et professeur à l'Université Libanaise, Youmna El Id analyse dans Une culture en quête d'identité la "production romanesque qui a pris son véritable essor durant les années de guerre" et qui se saisit du présent pour en raconter l'histoire, qui ne dénonce rien mais qui déduit que le crime de cette guerre est d'avoir "saboté le rêve laïc de la société libanaise".
Poète, artiste et calligraphe, Samir Sayegh a choisi de parler des défis auxquels se trouve confrontée la calligraphie arabe aujourd'hui qui n'est pas considérée comme une production artistique au même titre que la peinture, mais qui ne peut pas non plus se contenter de continuer d'observer les règles de l'art telles qu'elles ont été léguées par l'empire ottoman. Dans son article intitulé Et si ce n'était pas une perte? il défend une inspiration qui naît du "principe" et non pas de l'histoire, de la vision et de la philosophie esthétique et non pas des slogans politiques.
Quant à Jalal Khoury auteur dramatique et metteur en scène, il se demande : le Théâtre arabe a-t-il sa raison d'être? car si le théâtre occidental, importé dans le monde arabe à partir du Liban, exprime le divorce et l'angoisse de l'homme face à un univers absurde, dans ce même monde arabe l'individu demeure jusqu'à ce jour partie prenante du groupe.
Trois jeunes auteurs et artistes de la génération de la guerre donnent leurs Témoignages sur la culture en rapport avec leur vie.
Beyrouth - Arts plastiques : ici et maintenant est le titre de l'article de Rim Al Joundi.
C'est en artiste et critique d'art qu'elle décrit le travail des jeunes artistes d'aujourd'hui.
Charles Chahwane poète et nouvelliste dit dans l'Avenir de la littérature libanaise son désespoir et sa "lassitude de cette quête absurde du poète" alors qu'il lui suffirait "d'être trafiquant de voitures volées ou proxénète pour susciter (...) le respect et la déférence".
La canicule et cinq visites est le témoignage particulier d'Antoine Abou Zeid, poète et journaliste pour qui la poésie est une voie de salut, "un signe de l'âme, une expression de l'essence".
Le soin de l'Epilogue a été laissé au grand poète Ounsi El Hage. Dans Culture et liberté, il écrit qu'il ne "conçoit pas le problème de la culture au Liban séparé de celui de la liberté". Pour lui, "une nation dont les créateurs ne combattent pas la mort oublierait le sens de la vie".
INEDIT, Distribution Auvidis
MATAR MUHAMMAD
Hommage à un maître du buzuq
Parution février 96
Né en 1939 dans la plaine de la Bekaa, au Liban, Matar Muhammad était issu d'une famille de Gitans, musiciens ambulants de père en fils et il a toujours vécu dans ce milieu. Dès l'âge de sept ans, son père et son frère aîné l'initièrent au jeu du buzuq. Au début des années soixante, il fit ses premiers pas de professionnel dans le cadre des émissions arabes de la BBC, mais c'est au festival de Baalbek, où il participait à un spectacle, qu'il se fit vraiment connaître. A partir de ce moment, il enregistre plusieurs disques et donne des concerts dans les pays arabes et en Europe, notamment Paris au Théâtre de la Ville en 1970.
Héritier d'une tradition orale, ses dons innés lui permirent de pratiquer de manière empirique un art véritablement savant. Soliste brillant et improvisateur imaginatif, il demeura cependant fidèle à l'esprit et aux principes théoriques de la musique arabe. Matar Muhammad aurait pu mener une grande carrière de musicien et de virtuose, mais il a toujours préféré la liberté et la suprématie de l'instant aux contraintes d'une carrière.
Ce CD reprend un enregistrement effectué en public au Théâtre de Beyrouth en 1972. C'est un des derniers témoignages de son art. Frappé d'une paralysie partielle, il n'a pu pratiquer son instrument pendant les dernières années de sa vie.
Matar Muhammad est décédé le 7 décembre 1995 alors qu'il attendait la publication de ce premier CD qui lui soit consacré. Il avait cependant pris le soin de transmettre cette tradition musicale à son jeune fils.
Le buzuq est un instrument qui appartient à la grande famille des tanbur, luths à manche long dont l'existence est attestée dès le Xe siècle. Les deux cordes métalliques, doubles et généralement accordées à l'octave sont pincées avec un plectre en corne ou en plume.
Ce CD présente quatre taqsîm improvisés au buzuq sur des maqâm ou modes musicaux classiques. Certains, comme le Bayati, sont très connus, et d'autres plus rares comme le maqâm Atar kâr, très chromatique et qui semble appartenir à la tradition populaire. Pour jouer ce maqâm à caractère hindoustani, Matar Muhammad accorde son instrument une octave plus bas que la normale.
LE THEATRE LIBANAIS
Le théâtre libanais (...) saura en permanence allier la recherche d'une identité propre à une ouverture vers les cultures étrangères. C'est en 1847 que naît à Beyrouth le théâtre de type occidental en langue arabe avec la création par Maroun al-Naqqâsh d'Al Bakhil librement adapté de l'Avare de Molière.
C'est essentiellement dans les établissements confessionnels chrétiens d'enseignement privé et dans les sociétés littéraires ou philanthropiques que devait se développer, entre les années 1868 et 1920, le théâtre dans ce pays. Les animateurs de ce mouvement empruntent au répertoire français, italien ou turc le canevas de pièces autour duquel ils improvisent des spectacles présentés sporadiquement. Des oeuvres d'intérêt local sont également créées. Dans les années 1920- 1930, quelques salles de spectacle sont construites dont une, Masrah Farouk, resta en exercice jusque vers la fin des ann6es soixante.
En 1960 le mouvement théâtral contemporain se structure avec la création par Antoine Moultaqâ de l'Académie d'art dramatique à l'Université Libanaise et la création par Mounir Abou Debs d'une troupe rattachée au Festival de Baalbek, festival qui joue alors, et jusqu'à son interruption en 1977, un rôle essentiel d'ouverture sur les grands courants internationaux de création. Hassan Ala'el Din dit Chouchou, animateur et acteur principal d'une troupe populaire, suscite l'enthousiasme des foules avec des comédies satirico-sociales. A la même époque les théâtres de langue française avec le Centre universitaire d'études dramatiques, animé par Roger Assaf, anglaise avec le Drama Club de l'université américaine, et arménienne avec les mises en scène de Berge Fazlian, participent à ce mouvement novateur. Les auteurs d'origine libanaise expatriés: Georges Schéhadé, Andrée Chédid perpétuent en France la présence libanaise dans la création dramatique dont les précurseurs furent Michel Sursock et Chekri Ghanem.
Durant les évènements qui ont secoué depuis deux décennies le Liban, le théâtre de langue arabe, marquant le recul de l'influence française et la nécessité de s'adresser à un public vitalement impliqué dans la recherche de sa spécificité, va prendre un essor important : les metteurs en scène Jalal Khoury, Roger Assaf, les auteurs Issam Mahfouz et Raymond Gebara en sont les principaux artisans. Le Théâtre de Beyrouth et le Théâtre Al-Madina sont devenus aujourd'hui des lieux importants de création et d'accueil du théâtre arabe au Moyen-Orient
CHÉRIF KHAZNADAR. Extrait du Dictionnaire Encyclopédique du Théâtre - Bordas (1995)
ET APRÈS.....
LIBAN 96 ne se termine pas le 14 mai, ce cycle n'est que le début d'une coopération nouvelle et multiple entre des institutions culturelles libanaises e t françaises.
Les spectacles de théâtre créés à Paris : Samar de Roger Assaf, Zaradacht devenu chien de Raymond Gebara, ]ulia Domna avec Nidal Ashkar seront présentés à Beyrouth, les deux premiers au Théâtre de Beyrouth et le troisième au Théâtre Al Madina. ]ulia Domna doit en outre être présentée à partir de l'été dans des festivals de théâtre arabes et étrangers.
Le spectacle de danse créé à Paris doit également être présenté à Beyrouth pendant la saison 1996- 1997.
Le spectacle Les Bonnes de Jawad Al Assadi sera en tournée en France dans le courant de cette saison et en 1997 (contact : Claire Amchin "L'Autre Bureau").
Les programmateurs français sont conviés à assister à l'ensemble des spectacles.
Des tournées en France des créations qui retiendront leur attention seront organisées en 1996- I997 avec le soutien de l'ONDA.
Enfin, la Maison des Cultures du Monde et le Théâtre Al Madina engagent une collaboration permanente qui leur permettra d'établir des programmations communes et d'initier de nouveaux projets dont une grande célébration dans le monde Arabe et en France du 150e anniversaire de la première présentation de théâtre arabe par Maroun al Naqqash à Beyrouth en 1847 de Al Bakhil, une adaptation de l'Avare de Molière.
Liban 96. Table ronde, le roman. Colloque
12 avril à 17 h
Table ronde animée par Khalida Saïd (écrivain, critique littéraire, professeur de littérature arabe contemporaine à l'Université Libanaise).
Avec des romanciers libanais traduits en français :
Hanan el-Cheikh, auteur de L'Histoire de Zohra (Lattès) Poste restante Beyrouth, Femmes de sable et de myrrhe (Actes Sud),
Elias Khoury, auteur de Un Parfum de paradis, La Petite montagne et du Petit homme et la guerre (Editions Arléa, Paris)
Rachid el-Daïf, auteur de Passage au crépuscule (Actes Sud)
Hoda Barakat, auteur de La pierre du rire (titre provisoire, à paraître en février 96 aux éditions Actes Sud)
Et Dominique Eddé, auteur de Lettre posthume (L'Harmattan).
Liban. "Les Bonnes", d'après Jean Genet. Spectacle
18-24 mars (relâche le mercredi 20)
Une adaptation et une mise en scène qui matérialisent la passion et la violence latentes du texte. Une interprétation de la douleur de l'individu dans ses rapports avec l'autorité.
D'après Jean Genet
Traduction arabe de Hanan Kassab Hassan
Adaptation et mise en scène de Jawad Al Assadi
Avec Randa Asmar, Claire, Julia Kassar, Solange et Renée Dick, Madame
Décors de Ghazi Kahwagi
Costumes de Louloua Abdel Baki
Lumières de Jawad Al Assadi
Production Théâtre de Beyrouth
Spectacle en langue arabe surtitré en français.
"Attiré par les gens qui sont dans la détresse autant physique que morale", Assadi a voulu mettre en exergue le sentiment de défaite écrasante et d'accoutumance à l'avilissement. Son adaptation des Bonnes (à partir de la traduction arabe de Hanan Kassab Hassan) va dans le sens de ce qui le tourmente et l'habite. Les dialogues sont découpés, les répliques raccourcies, plus rapides et plus nerveuses. Il s'agit toujours de deux bonnes qui aiment et haïssent à la fois leur patronne. Mais c'est aussi une histoire d'oppression, de marginalisation et de mort. Une célébration de la mort auréolée. La mise en scène d'Assadi fait ressortir la violence latente du texte, violence extériorisée et matérialisée dans chaque mouvement, chaque geste.
Excès d'amour, excès de haine. Ecrasées par la passion, les bonnes n'agissent plus, elles réagissent Leur violence ne peut s'exprimer que contre elles-mêmes, faute de pouvoir se déverser sur leur patronne. Sous la haine du semblable se tapit la haine de l'oppresseur. Assadi évoque l'oppression, la corruption, et le pouvoir qui ferme les yeux. La référence politique est claire. Le décor est un huis clos, des placards en arc de cercle, des battants qui évoquent des portes qui n'en sont pas. Une véritable prison.
JAWAD AL ASSADI, metteur en scène
Originaire de la ville de Kerbala en Irak, ville du martyre par excellence, Jawad Al Assadi est issu d'un milieu chiite. Il assistait dans son enfance aux cérémonies de l'Ashoura (commémoration du martyre de Hussein, petit-fils du prophète). Son père l'envoyait avec ses frères se raser la tête, puis leur faisait faire de longues djellabas noires qu'ils portaient pendant un mois en signe de deuil ainsi que le veut la coutume. Ensuite ils allaient sur le parvis de la mosquée assister aux rituels et cérémonies commémoratives de la tragédie de Hussein dans toute leur violence sanguinaire. Cette période de sa vie a fortement marqué Jawad Al Assadi : "La foi et la profonde croyance dans le sacré poussaient ceux qui jouaient les rôles à aller vers l'extrême dans la personnification."
Cette violence, on la retrouve toujours dans son théâtre. Le théâtre est pour lui une catharsis où l'homme est continuellement en état de confrontation. C'est le lieu et l'espace de la victime : "Notre société est bâtie sur les principes d'autorité
du père, du groupe, de l'Etat. Tous ces pouvoirs contribuent à exclure l'individu de la société, du pays, de sa particularité"
"Le texte des Bonnes de Jean Genet comprend les possibilités d'interprétation de la douleur et de la souffrance qui marquent les rapports entre le seigneur et la victime à travers un conflit fait d'un véritable désir de se débarrasser des maîtres et l'incapacité de passer à l'action. C'est un jeu de miroirs où se reflètent et se font face les âmes vaincues, au bord du précipice."
Après l'obtention de son diplôme de l'Académie des Beaux-Arts de Bagdad, Jawad Al Assadi poursuit ses études en Bulgarie et rédige une thèse sur Le metteur en scène contemporuin et les problèmes de la représentation théâtrale.
Membre du groupe Théâtre Moderne à Bagdad, Jawad Al Assadi vit en exil depuis quelques années, entre Damas, Beyrouth et Amman, où il enseigne l'art dramatique et la mise en scène.
Principales mises en scène :
Pour le Théâtre National Palestinien (Damas) :
La Famille Tot d'Orkény - Prix de la mise en scène, Festival de Carthage 1983
Des Fils d'Argent de Jawad Al Assadi - Grand Prix du festival de Carthage 1985 (ex-aequo avec le Faiseur de Rêves mis en scènne par Raymond Gebara)
Le Viol de Saadallah Wannous - Beyrouth, Le Caire, Bahrein 1992
Le Cuirassé Macbeth de Jawad Al Assadi - Festival de théâtre de Madrid 1993
Pour l'Institut d'Etudes Théâtrales à Damas :
Yerma de Lorca - 1984
La Tête du Mamelouk Jaber de Saadallah Wannous - Damas 1984
Variations sur la Salle n°6 (d'après la nouvelle de Tchekhov) - Prix de la mise en scène, Festival de théâtre expérimental, Le Caire 1993
Pour le Centre Hanaguer pour les arts - Le Caire :
La Fenêtre d'Ophélie d'après Hamlet de Shakespeare - 1993
Les Bonnes d'après Jean Genet - 1994
Pour le Théâtre de Beyrouth :
Les Bonnes d'après Jean Genet - 1994
GHAZI KAHWAGI, décors
Professeur de scénographie et de l'histoire du costume à I'Université Libanaise, directeur du festival de Beyrouth, Ghazi Kahwagi est un des scénographes les plus sollicités du monde arabe. On ne compte plus les projets auxquels il a participé tant au théâtre que pour le petit écran ou le cinéma. Il fut le scénographe de la majorité des pièces musicales des frères Rahbani dont Feyrouz était la grande vedette. Il travailla aussi avec Ziad Rahbani, et d'autres metteurs en scène libanais comme Jalal Khoury, Berge Fazlian, Yacoub Chedrawi. Avant les Bonnes il avait collaboré avec Jawad Al Assadi pour Les Nuits de la Moisson et le Viol.
RANDA ASMAR, comédienne
Diplômée en art dramatique de la Faculté des Beaux-Arts de I'Université Libanaise de Beyrouth en 1984, Randa Asmar a joué dans plusieurs pièces de théâtre au Liban sous la direction des principaux metteurs en scène. Elle a notamment interprété le rôle de Rosa-Dulcinéa dans le Faiseur de Rêves de Raymond Gebara. Elle a aussi interprété divers premiers rôles dans des dramatiques et des feuilletons pour la télévision.
JULIA KASSAR, comédienne
Elle obtient son diplôme en art dramatique de la faculté des Beaux-Arts de l'Université Libanaise en 1987. Considérée comme une des valeurs sûres de la nouvelle génération d'actrices, elle a joué sous la direction des principaux metteurs en scène dont jalal Khoury, Joseph Bou Nassar, Yacoub Chedrawi, Raymond Gebara et avec Roger Assaf dans La Mémoire de Job qui fut présentée à la Maison des Cultures du Monde - Theâtre du Rond-point en 1994.
RENEE DICK, comédienne
Etudie le théâtre à l'école de théâtre contemporain dirigée par Mounir Abou Debs et rattachée au festival de Baalbeck Elle a joué dans plusieurs mises en scène d'Abou Debs notamment Les Mouches de Jean-Paul Sartre, le Roi se Meurt de Ionesco, les Physiciens de Dürrenmatt. Renée Dick a aussi joué au cinéma notamment dans les Deux justices d'Henri Barakat et Beyrouth la Rencontre de Borhane Alaouié.
Liban. "Les Jours de Khiyam" par le Théâtre du Conteur. Affiche
5-21 avril 1983
2 affiches en mauvais état.
Liban. "Les Jours de Khiyam" par le Théâtre du Conteur. Spectacle
5-21 avril 1983
Les Jours de Khiyâm relate la vie et la mort du village de Khiyâm (village du Sud-Liban), quelques épisodes de son passé, l'exode massif des dernières années et le massacre de ses habitants en mars 1978.
La pièce nous introduit dans la banlieue de Beyrouth où s'entassent les réfugiés chassés par la guerre qui sévit depuis des années dans le Sud Liban. Ces paysans dés'uvrés loin de leurs terres parlent du village et racontent les épisodes qu'ils ont vécus ou dont ils ont été témoins : l'un raconte comment il a construit sa maison, un autre son mariage, un troisième une bataille en 48 et tous comment ils ont vécu l'exode et le massacre de 78.
Tous les événements et personnages qui constituent cette fresque sont authentiques, leur assemblage est le fruit de huit mois de contacts et de rencontres avec les réfugiés.
La représentation se déroule comme une soirée populaire où le chant, les joutes poétiques et les formes d'expression collective traditionnelles sont la toile de fond de la "sirâ" (ou cycle épique) des habitants de Khiyâm, contée et jouée par la troupe. Cette pièce a été créée en Mai 1982 à Beyrouth.
Le théâtre du conteur (Marsrah al Hakawati)
Populaire et multiconfessionnelle, la troupe, fondée en 1977, est née de l'initiative d'un groupe de professeurs et d'étudiants de l'Institut National des Beaux-Arts de l'université Libanaise.
A partir d'une connaissance poussée de la culture orale et des formes traditionnelles encore vivantes dans les communautés du Sud Liban (un des lieux les plus chargés d'histoire et les plus méconnus), le Théâtre du Conteur cherche à raconter, dans ses productions, cette région, son passé et sa réalité présente en utilisant les récits recueillis directement auprès de ceux qui en conservent le souvenir et les formes poétiques traditionnelles qui vivent encore dans la mémoire collective et les rassemblements occasionnels où s'expriment les joies et les peines de la vie communautaire.
Tous les comédiens sont tels les conteurs traditionnels (les Hakavâti), les animateurs d'une sorte de chanson de geste (sirâ) dont ils content et jouent les épisodes dans une atmosphère de fête populaire.
Roger Assaf - Metteur en scène -
Roger Assaf, homme de théâtre libanais, est aujourd'hui par son activité et son enseignement le chef de file d'un courant artistique et culturel visant à développer des formes d'expression proprement arabes à partir d'une connaissance approfondie des formes traditionnelles encore vivantes dans les espaces communautaires de l'Orient Arabe. D'abord comédien et metteur en scène bilingue (français et arabe), formé à l'Ecole d'Art Dramatique de Strasbourg,
en 1965, metteur en scène au Théâtre de Beyrouth, période d'éclectisme ;
en 1968, fonde l'Atelier d'Art Dramatique de Beyrouth qui se propose d'écrire ses propres pièces et de conquérir le grand public : Majdaloun, La Grève des Voleurs, Carte Blanche (primé au Festival du Théâtre Arabe à Damas en 1970) ;
en 1972, mise en scène avec la troupe du Théâtre Populaire animé par la plus grande vedette comique libanaise, Hassan Ala Eddine, alias Chouchou.
en 1977, à la réouverture de l'université Libanaise, Roger Assaf devient professeur de Dramaturgie et de mise en scène à l'Institut National des Beaux-Arts et fonde le Théâtre du Conteur.
L'équipe des "Jours de Khiyâm"
Comédiens : Hanane Hajj Ali - Fadwa Hachem - Abido Bacha - Salim Bdeir - Boutros Rouhana - Hussein Sbeyti - Mohammad Daou - Rafik Ali Ahmad - Ali Kalache - Camille Farhat. Collaborateurs :Jean Ratl - Oussama Chaabane- Roger Assaf - Henri Assaf - Marc Mourani.
Le texte a été établi grâce à la collaboration de réfugiés des villages suivants :
Khiyâm - Abbassiyeh ' Bar'achit - Yohmor - Nabatiyeh - Nmeyriyeh - Arnoun - Adloun - Aynata - Tebnine - Kfar Tebnit - Aytaroun - Hanine.
MAISON DES CULTURES DU MONDE, LES JOURS DE KHIYAM par le Théâtre Libanais du Conteur
Première partie
Prologue
1. En accueillant le public, les comédiens évoquent les soirées de naguère, les veillées traditionnelles, les séances du "hakawâti".
Présentation de la troupe.
2. Un des comédiens se rappelle une berceuse triste que chantait sa mère quand il était enfant:
"Quatre familles arabes
le Rusé les a chassées
loin de leurs maisons
sans abri les a laissées..."
Cette complainte a pris son sens beaucoup plus tard, quand il est venu, avec ceux qui avaient fui le village, à Hay es Sellom.
Hay es Sellom
Hay es Sellom est une zone de squatters où les réfugiés construisent leurs maisons et branchent eux- mêmes leurs fils sur les réseaux pour se fournir en électricité.
1. Ra'oufa et Oum Saïd nous racontent les tracas quotidiens des femmes dus aux problèmes d'eau.
2. Les vieux paysans supportent mal le changement de vie que l'exode leur a imposé. Ils se réunissent chaque jour, parlent avec nostalgie de leurs villages, et ne ratent pas une occasion de plaisanter sur la vie et les m'urs des citadins.
3. Hussein est harcelé par son père qui veut à tout prix remonter au village. Il est obligé de l'enfermer pour l'empêcher de s'échapper
4. Autour du robinet fixé sur une conduite d'eau, c'est la cohue quotidienne. Deux femmes racontent comment certains ont réussi à se débrouiller dans la capitale et à s'en sortir.
5. Les vieux se demandent s'ils reverront un jour leur village.
6. "LE" taxi qui fait la navette entre Beyrouth et le village amène des passagers, des livraisons, des commissions, des nouvelles. Il en profite pour faire son beurre. Il annonce aux villageois qu'une commission émanant du Conseil du Liban-Sud va estimer les dégâts que la guerre leur a fait subir et les dédommager.
7. Les villageois ne se font aucune illusion,sur ce genre de promesses :
- Abou Ali, dont la maison a été complètement détruite, raconte comment il a dû signer un reçu de 10.000 livres pour en encaisser 5.000 (à peu près 8.000 francs).
- Abou Sobhi, très proche du maire, par contre, a déjà encaissé quatre fois le prix d'une maison qui a été à peine touchée.
- Quant à la veuve Oum Assad, qui a refusé les avances du maire, elle n'a rien pu obtenir.
- Abou Ali clôt les débats par un discours parodique grandiloquent exhortant les "masses" à continuer leur résistance héroïque face à l'ennemi.
La maison de Abou Khalil
Tout cela a remué les souvenirs de Abou Khalil qui se rappelle le triste jour où sa maison a été dynamitée (au cours d'une expédition punitive). Cette maison, il l'a construite dans les années 50. Après 48, privé de ressources par la coupure brutale des débouchés en Palestine, il a travaillé quelques années comme un forçat au Koweit.
1. Quand Abou Khalil est revenu du Koweit, ce fut la fête au village.
2. Comme de coutume, le crieur annonce que Abou Khalil veut construire sa maison et tout le monde est convié à l'aider.
3. Sur le chantier, tout le monde participe à l'entreprise, sauf une famille, dont l'inimitié remonte aux élections précédentes.
4. Un vieux hajj a pour fonction d'exciter l'ardeur des travailleurs. Il s'était illustré, dans sa jeunesse, pour avoir désarçonné un officier français à cheval qui cravachait la foule.
5. Une autre célébrité, c'est la vieille Hajjé Dalla qui a, en son temps, flanqué une raclée à un gendarme qui l'arrêtait parce qu'elle ramassait du bois.
6. L'usurier est contraint de porter des charges plus lourdes que les autres, garçons et filles s'aguichent et se taquinent, les animosités entre les clans font surface.
7. L'inimitié de deux clans remonte à une célèbre dispute provoquée par la femme d'un candidat malheureux aux élections passées. L'altercation, déclenchée à la fontaine, avait embrasé tout le village.
8. Mais la pose du toit de la maison de Abou Khalil fait pour le moment - oublier les discordes et se termine par un grand festin.
Aujourd'hui, la maison de Abou Khalil n'est plus que décombres.
Le mariage de Ali Ayoub
Le vieux Ali Ayoub, chaque soir, parle tristement à la photo de sa femme accrochée dans sa chambre.
La voisine Saada raconte comment la vieille Manahel est morte dans un bombardement. Elle se rappelle comment ils se sont mariés.
1. Ali Ayoub et Manahel s'aimaient en dépit de la famille de la jeune file et c'est la jeune Saada qui portait les messages de l'un à l'autre.
2. Pendant la récolte des figues, tous les jeunes gens vont camper parmi les figuiers. Là, chaque jeune fille a l'occasion de jeter son dévolu sur un jeune homme et de le séduire.
3. Abou Hussein et Abou Najib discutent d'une altercation qui a eu lieu entre Ali Ayoub et Haydar, le neveu d'un des notables les plus importants de la région.
4. Du côté de la famille de Manahel, on souhaite la marier à Haydar, qui est un beau parti et un cavalier émérite.
5. Le garde-champêtre et Abou Hussein se demandent pourquoi Ali Ayoub leur a donné rendez-vous dans cet endroit isolé.
6. Ali Ayoub et Manahel se rencontrent en cachette et se promettent solennellement l'un à l'autre, avec le garde-champêtre et Abou Hussein comme témoins involontaires.
7. Le frère de Manahel tient absolument à fiancer sa s'ur à Haydar et il a convoqué le cheikh pour faire le contrat.
8. Les deux familles s'affrontent dans la traditionnelle joute poétique menée par les femmes. Puis au moment du contrat, Manahel se tait par trois fois quand le cheikh lui pose la question rituelle.
Son frère est furieux, et finalement le garde-champêtre et Abou Hussein révèlent que Manahel est engagée à Ali Ayoub. Ce dernier refusant de la délier, on est contraint de célébrer leurs noces.
Aujourd'hui, Ali Ayoub est seul avec sa peine et ses souvenirs.
ENTR'ACTE
Deuxième partie
C'est avec d'anciens refrains que s'ouvre la deuxième partie.
"Au pays des illusions brisées
Il y a autant d'opinions que de drapeaux
Et nous, nous n'avons pas de réponse..."
C'est en 1920 que ces vers furent chantés et depuis, chaque étape apporte son nouveau lot de bombardements, d'exodes, de morts et de patiences.
Le village de Khiyâm
1. Des paysans se demandent si ça vaut la peine de continuer à travailler la terre, puisqu'ils vont devoir fuir un de ces jours.
2. D'autres commentent la mort du Docteur Chukrallah Karam, le seul médecin de la région, que les miliciens ont assassiné, bien qu'il soit chrétien.
3. Abou Ali a envoyé son fils travailler dans le hangar où sèchent les feuilles de tabac. Nous sommes en mars 1978. Un premier bombardement israélien ouvre la vaste opération déclenchée dans tout le Liban-Sud. Le jeune Ali en est la première victime.
4. Les 16 et 17 mars, l'invasion se poursuit, précédée par les pilonnages. Six témoins racontent l'exode et les raids aériens pourchassant les populations sur les routes de Bint Jbeil, Bar'achit, Adloun, ... Abou Ali chante une lamentation ancienne sur le corps de son fils.
Les réfugiés
1. Près de 200.000 réfugiés s'entassent dans des campements précaires à Saïda et Beyrouth. L'un d'entre eux énumère les morts de sa famille, tués à Abbassiyeh.
2. Hajj Mohammed, à Beyrouth, est comme un animal en cage dans sa chambre exigüe. A bout de patience, il sort dans la rue.
3. Le taxi qui fait encore la liaison avec le village, emmène quelques passagers. Hajj Mohammed veut le prendre, son fils l'empêche.
4. Hajj Mohammad a disparu. Parti à sa recherche, son fils le retrouve, la nuit, au bord de la mer.
Il le rattrape s'enfonçant dans les flots et le ramène de force dans sa chambre où il l'enferme à clef.
La nuit du 18 mars
1. Dans le village de Khiyâm, les vieux qui sont restés passent la nuit dans un sous-sol.
2. Abou Hassan, qui était dans le maquis avec les partisans de Adham Khanjar et Sadek Hamzé dans les années 30, se dispute comme d'habitude, avec Hajj Amine qui, lui, était dans l'armée du général Kaoukgi en 1948. Hajj Amine raconte comment, avec quelques hommes, il a repris Malkiyeh qui était tombée aux mains des sionistes.
3. A l'aube, les miliciens les font sortir de leurs abris. Hajj Jaber, un des rares rescapés, raconte ce qu'il a vu : le massacre systématique de tous ses camarades.
4. Fatmé Kanso, qui a également échappé au massacre, raconte ce qu'elle a découvert quand elle est sortie de sa cachette.
5. Hajj Mohammad, à Beyrouth, apprend la mort de tous ses vieux amis à Khiyâm, il s'échappe par la fenêtre.
6. Un officier israélien conseille à Hajj Jaber de prendre la fuite.
7. Hajj Jaber s'enfuit en traversant la rivière.
Hajj Mohammad avance dans la mer jusqu'à s'y noyer. Il chante :
"Quatre familles arabes
le Rusé les a chassées
Loin de leurs maisons
sans abri les a laissées..."
Epilogue
1. Hajj Jaber, que tout le monde croyait mort, arrive à Beyrouth. Le corps de Hajj Mohammad est retrouvé sur une plage.
2. Un comédien nous chante un poème que son père lui a appris, et qui a été composé par Cheikh Mroueh de Tyr, en 1920. Ce poème évoque l'exode des villages du Sud, bombardés à l'époque par l'aviation française.
"Dis-nous, toi le Chef des Arabes
pourquoi le pays est en flammes..."
Liban. Fayrouz, à Bercy. Affiche
Dimanche 16 octobre à 18h
Liban. Fayrouz, à Bercy. Spectacle
16 octobre 1988.
Naissance d'une vocation
Fille aînée d'une modeste famille de Beyrouth, FAYROUZ grandit dans les quartiers de ZKAK el Blat. Enfant, elle chante les airs et les refrains de l'époque. A l'école, elle anime les fêtes, chantant les hymnes nationaux. C'est là que le compositeur MOHAMMED FLEYFEL la découvre, en 1947. Grâce à lui, elle se consacre à la chanson.
Elève au Conservatoire National, elle étudie sous sa direction et chante dans sa chorale. Elle interprète des hymnes à la gloire de la Syrie et du Liban.
Subjugué par son talent, sa sensibilité et sa maîtrise, FLEYFEL l'engage pour interpréter en solo nombre de ses compositions.
A quatorze ans déjà, sa carrière est entamée.
Directeur de la Radio Libanaise et compositeur interprète de renommée, HALIM EL ROUMI la remarque et demande à l'auditionner. Elle interprètera deux "tubes" de l'époque : "Ya Zahratan F. Khayali" (fleur imaginée) de FARID EL ATRACH et "Ya Diriti" d'ASMAHAN - un tango d'inspiration occidentale et un Mawal de pure tradition orientale.
Impressionné par sa double performance, EL-ROUMI l'engage alors dans la chorale de Radio Beyrouth et bientôt lui compose ses premières chansons.
Plus tard il la baptise du nom de FAYROUZ, appellation arabe de la turquoise.
NOUHAD HADDAD "FAYROUZ" entre dans la légende.
Elle chante : "j'ai délaissé mon coeur et je t'ai suivi" , "il y a de la magie et de la beauté dans l'air" , "Ô colombes" et en duo avec son compositeur : "l'amant des roses".
Suivant sa vocation, elle s'adonne à la chanson avec vigueur et rigueur. Née, douée d'un talent l'état pur, elle acquiert aussitôt l'expérience et le métier.
FLEYFEL et EL ROUMI - comme tous ceux qui l'ont connue ses débuts, évoqueront sa maîtrise et son perfectionnisme d'alors.
Une rencontre, un destin
Bientôt, HALIM EL-ROUMI l'introduit auprès de ASSI EL-RAHBANI, jeune auteur-compositeur qui fait ses premiers pas alors dans le monde de la chanson.
Cette rencontre marquera le destin d'une voix, qui empreinte du talent de RAHABANI, sera bientôt portée au sublime.
Avant-gardiste, c'est avec son frère MANSOUR qu'ASSI EL-RAHBANI révolutionne la chanson arabe. Il marque la rupture avec une tradition qui sombre dans la banalité et élabore l'édifice d'une sensibilité nouvelle.
RAHBANI renouvelle le corps du chant arabe, opte pour la différence et crée le modèle type d'une chanson libanaise encore inédite. Impérieusement, il choisit le renouveau, un renouveau qui grandit en FAYROUZ comme une conscience. Paroles et musique, verbes et mélodies, tonalités et rythmes : FAYROUZ et les RAHBANI instaurent un univers où se dessine le nouvel horizon de la chanson.
Leur rencontre avec le groupe argentin EDUARDO BIANCO les conduit à créer une suite de morceaux inspirés du tango et de la roumba.
Découvrant la richesse de leur folklore national, ils composent de nouveaux arrangements, alliant harmonieusement l'influence occidentale aux sources musicales traditionnelles et lui donnent un nouvel essor.
Leur premier répertoire est d'une grande diversité : éblouissante multiplicité où fusionnent les mille et une composantes d'une chanson nouvelle.
Rejeté, le dialecte égyptien bannie les rengaines de deuil et de lamentations.
Une chanson prend naissance, avec FAYROUZ elle acquiert sa véracité.
Mystérieuse et réservée, FAYROUZ chante avec pudeur et retenue un village en couleur d'Eden, un jardin, une maison, une enfance lointaine, un espace de silence, un bruissement d'ailes, une nostalgie du temps qui passe : des bribes d'images et de couleurs.
Un monde voilé d'une secrète mélancolie prend corps : FAYROUZ ouvre, les coeurs à la pénétration d'une lumière nouvelle.
Les titres se multiplient - Radio Beyrouth, radio Proche-Orient, et radio Damas assurent leurs diffusion.
Cependant cette nouvelle chanson suscite la controverse. Les modernistes la saluent, les traditionalistes s'acharnent à la combattre. Directeur de Radio Damas AHMAD ASSA, adopte FAYROUZ et les RAHBANI. Il s'engagera avec ferveur à leur assurer renommée et gloire.
FAKHR1 EL-BAROUDI accuse ces pionniers de compromettre le chant arabe et de nuire à sa tradition musicale.
Les RAHBANI ripostent à l'attaque et écrivent "A une bergère" (Ila Raïa) chanson classique qui, lancée sous un pseudonyme, est accueillie chaleureusement par les traditionalistes. Pari gagné, le succès est unanime : FAYROUZ a déjà conquis une audience considérable. Réenregistrée et diffusée à Damas en 1952, sa chanson "Itab" la consacre. Le chemin de la gloire est désormais ouvert. Juillet 54, ASSI EL-RAHBANI épouse FAYROUZ - les compagnons de route deviennent compagnons de vie : une vie pleine, riche, irrémédiablement vouée la chanson.
L'Etrangère et l'Oracle
En 1957, FAYROUZ inaugure le Festival International de Baalbek.
Pour la première fois, elle vient à la rencontre de son public.
En plein air, sur les planches du célèbre site historique, au milieu des six colonnes du temple romain, dans le silence suspendu entre la scène et le public, mystérieuse, familière et chaleureuse, la voix de FAYROUZ s'infiltre, s'élève et règne.
C'est un triomphe ! Consacrée étoile de Baalbek, FAYROUZ est surnommée "la septième colonne".
La Syrie lui ouvre ses portes. Dès 1960, elle deviendra l'invitée de marque du Festival International de Damas.
De la chanson, les RAHBANI passent au sketch musical. Du sketch à l'opérette populaire et de l'opérette au théâtre musical.
Leur première pièce théâtrale "le pont de la lune" crée en 1962 est présentée Baalbek. FAYROUZ y incarne une jeune fille ensorcelée que seul l'amour peut sauver:
"Je suis un conte écrit de larmes / on ne peut le raconter / un mot le blesse / il était une fille fiancée à l'amour / la haine lui brisa les ailes". FAYROUZ raconte et devient son propre conte.
Le fantastique est substance du réel. "On racontera l'histoire d'un village..., dit le prologue du "vendeur du bagues", ce village n'existe pas, mais une nuit, un homme ivre trace des graffiti sur une page et le village naît.
A leur imagination de visionnaires les RAHBANI allient la puissance de la réalité. Leurs pièces sont des fables sociales, des paraboles allégoriques tant concrètes qu'imaginées - vivantes, chimériques et mystiques.
De 1962 à 1976, les pièces de FAYROUZ se multiplient : 16 créations théâtrales, 16 rôles pour une ultime vocation, celle d'une amoureuse dont l'unique bien-aimé est l'Amour, un amour absolu, puissant, insaisissable et inépuisable.
FAYROUZ est son propre oracle. Une messagère porteuse d'une prophétie secrète. "Venue d'ailleurs", empreinte des souffrances de son peuple et de son pays, des hommes et de la terre, elle annonce à jamais le Bien Souverain.
Le paysage villageois est choisi comme décor aux premières pièces .Avec "Hala et le roi" présentée Beyrouth en 1967, la ville se substitue au village. L'univers change, la voix demeure. FAYROUZ reste la visiteuse inconnue qui, tel un météore, traverse la nuit pour y tracer sa traînée lumineuse.
Plus qu'une majestueuse héroïne, plus qu'une fabuleuse interprète, elle e s t la voix des voix. En elle tout commence, et en elle tout s'accomplit. Elle est "l'oiseau du soleil", "la fleur de la liberté", "l'épouse du voyage" et "1'étoile du refus".
Musique, textes, personnages, décors, sont transfigurés par sa présence. Ses rôles n'atteignent leur plénitude qu'à travers sa personne. Ce qu'elle chante, elle l'est. "je ne préfère pas un rôle à un autre" confie-t-elle aujourd'hui "je sens que je n'ai pas joué, dans le sens conventionnel du terme, jouer un rôle. ASSI m'écrivait des rôles qui me ressemblait.
Dans tout rôle que j'ai interprété, il y a une partie de moi-même.
Plus que par sa présence, tout est enveloppé de sa voix.
Une voix qui par sa diversité de timbre ne cesse d'acquérir de nouvelles dimensions.
Ciselant mots et syllabes, FAYROUZ module les graves pour passer sublimement aux aigus.
Le succès est phénoménal. Le travail afflue. Au long de ces années, FAYROUZ renouvelle son public qui, émerveillé ne cesse de s'accroître.
L'automne suivant, elle le passe Beyrouth, sur la scène du Picadilly. elle y chantera chaque soir, des mois durant.
Infatigable, elle enchaîne avec une tournée d'été à Baalbek et poursuit par une rentrée syrienne où le "tout Damas" se bousculera pour la retrouver.
Les chansons abondent, ses succès sont des ritournelles intarissables.
Une voix, un visage, un regard, une présence : FAYROUZ est désormais une Icône, une image scellée dans la chambre secrète du coeur.
La voix du Liban
Interminable, la guerre du Liban survenue en 1975 marque de son empreinte FAYROUZ, la voix et la légende.
FAYROUZ, s'éclipse. Elle abandonne la scène de Beyrouth et de Baalbek, mais ne déserte jamais.
''Rien ne peut prendre la place de la patrie" affirme t-elle résolument. Elle vit, mais sa voix submerge cette terre qui brûle.
Dans ce pays pétrifié, en perpétuelle agonie, cette voix tendre et profonde continue à régner. "Au Liban, devenu étranger, sa voix demeure mon seul ami" écrit le poète OUNSI EL HAJJ.
Au Caire ou à Paris, à Bagdad ou à Londres à New York ou à Abou Dhabi - pays arabes ou pays d'émigration, FAYROUZ chante une terre et un ciel.
Lyrique, prophétique, limpide et blessée par le silence, sa voix, mêlant la compassion à la fierté, réinvente une patrie, son rêve et son enchantement.
Voix du Liban, voix du monde arabe, OUM KOULTHOUM et FAYROUZ représentent!aujourd'hui les deux sommités de la chanson arabe.
Deux voies, deux acheminements, deux aboutissements.
Alors qu'OUM KOULTHSOUM incarne le chant traditionnel dans sa grandeur et son éloquence, FAYROUZ marque la consécration d'une chanson arabe où l'immémorial épouse la modernité : "tradition et modernité" conformément l'adage du monde culturel arabe préconisant la renaissance.
A travers l'édifice FAYROUZ, RAHBANI incarne ce rêve plus qu'à travers tout autre création artistique. Un rêve qui du Liban s'étend au Machrek et au Maghreb.
Outre le Liban, FAYROUZ chante aussi la Syrie et la Palestine.
Dès les années 50, elle consacre à la Terre Sainte, une série de chansons-poèmes, tels "nous retournerons un jour" et "la fleur des cités" qui demeurent au-delà des atteintes du temps.
Elle honore la Syrie à travers des cantiques composés lors de ses passages annuels à Damas. La cité des Omeyyades qui l'a accueillie dès ses débuts continue à lui vouer une adoration fidèle. Elle y chantait régulièrement depuis 1960, la guerre allait mettre fin à cette coutume.
Ce n'est qu'en octobre 1985, après sept ans d'absence qu'elle y retournera, Sur la célèbre scène de BOUSSRA-ESHAM elle retrouve son public et toujours: Plus de 60.000 personnes accourent pour retrouver leur Diva.
En Jordanie, à Bagdad, au Caire comme aux émirats, chaque passage de FAYROUZ est une célébration.
Au-delà des frontières et des clivages, sa voix lumineuse appartient à tous.
Le Maire de Jérusalem lui remettra la Clef d'Or de la Sainte Cité.
Comme le Liban, la Syrie fera éditer un timbre à son effigie.
Le roi HASSAN II, l'ayant invitée pour un récital au Royal Palace, l'accueillera en personne à l'aéroport de Rabat, Quant au roi HUSSEIN de JORDANIE, il la décorera successivement en 1963 et 1975.
Toutefois, son ultime gloire demeure l'amour de ce public qui aujourd'hui la sacre reine de la chanson arabe.
De ce lien indéniable avec son public, elle déclare : "c'est le lien qui réunit deux amoureux qui s'échangent, l'amour, et la déférence. A chaque rencontre, je sens que l'amour du public m'enrichit,me rend plus responsable encore et me pousse à donner à nouveau".
La consécration
Ces quarante années de cette carrière fulgurante se traduisent par 16 pièces de théâtre, trois longs métrages et un nombre incalculable de chansons : mélodies d'amour d'inspiration folklorique, composition symphoniques,tangos orientalisés rengaines bédouines, hymnes liturgiques...
Dans ses débuts, outre les frères RAHBANI, FAYROUZ chanta OMAR ABOU RICHA, QUABALAN MOUKARZEL,ASSAD SABA et bien d'autres.
Ses interprétations des poèmes de SAID AKL, GIBRAN KHALIL GIBRAN, BCHARA EL-KHOURY et MICHEL TRAD nous laissent de véritables joyaux. De même elle chante les grands poètes arabes d'hier tel IBN DHURAIQ AL-BAGHDADI, IBN JUBAIR, ANTARA et OMAR BIN ABI RABIA.
A ces débuts, TAWFIK EL-BACHA, ZAKI NASSIF, KHALED AIBU EL-NASER et GEORGES DAKER composèrent pour elle.
MUHAMAMMED ABDEL WAHAB lui consacra trois chansons, et PHILEMON WEHBE lui écrivit ses plus grands succès.
Depuis quelques années elle travaille avec JOSEPH HARB et ZIAD RAHBANI son propre fils, aujourd'hui son compositeur fétiche.
"Notre ambassadrice auprès des étoiles", "la voix angélique", "la voix de velours", "l'âme du Liban" autant de qualificatifs pour une voix qui demeure insaisissable.
Il faut écouter ses cantiques monodiques, où sur quelques notes qui s'égrainent, la voix s'élève, se fait lumière, image d'une terre d'ailleurs, d'un royaume à toujours nommer.
Liban. Gilgamesh, conte pour adultes et enfants. Spectacle
26 avril 2000
conte pour adultes et enfants
images de Françoise Gründ
musique de Paul Matar
Françoise Gründ, connue pour ses talents de conteuse et de peintre, retranscrit le mythe mésopotamien de Gilgamesh, gravé dans les tablettes d'argile du musée de Bagdad, à l'aide de mots et de dessins dont elle déroule les bandes en disant la légende du magnifique héros, fondateur de la première cité au monde.
Paul Matar, le fameux compositeur libanais auteur de plusieurs musiques de scène et de films, a créé la musique qui accompagne le conte Gilgamesh.
L'histoire se passe à l'origine des jours, bien avant les premiers déluges et l'homme au corps nu qui vient de bâtir une muraille pour montrer sa force, s'aperçoit que la vie a une fin. De manière épique, légère, le grave problème du passage en ce monde prend la forme de géants qui se battent contre des monstres, de déesses cruelles, d'amitiés indéfectibles et d'exploration dans des pays d'où personne ne revient, sauf Gilgamesh, le roi d'Uruk, qui se dresse dans le désert, à l'aube des temps.
"Gilgamesh" a été créé au Théâtre Monnot à Beyrouth - Liban le 12 février 2000 dans le cadre du 1er Festival international du conte et du monodrame.
Liban. Hyaf Yasin, cithare santûr et Ali Wehbé, tambourin riqq. Musique de l'époque abbasside. Photos
3 avril 2006
Programme
1- Tarîqa et sawt "'Alâ Sabbikum" en mode nawrûz sur le cycle rythmique ramal
Poète anonyme, musique de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
Ayez pitié, ô Maître, de votre fervent (adorateur) / et accordez-lui votre présence.
Ne le tuez pas par votre refus / car la crainte l�empêche de se plaindre.
2- Taghazzul "Fa-yâ muhjatî" en cantillation improvisée non mesurée
Vers soufis de �Umar ibn al-Fârid.
Ô mon âme, fonds d�amour et de passion et, dans mon affliction, sois la flamme qui me consume.
Et toi, feu de mes entrailles, redresse les angles de mes côtes en mal de rectitude.
3- Tarîqa en mazmûm sur le cycle thaqîl awwal avec improvisations mesurées
Musique de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
4- Tarîqa et sawt "Alâ yâ hamâmât" en husaynî sur le cycle ramal
Vers soufis de Muhyâ a-d-Dîn Ibn �Arabî mis en musique par Nidaa Abou Mrad dans le style de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
Ô colombes des arâkat et des saules, de grâce ! Que votre affliction ne vienne pas accroître ma détresse !
Faites preuve d�amitié, et ne dévoilez point, par plaintes et pleurs, le secret de mon amour et les tréfonds de ma tristesse.
J�adhère à la religion de l�Amour, quelle que soit la direction que suivent ses montures, car l�Amour est ma religion et ma foi !
Nous avons l�exemple de Bishr [épris de] Hind, de Jamâl et Buthayna, de Qays et Laylâ, et de May et Ghaylân.
5- Tarîqa et sawt « �Alâ l-hajri » en kawâsht sur le cycle ramal
Poète anonyme, musique de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
Je ne puis souffrir l�abandon quand d�autres acceptent le départ des bien-aimés.
J�ai gardé secrète ma passion pour vous, craignant les censeurs, et vous avouerai mes intentions lors de nos retrouvailles.
Taghazzul "Ghayrî �alâ s-silwâni qâdir" en cantillation improvisée non mesurée
Poème de �Umar ibn al-Fârid.
D�autres que moi font preuve de patience, comme ils peuvent trahir.
J�ai en amour une intention, or seul Dieu connaît les intentions.
Mon regard en toi, comme celui de l�étoile, est à la fois extasié et attentif.
Ta lune est présente, ah si la mienne était ici !
6- Tarîqa en mutlaq sur le cycle thaqîl awwal avec improvisations
Musique de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
7- Hadîth qudsî (Parole divine islamique), cantillation improvisée.
J�étais un trésor caché,
J�ai souhaité être révélé,
J�ai créé les hommes et par Moi ils Me connurent.
8- Tarîqa et sawt «"�Alâ Sabbikum" en mutlaq sur le cycle ramal.
9- Taghazzul "Mahâsin" en cantillation improvisée non mesurée
Vers soufis de �Umar ibn al-Fârid.
Que de beautés inspirent les panégyristes dans leurs proses et leurs vers.
Même celui qui ne le connaît pas tombe en extase à son évocation tel l�épris de Nu�m, à chaque fois que Nu�m est invoquée.
10- Tarîqa et sawt "Antum furûdî", paraphrase musicale de la tarîqa en mutlaq sur le cycle thaqîl awwal
Poème soufi de �Umar ibn al-Fârid.
Vous êtes mes dévotions et surérogations, / vous êtes ma parole et mes préoccupations.
Ô direction de ma prière, / lorsque je me lève pour prier.
Votre beauté emplit mes yeux, / vers elle j�oriente mon tout.
Votre mystère occupe ma conscience, / et mon c�ur devient le Sinaï des théophanies.
Une nuit, je vis un feu aux alentours,/ j�annonçai aux miens la bonne nouvelle.
Je les priai de demeurer en ces lieux, / dans l�espoir de trouver ma voie.
Je m�approchai de la flamme, / c�était le Feu de l�Interlocuteur de Dieu (Moïse) qui m�a précédé.
Je fus interpellé de par le Feu : / "Rendez-moi les nuits de retrouvailles !"
11- Tarîqa et sawt "�Alâ Sabbikum" en mujannab sur le cycle ramal
12- Tarîqa en mujannab sur le cycle ramal et taghazzul "Tih dalâlan" en cantillation improvisée non mesurée
Vers soufis de �Umar ibn al-Fârid.
Va et sois coquet car tu le mérites, et gouverne car la grâce t�a pourvu.
Le pouvoir est à toi, commande à loisir, car sur moi la beauté t�a donné tous les droits.
13- Sawt "Al-qasru fa-n-nakhlu" en wustâ sur le cycle khafîf a-th-thaqîl al-awwal.
Poème de Abû Qutayfa al-Ma�îtî, musique de Nidaa Abou Mrad d'après les indications du Livre des Chants.
Le palais, les palmiers et le bosquet entre eux sont plus doux à mon c�ur que les portes de Jayrûn,
Quant à la cour et ses femmes, les demeures délivrées de l�adultère et de l�humiliation ne recueillent plus de pareilles épouses.
D�aucuns peuvent taire des secrets sans m�empêcher de les connaître, tandis que nul ne pourra jusqu�à la mort me soutirer le mien.
14- Tarîqa et sawt "Raqîbân minnî" en muhayyar al-husaynî sur le cycle ramal
Vers soufis de Husayn Ibn Mansûr al-Hallâj, mis en musique par Nidaa Abou Mrad dans le style de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
Deux observateurs en moi témoignent de Son amour.
Nulle pensée ne traverse ma conscience si elle n�est pour Toi et Ta passion accapare ma langue.
Visé-je à l�est, Tu en es l�orient ; à l�ouest, Tu es droit devant ;
En haut, et Tu en es l�au-dessus ; en bas, et Tu es partout.
C�est Toi qui donnes à tout son lieu, sans T�y localiser, Tu es dans tout le tout, sans être périssable.
Mon c�ur et mon esprit, ma conscience et mon inspiration, et le rythme de mon souffle, et le n�ud de mon organisme.
15- Qawl "Yâ malîkan" en muhayyar al-husaynî sur le cycle al-khafîf
Poète anonyme, musique attribuée à Safiy a-d-Dîn al- Urmawî.
Ô Roi, par qui mon temps se bonifie, règne pour des siècles, te pavanant entre mille souhaits !
Tu demeures, en tout temps et à l�ombre de la vie, préservé de l�atteinte des événements.
Liban. Hyaf Yasin, cithare santûr. Musique de l'époque abbasside. Photos
3 avril 2006
Programme
1- Tarîqa et sawt "'Alâ Sabbikum" en mode nawrûz sur le cycle rythmique ramal
Poète anonyme, musique de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
Ayez pitié, ô Maître, de votre fervent (adorateur) / et accordez-lui votre présence.
Ne le tuez pas par votre refus / car la crainte l�empêche de se plaindre.
2- Taghazzul "Fa-yâ muhjatî" en cantillation improvisée non mesurée
Vers soufis de �Umar ibn al-Fârid.
Ô mon âme, fonds d�amour et de passion et, dans mon affliction, sois la flamme qui me consume.
Et toi, feu de mes entrailles, redresse les angles de mes côtes en mal de rectitude.
3- Tarîqa en mazmûm sur le cycle thaqîl awwal avec improvisations mesurées
Musique de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
4- Tarîqa et sawt "Alâ yâ hamâmât" en husaynî sur le cycle ramal
Vers soufis de Muhyâ a-d-Dîn Ibn �Arabî mis en musique par Nidaa Abou Mrad dans le style de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
Ô colombes des arâkat et des saules, de grâce ! Que votre affliction ne vienne pas accroître ma détresse !
Faites preuve d�amitié, et ne dévoilez point, par plaintes et pleurs, le secret de mon amour et les tréfonds de ma tristesse.
J�adhère à la religion de l�Amour, quelle que soit la direction que suivent ses montures, car l�Amour est ma religion et ma foi !
Nous avons l�exemple de Bishr [épris de] Hind, de Jamâl et Buthayna, de Qays et Laylâ, et de May et Ghaylân.
5- Tarîqa et sawt « �Alâ l-hajri » en kawâsht sur le cycle ramal
Poète anonyme, musique de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
Je ne puis souffrir l�abandon quand d�autres acceptent le départ des bien-aimés.
J�ai gardé secrète ma passion pour vous, craignant les censeurs, et vous avouerai mes intentions lors de nos retrouvailles.
Taghazzul "Ghayrî �alâ s-silwâni qâdir" en cantillation improvisée non mesurée
Poème de �Umar ibn al-Fârid.
D�autres que moi font preuve de patience, comme ils peuvent trahir.
J�ai en amour une intention, or seul Dieu connaît les intentions.
Mon regard en toi, comme celui de l�étoile, est à la fois extasié et attentif.
Ta lune est présente, ah si la mienne était ici !
6- Tarîqa en mutlaq sur le cycle thaqîl awwal avec improvisations
Musique de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
7- Hadîth qudsî (Parole divine islamique), cantillation improvisée.
J�étais un trésor caché,
J�ai souhaité être révélé,
J�ai créé les hommes et par Moi ils Me connurent.
8- Tarîqa et sawt «"�Alâ Sabbikum" en mutlaq sur le cycle ramal.
9- Taghazzul "Mahâsin" en cantillation improvisée non mesurée
Vers soufis de �Umar ibn al-Fârid.
Que de beautés inspirent les panégyristes dans leurs proses et leurs vers.
Même celui qui ne le connaît pas tombe en extase à son évocation tel l�épris de Nu�m, à chaque fois que Nu�m est invoquée.
10- Tarîqa et sawt "Antum furûdî", paraphrase musicale de la tarîqa en mutlaq sur le cycle thaqîl awwal
Poème soufi de �Umar ibn al-Fârid.
Vous êtes mes dévotions et surérogations, / vous êtes ma parole et mes préoccupations.
Ô direction de ma prière, / lorsque je me lève pour prier.
Votre beauté emplit mes yeux, / vers elle j�oriente mon tout.
Votre mystère occupe ma conscience, / et mon c�ur devient le Sinaï des théophanies.
Une nuit, je vis un feu aux alentours,/ j�annonçai aux miens la bonne nouvelle.
Je les priai de demeurer en ces lieux, / dans l�espoir de trouver ma voie.
Je m�approchai de la flamme, / c�était le Feu de l�Interlocuteur de Dieu (Moïse) qui m�a précédé.
Je fus interpellé de par le Feu : / "Rendez-moi les nuits de retrouvailles !"
11- Tarîqa et sawt "�Alâ Sabbikum" en mujannab sur le cycle ramal
12- Tarîqa en mujannab sur le cycle ramal et taghazzul "Tih dalâlan" en cantillation improvisée non mesurée
Vers soufis de �Umar ibn al-Fârid.
Va et sois coquet car tu le mérites, et gouverne car la grâce t�a pourvu.
Le pouvoir est à toi, commande à loisir, car sur moi la beauté t�a donné tous les droits.
13- Sawt "Al-qasru fa-n-nakhlu" en wustâ sur le cycle khafîf a-th-thaqîl al-awwal.
Poème de Abû Qutayfa al-Ma�îtî, musique de Nidaa Abou Mrad d'après les indications du Livre des Chants.
Le palais, les palmiers et le bosquet entre eux sont plus doux à mon c�ur que les portes de Jayrûn,
Quant à la cour et ses femmes, les demeures délivrées de l�adultère et de l�humiliation ne recueillent plus de pareilles épouses.
D�aucuns peuvent taire des secrets sans m�empêcher de les connaître, tandis que nul ne pourra jusqu�à la mort me soutirer le mien.
14- Tarîqa et sawt "Raqîbân minnî" en muhayyar al-husaynî sur le cycle ramal
Vers soufis de Husayn Ibn Mansûr al-Hallâj, mis en musique par Nidaa Abou Mrad dans le style de Safiy a-d-Dîn al-Urmawî.
Deux observateurs en moi témoignent de Son amour.
Nulle pensée ne traverse ma conscience si elle n�est pour Toi et Ta passion accapare ma langue.
Visé-je à l�est, Tu en es l�orient ; à l�ouest, Tu es droit devant ;
En haut, et Tu en es l�au-dessus ; en bas, et Tu es partout.
C�est Toi qui donnes à tout son lieu, sans T�y localiser, Tu es dans tout le tout, sans être périssable.
Mon c�ur et mon esprit, ma conscience et mon inspiration, et le rythme de mon souffle, et le n�ud de mon organisme.
15- Qawl "Yâ malîkan" en muhayyar al-husaynî sur le cycle al-khafîf
Poète anonyme, musique attribuée à Safiy a-d-Dîn al- Urmawî.
Ô Roi, par qui mon temps se bonifie, règne pour des siècles, te pavanant entre mille souhaits !
Tu demeures, en tout temps et à l�ombre de la vie, préservé de l�atteinte des événements.