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Cameroun. Chroniques des Sultans Bamum. Spectacle

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Évènement

Titre

Cameroun. Chroniques des Sultans Bamum. Spectacle

Date

1989-06-09

Date de fin

1989-06-14

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

9-14 juin 1989
Chronique des Sultans Bamum.
Le royaume Bamum (né au XIIIe siècle) se situe à l'ouest du Cameroun, la capitale Foumban est à 400 Km au nord du littoral atlantique. Les ancêtres des Bamum seraient venus du nord, du pays Tikar. L'histoire et la légende voudraient qu'ils soient des descendants des Mboum. Les Mboum vivaient dans la péninsule arabique au moment où le Prophète Mohamed aurait chassé les tribus idolâtres afin de les convertir à l'Islam. Ces tribus ont conquis leur autonomie par la guerre. Toute la société Bamum repose sur la guerre et sur l'affranchissement des esclaves qui ont été emmenés au cours de la guerre.

Les Antagonismes au sein de la société Bamum.
Donner quelques informations sur ce théâtre, véritables chroniques dramatisées, élaboré au début du siècle à partir de plusieurs ensembles musicaux pré-existants, c'est tenter de dresser schématiquement le plan de la société Bamum Les Bamum islamisés depuis la fin du siècle dernier possèdent une organisation sociale liée à la structuration rituelle, syncrétisme de l'Islam et de la religion traditionnelle.
Au sommet de la pyramide se tient un Dieu tout puissant qui porte le nom de Ngnigni, entité lontaine qui règne sur tout un peuple de divinités intermédiaires les Pe-Ngnigni.
Les Pe-Ngnigni répandent des influences bienfaisantes sur les humains qui doivent les abreuver et les nourrir de sacrifices. Sacrifices et invocations sont nécessaires aux Ancêtres. La catégorie des Ancêtres divinisés, se place tout de suite après celle des divinités Pe-Ngnigni. Les Ancêtres bien qu'appartenant au monde des morts, vivent parmi les vivants. Tous les humains ne deviennent pas des Ancêtres. Les femmes et les esclaves en sont exclus et seuls, les chefs de famille possédant des fils peuvent prétendre au rang d'ancêtres. Le Roi, intermédiaire entre les morts et les vivants, entre les dieux et les hommes, il acquiert son pouvoir divin par transfert et possède le droit de vie et de mort sur les hommes. Viennent ensuite les Princes et Chefs de lignage ou Notables (qui deviendront des Ancêtres après leur mort). Cette couche sociale domine celle des hommes libres. Au bas de la pyramide, vivent les esclaves parfois issus de groupes ethniques extérieurs. Les différentes strates de la société Bamum se posent en termes antagonistes, même si l'Islam, relativement récent, joue le rôle d'unificateur.

L'originalité de ce théâtre tient au fait qu'il y a un siècle le sultan Ibrahim Njoya a l'idée de mettre en scène les histoires racontées par les bouffons du roi, il tient compte de la division (entre les morts et les vivants mais aussi entre les princes et les anciens esclaves) qui représente deux niveaux de la société. Dans le théâtre de palais, les deux derniers Sultans Ibrahim Njoya et Njimolouh Njoya Seidou ont dirigé, comme producteur, comme public privilégié mais aussi comme metteur en scène, musicien et acteur, toutes les représentations du système social.

Il ne s'agit pas d'un théâtre figé mais d'une sorte de suite d'histoires mobiles de la dynastie, racontées au Roi et dont les acteurs jouent en général leur propre rôle dans l'ordre social. Le chef des armées est chef des armées au théâtre, les Princes jouent les Princes. Le roi, lui, fait exception à la règle, il ne joue pas son propre rôle mais celui de Chef des musiciens. Au théâtre, le rôle du Roi est tenu par un notable devant qui le véritable monarque témoigne dee marques de respect et de soumission pendant le temps du jeu. Au cours de quelques heures, le Sultan, se complait dans la contemplation active de son image théâtralisée.

Affrontement de deux musiques
Une autre charge délicate du souverain, au cours du jeu, réside dans la direction de 2 orchestres. En effet dans ce théâtre de palais auquel tout le peuple de Foumban assiste, en plein air, dans la cour, devant la facade rose de la bâtisse, s'affrontent deux ensembles musicaux reflétant la puissance de deux groupes sociaux bien définis:
-Le Mbansié: danse des notables (ancien esclaves) basée sur le son des doubles cloches de fer géantes, se tient, sous l'ordre du Chef des armées. La musique est constituée de percussions variées dont le kindi, tambour à "lèvres" pour envoyer des messages codés. C'est une musique de guerre.
-Le Ngouri: danse des princes et des reines fait appel aux sifflets, au tambour Long Monsa et au tambour tripode. Cette musique beaucoup plus douce est faite pour la danse.
A partir d'une guerre entre les clans, arbitrée par le roi, ces deux groupes de musiciens se considèrent aujourd'hui comme ennemis et n'autorisent pas les membres du groupe adverse à toucher à leurs instruments. Si l'un des musiciens enfreint la règle, il peut-être puni de mort.

Au-delà des musiques de ces deux clans adverses intervient la musique des Griots. Elle a pour fonction d'accompagner les gestes du sultan, d'en souligner l'importance. Il existe une musique du réveil, une musique pour le roi qui s'assied, une musique pour l'arrivée des plaignants devant le monarque. Les griots sont des musiciens professionnels. On est Griot de père en fils.

Le style dramatique.
Le répertoire du théâtre basé sur un antagonisme musical, est composé de scènes conflictuelles ou intervient la parole du Roi. L'important dans cette forme de théâtre est de sentir la dualité : parole doublée par la musique, affrontement de deux groupes musicaux, représentation de deux groupes sociaux... parce que l'homme reste l'adversaire de l'homme et l'agressivité demeure le moteur de cette société qui se plait à se donner elle-même en spectacle. L'histoire repose sur une injustice sociale souligné par la parole du Roi. Il existe donc une ritualisation intellectualisée fondée sur un établissement social. Rien au monde n'a plus d'importance que la préservation du clan. Les 20 interprètes, chambellan, bouffon, chef des armées du palais... sont dirigés exceptionnellement par le Prince Aboubakar Njiassé Njoya, un des fils du sultan.

Origine géographique

Cameroun

Mots-clés

Date (année)

1989

Cote MCM

MCM_1989_CM_S1

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Titre Localisation Date Type
Cameroun. Chroniques des Sultans Bamum. Vue d'ensemble. Photos Cameroun 1989-06-09 Photo numérique
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Titre Localisation Date Type
Pipe de cérémonie Cameroun 1989-01-01 Objet
Titre Localisation Date Type
Saison 1989 1989