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Cameroun. Pygmées Bedzan. Polyphonies vocales, danses et masques. Spectacle

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Évènement

Titre

Cameroun. Pygmées Bedzan. Polyphonies vocales, danses et masques. Spectacle

Date

2000-05-26

Date de fin

2000-05-28

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

26-28 mai 2000

Véritables virtuoses des polyphonies vocales, les Bedzan ne vivent pas seulement de chasse, de pêche et de culture; ils vivent aussi 'et surtout?' pour le chant et la danse. A l'instar de leurs lointains cousins les Pygmées Aka, les Bedzan chantent à quatre voix, soutenus par le seul martèlement des tambours et l'entêtant grésillement des hochets. Ces polyphonies sont organisées en répertoires qui renvoient eux-mêmes à des circonstances précises. Collectif, le chant est toujours prétexte à la danse qui permet à chacun d'extérioriser sa personnalité. Les danseurs s'échappent tour à tour du groupe, parfois en paire, pour exécuter des figures connues de tous ou créées sur le moment qui constituent bien souvent une sorte de signature chorégraphique personnalisée.
Les plus spectaculaires sont sans aucun doute les sorties de masque allant du masque des hommes, mgbà, où le porteur du masque tient en quelque sorte un rôle de bouffon, au terrible masque de nuit, win, que seuls les initiés ont le droit d'approcher, en passant par le mgbègnè des femmes, symbole de fécondité.

Le groupe invité vient de Mbondé, l'un des campements principaux des Bedzan. Il se situe à la lisière de la forêt équatoriale, dans la plaine Tikar, à 250 km au nord de Yaoundé, la capitale du Cameroun.
Les Bedzan représentent le groupe de population pygmée le plus septentrional d'Afrique centrale. Ils peuplent une partie de la plaine Tikar située dans la vallée du Mbam et de son affluent, la rivière Kim, à 250 kilomètres au nord de la capitale camerounaise Yaoundé. Au nombre de quatre cents personnes seulement, ils se répartissent en une dizaine de villages 'couramment appelés campements' qui peuvent compter jusqu'à une quinzaine de familles. Les Bedzan se sont en effet sédentarisés vers le début du XXe siècle et résident le plus souvent dans des clairières aménagées à l'intérieur de la forêt. Cette sédentarisation semble être à l'origine du développement de l'agriculture dans leur mode de subsistance 'basé jusqu'alors essentiellement sur la pêche, la chasse et la cueillette ' notamment dans les villages qui vivent en bordure de grandes étendues de savane, au nord de la rivière Kim. Les Bedzan vivent en étroite relation avec leurs "grands" voisins, les Tika r, population d'origine Mboum dont les migrations depuis le plateau de l'Adamaoua remontent aux XVIe et XVIIe siècles. Les Tikar, qui ont conquis la plaine qui porte aujourd'hui leur nom, considèrent les Pygmées comme leurs "serviteurs" ou "esclaves" (shong) ; de fait, les Bedzan ont adopté leur langue, copié une grande partie de leur organisation politique et installé la plupart de leurs campements à plus ou moins grande proximité de villages tikar dont ils reconnaissent l'autorité du chef, qui a rang de roi. En revanche, les Bedzan détiennent un rôle fondamental lors des moments les plus importants de la vie sociale de la communauté tikar que sont la naissance de l'enfant d'un chef et les funérailles d'un prince ou d'une princesse tikar; ils sont en outre réputés pour leur connaissance de la forêt et de son monde surnaturel. Ainsi s'établit un équilibre entre ces deux sociétés qui se craignent et se respectent mutuellement.

La musique occupe une place prépondérante dans la vie des Bedzan, et qu'elle soit destinée à célébrer un mariage ou à pleurer les morts, elle est pour l'essentiel collective et soutient des danses exécutées en solo, en couple ou en rond. Elle s'organise selon plusieurs répertoires qui renvoient le plus souvent à des circonstances précises, parmi lesquelles figurent les sorties de masques représentant les esprits des ancêtres.
Chaque répertoire porte un nom générique qui désigne à la fois l'ensemble de pièces qui le composent, la pièce principale ainsi que, le cas échéant, le masque pour lequel il est chanté. Bien que la plupart des répertoires soient liés à des événements particuliers, plusieurs peuvent être chantés consécutivement au cours d'une même cérémonie. Par exemple, lors de la fête de funérailles qui intervient quarante jours après le décès d'un membre de la communauté, les Bedzan entonnent bien souvent un chant extrait du Nanqui est en quelque sorte le répertoire "passe-partout", chanté en toutes circonstances et bien souvent avant tout autre.
Le Nan constitue ainsi une invitation à la fête qui rassemble tout le campement, avant que le masque sacré win ne fasse fuir femmes, enfants et non initiés et que soit exécuté au beau milieu de la nuit l'ensemble des pièces qui lui est consacré.
La musique bedzan est pour une très large part vocale : elle se compose de chants polyphoniques à quatre parties soutenus par un ou plusieurs tambours et des hochets en vannerie 'doublés éventuellement de battements de main. Hormis pour les répertoires réservés aux hommes initiés (win) ou aux femmes (mgbègnè), l'exécution d'un chant permet à chacun des membres d'un campement de participer puisque les quatre voix qui le constituent correspondent à autant de timbres différents : nkwo bunkin, la "voix des grands (hommes)"; nkwo beyi, la "voix des (grandes) femmes" ; nkwo bembeban, la "voix des jeunes hommes" et nkwo bwèso, la "voix des petits" (au sens d'enfants).
Cette organisation polyphonique n'est pas sans rappeler celle des Pygmées Aka de République Centrafricaine ; il est à noter cependant que les Bedzan ne pratiquent pas la technique du yoddle, si caractéristique des chants Aka.
Les chants sont entonnés par un soliste, homme ou femme, avant que les différentes voix du choeur ne viennent s'y adjoindre par superposition ou par juxtaposition, cette dernière technique, responsoriale, semblant être l'apanage des pièces de facture plus récente. Dans la majeure partie des cas, seule la partie soliste énoncée au début du chant comprend des paroles, le reste du chant ne reposant que sur des onomatopées qui laissent libre cours aux chanteurs pour effectuer sans cesse de nouvelles variations. En effet, la musique bedzan est une musique cyclique dont le principe repose sur la répétition d'un énoncé musical connu de tous et varié au gré des interprètes au fur et à mesure de l'exécution sans toutefois que l'identité de la pièce ne s'en trouve altérée. Ainsi les participants possèdent une marge de liberté, qui se trouve renforcée par la latitude que possède chacun d'eux de changer de voix à sa guise en certains points précis du cycle; dans les faits, ce sont généralement les enfants (garçons et filles) et les jeunes hommes qui s'amusent à évoluer dans le registre qui n'est pas encore le leur. Enfin, aucune pièce ne possède de véritable conclusion et le chant cesse généralement faute de "combattants", donnant souvent l'impression de se déliter progressivement avant de s'éteindre définitivement.
Les hochets en vannerie shisha qui accompagnent les chants sont indifféremment joués par les hommes ou les femmes, alors que les tambours sont frappés uniquement par les hommes. Les seuls instruments mélodiques rencontrés chez les Bedzan sont empruntés aux Tikar: il s'agit de la sanza et de la harpe-cithare pour lesquelles il n'existe aucun répertoire propre. Appelées respectivement mbe pèrè (litt. "instrument mélodique/fin et allongé") et mbe kelon (litt. "instrument mélodique/poitrine"), elles sont jouées par les hommes, en solo ou en petit comité, et accompagnent des chants exécutés à mi-voix.
NATHALIE FERNANDO ET FABRICE MARANDOLA

Le spectacle se déroulera en présence de Charles Ngandji IV, chef de Nditam-Tikar avec Pierre Kounkoun, chef du campement de Mbondé Jean Foungbang, premier notable de Mbondé, chef musicien Lydie Blébé, Suzanne Dané, Paul Mah, Roger Mandja, Janvier Mgbatou, Samuel Mgbé, Jean Mboueng, Véronique Moundoh, Bernadette Moutchi, Madeleine Moutchi Mangon, Appolinaire Ngabé, Marceline Ngnindié, Marie Ngnindié.



Programme:
1. Ngùndjé: Pièce introductive du répertoire Nan, (répertoire principal des Bedzan). Le chant est soutenu par un tambour sur pied à une membrane percuté à l'aide d'une baguette et à main nue, le nké meku ou ngwin ndu, un long tambour cylindrique, à une seule membrane frappé à mains nues, mben ou ngwin sedi', des hochets en vannerie shisha et un râcleur en bambou évidé wê.

2. Nan: Pièce principale du répertoire Nan. Peut être interprété au cours de toute festivité. Plusieurs chants sont enchaînés et permettent aux danseurs de d'échapper tour à tour, pour exécuter des pas de danse mettant en valeur la grâce des femmes et la fougue des hommes (Figures libres, ou connues de tous constituant en quelque sorte une "signature chorégraphique")

3. Ndondon: Littéralement mariage entre personnes de proche parenté (4 générations). Cette pièce est d'abord chantée à quatre voix, afin de mieux faire entendre la superposition polyphonique caractéristique des chants Bedzan, puis le reste du choeur vient se joindre aux quatre solistes.

4. Nyendon: Chanson du répertoire féminin Mgègnè. Les femmes mènent la danse en rond, improvisant des paroles dans lesquelles elles s'amusent à brocarder les hommes et leur sexualité.

5. Nde Yé: Extraite du répertoire Nan, très prisée pas les Bedzan son titre signifie "mon coeur" (exprime les sentiments amoureux). Presque toujours entonnée par une femme, elle accompagne une danse de couple.

6. Ndolé: Pièce vocale accompagné par une harpe-cithare (mbe kelon), plus connue sous le nom de mvêt. Les instruments mélodiques ne possédant pas de répertoire propre, cette pièce est empruntée aux chants qui accompagnent la danse du masque mgbà et porte le nom propre que les habitants de Mbondé donnent à ce masque.

7. Sortie du masque des femmes mgbègnè (symbole de fécondité). Chants Lendjan et Mgbègnè. Le premier n'a pas de caractère rituel fort, le second en revanche est lié à tout les aspects qui ont trait à la fécondité. Le masque, fait de longs feuillages, est accompagné dans sa danse par ces deux gardiennes, qui vont selon l'usage, se prosterner devant le chef tikar afin d'en recevoir une bénédiction.

8. Sortie du masque mgbà (masque de divertissement). Chants Papi et Nembon.
Dans "papi" (jeune garçon) une jeune fille s'adresse à son ami et lui dit "si tu ne m'aime pas, j'en aimerai un autre". Nembon, fait référence à la récolte du miel, très prisé par les Bedzan.

Contributeurs

Origine géographique

Cameroun

Mots-clés

Date (année)

2000

Cote MCM

MCM_2000_CM_S1

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Titre Localisation Date Type
Cameroun. Pygmées Bedzan. Sortie du masque mgbà. Photos Cameroun 2000-05-26 Photo numérique
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Cameroun. Pygmées Bedzan. Polyphonies vocales, danses et masques. Photos Cameroun 2000-05-26 Photo numérique
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Cameroun. Pygmées Bedzan. Sortie du masque des femmes mgbègnè et chant nyendon. Photos Cameroun 2000-05-26 Photo numérique
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Titre Localisation Date Type
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Titre Localisation Date Type
Cameroun. Hochets shisha des Pygmées Bedzan Cameroun 2000-01-01 Collection d’objet