Cameroun. Musique des Ouldémé au rythme des saisons. Spectacle
Collection
Type de document
Évènement
Titre
Cameroun. Musique des Ouldémé au rythme des saisons. Spectacle
Date
2002-03-15
Date de fin
2002-03-17
Lieu de l'évènement
Type d'évènement
Musique
Description de la pratique
15-17 mars 2002
Non loin de la frontière du Nigeria, les monts Mandara abritent une multitude de petites ethnies. Ces peuples, dont on ne peut pénétrer l'intimité qu'au prix de longues marches sur des sentes tortueuses que l'on devine au milieu des chaos rocheux, ont longtemps trouvé au sein de ce paysage hostile le salut de leur vie et de leur culture.
Parmi eux, les Ouldémé préservent jour après jour leurs coutumes et la richesse de leur musique. Agriculteurs et éleveurs de petit bétail, ils vivent en véritable osmose avec le milieu naturel. Leur vie, tant spirituelle que matérielle, est à tel point liée au cycle végétal qu'à chaque étape de la culture du mil correspond une formation instrumentale spécifique. Tout autant que les pratiques religieuses, qui apaisent les forces surnaturelles des esprits de la brousse, de l'eau ou des rochers, la musique est, pour eux, gardienne de l'équilibre relationnel qui doit prévaloir entre l'homme et la nature.
Les Ouldémé sont l'une des quelque quarante ethnies vivant dans la province de l'Extrême-Nord du Cameroun. Ils sont établis dans la région des monts Mandara, enclavée entre le Nigeria et le Tchad. Ce peuple d'agriculteurs qui a résisté à l'islam et conservé sa religion animiste fait partie de cet ensemble de populations que leurs voisins Peuls ' qui dominent la région depuis le XVIIIe siècle ' qualifient de kirdi (païens) : Ouldémé, Mofou, Mouyang, Toupouri'
La culture musicale ouldémé se caractérise par un très grand nombre d'ensembles de flûtes de fabrications diverses (bois, roseau, argile') jouées selon des techniques variées, associées ou non à la voix et liées au cycle agraire. S'y ajoutent des pièces vocales accompagnées à une ou plusieurs harpes ainsi que des chants de travail, des berceuses et des chants de fête et des danses accompagnées aux tambours et hochets. Le groupe invité, composé de quinze artistes, présentera tous ces aspects de leurs répertoires musicaux.
RÉPERTOIRES ET INSTRUMENTS
Flûtes talakway. À la période du second binage, lorsque le mil est à hauteur d'homme et que naissent les premiers épis, les flûtes aziwili font place aux flûtes talakway dont on dit qu'elles favorisent la maturation du mil. Ces flûtes en écorce comportent quatre trous de jeu, se jouent par trois et peuvent ou non faire l'objet d'un accompagnement vocal. Elles cesseront d'être jouées au lendemain de la fête Dafabera.
La harpe kwerende. À la venue des grandes chaleurs, la harpe kwerende accompagne de son rythme ternaire le battage du mil. Jouée également lors des moments de repos, le soir au coin du feu ou encore sur les marchés, ses mélodies sont destinées à séduire les jeunes filles des villages et des ethnies alentour.
Les flûtes dénéna au timbre strident annoncent la venue des chaleurs. Les hommes s'affairent aux premiers travaux de la saison sèche tels que la réfection des toits, endommagés par les pluies ou la construction de nouveaux sarés (cases).
La fête Welamataya se déroule en saison sèche durant le mois de février et annonce la courte période des mariages (environ une semaine). Les Ouldémé parlent ainsi de la fête des "nouvelles épouses". Les chants, exécutés par les femmes, sont rythmés par trois tambours cylindriques et trois tambours à tension variable ainsi que divers idiophones (hochets de chevilles, grelots).
Flûtes ambelen gwara. La complainte des jeunes hommes demeurés célibataires suit immédiatement la fête de Welamataya où sont célébrés les mariages. Ces derniers s'expriment à travers les trois flûtes en argile ambelen gwara qui symbolisent la force et la fertilité du bélier. Le jeu instrumental est sous-tendu par un chant qui est connu de tous mais qui demeure implicite en raison de son caractère grivois.
Chants de meule. Chaque matin, les femmes écrasent le mil qui servira à la confection des repas à l'aide d'une pierre plate frottée sur une meule. Nombre de cuisines comprennent deux pierres juxtaposées et la mouture produite par l'une des femmes est récupérée par une autre afin d'être affinée. Ce travail est accompagné par des chants responsoriaux que rythme le bruit de meules.
Flûtes aziwili. Les premières pluies sont accueillies par le jeu des flûtes aziwili. Cet ensemble constitué de 9 tuyaux en bambou sans trou de jeu fournit un ostinato quasi strict, des sons vocaux se mêlant sporadiquement au jeu instrumental.
Flûtes azelen. Ces flûtes sont réservées aux femmes. L'ensemble se compose de 10 flûtes en roseau sans trou de jeu qui sont jouées par paires (5 musiciennes) et qui permettent de produire un hoquet voco-instrumental extrêmement complexe et relativement rare en Afrique centrale. La technique de jeu implique en effet une alternance systématique entre son vocal et son instrumental. Le jeu des azelen, autorisé durant toute la saison des pluies, accompagne la croissance du mil jusqu'à sa coupe.
La fête Dafabera clôt la période des récoltes. Elle accompagne le rituel de vendem qui témoigne à Dieu de la reconnaissance des hommes pour cette nouvelle récolte. Elle s'étend sur une huitaine de jours et donne lieu à de nombreuses danses et réjouissances. Elle prend fin lorsque tous les épis de mil ont été coupés puis entreposés dans les enclos où ils devront sécher durant plusieurs semaines avant d'être battus.
Nathalie Fernando
Programme :
1. Flûtes talakway: Chek i Dibon (air de Dibon) joué sur 3 talakway.
2. Flûtes talakway: Chek i Mevar joué sur 5 talakway.
3. Harpe kwerende et chant: Chek i welzam i yahkwa.
4. Harpe kwerende et chant: Chek i Massakal (avec battements de main).
5. Flûtes dénéna: Chek i Mouyang.
6. Musique et danse de la fête Welamataya: Chant, tambours à tension variable dewe dewe, tambours gwenderiya, hochets, sistres et sonnailles de chevilles alzakatsa.
7. Flûtes ambelen gwara.
8. Chant de meule: Chek i dafabera.
9. Chant de meule: Chek i mevar.
10. Trois harpes kwerende, chant et danse: Chek i Massakal.
11. Trois harpes kwerende, chant et danse: Chek i welzam.
12. Flûtes aziwili: Chek i Dibon.
13. Flûtes aziwili: Chek i jik i jik (avec tambour gwenderiya).
14. Flûtes aziwili: Chek i Vendelar.
15. Flûtes azelen: Chel i ambel i gwara a mouyang.
16. Flûtes azelen: Chel i mebaga anzege.
17. Flûtes azelen: Chel i zavan.
19. Musique et danse de fête Dafabera: flûtes talakway, chant alzakatsa.
Avec Charles Elkoré, Djagne Avi, Yemagoua Béwé, Digayao André, Jacques Machkoua, Bernard Gamjeck, Makotcha Djounkoa, Mahoché Chilvé, Maday Djéwédé, Ndaraba Médékwé, Tchéfelekwé Vidégoua, Mahoché Degmadjada, Malay Ndédikoua, Amendjegoa Mbidégué, Aliga Devda.
Non loin de la frontière du Nigeria, les monts Mandara abritent une multitude de petites ethnies. Ces peuples, dont on ne peut pénétrer l'intimité qu'au prix de longues marches sur des sentes tortueuses que l'on devine au milieu des chaos rocheux, ont longtemps trouvé au sein de ce paysage hostile le salut de leur vie et de leur culture.
Parmi eux, les Ouldémé préservent jour après jour leurs coutumes et la richesse de leur musique. Agriculteurs et éleveurs de petit bétail, ils vivent en véritable osmose avec le milieu naturel. Leur vie, tant spirituelle que matérielle, est à tel point liée au cycle végétal qu'à chaque étape de la culture du mil correspond une formation instrumentale spécifique. Tout autant que les pratiques religieuses, qui apaisent les forces surnaturelles des esprits de la brousse, de l'eau ou des rochers, la musique est, pour eux, gardienne de l'équilibre relationnel qui doit prévaloir entre l'homme et la nature.
Les Ouldémé sont l'une des quelque quarante ethnies vivant dans la province de l'Extrême-Nord du Cameroun. Ils sont établis dans la région des monts Mandara, enclavée entre le Nigeria et le Tchad. Ce peuple d'agriculteurs qui a résisté à l'islam et conservé sa religion animiste fait partie de cet ensemble de populations que leurs voisins Peuls ' qui dominent la région depuis le XVIIIe siècle ' qualifient de kirdi (païens) : Ouldémé, Mofou, Mouyang, Toupouri'
La culture musicale ouldémé se caractérise par un très grand nombre d'ensembles de flûtes de fabrications diverses (bois, roseau, argile') jouées selon des techniques variées, associées ou non à la voix et liées au cycle agraire. S'y ajoutent des pièces vocales accompagnées à une ou plusieurs harpes ainsi que des chants de travail, des berceuses et des chants de fête et des danses accompagnées aux tambours et hochets. Le groupe invité, composé de quinze artistes, présentera tous ces aspects de leurs répertoires musicaux.
RÉPERTOIRES ET INSTRUMENTS
Flûtes talakway. À la période du second binage, lorsque le mil est à hauteur d'homme et que naissent les premiers épis, les flûtes aziwili font place aux flûtes talakway dont on dit qu'elles favorisent la maturation du mil. Ces flûtes en écorce comportent quatre trous de jeu, se jouent par trois et peuvent ou non faire l'objet d'un accompagnement vocal. Elles cesseront d'être jouées au lendemain de la fête Dafabera.
La harpe kwerende. À la venue des grandes chaleurs, la harpe kwerende accompagne de son rythme ternaire le battage du mil. Jouée également lors des moments de repos, le soir au coin du feu ou encore sur les marchés, ses mélodies sont destinées à séduire les jeunes filles des villages et des ethnies alentour.
Les flûtes dénéna au timbre strident annoncent la venue des chaleurs. Les hommes s'affairent aux premiers travaux de la saison sèche tels que la réfection des toits, endommagés par les pluies ou la construction de nouveaux sarés (cases).
La fête Welamataya se déroule en saison sèche durant le mois de février et annonce la courte période des mariages (environ une semaine). Les Ouldémé parlent ainsi de la fête des "nouvelles épouses". Les chants, exécutés par les femmes, sont rythmés par trois tambours cylindriques et trois tambours à tension variable ainsi que divers idiophones (hochets de chevilles, grelots).
Flûtes ambelen gwara. La complainte des jeunes hommes demeurés célibataires suit immédiatement la fête de Welamataya où sont célébrés les mariages. Ces derniers s'expriment à travers les trois flûtes en argile ambelen gwara qui symbolisent la force et la fertilité du bélier. Le jeu instrumental est sous-tendu par un chant qui est connu de tous mais qui demeure implicite en raison de son caractère grivois.
Chants de meule. Chaque matin, les femmes écrasent le mil qui servira à la confection des repas à l'aide d'une pierre plate frottée sur une meule. Nombre de cuisines comprennent deux pierres juxtaposées et la mouture produite par l'une des femmes est récupérée par une autre afin d'être affinée. Ce travail est accompagné par des chants responsoriaux que rythme le bruit de meules.
Flûtes aziwili. Les premières pluies sont accueillies par le jeu des flûtes aziwili. Cet ensemble constitué de 9 tuyaux en bambou sans trou de jeu fournit un ostinato quasi strict, des sons vocaux se mêlant sporadiquement au jeu instrumental.
Flûtes azelen. Ces flûtes sont réservées aux femmes. L'ensemble se compose de 10 flûtes en roseau sans trou de jeu qui sont jouées par paires (5 musiciennes) et qui permettent de produire un hoquet voco-instrumental extrêmement complexe et relativement rare en Afrique centrale. La technique de jeu implique en effet une alternance systématique entre son vocal et son instrumental. Le jeu des azelen, autorisé durant toute la saison des pluies, accompagne la croissance du mil jusqu'à sa coupe.
La fête Dafabera clôt la période des récoltes. Elle accompagne le rituel de vendem qui témoigne à Dieu de la reconnaissance des hommes pour cette nouvelle récolte. Elle s'étend sur une huitaine de jours et donne lieu à de nombreuses danses et réjouissances. Elle prend fin lorsque tous les épis de mil ont été coupés puis entreposés dans les enclos où ils devront sécher durant plusieurs semaines avant d'être battus.
Nathalie Fernando
Programme :
1. Flûtes talakway: Chek i Dibon (air de Dibon) joué sur 3 talakway.
2. Flûtes talakway: Chek i Mevar joué sur 5 talakway.
3. Harpe kwerende et chant: Chek i welzam i yahkwa.
4. Harpe kwerende et chant: Chek i Massakal (avec battements de main).
5. Flûtes dénéna: Chek i Mouyang.
6. Musique et danse de la fête Welamataya: Chant, tambours à tension variable dewe dewe, tambours gwenderiya, hochets, sistres et sonnailles de chevilles alzakatsa.
7. Flûtes ambelen gwara.
8. Chant de meule: Chek i dafabera.
9. Chant de meule: Chek i mevar.
10. Trois harpes kwerende, chant et danse: Chek i Massakal.
11. Trois harpes kwerende, chant et danse: Chek i welzam.
12. Flûtes aziwili: Chek i Dibon.
13. Flûtes aziwili: Chek i jik i jik (avec tambour gwenderiya).
14. Flûtes aziwili: Chek i Vendelar.
15. Flûtes azelen: Chel i ambel i gwara a mouyang.
16. Flûtes azelen: Chel i mebaga anzege.
17. Flûtes azelen: Chel i zavan.
19. Musique et danse de fête Dafabera: flûtes talakway, chant alzakatsa.
Avec Charles Elkoré, Djagne Avi, Yemagoua Béwé, Digayao André, Jacques Machkoua, Bernard Gamjeck, Makotcha Djounkoa, Mahoché Chilvé, Maday Djéwédé, Ndaraba Médékwé, Tchéfelekwé Vidégoua, Mahoché Degmadjada, Malay Ndédikoua, Amendjegoa Mbidégué, Aliga Devda.
Contributeurs
Origine géographique
Cameroun
Mots-clés
Date (année)
2002
Cote MCM
MCM_2002_CM_S1
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Titre | Localisation | Date | Type | |
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Cameroun | 2002-03-15 | Photo numérique | |
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Cameroun | 2002-03-15 | Photo numérique | |
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Cameroun | 2002-03-16 | Vidéo numérique |
Titre | Localisation | Date | Type | |
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2002 |