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République Centrafricaine. Orchestre de trompes des Banda-linda. Spectacle

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Évènement

Titre

République Centrafricaine. Orchestre de trompes des Banda-linda. Spectacle

Date

1995-12-07

Date de fin

1995-12-12

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

7-12 décembre 1995
Orchestre de trompes des Banda-Linda.
Découvert, puis enregistré et étudié par Simha Arom à partir de 1963, l'orchestre banda-linda comprend entre dix et dix-huit trompes traversières (ongo), de dimensions différentes (de 30 cm à 1m70) et qui n'émettent qu'un seul son chacune.
Les plus aiguës sont des cornes d'antilope à embouchure latérale. Les plus graves sont faites de racines de kapokier évidées par les termites ; l'embouchure placée à l'extémité est taillée en biseau de sorte que le musicien doit tenir l'instrument transversalement.
Lors de leur fabrication, ces trompes sont accordées selon l'échelle pentatonique anhémitonique. Dans un ensemble de 18 trompes, l'ambitus couvre trois octaves et demie, chacune de ces octaves constituant une "famille d'instruments" (aigu: tuwule, médium haut: ngbanja, médium grave: aga, grave: yaviri) à l'intérieur de laquelle chaque trompe reçoit un nom correspondant au degré de l'échelle qu'elle joue (sol = tété, mi = ta, ré = ha, do = tutulé, la = bongo). La composition des morceaux reproduit cette échelle, toujours sous sa forme descendante, les musiciens se disposant en arc de cercle par ordre de taille d'instruments, le maître des trompes se tenant au milieu.
Selon Arom, ce répertoire comprend une quinzaine de pièces qui sont des adaptations de chants d'initiation, de chants pour le culte des jumeaux, de chant de deuil...
L'organisation des pièces applique les principes de la polyrythmie (superposition ordonnée, cohérente, d'événements rythmiques différents) ; il en résulte ce qu'Arom appelle "polyphonie par polyrythmie"ou encore polyrythmie par "hoquet" (reprenant ici un terme utilisé dans la musique médiévale), c'est-à-dire une composition polyphonique extrêmement riche, au caractère brisé et "fondée sur l'entrecroisement, le tuilage et l'imbrication de diverses figures rythmiques étagées à des hauteurs différentes mais inscrites dans une échelle définie" (Arom : 503). Le caractère mélodique de cette musique ne peut donc être considéré que du point de vue de l'orchestre dans sa totalité, les différents instruments produisent des mélodies au style hâché qui, une fois superposées, forment des polyphonies d'une grande complexité, aux sonorités éclatantes.

Chaque pièce obéit à un cycle temporel rigoureux qui peut compter 3, 4 ou 6 pulsations se subdivisant à leur tour en valeurs binaires ou ternaires ; les pulsations sont marquées par une paire de grelots ou les sonnailles de chevilles des musiciens. "La totalité du matériel musical sur lequel la pièce se fonde, est présente dans chaque révolution du cycle : le morceau consiste donc en la répétition ininterrompue des figures rythmiques propres à chaque instrument (avec des variations)" (Arom : 513). A quelques variantes près, ces figures rythmiques sont réparties entre les trompes en fonction des sons qu'elles produisent et quel que soit leur régistre ; c'est-à-dire que toutes les trompes jouant la note sol, par exemple, réalisent la même formule rythmique, avec plus ou moins de variations, de vitesse, de virtuosité selon qu'elles sont aiguës ou graves. Le modèle polyphonique de chaque pièce " résulte de la superposition des cellules minimales respectives de cinq instruments formant une "famille", telle que leur exécution est enseignée aux jeunes garçons lors de leur retraite initiatique" (Arom : 662)
Les procédés de variation à partir de la figure rythmique de base sont :
-le monnayage qui consiste à diviser la durée totale d'un son en valeurs (durées) plus brèves
-l'amalgame qui, à l'inverse, fait fusionner les valeurs de sons conjoints en valeurs plus longues (c'est ce que font notamment les trompes graves du fait de leur inertie naturelle)
-la suppression, consistant à remplacer des sons par des silences
-la prolongation d'un son empiétant ainsi sur le silence qui suit
-l'anticipation ou l'empiétement d'un son sur la pause qui le précède
-la transmutation qui transforme une série binaire en série ternaire et inversement
-l'intercalation qui consiste à introduire des sons dans des positions réservées aux silences.

Chaque pièce présente quatre phases successives :
1. une formule introductive jouée par la première trompe et ponctuée par un accord (cluster) joué par toutes les autres
2. les entrées successives des trompes dans l'ordre descendant des instruments
3. la partie centrale, la plus importante, qui commence à l'entrée de la trompe la plus grave et dans laquelle le jeu orchestral s'anime, fait apparaître des variations, des broderies des trompes aiguës sur les notes tenues des trompes graves et des dialogues entre musiciens voisins
4. le maître des trompes fait signe à la première trompe d'entonner la formule de coda, identique à la formule d'introduction, ou bien d'un signe indique la fin de la pièce.

PROGRAMME :

1. Yotoman
2. Ngouliwa
3. Tchebo gandja tchegate
4. Akpalia
5. Eyekouzoumo
6. Alissa
7. Krokrotche pakhada
8. Kpele demba, kpele maidou
9. Kerela kpama
10. Yamale.

Par l'orchestre de trompes du village de Trobode.
Musiciens :
Maurice Endjiggera
René Kpetepou
Alfred Mbrehoutche
Robert Wago
Sylvestre Ndarakoto
Victor Endjimokouzou
Norbert Yenede
Mathias Endjitoyo
Flavien Framo
Alexis Makowo
Ferdinand Wapounaba

Coordination artistique : Barthélémy Etoumba.
Organisation : Régis Sissoko.

Réf. bibliographiques et discographiques.
AROM Simha, polyphonies et polyrythmies instrumentales d'Afrique centrale, Paris 1985, Selaf, coll. Ethnomusicologie n°1, 2 vol. 905 pages.
Disque compact, Polyphonies Banda, Unesco/Auvidis, D 8043, 1976-1992, enregistrements, notice et photos de S. Arom.

Samedi 9 décembre à 17h
Trompes Banda Linda. Atelier de démonstration animé par Simha Arom, ethnomusicologue, directeur de recherche au CNRS. Entrée libre.

Contributeurs

Origine géographique

Centrafricaine, République

Mots-clés

Date (année)

1995

Cote MCM

MCM_1995_CF_S1

Ressources liées

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Titre Localisation Date Type
République Centrafricaine. Banda-Linda, percussions et harpe arquée. Photos Centrafricaine, République 1995-12-07 Photo numérique
République Centrafricaine. Banda-Linda, orchestre de trompes "ongo". Photos Centrafricaine, République 1995-12-07 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1995 1995