Ibn Baṭṭūṭa

Évènement

Guinée. Tambours Malinké, djembé, kenkeni, sangba, dunun. Spectacle

1993-04-27

1993-05-09

Musique

27 avril-9 mai 1993
Les Malinké représentent un sixième de la population guinéenne. et sont les héritiers du grand royaume du Mali fondé au XIIIe siècle par Sundjata. De même que les Bambara et les Dioula, ils appartiennent au groupe mandingue, l'un des plus importants de l'Afrique de l'ouest. Vivant pour la plupart de l'agriculture et de l'élevage, ils sont également connus pour leur caste de forgerons-musiciens qui, sous le nom de griot transmettent oralement l'histoire du peuple malinké.
Famoudou Konaté est un Hamana, une des ethnies malinké habitant la région de Kouroussa. Là se trouve le village de Sangbarala dont il est originaire et où il a appris le tambour.
Les fêtes de la communauté villageoise marquent le déroulement de l'année et le tambour y est toujours présent.
Aux quatre grandes fêtes annuelles :
-sunkaro sali, qui célèbre la fin du Ramadan
-donkin sali ou fête du mouton
-baranla, qui célèbre la première récolte de millet au mois d'août
baradossa, qui célèbre la récolte du riz au mois d'octobre,
viennent s'ajouter d'autres fêtes comme la Fête de la mare le jour de la pêche dans le lac sacré du village, et bien sûr les fêtes familliales, circoncision, mariage, enterrements.
A chacune de ces fêtes correspondent des rythmes, des chants et des danses spécifiques. Tous ces rythmes sont réunis en un répertoire, le dununba, qui doit être connu de chaque tambourinaire.
Les membres de la famille responsables de l'organisation de la fête convoquent le batteur en lui remettant sypboliquement une noix de cola. Ils invitent aussi les griottes qui chanteront et danseront sur les rythmes des tambourinaires. Le jour de la fête, parents et amis se réunissent sur la place, aménagée pour la circonstance. Les griottes s'installent près des batteurs et entonnent leur chant. Puis les batteurs se mettent à jouer en se réglant sur le chant. Quand la fête bat son plein, un rythme ne dure guère plus de quelques minutes car les griottes rivalisant l'une avec l'autre entonnent tour à tour de nouveaux chants ce qui entraîne des changements de rythme. De même les danseurs suivent le rythme en prêtant attention à toutes les formules et signatures annonçant un changement de rythme. Chaque danse commence généralement en groupe pour s'achever par un solo spectaculaire.

Instruments et rythmes.
Les Malinké passent pour les gardiens privilégiés de la tradition du tambour djembé. L'ensemble se compose généralement de 2 djembé et de 3 tambours plus grave.
Le Djembé est un tambour en forme de calice creusé dans un tronc et sur lequel est tendue une peau de chèvre qui sera frappée à mains nues. Sur le pourtour de l'instrument sont fixées des sonnailles de fer blanc qui tintent à chaque coup sur l'instrument.
Les 3 tambours basses kenkeni, sangba et dunun, formés d'un corps cylindrique, donnent la base rythmique fondamentale sur laquelle le soliste improvise. Les griottes quant à elles frappent les pulsations sur de petits tubes de métal. Ceci est d'autant plus utile pour elles et pour les danseurs, que les tambours placent très rarement leurs accents sur les pulsations, mais préfèrent au contraire se livrer au plaisir de la syncope et des décalages, ce qui donne à la rythmique malinké, comme souvent en Afrique, ce "swing" si particulier.
Il semblerait que cette perception du rythme pour les batteurs soit presque mélodique. Lorsque je demande à Famoudou de me montrer comment sonne le rythme dununbé à 24 pulsations et qu'il n'a pas d'instrument sous la main, il se met alors à me chanter la partie des tambours sangba et dunun de manière absolue, c'est-à-dire sans pulsation, comme une mélodie. Si je n'arrive pas à localiser la pulsation, je lui demande alors de me le rechanter en frappant la pulsation dans ses mains. Après une courte réflexion, il adapte la même figure à la pulsation. Il a donc besoin de cette réflexion pour insérer dans le beat des Blancs le rythme des tambours qui normalement ne sonns qu'en accord avec les autres accompagnements. Cette figure rythmique est donc conçue comme autonome tandis que la pulsation n'est finalement ressentie que de manière latente.
Enfin chaque rythme est encadré de formules "signatures" ou "blocages" qui en signalent le début et la fin et permettent ainsi à tous les tambourinaires ainsi qu'aux danseurs de se repérer.
Johannes Beer.

Famoudou Konate est né en 1940 près du village de Sangbarala. Son talent rythmique qui se manifeste dès son très jeune âge lui vaut à 18 ans de devenir djembé-fola, un maître. En 1959 il est engagé comme soliste dans le nouvel ensemble des Ballets africains de Guinée, place qu'il occupera pendant 26 ans. Mais il continue aussi à jouer dans un cadre plus traditionnel, et c'est dans cet esprit qu'il forme son ensemble. Il maîtrise un répertoire d'une soixantaine de rythmes traditionnels et sa richesse de nuances et son immense rayonnament lui ont valu de devenir l'un des plus grand tambourinaires malinké.

Avec :
Famoudou Konaté, maître-tambour, djembé.
Fodé Konaté, Mamadi Camara, Batourou Dioubaté, Sekou Konaté, tambours djembé, kenkeni, sangba, dunun.
Fauta Condé, Daouda Kourouma, griottes

Programme:
Rythmes de danses de femmes
1. Llafé (fête de la mare)
2. Mendiani (fête de la mare)
3. Dyidamba (mariage)
4. Diagba (danse de joie)
5. Mamaya (danse de joie)
6. Nênê (circoncision)
7. Kyta (danse des calebasses)
8. Balakoulandyan (circoncision)
9. N'nyakelakolema (rythme des chasseurs)

Rythmes de danses des hommes forts, dununba
1. Dunungbe
2. Tako saba (à 3 temps)
3. Tako nâni (à 4 temps)
4. Donnaba (dédié à une femme du village)
5. Kadan (danse de jeunes garçons)
6. Den moson y keley (insulte à une petite fille)
7. Ban do djedy (danse avec le collier de poil de bouc)
8. Bolo konondo (rythme "à 9 doigts")

Guinée

1993

MCM_1993_GN_S1