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Namibie. Les Bushmen, polyphonies du désert de Kalahari. Spectacle

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Type de document

Évènement

Titre

Namibie. Les Bushmen, polyphonies du désert de Kalahari. Spectacle

Date

1999-03-29

Date de fin

1999-04-04

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

29-30 mars ; 2-4 avril 1999
avec :
Cem Xao, Cwi Cukga, Coma Kgao, Nxaba Ciqae, Ncanka Ciqae, Cwi Keyter Com

Les Ju'hoansi constituent l'un des nombreux groupes bushmen d'Afrique Australe. Ils sont établis au nord du Kalahari, des deux côtés de la frontière séparant la Namibie du Botswana, dans une région de brousse semi-désertique. Les trois mille Ju'hoansi de Namibie se divisent en communautés familiales de trente à cent personnes qui vivent chacune à l'intérieur du territoire dont elles sont propriétaires. Les Ju'hoansi ne connaissent ni pouvoir politique, ni hiérarchie sociale. Les décisions importantes sont prises collectivement, lors de réunions générales où tous les membres de la communauté ont droit à la parole. Une personne, homme ou femme, a cependant une charge de responsabilité vis-à-vis de l'ensemble de la communauté. En quarante ans, le mode de vie des Ju'hoansi a changé sensiblement. À la fin des années cinquante, les Ju'hoansi semi-nomades vivent uniquement de la chasse et dela cueillette, au début des années soixante, le gouvernement sud-africain, prévoyant une réduction importante du territoire ju'hoan, tente de les sédentariser en leur faisant adopter l'agriculture et l'élevage. Ce projet n'obtient que de faibles résultats, la population demeurant très attachée à son mode de vie traditionnel. En 1970, ce gouvernement établit une réserve pour les Ju'hoansi, ne comprenant que 30% des six mille kilomètres carrés des terres qu'ils occupaient auparavant. Aujourd'hui, tout en continuant de chasser et de cueillir, les Ju'hoansi diversifient leur économie : élevage de bovins et de poules, jardins potagers, travaux artisanaux. Ils se sont sédentarisés près des points d'eau permanents, mais continuent néanmoins à se déplacer pour maintenir des relations d'échanges avec les villages avoisinants. La musique est aujourd'hui encore étroitement liée à la vie de la communauté : elle accompagne tous les rituels (initiation des garçons et des filles, chasse, guérison) et rythme la vie quotidienne (jeux, divertissements, berceuses). Il ne passe pas une journée sans que l'on entende chanter ou jouer d'un instrument de musique. À chaque activité est lié un répertoire musical précis, composé d'une ou plusieurs pièces possédant des caractéristiques spécifiques et portant un nom propre dans la langue des Ju'hoansi. La connaissance du chant s'acquiert grâce à un apprentissage empirique qui concerne autant les adultes que les enfants. En effet, chaque communauté possède des chants composés par ses membres, qui sont de ce fait inconnus des autres Ju'hoansi. Cependant, lors des visites dans les villages voisins certains en profitent pour apprendre de nouveaux chants qu'ils s'empressent de transmettre aux membres de leur communauté, une fois de retour chez eux. Quant aux enfants, portés sur le dos de leur mère, ils sont les spectateurs de tous les actes musicaux avant même de pouvoir battre des mains, chanter et danser. L'apprentissage proprement dit se fait uniquement par imitation, procédé qui, chez les Ju'hoansi, consiste en un premier temps à suivre ' se rapprocher sans reproduire fidèlement ' la mélodie de référence du chant. En s'appuyant sur cette dernière, chacun crée ensuite sa propre mélodie dans la tessiture qui lui convient le mieux, puis passe d'une tessiture à l'autre. Ainsi, dès l'apprentissage, est mise en avant la notion de variation, création personnelle à partir d'une référence commune. L'initiation des filles comporte une part sociale et ludique essentielle : elle donne l'occasion aux femmes de se retrouver, bavarder et fumer tranquillement, en dehors de la présence des hommes. Il règne une certaine liberté de ton et une grande gaieté, propres à ce rituel.

LES INITIATIONS
L'initiation des garçons (tcoqma) se déroulait traditionnellement au début de l'hiver et durait une semaine environ. Ce rituel, auquel les femmes n'avaient pas accès, prenait place dans la brousse, à quelques kilomètres du village et consistait à passer un certain nombre d'épreuves : vaincre la faim et la soif, le froid et la chaleur, la douleur, la peur et la fatigue. Aujourd'hui, les jeunes hommes refusent de se soumettre aux épreuves que leur impose cette initiation. Mais la danse qu'ils effectuaient toutes les nuits du rituel a été conservée comme divertissement et est très appréciée des garçons. Le répertoire lié à cette initiation est constitué de six pièces. Chacune comprend une introduction pendant laquelle les hommes se mettent en place, suivie d'une danse en cercle. Un homme seul entonne l'introduction chantée dans une tessiture aiguë ; il est rapidement suivi par les autres participants dont les voix, plus graves, forment un contrepoint. Au bout d'un court moment, une superposition de cris articulés se substitue au chant, signal que la danse commence. Les pas des danseurs concrétisent une figure rythmique asymétrique répétée sans variations. À l'inverse, l'impression qui se dégage des voix est celle d'un renouvellement constant : tel un kaléidoscope, la polyrythmie vocale produit de multiples combinaisons. Le rituel d'initiation des filles (nang) intervient lorsqu'elles deviennent nubiles. Seules les femmes participent à ce rituel qui a lieu à l'orée du village. Une hutte rituelle y est bâtie dans laquelle la jeune fille pubère reste enfermée le temps de ses menstruations. Elle doit respecter un certain nombre d'interdits : ne pas parler ni quitter la hutte ; ses mains ne doivent pas toucher d'aliment et ses pieds ne peuvent fouler le sol. Tous les jours du rituel, les femmes exécutent six chants dansés appelés eland (sorte de grosse antilope) autour de la hutte. Leurs pas et leurs mouvements de bras imitent l'animal en train de trotter. Devant la hutte, quelques femmes chantent en frappant des mains. L'une d'elles reproduit le bruit des genoux de l'eland femelle qui trotte, en entrechoquant deux barres de métal. Les hommes âgés, parents de la jeune fille, peuvent parfois danser avec les femmes : ils imitent l'eland mâle. La danse devient alors une poursuite des femelles par le mâle.

LE QUOTIDIEN
La musique habite le quotidien des Ju'hoansi. Un enfant qui pleure, les travaux artisanaux, le ramassage du bois, la cueillette, les chaudes après-midi sous lesauvents de paille ou les soirées partagées autour du feu sont autant d'occasions e chanter. Une personne entonne une pièce, d'autres se joignent à elle ; les Ju'hoansi entrent ainsi dans le chant qui peut durer plusieurs heures, selon le goût et la disponibilité de chacun. Bavarder est l'une des occupations favorites des Ju'hoansi qui, autour d'un feu domestique, évoquent tant leurs souvenirs que l'aire à explorer pour la cueillette du lendemain ou encore les problèmes de partage qui divisent momentanément les familles.

LA CHASSE
Un rituel initiatique est exécuté quand un chasseur tue chacun de ses deux premiers elands mâles et femelles. De retour au village, les hommes font cuire la viande tandis que les femmes, assises en cercle à côté du feu, entonnent un chant spécifique, ho tzi. Après quoi, elles exécutent les chants appelés eland (associés également au rituel de la guérison), tandis que les jeunes hommes commencent à danser autour d'elles. Pendant ce temps les hommes âgés incisent une dizaine de fines scarifications verticales entre les sourcils, sur la poitrine et sur les bras du chasseur.

LA GUÉRISON
Les chants de guérison, n om tzisi, constituent environ la moitié du patrimoine ju'hoan. Ils sont très souvent exécutés en dehors du contexte rituel, comme berceuse ou divertissement. Mais c'est uniquement lors du rituel de guérison que ces chants prennent le nom de n om, énergie surnaturelle contenue également dans le corps du guérisseur, qui permet de soigner les personnes malades.

Avec l'aimable autorisation d'Emmanuelle Olivier


exposition Sur les traces des Bushmen, musique et vie quotidienne dans le Kalahari
Photos d'Emmanuelle Olivier et objets du Musée de l'Homme du 31 mars au 31 mai
Musée de l'Homme - 17, place du Trocadéro 75016 Paris
discographie Namibie, chants des Bushmen Ju'hoansi un CD Ocora (C 560117)

PROGRAMME
1. Quatre chants de guérison.
2. Cinq pièces pour pluriarc //oq'ace.
3. Pièces pour arcs musicaux à résonateur buccal g!omah n!aoh.
4. Trois chants d'initiation des filles.
5. Trois pièces pour lamellophone dungo.
6. Deux chants de chasse à l'eland.

Contributeurs

Origine géographique

Namibie

Mots-clés

Date (année)

1999

Cote MCM

MCM_1999_NA_S1

Ressources liées

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Titre Localisation Date Type
Namibie. Les Bushmen, polyphonies du désert de Kalahari. Photos Namibie 1999-03-29 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
3e Festival de l'Imaginaire 1999