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Tanzanie. Ensemble N'Goma des Wagogo et des Makondé. Spectacle

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Type de document

Évènement

Titre

Tanzanie. Ensemble N'Goma des Wagogo et des Makondé. Spectacle

Date

1987-06-01

Date de fin

1987-06-03

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

1-3 juin 1987
Le mot Tanzanie s'est formé à partir des syllabes TAN (de Tanganyika) et ZAN (de Zanzibar). Son nom apparaît en 1964 alors que le pays devient indépendant.
Louis S.B. Leakey appelle la Tanzanie le "berceau de l'humanité" après la découverte des squelettes fossiles en 1977 et écrit que le pays représente une histoire concentrée de toute l'Afrique. Les quatre grandes langues africaines y sont encore parlées : le Bantou, le Kiswahili, le Khoisan, les langues nilotiques.
La schématisation linguistique présentée ci-dessus met en valeur la présence sur le territoire d'ethnies très différentes.
Les Masaï et les Luo appartiennent aux peuples nilotiques et vivent dans le Nord du pays à la frontière du Kenya. Chez l'un comme chez l'autre, la pulsion culturelle reste forte. Dans le domaine de la musique, les Luo sont célèbres pour leur art de la lyre et cette tradition s'est répandue chez les peuples voisins (la lyre "litungu" des Wakuria produit une musique très raffinée).
Ce sont encore les Masaï qui, vers les années 1830, à la tête de leurs immenses troupeaux de bétails, occupèrent une partie de la Tanzanie, provoquant une riposte militaire violente, en particulier de la part des Wagogo. La répression cantonna les Masaï dans certaines parties du territoire, cependant, les Wagogo, fascinés par la culture de ces pasteurs nomades, en empruntèrent plusieurs traits, en particulier dans le domaine de la décoration corporelle (l'ocre "Ng'husi" et l'arrangement des cheveux en cimier "Ngoti"), de la danse et de la musique. Le style vocal des hommes Wagogo, tout comme les mouvements de rigidité du haut du corps et de brusques sauts de la danse sont empruntés aux Masaï, le "Msunyunho" en constitue le meilleur exemple.
Cette danse, exécutée en mai, lorsque le millet et les autres céréales sont récoltés, représente pour les Wagogo des racines historiques et, les influences Masaï, presque imperceptibles, n'en sont pas moins existantes. Plusieurs centaines de personnes dans les "Msunyunho", les hommes brandissent de longs bâtons de bergers. La première partie du chant est conduite par un choeur selon une métrique presque libre. La seconde partie plus rapide et rythmée, permet aux hommes de faire des vocalises sur les syllabes "her" et "ra". Cette technique s'appelle le "kilumi".
Le contact au cours des siècles avec les peuples de l'Océan Indien fut également important pour la Tanzanie. Les commerçants grecs abordaient les côtes au cours du fameux "Périple de la Mer d'Erythrée". Ce furent ensuite les voyageurs et les négociants arabes. Plus tard, les marins et écumeurs de mer indonésiens abordèrent les rivages de l'Afrique Orientale. Peu à peu, de nouveaux instruments de musique firent leur apparition et les anciens furent modifiés. Aujourd'hui encore les Tanzaniens utilisent des xylophones, "marimba", réminiscences de certains instruments des Gamelans, dont les caisses de résonance imitent celles des cithares sur table de l'Asie (les "sese").
Peu à peu, le rivage oriental de l'Afrique s'islamise et c'est alors que, dans les populations Waswahili, la langue Bantou s'enrichit de nombreux mots arabes et devient le Kiswahili. Dans les années 1000 et 1500, le rivage de la Tanzanie devient un des centres commerciaux les plus actifs de l'Océan Indien. C'est à la fin de cette époque que se développe un nouveau style de chant, le "Taarab", accompagné au 'ud (luth arabe, udi en Kiswahili) et lié à la poésie et à la littérature orale Kiswahili.
Avec l'extension de l'empire arabe d'Oman et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, l'influence arabe, depuis Lamu au Kenya jusqu'à Kilwa Kisiwani au Sud, entre dans une deuxième phase. Des routes commerciales s'ouvrent et pénètrent à l'intérieur du pays jusqu'en Centrafrique. Les Wanyamwezi, une ethnie de langue Bantou, se spécialise dans le guidage et la transaction pour les commerces des esclaves et de l'ivoire. A travers le territoire s'enfoncent alors les voies commerciales les plus importantes de l'Afrique Orientale jusqu'au XIXe siècle : celle de Bagamoyo, à Ujiji, sur le lac Tanganyika et plus loin vers l'intérieur, et celle de Tabora, vers le Nord jusque dans les royaumes Karagwe et Buganda à l'Ouest du Lac Victoria.
La puissance des chefs Wanyamwezi à Tabora croît avec le développement commercial. Durant cette période se déroulent de gigantesques cérémonies de tambours qui durent encore aujourd'hui. Les routes du négoce conduisent aussi jusque dans les domaines Wagogo (à l'est des Wanymwezi dans la région de Dodoma, aujourd'hui emplacement de la capitale tanzanienne. Bien que nettement moins impliqués dans les systèmes commerciaux, les Wagogo subissent de nouvelles influences. Les routes n'apportent pas seulement des denrées des côtes vers l'intérieur mais ouvrent également la Tanzanie aux courants culturels de l'Ouest, en particulier celui du Zaïre. C'est ainsi qu'au XIXe siècle, un nouvel instrument arrive en Tanzanie Centrale par l'intermédiaire de voyageurs couvrant de longues distances à pied, prend le nom de "marimba" sur les côtes, de "malimba" dans le sud et d"'ilimba" chez les Wagogo.
Ces derniers ainsi que les Wakimbu, les Gorowa et plusieurs autres groupes ethniques utilisent régulièrement cet instrument. L'ilimba des Wagogo, monté sur une grosse caisse de résonance de bois rectangulaire, peut avoir 19? 22? 23? 33 et même 36 lamelles. Celles-ci sont montées sur le tableau par un système de V. Vers l'extérieur, du côté du pouce droit, commencent les tonalités les plus aiguës. Au milieu du tableau, sous les premières lamelles métalliques, les musiciens glissent un second rang de lamelles sympathiques.
La musique des wagogo, dans son expression vocale, repose sur les accords à la quarte ou à la quinte et dans son expression instrumentale, en ce qui concerne l'ilimba, elle repose sur trois accords, pouvant être étendus à cinq accords.
Accords de base : sol-do, mi-si bémol, do-sol
Accords développés : do-mi, (mi)-si bémol-ré, sol-do, mi-si bémol, do-sol)
Cependant, en général, l'échelle des Wagogo peut se représenter de la façon suivante :
(de l'aiguë vers le grave) mi, ré, do, si bémol, sol, mi, do.
Ainsi les tons de l'ilimba et de l'"izezé" (vièle à deux ou quatre cordes) obéissent en gros à ce système dont la logique conforme à la tradition constitue une sorte d'"immunisation" des Wagogo aux tonalités de la musique européenne, qui se répand depuis 1945 en Afrique Centrale et Orientale sous forme de rumba et de musiques de danse. Au contraire, les Wagogo, tout en employant des systèmes accoustiques contemporains (guitare électrique par exemple) ont réussi à développer un style tout à fait original. Il faut citer ici une des personnalités les plus marquantes: le musicien Hukwe Zawose de Dodoma, qui depuis sept ans, est l'âme de la Troupe Nationale de danse.
C'est en 1967 que le Dr. Julius Nyerere, le vieux président de la Tanzanie, découvre Hukwe Zawose. La construction de ses ilimba le signale très vite à l'attention internationale. Elles comportent 56 lamelles, accordées selon la tradition. 30 d'entre elles sont touchées avec les pouces, les 26 autres sont sympathiques. Il construit aussi des vièles à quatre cordes, les izezé et, par son élève Lubeleje Chiute, atteint la célébrité. Aujourd'hui, l'izezé qu'il élabore comporte 12 cordes.
Le principe musical des musiciens Wagogo, basé sur quatre tons, consiste à multiplier par des systèmes ingénieux, les résonances sympathiques sur tous les instruments et d'arriver ainsi à une rare richesse de microtons et de durée des volumes sonores.
Les Wagogo, merveilleux acousticiens, s'adaptent aujourd'hui parfaitement aux nouvelles nécessités de la musique urbaine, en suivant une voie diamétralement opposée à celles des autres pays africains. Leur musique reste profondément enracinée dans la tradition tout en demeurant la source d'innovations permanentes.
D'après Gerhard Kubik.



PROGRAMME
N'goma, ensemble musical qui comprend toujours de la danse. Exécuté pour des occasions sacrées, ou pour le divertissement. Chant responsorial (voix d'homme en solo, et polyvocalité d'ensemble d'hommes et de femmes)

1. Musoma, ensemble de percussions des Bagama (langue: Kiswahili)

2. Nyimboza Asili, musiciens et danseurs Wagogo (langue: Kiswahili)
-Mhinza Mary, chant d'amour d'une jeune fille qui quitte la ville pour retourner au village.
-Zaïna, chant de bienvenue (avec quelques mots de français).
-Amani Dumiani, chant pour la paix.

3. Ensemble instrumental
Marimba (Maulidi Mohamed et Waziri Digalu)
Izézé, viole à une corde.
Litungu, harpe-lyre à huit cordes (Werema Masiaga)
Djouga: petite percussion à clochette

4. Mohème, danse de la puberté des filles (langue Kigogo)
Tambour: Mohème
Percussion plate: Kayamba

5. Pièce d'Izézé, chant de circoncision en langue Kigogo.

6. Ngoma Chipande, danse pour la circoncision des garçons (langue Kiswahili)

7. Pièce instrumentale pour 2 marimba, joute musicale des Zaramo (près de Dar Es Salam)

8. Ngoma Nyambwa, danse Wagogo pour une cérémonie propiciatoire des récoltes. Les danseurs rythment les pas avec des Djongo (Sonnailles) (langue Kiswahili)

9. Solo de Litungu avec Djonga (Warema Masiago)

10. Ngoma Msunyunho, danse de fertilité des Wagogo (langue Kigogo), les petites clochettes métalliques tenues par le chef de danse s'appellent Modvlolo.

11. Pièce instrumentale, Marimba, Izézé et Litungu

12. Ngoma Nindo, danse de mariage et de réjouissance des Wagogo.

Contributeurs

Origine géographique

Tanzanie

Mots-clés

Date (année)

1987

Cote MCM

MCM_1987_TZ_S1

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Titre Localisation Date Type
Tanzanie. Ensemble N'Goma des Wagogo et des Makondé. Photos Tanzanie 1987-06-01 Photo numérique
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Saison 1987 1987