Congo, RD. Musiques et danses. Spectacle
Collection
Type de document
Évènement
Titre
Congo, RD. Musiques et danses. Spectacle
Date
1988-10-03
Date de fin
1988-10-16
Lieu de l'évènement
Type d'évènement
Cérémonie, rituel
Description de la pratique
3-16 octobre 1988
Les 30 millons d'habitants du Zaïre se répartissent en 250 ethnies différentes que l'on peut regrouper en trois classes principales: les Bantous, les Soudanais, et les Nilotiques.
Les Nilotiques sont apprentés à des populations primitivement originaires de la Vallée du Nil et qui en ont conservé les caractéristiques linguistiques. ils sont disséminés en Ouganda, au Soudan et dans le nord-est du Zaïre.
Les Soudanais constituent la majeure partie de la population du Zaïre septentrionale, ils s'apparentent soit aux banda de la République Centre Africaine, soit aux Mangbetu du Soudan.
Les Bantous dont font partie les Bapende, les Bambunda et les Bahemba, représentent les quatre cinquièmes de la population du Zaïre et se répartissent entre la forêt et la savane. Le terme bantou ne correspond à aucune réalité raciale, il a été inventé au XIXe siècle par le linguiste allemand Bleek pour désigner l'ensemble des 360 langues parlées dans la vaste région qui s'étend du Sud Cameroun à l'Afrique australe. Outre les analogies d'ordre syntaxique et lexicologique, les langues bantoues ont ceci de commun qu'il s'agit de langues à tons ; autrement dit, la hauteur d'intonation de chaque syllabe a une pertinence phonologique au même titre que les différences entre phonèmes (voyelles ou consonnes) ; ce trait n'est pas propre aux seules langues bantoues mais, comme on le verra plus loin, il vaut d'être signalé dès lors que l'on s'intéresse au chant.
Actuellement, l'ensemble des populations rurales du Zaïre vivent de l'agriculture vivrière sur brûlis, des plantations de caféiers, de cacaoyers, d'hévéas et de palmiers elaeis, de la chasse, de la pêche et, dans l'est du pays, de l'élevage.
Il convient enfin de mentionner quelques groupes de Pygmées disséminés dans la forêt et la savane, vivant exclusivement de la chasse et de la cueillette, en osmose linguistique et économique avec leurs divers voisins.
La musique traditionnelle.
La variété des traditions musicales est à la mesure de la diversité linguistique et culturelle. On y distinguera la musique vocale et la musique instrumentale.
Musique vocale. Les mélodies sont bâties sur des échelles dites naturelles auxquelles peuvent parfois s'ajouter des intervalles de tierce neutre (intermédiaires entre tierces majeures et mineures). Les phrases musicales, relativement brèves, composées de courtes cellules aux mouvements simples, se partagent généralement entre un soliste et un choeur (forme responsoriale) ou entre deux choeurs (antiphonie). Outre les critères esthétiques et les règles formelles, les mouvements melodiques sont soumis à d'autres impératifs, notament linguistiques. Ainsi dans une forme de chant très utilisée lors des rituels et en littérature orale, la partie dévolue au soliste affecte parfois la forme d'un récitatif, chanté sur deux ou trois degré pivots de l'échelle. Dans la mesure où le texte prévaut, le mouvement mélodique est soumis aux tons linguistiques des syllabes utilisées; de même la structure rythmique dépend du nombre de syllabes à caser dans le mètre et varie largement d'un vers à l'autre. Ainsi, seuls le respect du mètre, les rimes régulières et les répons stéréotypés que chante le choeur, conservent son unité formelle au chant. La polyphonie vocale se limite habituellement à des mouvements parallèles à la tierce, à la quarte ou à la quinte, se rejoignant normalement sur la tonique à la fin de chaque phrase.
La musique instrumentale, lorsqu'elle est exécutée sur des instruments mélodiques comme les instruments à cordes, xylophones ou sanza est largement polyphonique. Elles est constituée de figures mélodiques organisées verticalement (par superposition) ou horizontalement (en alternance) en un gigantesque schéma répétitif.
La rythmique tant vocale qu'instrumentale, aux tempi vifs et au dynamisme percutant, est fondée sur une division métronomique et régulière du temps. (claquement de mains, entrechoc des bâtons de rythme). Les cycles rythmiques se bâtissent sur cet ostinato, à partir de cellules de 2 ou 3 temps combinées entre elles, ils sont généralement réguliers, pairs et divisibles en groupe de 4 temps mais ils peuvent également résulter de la combinaison de cellules inégales et être donc irréguliers et impairs. Par ailleurs, l'utilisation large de l'anacrouse (commencement de la série rythmique sur le dernier temps faible de la série pécédente) et les décalages d'accentuation sur les temps faibles renforcent l'effet de swing qui se dégage de ces rythmes.
La musique bantoue illustre parfaitement les mécanismes de la création collective tels qu'ils furent étudiés en 1959 par le musicologue Constantin Brailoiu : une organisation de structures complexes à partir de shémas mélodiques et rythmiques simples se combinant selon certaines règles implicites comme un véritable jeu de construction.
Les instruments de musique se composent au premier chef de membranophones, tambours frappés à mains nues ou avec des baguettes, tambour à friction et d'idiophones, bâtons de rythme, hochets, clochettes, tambours à fente, xylophones.... Membranophones et idiophones sont pratiquement utilisés en toute occasion et, principalement lors des grands rituels. Plus sporadiquement, on trouve des aérophones, sifflet de chasse, flûtes et trompes, droites ou traversières et quelques cordophones de facture sommaire, arcs musicaux, pluriarcs, cithares tubulaires, luths. Comparativement aux précédents, leur utilisation est limitée et spécifique.
La musique a un rôle éminemment fonctionnel. Souvent lié à la danse, elle accompagne tous les moments d'une existence dont les composantes sociales, économiques et religieuses sont indissociables. Présente dans la vie quotidienne (berceuses, chant de travail, chants et danse de veillées...), on la retrouve aussi dans la littérature orale (chantefable, épopées, proverbes et dictons...), dans les rituels religieux (rites de possession) ou dans les grands rites de passage (initiations, mariage, funérailles).
Les Bapende
Ils vivent à la frontière de la forêt et de la savane dans la province Bandundu, entre les fleuves Kasaï et Kwilu.
L'une des grandes étapes de la vie de l'homme Pende est le rite d'initiation Mukanda, qui se déroule dans un camp isolé et ignoré des non-initiés, et qui débute par la circoncision des adolescents, se poursuit par une réclusion de plusieurs semaines au cours de laqelle ils apprennent l'histoire, les arts, les valeurs morales et les mythes de leur société ainsi que les diverses techniques de production économique qui en feront des hommes complets et autonomes. L'un des aspects les plus important de ce savoir est la connaissance des masques Minganji, incarnations des défunts irrités, les minganji interviennent à plusieurs reprises dans le cours de l'initiation, mais principalement à la fin, lors d'un rituel qui se déroule au village. Accompagnés par les choeurs et les instruments, les minganji sèment la panique autour d'eux, injuriant, frappant indistinctement hommes, femmes, enfants, qu'ils font ainsi indirctement participer aux souffrances des jeunes initiés.
Le munganji se compose d'un costume de raphia écru et rayé de noir, agrémenté de touffes de raphia aux chevilles, à la taille, aux poignets et au cou et, surmonté d'un masque de bois ou de raphia. A chaque munganji est associé un masque et des accessoires, un chant, une danse, et un rôle spécifiques. Les masques sont soumis à une hiérarchie et une spécialisation. Derrière le gitenga "grand père" des minganji dont le masque évoque le disque solaire, se tiennent les masques "dignitaires" crées à l'image de grands chefs pende défunts, ils sont chargés d'assurer le bon déroulement du rituel et exercent leur autorité sur les masques "gendarmes", violents, aux connotations redoutables, comme le munganji wa weso (masque aux yeux); le muthato (bossu acrobate) ou le gakongo (aveugle titubant).
Aucun rituel n'est concevable sans musique, et comme partout en afrique noire, la voix est porteuse de parole, du message, des proverbes qui s'attachent à chaque masque. Les chants sont généralement polyphoniques, les choeurs répondant à plusieurs solistes. Certains chants penvent être exécutés a capella, mais le plus souvent ils sont accompagnés d'instruments qui, par leurs rythmes et leurs timbres, enrichissent la palette sonore de l'ensemble. Le xylophone madimba à 17 lames de bois montées sur des résonateurs en calebasse séchée, en donne un exemple caractéristique. Il est accompagné par des tambours à une peau ngoma et ngangu, des tambours à friction dwita et un assortiment de clochettes, sonnailles et hochets.
Les Bahemba
Les Bahemba du nord Shaba font partie de grand peuple Luba. Ils ont un système de parenté bilinéaire, patrilatéral pour les hommes, matrilatéral pour les femmes. Leur croyances religieuse placent Abezya Mbungu, être suprême, au sommet d'une hiérarchie comprenant un grand nombre de génies, nains rougeâtres au poil fauve, qui habitent des lieux chargés de mystère, cours d'eau, montagnes ou termitières et les esprits des défunts, miisi, garants de l'autorité, protecteurs des villages, du foyer et de la brousse giboyeuse. Les esprits miisi suivent l'individu tout au long de sa vie et peuvent se manifester en provoquant des maladies, rebelles à tout traitement thérapeutique courant (traditionnel ou moderne) et ne peuvent être soignées que par des guérisseurs initiés au rituel butembo dont l'origine remonte au temps des grands royaumes luba.
Après avoir posé son diagnostic, le guérisseur décide d'organiser un rituel, au cours duquel, la transe du malade, provoquée par les chants et les tambours, permet de révéler l'identité précise de l'esprit et d'en canaliser la puissance qui pourra alors être exploitée au bénéfice d'un groupe tout entier. L'intervention des esprits dans les rites funéraires est essentielle. Les funérailles se déroulent en 3 phases: Le rite d'intégration lubwilo au cours duquel l'esprit est appelé pour ouvrir le chemin au mort, le rite de passage mbudi pendant lequel les esprits jugent le mort et l'envoient soit dans le "royaume des bons" soit dans le "royaume de la misère" et enfin le rite de purification musoye permettant à la famille du défunt de se réinsérer dans la vie sociale du village.
Vêtus de pagnes de jute et parés de plumes et de coquillages, les danseurs invoquent les esprits accompagnés par des chants et des tambours.
Les Bambunda
Les Bambunda ou Ambuun vivent comme les Bapende entre savane et forêt dans la province du Bandundu. Leur littérature orale a permis de retracer le parcours de leurs migrations depuis l'Angola au XIVe siècle.
Leur système de parenté, matrilinéaire, est constitué de clans auxquels sont associés des animaux sacrés dont la consommation alimentaire est interdite. (...)
Le système religieux est basé sur le culte des ancêtres, dont la présence est symbolisée par le mpio, motte d'argile blanche (kaolin) rapportée, selon la tradition au pays d'origine. Utilisée lors du rituel d'intronisation d'un chef ou pour certains rites de bénédiction, cette motte d'argile symbolise également la possession légitime du térritoire occupé par le lignage. Les esprits peuvent intervenir dans le monde des vivants par le biais de la maladie qu'un grand guérisseur, le ngang a buang, est chargé d'interpréter et de guérir.
Comme dans les autres groupes bantous, musique et danse sont omniprésentes. Lors des grands travaux dans les plantations, sont organisés des danses engen ou solong qui incitent au courage et à l'endurance.
Les rites qui jalonnent une vie sont également accompagnés de chants et de danses, ongo et oyey pour une naissance, oken lors de la circoncision ou encore le chant assa dans lequel les proches d'un défunt expriment leur douleur, suivi de la danse kintul dite "danse de l'héritier". La fraternité clanique est affirmée et saluée dans le chant iwong et la danse oya. Les danses b'ri exécutées par les hommes précèdent les grandes batailles, tandis que les jeunes filles qui se parent pour séduire les jeunes gens chantent le torba et que les femmes pleurent dans la danse ladjare la beauté d'un personnage mythique exceptionnel.
La musique est essentiellement homophonique et privilégie les rythmes ternaires. Les instruments sont le langung, cithare tubulaire monocorde, dérivée de l'arc musical, munie d'un résonateur en calebasse séchée, dont la corde est frappée par une courte baguette de bois; le m'lim, trompe à embouchure terminale(bois ou bambou), dont l'extrémité est placée dans un résonateur en calebasse; le n'gom, tambour à une peau tendue sur un cadre carré que l'instrumentiste tient entre ses cuisses; le bokwas, racleur (...); les isak sak, hochets (...); ngonji constitué de 2 clochettes fixées sur une barrette de métal. A cette formation de base peuvent s'adjoindre des xylophones, des flûtes, tambours à fente (surtout destinés à l'émission de messages en language tambouriné)
Les Tutsi
Ils peuvent être rattachés au groupe linguistique chamitique.
Histoire des Tutsi. (...)
La musique est fondée sur des échelles pentatoniques, diatoniques, voire chromatiques. Les lignes mélodiques, dans lesquelles certains auteurs ont voulu discerner une influence arabe, sont longues, melismatiques et richement ornementées. La tendance à l'horizontalité du chant se manifeste surtout dans l'hétérophonie (superposition de lignes mélodiques différentes dans laquelle la préoccupation harmonique n'intervient pas.
Outre Les tambours ingoma, les trompes traversières amakondera qu'accompagnent la danse umuhalizo danse guerrière des intore, on trouve également une cithare-cuvette à 7 ou 8 cordes destinée à accompagner les chants de louanges inanga adressés au roi. Il existe enfin un ensemble de flûtes dont l'usage, lié aux protiques rituelles royales, était autrefois réservé aux membres du clan dynastique.
L'umuhalizo est une danse guerrière exécutée par les intore, accompagnée par les tambours ingoma, les trompes amakondera et des sonnailles portées aux chevilles.
Les danseurs, v^étus de peaux de léopard ou de seval, coiffés de longues fibres de bananier ou de sisal, tiennent dans la main droite une lance et dans la gauche un bouclier ou un arc. Chaque danse, dérivant des exercices militaires, est une véritable composition chorégraphique que la tradition attribue, par delà les siècles, soit à un roi soit à tel ou tel chef. Après une courte introduction exécutée par les trompes, les danses se succèdent alternant avec des récits mi-chantés, mi-clamés dans lesquels des héraults ou les danseurs aux-mêmes relatent leurs faits d'armes ou leurs exploits à la chasse.
Pierre Bois.
PROGRAMME
Tutsi: danses guerrières des intore
-Amahamba, chant d'encouragement
-Umutaho, appel des guerriers
-Inchogoza abahizi, danse d'intimidation
Bambunda: Chants dansés accompagnés de la cithare tubulaire langung, des trompes m'fim, d'un tambour carré pateng
-Assa, chant funéraire
-Kaful, danse des héritiers
-Lazar, danse de réjouissances
-Kintul, danse du grand guérisseur
-Engen, chant de récolte
-Oya, chant de séduction
-Oyey, chant de réjouissance
Bahemba:
-danse célébrant la mort d'un initié bulubwilo ou d'un chef
-Bambuli, danse d'exorcisme
Bapende
-Danse du masque bouffon tundu
-Danse des "masques aux yeux" minganji wa meso
-Danse du masque "bossu acrobate" muthato
-Mungonge, danse des initiateurs mitemba, à la suite de la circoncision
-Gitshaba, danse funéraire symbolisant la transmission de pouvoir d'un initié ou d'un chef à son successeur. Le danseur se perce les joues avec des flèches.
-Malenga tubula ka tubula, "montre ce dont tu es capable", s'adresse au chef lors de son intronisation.
-Moyo, chant d'adieu.
Théâtre académique de Kinshasa.
Direction Me Konzy wa Tudu
Les 30 millons d'habitants du Zaïre se répartissent en 250 ethnies différentes que l'on peut regrouper en trois classes principales: les Bantous, les Soudanais, et les Nilotiques.
Les Nilotiques sont apprentés à des populations primitivement originaires de la Vallée du Nil et qui en ont conservé les caractéristiques linguistiques. ils sont disséminés en Ouganda, au Soudan et dans le nord-est du Zaïre.
Les Soudanais constituent la majeure partie de la population du Zaïre septentrionale, ils s'apparentent soit aux banda de la République Centre Africaine, soit aux Mangbetu du Soudan.
Les Bantous dont font partie les Bapende, les Bambunda et les Bahemba, représentent les quatre cinquièmes de la population du Zaïre et se répartissent entre la forêt et la savane. Le terme bantou ne correspond à aucune réalité raciale, il a été inventé au XIXe siècle par le linguiste allemand Bleek pour désigner l'ensemble des 360 langues parlées dans la vaste région qui s'étend du Sud Cameroun à l'Afrique australe. Outre les analogies d'ordre syntaxique et lexicologique, les langues bantoues ont ceci de commun qu'il s'agit de langues à tons ; autrement dit, la hauteur d'intonation de chaque syllabe a une pertinence phonologique au même titre que les différences entre phonèmes (voyelles ou consonnes) ; ce trait n'est pas propre aux seules langues bantoues mais, comme on le verra plus loin, il vaut d'être signalé dès lors que l'on s'intéresse au chant.
Actuellement, l'ensemble des populations rurales du Zaïre vivent de l'agriculture vivrière sur brûlis, des plantations de caféiers, de cacaoyers, d'hévéas et de palmiers elaeis, de la chasse, de la pêche et, dans l'est du pays, de l'élevage.
Il convient enfin de mentionner quelques groupes de Pygmées disséminés dans la forêt et la savane, vivant exclusivement de la chasse et de la cueillette, en osmose linguistique et économique avec leurs divers voisins.
La musique traditionnelle.
La variété des traditions musicales est à la mesure de la diversité linguistique et culturelle. On y distinguera la musique vocale et la musique instrumentale.
Musique vocale. Les mélodies sont bâties sur des échelles dites naturelles auxquelles peuvent parfois s'ajouter des intervalles de tierce neutre (intermédiaires entre tierces majeures et mineures). Les phrases musicales, relativement brèves, composées de courtes cellules aux mouvements simples, se partagent généralement entre un soliste et un choeur (forme responsoriale) ou entre deux choeurs (antiphonie). Outre les critères esthétiques et les règles formelles, les mouvements melodiques sont soumis à d'autres impératifs, notament linguistiques. Ainsi dans une forme de chant très utilisée lors des rituels et en littérature orale, la partie dévolue au soliste affecte parfois la forme d'un récitatif, chanté sur deux ou trois degré pivots de l'échelle. Dans la mesure où le texte prévaut, le mouvement mélodique est soumis aux tons linguistiques des syllabes utilisées; de même la structure rythmique dépend du nombre de syllabes à caser dans le mètre et varie largement d'un vers à l'autre. Ainsi, seuls le respect du mètre, les rimes régulières et les répons stéréotypés que chante le choeur, conservent son unité formelle au chant. La polyphonie vocale se limite habituellement à des mouvements parallèles à la tierce, à la quarte ou à la quinte, se rejoignant normalement sur la tonique à la fin de chaque phrase.
La musique instrumentale, lorsqu'elle est exécutée sur des instruments mélodiques comme les instruments à cordes, xylophones ou sanza est largement polyphonique. Elles est constituée de figures mélodiques organisées verticalement (par superposition) ou horizontalement (en alternance) en un gigantesque schéma répétitif.
La rythmique tant vocale qu'instrumentale, aux tempi vifs et au dynamisme percutant, est fondée sur une division métronomique et régulière du temps. (claquement de mains, entrechoc des bâtons de rythme). Les cycles rythmiques se bâtissent sur cet ostinato, à partir de cellules de 2 ou 3 temps combinées entre elles, ils sont généralement réguliers, pairs et divisibles en groupe de 4 temps mais ils peuvent également résulter de la combinaison de cellules inégales et être donc irréguliers et impairs. Par ailleurs, l'utilisation large de l'anacrouse (commencement de la série rythmique sur le dernier temps faible de la série pécédente) et les décalages d'accentuation sur les temps faibles renforcent l'effet de swing qui se dégage de ces rythmes.
La musique bantoue illustre parfaitement les mécanismes de la création collective tels qu'ils furent étudiés en 1959 par le musicologue Constantin Brailoiu : une organisation de structures complexes à partir de shémas mélodiques et rythmiques simples se combinant selon certaines règles implicites comme un véritable jeu de construction.
Les instruments de musique se composent au premier chef de membranophones, tambours frappés à mains nues ou avec des baguettes, tambour à friction et d'idiophones, bâtons de rythme, hochets, clochettes, tambours à fente, xylophones.... Membranophones et idiophones sont pratiquement utilisés en toute occasion et, principalement lors des grands rituels. Plus sporadiquement, on trouve des aérophones, sifflet de chasse, flûtes et trompes, droites ou traversières et quelques cordophones de facture sommaire, arcs musicaux, pluriarcs, cithares tubulaires, luths. Comparativement aux précédents, leur utilisation est limitée et spécifique.
La musique a un rôle éminemment fonctionnel. Souvent lié à la danse, elle accompagne tous les moments d'une existence dont les composantes sociales, économiques et religieuses sont indissociables. Présente dans la vie quotidienne (berceuses, chant de travail, chants et danse de veillées...), on la retrouve aussi dans la littérature orale (chantefable, épopées, proverbes et dictons...), dans les rituels religieux (rites de possession) ou dans les grands rites de passage (initiations, mariage, funérailles).
Les Bapende
Ils vivent à la frontière de la forêt et de la savane dans la province Bandundu, entre les fleuves Kasaï et Kwilu.
L'une des grandes étapes de la vie de l'homme Pende est le rite d'initiation Mukanda, qui se déroule dans un camp isolé et ignoré des non-initiés, et qui débute par la circoncision des adolescents, se poursuit par une réclusion de plusieurs semaines au cours de laqelle ils apprennent l'histoire, les arts, les valeurs morales et les mythes de leur société ainsi que les diverses techniques de production économique qui en feront des hommes complets et autonomes. L'un des aspects les plus important de ce savoir est la connaissance des masques Minganji, incarnations des défunts irrités, les minganji interviennent à plusieurs reprises dans le cours de l'initiation, mais principalement à la fin, lors d'un rituel qui se déroule au village. Accompagnés par les choeurs et les instruments, les minganji sèment la panique autour d'eux, injuriant, frappant indistinctement hommes, femmes, enfants, qu'ils font ainsi indirctement participer aux souffrances des jeunes initiés.
Le munganji se compose d'un costume de raphia écru et rayé de noir, agrémenté de touffes de raphia aux chevilles, à la taille, aux poignets et au cou et, surmonté d'un masque de bois ou de raphia. A chaque munganji est associé un masque et des accessoires, un chant, une danse, et un rôle spécifiques. Les masques sont soumis à une hiérarchie et une spécialisation. Derrière le gitenga "grand père" des minganji dont le masque évoque le disque solaire, se tiennent les masques "dignitaires" crées à l'image de grands chefs pende défunts, ils sont chargés d'assurer le bon déroulement du rituel et exercent leur autorité sur les masques "gendarmes", violents, aux connotations redoutables, comme le munganji wa weso (masque aux yeux); le muthato (bossu acrobate) ou le gakongo (aveugle titubant).
Aucun rituel n'est concevable sans musique, et comme partout en afrique noire, la voix est porteuse de parole, du message, des proverbes qui s'attachent à chaque masque. Les chants sont généralement polyphoniques, les choeurs répondant à plusieurs solistes. Certains chants penvent être exécutés a capella, mais le plus souvent ils sont accompagnés d'instruments qui, par leurs rythmes et leurs timbres, enrichissent la palette sonore de l'ensemble. Le xylophone madimba à 17 lames de bois montées sur des résonateurs en calebasse séchée, en donne un exemple caractéristique. Il est accompagné par des tambours à une peau ngoma et ngangu, des tambours à friction dwita et un assortiment de clochettes, sonnailles et hochets.
Les Bahemba
Les Bahemba du nord Shaba font partie de grand peuple Luba. Ils ont un système de parenté bilinéaire, patrilatéral pour les hommes, matrilatéral pour les femmes. Leur croyances religieuse placent Abezya Mbungu, être suprême, au sommet d'une hiérarchie comprenant un grand nombre de génies, nains rougeâtres au poil fauve, qui habitent des lieux chargés de mystère, cours d'eau, montagnes ou termitières et les esprits des défunts, miisi, garants de l'autorité, protecteurs des villages, du foyer et de la brousse giboyeuse. Les esprits miisi suivent l'individu tout au long de sa vie et peuvent se manifester en provoquant des maladies, rebelles à tout traitement thérapeutique courant (traditionnel ou moderne) et ne peuvent être soignées que par des guérisseurs initiés au rituel butembo dont l'origine remonte au temps des grands royaumes luba.
Après avoir posé son diagnostic, le guérisseur décide d'organiser un rituel, au cours duquel, la transe du malade, provoquée par les chants et les tambours, permet de révéler l'identité précise de l'esprit et d'en canaliser la puissance qui pourra alors être exploitée au bénéfice d'un groupe tout entier. L'intervention des esprits dans les rites funéraires est essentielle. Les funérailles se déroulent en 3 phases: Le rite d'intégration lubwilo au cours duquel l'esprit est appelé pour ouvrir le chemin au mort, le rite de passage mbudi pendant lequel les esprits jugent le mort et l'envoient soit dans le "royaume des bons" soit dans le "royaume de la misère" et enfin le rite de purification musoye permettant à la famille du défunt de se réinsérer dans la vie sociale du village.
Vêtus de pagnes de jute et parés de plumes et de coquillages, les danseurs invoquent les esprits accompagnés par des chants et des tambours.
Les Bambunda
Les Bambunda ou Ambuun vivent comme les Bapende entre savane et forêt dans la province du Bandundu. Leur littérature orale a permis de retracer le parcours de leurs migrations depuis l'Angola au XIVe siècle.
Leur système de parenté, matrilinéaire, est constitué de clans auxquels sont associés des animaux sacrés dont la consommation alimentaire est interdite. (...)
Le système religieux est basé sur le culte des ancêtres, dont la présence est symbolisée par le mpio, motte d'argile blanche (kaolin) rapportée, selon la tradition au pays d'origine. Utilisée lors du rituel d'intronisation d'un chef ou pour certains rites de bénédiction, cette motte d'argile symbolise également la possession légitime du térritoire occupé par le lignage. Les esprits peuvent intervenir dans le monde des vivants par le biais de la maladie qu'un grand guérisseur, le ngang a buang, est chargé d'interpréter et de guérir.
Comme dans les autres groupes bantous, musique et danse sont omniprésentes. Lors des grands travaux dans les plantations, sont organisés des danses engen ou solong qui incitent au courage et à l'endurance.
Les rites qui jalonnent une vie sont également accompagnés de chants et de danses, ongo et oyey pour une naissance, oken lors de la circoncision ou encore le chant assa dans lequel les proches d'un défunt expriment leur douleur, suivi de la danse kintul dite "danse de l'héritier". La fraternité clanique est affirmée et saluée dans le chant iwong et la danse oya. Les danses b'ri exécutées par les hommes précèdent les grandes batailles, tandis que les jeunes filles qui se parent pour séduire les jeunes gens chantent le torba et que les femmes pleurent dans la danse ladjare la beauté d'un personnage mythique exceptionnel.
La musique est essentiellement homophonique et privilégie les rythmes ternaires. Les instruments sont le langung, cithare tubulaire monocorde, dérivée de l'arc musical, munie d'un résonateur en calebasse séchée, dont la corde est frappée par une courte baguette de bois; le m'lim, trompe à embouchure terminale(bois ou bambou), dont l'extrémité est placée dans un résonateur en calebasse; le n'gom, tambour à une peau tendue sur un cadre carré que l'instrumentiste tient entre ses cuisses; le bokwas, racleur (...); les isak sak, hochets (...); ngonji constitué de 2 clochettes fixées sur une barrette de métal. A cette formation de base peuvent s'adjoindre des xylophones, des flûtes, tambours à fente (surtout destinés à l'émission de messages en language tambouriné)
Les Tutsi
Ils peuvent être rattachés au groupe linguistique chamitique.
Histoire des Tutsi. (...)
La musique est fondée sur des échelles pentatoniques, diatoniques, voire chromatiques. Les lignes mélodiques, dans lesquelles certains auteurs ont voulu discerner une influence arabe, sont longues, melismatiques et richement ornementées. La tendance à l'horizontalité du chant se manifeste surtout dans l'hétérophonie (superposition de lignes mélodiques différentes dans laquelle la préoccupation harmonique n'intervient pas.
Outre Les tambours ingoma, les trompes traversières amakondera qu'accompagnent la danse umuhalizo danse guerrière des intore, on trouve également une cithare-cuvette à 7 ou 8 cordes destinée à accompagner les chants de louanges inanga adressés au roi. Il existe enfin un ensemble de flûtes dont l'usage, lié aux protiques rituelles royales, était autrefois réservé aux membres du clan dynastique.
L'umuhalizo est une danse guerrière exécutée par les intore, accompagnée par les tambours ingoma, les trompes amakondera et des sonnailles portées aux chevilles.
Les danseurs, v^étus de peaux de léopard ou de seval, coiffés de longues fibres de bananier ou de sisal, tiennent dans la main droite une lance et dans la gauche un bouclier ou un arc. Chaque danse, dérivant des exercices militaires, est une véritable composition chorégraphique que la tradition attribue, par delà les siècles, soit à un roi soit à tel ou tel chef. Après une courte introduction exécutée par les trompes, les danses se succèdent alternant avec des récits mi-chantés, mi-clamés dans lesquels des héraults ou les danseurs aux-mêmes relatent leurs faits d'armes ou leurs exploits à la chasse.
Pierre Bois.
PROGRAMME
Tutsi: danses guerrières des intore
-Amahamba, chant d'encouragement
-Umutaho, appel des guerriers
-Inchogoza abahizi, danse d'intimidation
Bambunda: Chants dansés accompagnés de la cithare tubulaire langung, des trompes m'fim, d'un tambour carré pateng
-Assa, chant funéraire
-Kaful, danse des héritiers
-Lazar, danse de réjouissances
-Kintul, danse du grand guérisseur
-Engen, chant de récolte
-Oya, chant de séduction
-Oyey, chant de réjouissance
Bahemba:
-danse célébrant la mort d'un initié bulubwilo ou d'un chef
-Bambuli, danse d'exorcisme
Bapende
-Danse du masque bouffon tundu
-Danse des "masques aux yeux" minganji wa meso
-Danse du masque "bossu acrobate" muthato
-Mungonge, danse des initiateurs mitemba, à la suite de la circoncision
-Gitshaba, danse funéraire symbolisant la transmission de pouvoir d'un initié ou d'un chef à son successeur. Le danseur se perce les joues avec des flèches.
-Malenga tubula ka tubula, "montre ce dont tu es capable", s'adresse au chef lors de son intronisation.
-Moyo, chant d'adieu.
Théâtre académique de Kinshasa.
Direction Me Konzy wa Tudu
Contributeurs
Origine géographique
Congo, République démocratique
Mots-clés
Date (année)
1988
Cote MCM
MCM_1988_CD_S1
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Titre | Localisation | Date | Type | |
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Congo, RD. Les Bahemba du Zaïre, danses funéraire et d'exorcisme. Photos | Congo, République démocratique | 1988-10-03 | Photo numérique | |
Congo, RD. Les Bapende du Zaïre, danses de masques minganji. Photos | Congo, République démocratique | 1988-10-03 | Photo numérique | |
Congo, RD. Les Bapende du Zaïre, danses de masques minganji du rituel d'initiation mukanda. Photos | Congo, République démocratique | 1988-10-03 | Photo numérique | |
Congo, RD. Les Tutsi du Zaïre, danses guerrières des intore. Photos | Congo, République démocratique | 1988-10-03 | Photo numérique | |
Congo, RD. Les Bambunda du Zaïre, chants dansés accompagnés de la cithare tubulaire langung, des trompes mfim, d'un tambour pateng. Photos | Congo, République démocratique | 1988-10-03 | Photo numérique | |
Congo, RD. Musiques, Danses. Affiche | Congo, République démocratique | 1988-10-03 | Affiche |
Titre | Localisation | Date | Type | |
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Saison 1988 | 1988 |