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Indonésie, Java. Tembang Sunda, Ida Widawati. Spectacle

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Évènement

Titre

Indonésie, Java. Tembang Sunda, Ida Widawati. Spectacle

Sous-titre

Ensemble L.S. Malati

Date

2003-02-25

Date de fin

2003-02-26

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

25-26 février 2003
D'île en île, de région en région, l'archipel indonésien offre une variété de formes artistiques d'une extrême richesse. Le tembang sunda (litt. "poésie sundanaise") en est un des meilleurs exemples. Ce genre poétique, vocal et instrumental s'est épanoui à l'ouest de l'île de Java, dans la région montagneuse du Preanger et dans les villes de Bandung, Cianjur, Garut et Sukabumi. Nous sommes-là au coeur de Sunda, un pays dont la langue, les coutumes et les formes artistiques sont très différentes de celles des autres régions de Java et que l'on identifie au royaume hindouisé de Pajajaran disparu sans laisser de trace au XVe siècle.
Musique de chambre intimiste et raffinée, le tembang sunda vit le jour au XIXe siècle à la cour du régent de Cianjur afin, dit-on, de divertir les princesses de la cour ' c'est pourquoi on l'appelle également cianjuran ; il se répandit ensuite dans tout le pays sundanais.
Dans les villes de Java-ouest, les amateurs de tembang sunda organisent régulièrement des malam tembang, salons de musique où les artistes, amateurs et professionnels confondus, chantent tour à tour pour leur plaisir et celui de quelques privilégiés. Cette musique peut aussi être jouée à l'occasion des mariages, des circoncisions et de grandes réceptions lorsque le besoin de créer une atmosphère de beauté, de nostalgie et de bien-être se fait sentir. Les concerts sur scène ou dans les salons d'hôtels de luxe sont relativement récents de même que les concerts radiophoniques ou télévisés et les enregistrements sur disques et cassettes.
Pour tout mélomane sundanais, le tembang sunda est le meilleur moyen d'échapper à la trivialité de la vie quotidienne. Il chante la nostalgie du passé glorieux du royaume de Pajajaran et les hauts faits de ses héros, décrit de merveilleux paysages de lacs et de montagnes, exprime le sentiment de solitude, la déception amoureuse et le mal du pays dans un style qui, plus que tout autre, appelle à la contemplation et à la mélancolie.

Les instruments utilisés sont le kacapi indung, la grande cithare "mère", le suling, flûte de bambou caractéristique par son embouchure 'à bandeau', et à laquelle on peut parfois substituer une vièle rebab, et une ou deux petites cithares kacapi rincik ("cithare véloce"). Le kacapi indung possède 18 cordes en cuivre, cet instrument est l'un des symboles de Sunda, sa caisse en forme de bateau symbolise la filiation des Sundanais à l'ancien royaume de Pajajaran. Le jeu de kacapi varie selon les types de chants : les récitatifs sont accompagnés tantôt de manière hétérophonique et sur un rythme libre tantôt par un motif de quinte joué ostinato à la main gauche ; dans les panambih (chants mesurés à 4/4) clôturant une suite vocale la main droite exécute des octaves brisées qui viennent se superposer à l'accompagnement syncopé de la main gauche.
La flûte suling donne le ton au chanteur, accompagne la mélodie en l'enrubannant de diverses variations et improvise entre chaque strophe.
Le kacapi rincik est une cithare de taille plus réduite et de registre plus aigu que le kacapi indung. Surtout utilisé dans les pièces mesurées, introduction instrumentale et chant final de chaque suite (panambih), il exécute des motifs rythmiques en double-croches, à un tempo deux fois plus rapide que les autres instruments, mais tout en suivant la ligne générale de la mélodie, quitte à la transposer à l'octave inférieure ou supérieure lorsqu'elle déborde de son registre. Un concert de tembang sunda s'organise d'une part en fonction des modes musicaux, d'autre part selon les formes des chants interprétés.

Les modes musicaux, tous pentatoniques, sont au nombre de trois : pelog, sorog et parfois salendro (dans ce dernier cas, le suling est remplacé par une vièle à deux cordes rebab). Comme chaque changement de mode impose de réaccorder les cithares, on consacre à chacun une partie du concert. Chaque partie débute par un prélude instrumental qui introduit l'auditoire dans l'ambiance modale et peut être suivi d'un chant mesuré. Les artistes interprètent ensuite une série de suites vocales accompagnées par les instruments.

Ces suites commencent par des chants de rythme libre appartenant le plus souvent à un répertoire épique et mythologique ; la chanteuse s'autorise peu de variations, elle est accompagnée par la flûte suling qui "enrubanne" le chant et le kacapi indung qui joue en ostinato. Puis on entre dans un répertoire plus lyrique, exécuté dans un style rubato. Contrairement au précédent strictement fixé par la tradition, celui-ci connaît une évolution constante qui se manifeste chaque année par l'apparition de chants nouveaux. Enfin la suite est conclue par un panambih, chant cyclique à 4/4 exécuté dans un style plus léger.

Ida Widawati, née en 1956, est aujourd'hui reconnue comme la plus grande chanteuse de tembang sunda. Sa voix au registre large offre une extraordinaire palette expressive, tantôt mystérieuse, tantôt romantique ou sereine. Après avoir été l'élève du maître Apung S. Wiratmadja et s'être distinguée trois fois de suite comme lauréate du Damas, célèbre concours biennal de tembang sunda, en 1972, 1974 et 1976, elle entame une brillante carrière internationale. La Maison des Cultures du Monde l'invite à trois reprises, en 1991, 1993 au théâtre du Rond-Point et en 1995. Son premier CD enregistré en 1993 pour la collection INEDIT/Maison des Cultures du Monde a été unaniment salué par la critique. Ida Widawati est secondée au chant par Nani Sukmawati, une jeune artiste au talent prometteur, et par Ujang Supriatna qui la suit déjà depuis de longues années. Les instrumentistes sont Ajat Sudrajat au kacapi indung, Dede Suparman au kacapi rincik et Iwan Mulyana au suling, trois musiciens remarquables qui accompagnent Ida Widawati depuis bientôt quinze ans.

Quelques poèmes de Tembang Sunda'

Papatet
Contourner les collines.
Explorer une plaine étendue
Puis entrer dans une forêt vierge,
Une forêt vierge, une jungle,
Une forêt de tecks,
Au sud une forêt de handeuleum,
A l'est une forêt de janjuang,
A prendre puis abandonner.

Rajamantri
Glissante est la route vers la colline.
Nourri est le rêve (C'est ce qu'on dit, Maître)
Se balader à la rencontre
Du crépuscule en montagne et dans la plaine.
Les cris des grillons-taupes résonnent (ça y est !).
Le ciel est couvert de rosée
Le crépuscule se répand.

Kapati-pati
Il me semble voir une étoile
Scintiller dans le ciel.
À qui s'adresse-t'elle ?
J'ai hâte de la cueillir
Quand je la regarde à nouveau
Elle est déjà cachée dans les nuages.
Ce petit clin d''il (oh oui)
M'est devenu une passion.
Comment as-tu le coeur d'arrêter si vite ?

Eros
Même rejeté mille fois
' C'est façon de parler '
Je vous suis où vous allez.
Tout est difficile :
Je ne sais où entrer :
Pas d'abri
Sauf chez vous.

Mega Beureum
Ciel rouge, soir qui tombe.
Il brille, il est plaisant dans le lointain.
Sa lumière éblouit
Et illumine l'univers entier.
Signe de soleil couchant,
Montagnes et collines
Ont l'air triste.
La nuit va bientôt arriver
Et je regarde en moi,
Moi qui suis amoureux d'elle.
Ô Dieu Très Généreux et Très Miséricordieux
Je suis sans force,
Mais tout est possible
Si Dieu le veut.
Même amoureux,
On doit se quitter.
Impossible de refuser la mort,
Impossible de l'éviter.
Si je pouvais Vous demander'
Reportez cette échéance à plus tard.

Ceurik Rahwana
' Banondari, ma mignonne,
Ma belle épouse,
Accourez un instant.
Je vais vous donner un avis :
Songez à vos parents
Avant que je ne meure.
' Ô mon bien-aimé,
Mon bien-aimé que je chéris de tout mon coeur,
Que vous arrive-t'il ?
Ce n'est pas de vous
De m'appeler ainsi en pleurant.
Je suis saisi de tristesse.
' Banondari, pardonnez-moi,
J'avoue vous avoir blessé le coeur,
Torturé l'esprit
En me mariant maintes fois.
Et vous, malgré tout patiente et indulgente'
Traître, voilà ce que je suis.
' De par ma promesse
Devant le Seigneur
C'est à vous
Que j'ai confié mon destin.
Mais vous avez mal fait
De laisser libre cours à vos désirs.


Remerciements à S. E. Monsieur Adian Silalahi, ambassadeur d'Indonésie en France,
au Dr. Yanto Santosa, conseiller scientifique et culturel près l'ambassade d'Indonésie en France, à Monsieur Alain Zayan, directeur du Centre Culturel Français de Bandung et à Madame Dina Matayas, chargée des relations publiques (CCF Bandung).

25 FÉVRIER 2003

Première partie - Mode Pelog
1. Bubuka
Rajah
Sunda Mekar (Panambih)
2. Papatet
Rajamantri
Mupu Kembang
Bulan Tumanggal (Panambih)
3. Jemplang Leumpang
Muara Beres
Lokatmala (Panambih)
4. Mangari
Budaya
Sarakan Pangbalikan (Panambih)
Deuxième partie - Mode Sorog
1. Sekar Manis
2. Udan Mas
Udan Iris
Kingkilapan (Panambih)
Jangji Asih (Panambih)
3. Kapati-pati
Eros
Kumingkang (Panambih)
4. Kinanti Kaum
Cinta Waas
Kumoleang
Kacipta (Panambih)
5. Ceurik Rahwana
Kulu-kulu Bem (Panambih)


26 FÉVRIER 2003
Première partie - Mode Pelog
1. Bubuka
Rajah
Sunda Mekar (Panambih)
2. Nataan Gunung
Sarakan Pangbalikan (Panambih)
3. Tejamantri
Goyong
Selabintana (Panambih)
4. Budak Leungit
Mega Beureum (Panambih)
5. Sinom Degung
Asmarandana Degung
Degung Panggung (Panambih)
Deuxième partie - Mode Sorog
1. Sekar Manis
2. Nandasta
Cinta Waas
Kumoleang
Jangji Asih (Panambih)
3. Pegat Durlat
Telulare
Kalelegan
Kumingkang (Panambih)
4. Kinanti Kaum
Pangrungrum
Adu Manis
Langit Endah (Panambih)
5. Ceurik Rahwana
Kulu-kulu Bem (Panambih)

Contributeurs

Origine géographique

Indonésie

Mots-clés

Date (année)

2003

Cote MCM

MCM_2003_ID_S1

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7e Festival de l'Imaginaire 2003