Ouzbékistan, Ferghana. Chants et hymnes soufis. Spectacle
Collection
Type de document
Évènement
Titre
Ouzbékistan, Ferghana. Chants et hymnes soufis. Spectacle
Sous-titre
Ensemble Yasavi
Date
2003-03-04
Date de fin
2003-03-05
Artistes principaux
Lieu de l'évènement
Type d'évènement
Musique
Description de la pratique
4-5 mars 2003
L'Asie centrale fut un important foyer historique dans la vie spirituelle du monde musulman. Sur les bases du zoroastrisme, du bouddhisme et du chamanisme se sont développées des formes mystiques variées. Dans la ligne proprement soufie, la tariqa Naqshbandi s'est propagée depuis Boukhara jusqu'aux Balkans, à l'Inde et à la Chine. La Yasa-viya, dont le centre est à Turkestan (au Kazakhstan), représente un autre courant important qui a eu un grand impact populaire notamment à travers les recueils de sagesse en poésie turcique. De plus, cette confrérie, qui favorisait le chant, les litanies (zikr) et la danse, est à l'origine d'une tradition vocale de niveau professionnel qui s'est maintenue malgré 70 ans de politique délibérément hostile aux religieux et aux soufis. L'indépendance de l'Ouzbékistan n'a cependant pas apporté à ces traditions le souffle nouveau et la reconnaissance que l'on attendait. Les lieux saints sont réhabilités, mais la crainte de l'intégrisme et de l'extrémisme entraîne la méfiance à l'égard de toutes formes de religiosité non officielle, ce qui oblige toujours les soufis à une certaine discrétion.
Cela n'empêche évidemment pas les chanteurs spécialisés dans les répertoires religieux et soufis de poursuivre leurs activités sans contrainte. Dans certaines villes du Ferghana, ils sont présents aux fêtes privées toy, données à l'occasion d'un mariage, d'une circoncision, d'un jubilée, ou à certain des dates du calendrier religieux. Leur présence et leurs chants confèrent à ces événements une certaine gravité et solennité, un caractère spirituel, une touche de sacralité.
Héritiers de la tradition soufie la plus libérale, ils chantent avec les instruments de la musique classique ouzbek : dutôr, tanbur, ney, ghijak, dayra, rabôb. Ce n'est que dans les cérémonies de zikr, comme on les pratique encore ici ou là, notamment à Turkestan, qu'ils laissent leurs instruments pour chanter a cappella, soutenus par le choeur des adeptes qui scandent des paroles sacrées.
Les chants religieux se rangent en différentes catégories : monâjât (supplique), nasihat (conseils), dâstân ou revâyat (histoires), hikmat (sagesses) de Ahmad Yasavi que l'on chante durant la scansion collective du zikr.
Les zikr sont classifiés selon le nombre d'accentuation des formules verbales : 1, 2, 3, 4 zarb-s (yakka zarb, du zarb, se zarb, chahâr zarb), ainsi que sultân zikr et arre zikr (zikr de la scie).
Bien que sous une forme simplifiée le zikr fasse partie des pratiques populaires d'Asie centrale (notamment au Tadjikistan et Ouzbékistan), dans sa forme pure, il appartient en propre aux techniques extatiques soufies qui se situent au-dessus de la religiosité standard. Selon un des chanteurs de cette tradition, le cheminement intérieur comporte plusieures étapes : la shar'iat (l'obéissance à la Loi), la tariqat (l'engagement dans la Voie), la haqiqat (la Vérité), et l'étape de mohabbat (l'Amour). C'est à cette étape que l'on s'adonne pleinement à la pratique du zikr.
Les poèmes présentent une large palette des sentiments et de thèmes religieux : la contrition et le pardon, la dévotion, la vénération des saints et des prophètes, les professions de foi, la mort et l'espoir du salut, le désir de se rendre aux lieux saints, des conseils et sagesses. La majorité relèvent de la piété courante, même s'ils sont imprégnés de pensée soufie. Certains poèmes relèvent d'une inspiration plus mystique, comme ceux d'auteurs fameux écrivant dans un style classique et dans différentes variantes du türk ancien. C'est le cas de Mashrab, Navâ'i, Makhdum Qoli (un poète turkmène), Hazini, Yasavi, Huvaydo, Mujrim Obid, Fuzuli (poète azerbaïjanais). Leur art était qualifié de féodal et clérical à l'époque soviétique. À cette lignée appartiennent aussi des poètes plus populaires, originaires du Ferghana, comme Khazini Domla et Sufi Allâhyâr. Leurs poèmes sont souvent de facture simple comme ceux de Râji. Parmi les expressions spirituelles et soufies que l'on trouve dans les musiques d'Asie Centrale, celles qui sont réunies ici sont de différents types.
Le duo vocal de Rustam et Ne'mat prolonge la tradition soufie remontant à Turkestan, telle qu'elle fut préservée durant l'ère soviétique par les frères Subhanov (cf. Ouzbékistan. Les grandes voix du passé, Ocora, 1999). Leur répertoire comporte notamment des histoires religieuses comme celle du sacrifice d'Ismaïl par Abraham ou des Quatres Califes (Chahâr Yâr). Rustam était très proche des frères Subhanov et reçut d'eux la bénédiction (fatihâ) qui est donnée à ceux qui sont jugés dignes de représenter et transmettre une tradition musicale.
Tout différent est le cas du chantre Nurollâh Qâri. On peut le rattacher à la catégorie des divâna dont le comportement a-typique et très extraverti traduit un état d'intoxication mystique bien connu dans le soufisme indien, mais rare en Asie centrale. Durant la période soviétique, il fut brimé et emprisonné parce qu'il ne craignait pas de chanter des poèmes religieux et mystiques au grand jour, devant de vastes auditoires. Quand nous l'avons rencontré la première fois, il affirma sans vergogne qu'il n'avait jamais chanté de sa vie, qu'il n'était pas musicien, bref, qu'on était mal renseignés à son sujet (en un sens il ne mentait pas, car il a évidemment de bonnes raisons de ne pas se considérer comme musicien ou chanteur au sens usuel du terme). Une nouvelle approche nous permit d'apprécier pleinement son art, et surtout son style et son comportement scénique qui diffèrent totalement de celui des autres. Il a toutefois décliné notre invitation, prétextant d'abord qu'il avait perdu son passeport, puis qu'il ne voulait pas prendre l'avion et, enfin, que cela ne l'intéressait pas du tout. À l'heure de la médiatisation de toutes les traditions, ce genre de résistance peut paraître salutaire.
Un cas particulier est celui de Abdusamad qui chante seul avec son dutôr. Son style rappelle celui des poètes populaires du Pamir ainsi que les chants de femmes du Ferghana, qui s'accompagnent au dotâr. Abdusamad Ahadov, qui tient maintenant une maison de thé dans une bourgade du Ferghana, travaillait dans sa jeunesse comme comptable dans un kolkhoze. Il raconte qu'il fut poussé ou presque forcé à chanter par un homme qui avait pressenti son talent naturel. Il se mit alors à reproduire les chansons classiques assez bien pour attirer l'attention du fameux Ma'mur Jân Uzakov, qui bientôt lui donna un dotâr, et plus tard lui accorda sa bénédiction. À cette époque, il chantait plutôt de la musique profane, mais depuis il a étendu son répertoire religieux qu'il chante d'une façon singulière et prenante.
Les chanteurs de cette lignée ne veulent pas parler des événements qui sont à l'origine de leur vocation, car ils pensent qu'ils perdraient quelque chose en dévoilant ce qui doit rester un secret intime. En parler est pour eux un signe de faiblesse. Ce simple aveu révèle bien que leur art relève de la vocation, probablement marquée par des rêves, des visions, des chocs existentiels, comme c'est toujours le cas pour les dépositaires de la tradition chamanique par exemple. C'est surtout le cas lorsqu'un chanteur n'est pas issu d'une famille de musiciens, comme c'est le cas d'Abdusamad et d'Is'hâk. À ce propos, ce dernier dit simplement qu'il s'est passioné pour la musique dès son enfance. Il aspirait, dit-il, à devenir chanteur afin d'encourager les gens dans la bonne voie, de s'abstenir des fautes, et de s'en remettre à Dieu. Il n'a pas eu de maîtres mais a appris la musique en écoutant des enregistrements d'airs religieux. Chaque chant, dit-il, a son propre secret, et leur effet est de rendre les gens meilleurs et plus charitables. Is'hâk Jân choisit les poèmes qui lui parlent et les met en musique lui-même. On peut dire qu'il a détourné le style de chanson semi-classique pour l'élever au niveau d'un art spirituel. Tout en étant professionnel, il vit davantage de son travail d'artisan.
Aucun de ces chanteurs n'a reçu une éducation musicale académique mais leurs styles, authentiques autant par l'intention et l'impulsion qui les animent que par leur conformité aux canons de l'art sacré, recueillent l'adhésion de musiciens professionnels de haut niveau. C'est autant pour leur plaisir que pour participer à un acte méritoire, que de grands maîtres classiques comme Qosim Rahmatov ou Abdurahim Hamidov unissent la voix de leur flûte ou de leur luth à celle des chanteurs, prodiguant un accompagnement instrumental inspiré et libre qui semble rendre un culte à la Beauté autant qu'à la Divinité.
JEAN DURING
Concerts organisés avec le soutien de l'Aga Khan Music Initiative in Central Asia. L'Aga Khan Music Initiative in Central Asia a pour mission de sauvegarder et de promouvoir les traditions musicales de quatre pays de la Route de la Soie : le Kazakhstan, la République Kirghize, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle apporte un soutien financier et technique à la revalorisation des grandes traditions musicales de ces régions, et s'efforce à long terme de susciter l'émergence au niveau local d'institutions culturelles destinées à être prises en charge par les communautés elles-mêmes. En outre, c'est sous l'égide de l'Aga Khan Music Initiative in Central Asia que le célèbre violoncelliste Yo-Yo Ma et le Silk Road Ensemble sont appelés à donner une série de concerts en Asie centrale et à animer des master classes où seront jouées les 'uvres d'éminents compositeurs originaires de la Route de la Soie.
L'Aga Khan Music Initiative in Central Asia fait partie de l'Aga Khan Trust for Culture, une des agences de l'Aga Khan Development Network.
Remerciements à Monsieur Bahram Qurbanov, ministre de la culture de la République d'Ouzbékistan, à Monsieur Luis Monreal, Madame Fairouz Nishanova et Monsieur Jean During.
Programme
1. Introduction instrumentale
Qosim Rahmatov et Aburahim Hamidov : tanbur et dotar
Monâjât
2. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Gawhari nuri imân" *
"Hayât an-nabi"
3. Is'hoq Hofiz
"Yighlasam" *
Katta ashula : "Muhammad jahonni sarvaridursiz" *
4. Qosim Rahmatov, ney
"Umid"
5. Abdusamat Ota
Katta ashula : "Sharmanda qilma"
"Bandang man"
6. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Le sacrifice d'Isma'il" *
"Ey khodâ âsân bokon"
7. Ensemble
Zikr ashula
8. Ensemble
"Sayqal"
9. Chansons didactiques et lyriques
Abdusamat Ota
Terme : Sagesses et conseils
Ensemble :
Saqi noma : "Fido"
"Ayrilmasin"
* poème surtitré
La lumière de la foi
ghazal de Mashrab
Gavhari nuri imonim 'qul huvallohu ahad'
Zoti pokingni haqin aytgum 'allohu samad'
Le joyau de lumière de ma foi est 'dis Il est le Dieu un'.
Je proclame la réalité de Ton essence pure : Dieu indépendant.
'Lam yalid' zotingga qildim iqtido man to abad
Dinu imonimga yor berguvchi "valam yulad
Par l'essence du 'il n'a pas été engendré', je conclue ma prière pour l'éternité.
Secoureur, ma voie et ma foi, 'il n'a pas engendré'.
Ki 'valam yakullahu' zotingni ruhim angladi
Qodiri rahi haqiqatdur san o'zing "kufuvan ahad"
Mon âme a saisi : 'il n'est personne''
Tu es le Puissant de la voie du Vrai, 'qui lui soit semblable'.
Yo iloho, surai ixlos poking hurmati
Jon berur vaqtimda san imonimga bergin madad
Ô Dieu, par le respect de la pure sourate de la Sincérité,
Au moment où je rendrai l'âme, assiste mon âme dans sa foi.
Bas, inoyating bilan bandangni aybin yopmasang
Mashrabi bechoraning qilgan gunohi beadad.
Par l'effet de tes attentions, ne caches-Tu pas les fautes de ton serviteur ?
Les fautes que le pauvre Mashrab a commises sont innombrables.
Yighlasam
Lorsque je pleure
ghazal de Mashrab
Yighlasam maqbuli duo bo'lghaymikin,
Ko'z yoshim dardga davo bo'lghaymikin?
Je pleure, ma prière sera-t-elle acceptée ?
Les larmes de mes yeux seront-elles un remède à mon mal ?
Boda-i ishq-i muhabbatim ichib,
Shavkati dunyo judo bo'lghaymikin ?
J'ai bu le vin de l'amour et de l'attachement
Serai-je délivré des attraits du monde ?
Bosh urib keldim seni dargohingga
Bir madadkorim Xudo bo'lghaymikin?
Je suis parvenu à Ton seuil et je me suis prosterné
Dieu sera-t-Il mon secoureur ?
Yighlamoqdin mendayin kom qolmadi
Yoridin menga nido bo'lghaymikin?
J'ai tant pleuré, je n'ai plus de désir
De l'Ami, un appel viendra-t-il ?
Telba Mashrab yighlayur, Yo rabbano,
Rabbi al - a'lo desam bo'lghaymikin?
Mashrab le fou est en pleurs, ô Seigneur
Je l'ai appelé "Seigneur très Haut", est-ce juste ?
Ode au prophète
qasida
Muhammad(sav) Mustafo nomli jahonni sarvaridursiz
Nabilar khotami, insu basharning rahbaridursiz
Toi dont le nom est Mohammad Mostafâ, tu es le seigneur du monde.
Tu es le sceau des prophètes, le guide de l'humanité et de tous les êtres.
Zaminu osmon ganjining noyob gavharidursiz
Tamomi anbiyolarning halimu kamtaridursiz
Tu es le joyau des trésors de la terre et du ciel.
De tous les Envoyés, tu es le plus doux et le plus humble.
Refrain :
Tasadduq sizga jonim oxirzamon payghambaridursiz
Yaratdi Tangri qildi siz tufayli oshyonlarni
Que je dévoue ma vie pour toi, tu es le Prophète jusqu'à la fin des temps.
Tout ce qui a été créé sur la terre, l'a été en ton honneur...
Histoire du sacrifice d'Ismaïl
Poème de Gharib
Haq taolo oshiqlarin sevgonidin
Boshlariga dardu mehnat solmadimu
Dieu le Très Haut, parce qu'il aima ceux qui étaient épris de Lui
Posa sur leur tête le fardeau de la douleur et de l'épreuve.
Oshiqlarim mandan boshin ayarmu deb
Ishq bobida ma'lum sinab ko'rmadimu.
Il dit : "ceux qui M'aiment ont préservé leur tête de Moi ;
Dans le chapitre de l'amour, il n'ont pas été éprouvés."
Jabroilga farmon qildi Haq taolo
Diydorimga oshiq bolsa Khalilulloh
Dieu le Très-Haut déclara à Gabriel :
"Si Abraham Khalil-ol-lâh aspire à me rencontrer'
Amrim tutib bino qildi Ka'batulloh
Endi o'ghlin qurbon qilsin demadimu
"Lui qui a érigé sur Mon ordre les murs de la Ka'ba,
Qu'il offre maintenant son fils en sacrifice."
Ul Jabroil Haqq farmonin etkuribon
Aydi Ayo Khalil, sizga Haqdin farmon
Gabriel lui transmit le message de Dieu ;
Il dit : "Ô Abraham, il y a un ordre pour toi de la part de Dieu'
Mino borib Ismoilni aylang qurbon
Haqq farmoni shudir debon aytmadimu
"Rends-toi à Minâ et sacrifie Ismaïl."
Et il ajouta : "tel est l'ordre du Vrai."
Khalilulloh Haqq farmonin mahkam tutib
Ismoilni boshin silab, yuzin o'pib
Abraham obéit sans discuter à l'ordre divin.
Il caressa la tête d'Ismaïl, embrassa son visage.
Hojar onasi qo'ying uni boshin yuvib
Do'st-do'stini ko'rsin debon aytmadimu
Il dit à sa mère Hâjar de lui laver la figure
Car cet ami allait à la rencontre de son Ami.
Ipu pichoq Khalilulloh pinhon oldi
Ato-o'g'il Mino sari ildam yurdi
Abraham prit une corde et un couteau et les cacha.
Puis le père et le fils marchèrent d'un bon pas vers la colline de Minâ.
O'shal holda Shayton mal'un yetib keldi
Ismoilni ul dam yolin to'smadimu
À ce moment-là Satan le maudit survint.
Il barra la route d'Ismaïl.
Ey Ismoil, bu so'zimni anglagil san
Otang bilan Mino sari bormagil san
"Ô Ismaïl, entends mes paroles,
Ne va pas vers Minâ avec ton père'
So'yarman deb pichoq oldi bilurmisan
Sani unda qoning to'kar demadimu
"Sais tu qu'il a pris un couteau en disant 'je vais le sacrifier'
Il versera ton sang ici" ajouta-t-il.
Otam meni joni dildan yakhshi ko'rar
Ko'zlaridan g'oyib bo'lsam yoshi oqar
Ismaïl dit : "mon père m'aime comme la prunelle de ses yeux
Lorsque je disparais de sa vue, il verse des larmes'
Bu hol birlan nega mening qonim to'kar
Shaytonsan deb unga bir tosh otmadimu
"S'il en est ainsi comment pourrait-il verser mon sang ?
Tu es Satan" dit-il et il lui jeta une pierre.
Bir tosh birlan o'shal Shayton mardud bo'ldi
Ota-o'g'il qo'l ushlashib Mino yurdi
Avec cette pierre, Satan fut chassé.
Le père et le fils, main dans la main marchaient vers Minâ.
Khalilulloh ko'zlaridan yosh to'kildi
Jonim bolam bir so'zim bor demadimu
Des larmes coulaient des yeux d'Abraham :
"Mon cher enfant, j'ai quelque chose à te dire'
So'zim shuldir jonim qo'zim pandim anglang
Mardonavor belingizni mahkam bog'lang
"Telle est ma parole, mon cher agneau, écoute mes conseils :
Noue ta ceinture comme un vrai homme'
Qurbon qilay qoningiz-la yerni dog'lang
Yaratgandan farmon shuldir demadimu
"Je vais te sacrifier, ton sang va colorer la terre,
Tel est l'ordre du Créateur."
Ul Ismoil yig'lab dedi: Jonim ota
Ming jon bo'lsa Khudoimga bo'lsin fido
Ismaïl en pleurs répondit : "cher père
Si j'avais cent vies, je les sacrifierais toutes à Dieu'
Jonim otam siz bo'lsangiz mandin rizo
Jonim otam uch so'zim bor demadimu
"Cher père soyez satisfait de moi
Mais, mon cher père, j'ai trois demandes'
Biri shuldir qo'l-oyog'im mahkam bo'lsin
Jon achchiqdur, qonim sizga sachramasin
"La première : que mes mains et mes pieds soit attachés
Car l'âme vitale est vivace et mon sang ne doit pas gicler sur vous'
Yuzim yerga qiling, ko'zim qaramasin
Beodoblik bo'lmasin deb aytmadimu
"Tournez mon visage vers la terre, que je ne puisse vous voir
Et ne manque donc pas aux bons usages'
Biri shuldir uyimizga siz borsangiz
Mehribonim onajonim siz ko'rsangiz
"L'autre est que lorsque vous rentrerez dans notre maison
Et verrez ma chère et douce mère'
Ismoilim qayda qoldi deb so'rsalar
Haq do'sti uchun qurbon bo'ldi demadimu
"Lorsqu'elle demandera 'où est mon Ismaïl ?'
Dites qu'il a été sacrifié pour son Aimé divin'
Jonim otam endi sizga to'yolmadim
G'arib onam khizmatlarin qilolmadim
"Cher père, je ne serai pas rassasié de votre compagnie
Ma pauvre mère, je ne vous aurai guère servi'
Onam ko'rib rizo bo'ling deyolmadim
Salom ayting rizo bo'lsin demadimu
"Je ne pourrai pas dire que j'ai contenté ma mère.
Passez lui mon salut, qu'elle soit satisfaite de moi" dit-il.
Khalilulloh aytdilarki, jonim bolam
Bobolaring payg'ambarlar ko'rsang mudom
Abraham dit : "mon cher enfant
Lorsque tu verras pour toujours les prophètes'
Barchalariga etkurgaysiz bizdan salom
Vidolashib so'zin tamom qilmadimu
"Transmets-leur nos salutations."
Et il conclut en lui faisant ses adieux.
Ismoilni qo'l-oyog'in Khalilulloh mahkam qildi
Atrofini maloiklar o'rab turdi
Abraham attacha les pieds et les mains d'Ismaïl.
Autour de lui les anges formaient un cercle.
Arshu kurs lavhu qalam dodlab turdi
Ismoilni Haqdin tilab turmadimu
L'Arche, le Trône, la Table et le Calame se lamentaient
Implorant le Vrai en faveur d'Ismaïl.
Takbir aytib Khalilulloh pichoq qo'ydi
Ismoilni halqumiga hech o'tmadi
Abraham prononça la prière des morts, il appliqua le couteau
Mais la lame ne trancha pas la gorge d'Ismaïl
Jonim otam uchi bilan sanching dedi
Pichoq o'tmay halqa bo'lib turmadimu
« Cher père, utilisez la pointe du couteau » dit Ismaïl.
Mais là encore le couteau ne pénétra point.
Jahli chiqib Khalilulloh ul pichoqni toshga urdi
Toshni kesib pichoq yana chaqnab turdi
Abraham s'irrita, il jeta le couteau contre une pierre
Et le couteau trancha la pierre en deux.
Sabab nadur Ismoilni kIsmaydursan
Qattiq toshni ikki pora qilmadimu
Pourquoi n'as-tu pas transpercé Ismaïl ?
N'as-tu pas coupé en deux la dure pierre ?
Ey payg'ambar, siz aytursiz kesgin buni
Khudoimdan farmon keldi: kisma uni
Le couteau répondit : "Ô prophète, tu m'as dit "tranche"
Mais de mon Seigneur est venu l'ordre : "ne le blesse pas"'
Khojasini amrin tutgan do'stim mani
Pichoq uzrin aytib titrab turmadimu
"Celui qui obéit aux ordres de son Seigneur est Son ami (dit un hadith)"
Le couteau présenta ses excuses, tout tremblant.
Jabroilga Haq taolo farmon qildi
Jannatimdan qo'chqor olib borgil dedi
Le Très-Haut donna cet ordre à Gabriel :
Apportez un agneau du paradis'
Ismoilni o'rniga uni so'ysin dedi
Qo'chqor kelib do'stin khalos etmadimu
"Et sacrifiez-le à la place d'Ismaïl"
L'agneau arriva et libéra ainsi l'ami (de Dieu).
G'arib Osiy oshiqlarni vasfin aytib
Ismoilni qissasini hikmat yetib
Gharib Âsi a chanté les louanges des vrais amoureux.
Il a livré la sagesse de l'histoire d'Ismaïl.
Mashoyikhlar o'rtasinda ifsho qilib
Eshitgandan duo talab qilmadimu
Il l'a racontée aux cheikhs (assemblés)
et demande que les auditeurs prient pour lui.
L'Asie centrale fut un important foyer historique dans la vie spirituelle du monde musulman. Sur les bases du zoroastrisme, du bouddhisme et du chamanisme se sont développées des formes mystiques variées. Dans la ligne proprement soufie, la tariqa Naqshbandi s'est propagée depuis Boukhara jusqu'aux Balkans, à l'Inde et à la Chine. La Yasa-viya, dont le centre est à Turkestan (au Kazakhstan), représente un autre courant important qui a eu un grand impact populaire notamment à travers les recueils de sagesse en poésie turcique. De plus, cette confrérie, qui favorisait le chant, les litanies (zikr) et la danse, est à l'origine d'une tradition vocale de niveau professionnel qui s'est maintenue malgré 70 ans de politique délibérément hostile aux religieux et aux soufis. L'indépendance de l'Ouzbékistan n'a cependant pas apporté à ces traditions le souffle nouveau et la reconnaissance que l'on attendait. Les lieux saints sont réhabilités, mais la crainte de l'intégrisme et de l'extrémisme entraîne la méfiance à l'égard de toutes formes de religiosité non officielle, ce qui oblige toujours les soufis à une certaine discrétion.
Cela n'empêche évidemment pas les chanteurs spécialisés dans les répertoires religieux et soufis de poursuivre leurs activités sans contrainte. Dans certaines villes du Ferghana, ils sont présents aux fêtes privées toy, données à l'occasion d'un mariage, d'une circoncision, d'un jubilée, ou à certain des dates du calendrier religieux. Leur présence et leurs chants confèrent à ces événements une certaine gravité et solennité, un caractère spirituel, une touche de sacralité.
Héritiers de la tradition soufie la plus libérale, ils chantent avec les instruments de la musique classique ouzbek : dutôr, tanbur, ney, ghijak, dayra, rabôb. Ce n'est que dans les cérémonies de zikr, comme on les pratique encore ici ou là, notamment à Turkestan, qu'ils laissent leurs instruments pour chanter a cappella, soutenus par le choeur des adeptes qui scandent des paroles sacrées.
Les chants religieux se rangent en différentes catégories : monâjât (supplique), nasihat (conseils), dâstân ou revâyat (histoires), hikmat (sagesses) de Ahmad Yasavi que l'on chante durant la scansion collective du zikr.
Les zikr sont classifiés selon le nombre d'accentuation des formules verbales : 1, 2, 3, 4 zarb-s (yakka zarb, du zarb, se zarb, chahâr zarb), ainsi que sultân zikr et arre zikr (zikr de la scie).
Bien que sous une forme simplifiée le zikr fasse partie des pratiques populaires d'Asie centrale (notamment au Tadjikistan et Ouzbékistan), dans sa forme pure, il appartient en propre aux techniques extatiques soufies qui se situent au-dessus de la religiosité standard. Selon un des chanteurs de cette tradition, le cheminement intérieur comporte plusieures étapes : la shar'iat (l'obéissance à la Loi), la tariqat (l'engagement dans la Voie), la haqiqat (la Vérité), et l'étape de mohabbat (l'Amour). C'est à cette étape que l'on s'adonne pleinement à la pratique du zikr.
Les poèmes présentent une large palette des sentiments et de thèmes religieux : la contrition et le pardon, la dévotion, la vénération des saints et des prophètes, les professions de foi, la mort et l'espoir du salut, le désir de se rendre aux lieux saints, des conseils et sagesses. La majorité relèvent de la piété courante, même s'ils sont imprégnés de pensée soufie. Certains poèmes relèvent d'une inspiration plus mystique, comme ceux d'auteurs fameux écrivant dans un style classique et dans différentes variantes du türk ancien. C'est le cas de Mashrab, Navâ'i, Makhdum Qoli (un poète turkmène), Hazini, Yasavi, Huvaydo, Mujrim Obid, Fuzuli (poète azerbaïjanais). Leur art était qualifié de féodal et clérical à l'époque soviétique. À cette lignée appartiennent aussi des poètes plus populaires, originaires du Ferghana, comme Khazini Domla et Sufi Allâhyâr. Leurs poèmes sont souvent de facture simple comme ceux de Râji. Parmi les expressions spirituelles et soufies que l'on trouve dans les musiques d'Asie Centrale, celles qui sont réunies ici sont de différents types.
Le duo vocal de Rustam et Ne'mat prolonge la tradition soufie remontant à Turkestan, telle qu'elle fut préservée durant l'ère soviétique par les frères Subhanov (cf. Ouzbékistan. Les grandes voix du passé, Ocora, 1999). Leur répertoire comporte notamment des histoires religieuses comme celle du sacrifice d'Ismaïl par Abraham ou des Quatres Califes (Chahâr Yâr). Rustam était très proche des frères Subhanov et reçut d'eux la bénédiction (fatihâ) qui est donnée à ceux qui sont jugés dignes de représenter et transmettre une tradition musicale.
Tout différent est le cas du chantre Nurollâh Qâri. On peut le rattacher à la catégorie des divâna dont le comportement a-typique et très extraverti traduit un état d'intoxication mystique bien connu dans le soufisme indien, mais rare en Asie centrale. Durant la période soviétique, il fut brimé et emprisonné parce qu'il ne craignait pas de chanter des poèmes religieux et mystiques au grand jour, devant de vastes auditoires. Quand nous l'avons rencontré la première fois, il affirma sans vergogne qu'il n'avait jamais chanté de sa vie, qu'il n'était pas musicien, bref, qu'on était mal renseignés à son sujet (en un sens il ne mentait pas, car il a évidemment de bonnes raisons de ne pas se considérer comme musicien ou chanteur au sens usuel du terme). Une nouvelle approche nous permit d'apprécier pleinement son art, et surtout son style et son comportement scénique qui diffèrent totalement de celui des autres. Il a toutefois décliné notre invitation, prétextant d'abord qu'il avait perdu son passeport, puis qu'il ne voulait pas prendre l'avion et, enfin, que cela ne l'intéressait pas du tout. À l'heure de la médiatisation de toutes les traditions, ce genre de résistance peut paraître salutaire.
Un cas particulier est celui de Abdusamad qui chante seul avec son dutôr. Son style rappelle celui des poètes populaires du Pamir ainsi que les chants de femmes du Ferghana, qui s'accompagnent au dotâr. Abdusamad Ahadov, qui tient maintenant une maison de thé dans une bourgade du Ferghana, travaillait dans sa jeunesse comme comptable dans un kolkhoze. Il raconte qu'il fut poussé ou presque forcé à chanter par un homme qui avait pressenti son talent naturel. Il se mit alors à reproduire les chansons classiques assez bien pour attirer l'attention du fameux Ma'mur Jân Uzakov, qui bientôt lui donna un dotâr, et plus tard lui accorda sa bénédiction. À cette époque, il chantait plutôt de la musique profane, mais depuis il a étendu son répertoire religieux qu'il chante d'une façon singulière et prenante.
Les chanteurs de cette lignée ne veulent pas parler des événements qui sont à l'origine de leur vocation, car ils pensent qu'ils perdraient quelque chose en dévoilant ce qui doit rester un secret intime. En parler est pour eux un signe de faiblesse. Ce simple aveu révèle bien que leur art relève de la vocation, probablement marquée par des rêves, des visions, des chocs existentiels, comme c'est toujours le cas pour les dépositaires de la tradition chamanique par exemple. C'est surtout le cas lorsqu'un chanteur n'est pas issu d'une famille de musiciens, comme c'est le cas d'Abdusamad et d'Is'hâk. À ce propos, ce dernier dit simplement qu'il s'est passioné pour la musique dès son enfance. Il aspirait, dit-il, à devenir chanteur afin d'encourager les gens dans la bonne voie, de s'abstenir des fautes, et de s'en remettre à Dieu. Il n'a pas eu de maîtres mais a appris la musique en écoutant des enregistrements d'airs religieux. Chaque chant, dit-il, a son propre secret, et leur effet est de rendre les gens meilleurs et plus charitables. Is'hâk Jân choisit les poèmes qui lui parlent et les met en musique lui-même. On peut dire qu'il a détourné le style de chanson semi-classique pour l'élever au niveau d'un art spirituel. Tout en étant professionnel, il vit davantage de son travail d'artisan.
Aucun de ces chanteurs n'a reçu une éducation musicale académique mais leurs styles, authentiques autant par l'intention et l'impulsion qui les animent que par leur conformité aux canons de l'art sacré, recueillent l'adhésion de musiciens professionnels de haut niveau. C'est autant pour leur plaisir que pour participer à un acte méritoire, que de grands maîtres classiques comme Qosim Rahmatov ou Abdurahim Hamidov unissent la voix de leur flûte ou de leur luth à celle des chanteurs, prodiguant un accompagnement instrumental inspiré et libre qui semble rendre un culte à la Beauté autant qu'à la Divinité.
JEAN DURING
Concerts organisés avec le soutien de l'Aga Khan Music Initiative in Central Asia. L'Aga Khan Music Initiative in Central Asia a pour mission de sauvegarder et de promouvoir les traditions musicales de quatre pays de la Route de la Soie : le Kazakhstan, la République Kirghize, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle apporte un soutien financier et technique à la revalorisation des grandes traditions musicales de ces régions, et s'efforce à long terme de susciter l'émergence au niveau local d'institutions culturelles destinées à être prises en charge par les communautés elles-mêmes. En outre, c'est sous l'égide de l'Aga Khan Music Initiative in Central Asia que le célèbre violoncelliste Yo-Yo Ma et le Silk Road Ensemble sont appelés à donner une série de concerts en Asie centrale et à animer des master classes où seront jouées les 'uvres d'éminents compositeurs originaires de la Route de la Soie.
L'Aga Khan Music Initiative in Central Asia fait partie de l'Aga Khan Trust for Culture, une des agences de l'Aga Khan Development Network.
Remerciements à Monsieur Bahram Qurbanov, ministre de la culture de la République d'Ouzbékistan, à Monsieur Luis Monreal, Madame Fairouz Nishanova et Monsieur Jean During.
Programme
1. Introduction instrumentale
Qosim Rahmatov et Aburahim Hamidov : tanbur et dotar
Monâjât
2. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Gawhari nuri imân" *
"Hayât an-nabi"
3. Is'hoq Hofiz
"Yighlasam" *
Katta ashula : "Muhammad jahonni sarvaridursiz" *
4. Qosim Rahmatov, ney
"Umid"
5. Abdusamat Ota
Katta ashula : "Sharmanda qilma"
"Bandang man"
6. Rustam-jon et Ne'matullâh
"Le sacrifice d'Isma'il" *
"Ey khodâ âsân bokon"
7. Ensemble
Zikr ashula
8. Ensemble
"Sayqal"
9. Chansons didactiques et lyriques
Abdusamat Ota
Terme : Sagesses et conseils
Ensemble :
Saqi noma : "Fido"
"Ayrilmasin"
* poème surtitré
La lumière de la foi
ghazal de Mashrab
Gavhari nuri imonim 'qul huvallohu ahad'
Zoti pokingni haqin aytgum 'allohu samad'
Le joyau de lumière de ma foi est 'dis Il est le Dieu un'.
Je proclame la réalité de Ton essence pure : Dieu indépendant.
'Lam yalid' zotingga qildim iqtido man to abad
Dinu imonimga yor berguvchi "valam yulad
Par l'essence du 'il n'a pas été engendré', je conclue ma prière pour l'éternité.
Secoureur, ma voie et ma foi, 'il n'a pas engendré'.
Ki 'valam yakullahu' zotingni ruhim angladi
Qodiri rahi haqiqatdur san o'zing "kufuvan ahad"
Mon âme a saisi : 'il n'est personne''
Tu es le Puissant de la voie du Vrai, 'qui lui soit semblable'.
Yo iloho, surai ixlos poking hurmati
Jon berur vaqtimda san imonimga bergin madad
Ô Dieu, par le respect de la pure sourate de la Sincérité,
Au moment où je rendrai l'âme, assiste mon âme dans sa foi.
Bas, inoyating bilan bandangni aybin yopmasang
Mashrabi bechoraning qilgan gunohi beadad.
Par l'effet de tes attentions, ne caches-Tu pas les fautes de ton serviteur ?
Les fautes que le pauvre Mashrab a commises sont innombrables.
Yighlasam
Lorsque je pleure
ghazal de Mashrab
Yighlasam maqbuli duo bo'lghaymikin,
Ko'z yoshim dardga davo bo'lghaymikin?
Je pleure, ma prière sera-t-elle acceptée ?
Les larmes de mes yeux seront-elles un remède à mon mal ?
Boda-i ishq-i muhabbatim ichib,
Shavkati dunyo judo bo'lghaymikin ?
J'ai bu le vin de l'amour et de l'attachement
Serai-je délivré des attraits du monde ?
Bosh urib keldim seni dargohingga
Bir madadkorim Xudo bo'lghaymikin?
Je suis parvenu à Ton seuil et je me suis prosterné
Dieu sera-t-Il mon secoureur ?
Yighlamoqdin mendayin kom qolmadi
Yoridin menga nido bo'lghaymikin?
J'ai tant pleuré, je n'ai plus de désir
De l'Ami, un appel viendra-t-il ?
Telba Mashrab yighlayur, Yo rabbano,
Rabbi al - a'lo desam bo'lghaymikin?
Mashrab le fou est en pleurs, ô Seigneur
Je l'ai appelé "Seigneur très Haut", est-ce juste ?
Ode au prophète
qasida
Muhammad(sav) Mustafo nomli jahonni sarvaridursiz
Nabilar khotami, insu basharning rahbaridursiz
Toi dont le nom est Mohammad Mostafâ, tu es le seigneur du monde.
Tu es le sceau des prophètes, le guide de l'humanité et de tous les êtres.
Zaminu osmon ganjining noyob gavharidursiz
Tamomi anbiyolarning halimu kamtaridursiz
Tu es le joyau des trésors de la terre et du ciel.
De tous les Envoyés, tu es le plus doux et le plus humble.
Refrain :
Tasadduq sizga jonim oxirzamon payghambaridursiz
Yaratdi Tangri qildi siz tufayli oshyonlarni
Que je dévoue ma vie pour toi, tu es le Prophète jusqu'à la fin des temps.
Tout ce qui a été créé sur la terre, l'a été en ton honneur...
Histoire du sacrifice d'Ismaïl
Poème de Gharib
Haq taolo oshiqlarin sevgonidin
Boshlariga dardu mehnat solmadimu
Dieu le Très Haut, parce qu'il aima ceux qui étaient épris de Lui
Posa sur leur tête le fardeau de la douleur et de l'épreuve.
Oshiqlarim mandan boshin ayarmu deb
Ishq bobida ma'lum sinab ko'rmadimu.
Il dit : "ceux qui M'aiment ont préservé leur tête de Moi ;
Dans le chapitre de l'amour, il n'ont pas été éprouvés."
Jabroilga farmon qildi Haq taolo
Diydorimga oshiq bolsa Khalilulloh
Dieu le Très-Haut déclara à Gabriel :
"Si Abraham Khalil-ol-lâh aspire à me rencontrer'
Amrim tutib bino qildi Ka'batulloh
Endi o'ghlin qurbon qilsin demadimu
"Lui qui a érigé sur Mon ordre les murs de la Ka'ba,
Qu'il offre maintenant son fils en sacrifice."
Ul Jabroil Haqq farmonin etkuribon
Aydi Ayo Khalil, sizga Haqdin farmon
Gabriel lui transmit le message de Dieu ;
Il dit : "Ô Abraham, il y a un ordre pour toi de la part de Dieu'
Mino borib Ismoilni aylang qurbon
Haqq farmoni shudir debon aytmadimu
"Rends-toi à Minâ et sacrifie Ismaïl."
Et il ajouta : "tel est l'ordre du Vrai."
Khalilulloh Haqq farmonin mahkam tutib
Ismoilni boshin silab, yuzin o'pib
Abraham obéit sans discuter à l'ordre divin.
Il caressa la tête d'Ismaïl, embrassa son visage.
Hojar onasi qo'ying uni boshin yuvib
Do'st-do'stini ko'rsin debon aytmadimu
Il dit à sa mère Hâjar de lui laver la figure
Car cet ami allait à la rencontre de son Ami.
Ipu pichoq Khalilulloh pinhon oldi
Ato-o'g'il Mino sari ildam yurdi
Abraham prit une corde et un couteau et les cacha.
Puis le père et le fils marchèrent d'un bon pas vers la colline de Minâ.
O'shal holda Shayton mal'un yetib keldi
Ismoilni ul dam yolin to'smadimu
À ce moment-là Satan le maudit survint.
Il barra la route d'Ismaïl.
Ey Ismoil, bu so'zimni anglagil san
Otang bilan Mino sari bormagil san
"Ô Ismaïl, entends mes paroles,
Ne va pas vers Minâ avec ton père'
So'yarman deb pichoq oldi bilurmisan
Sani unda qoning to'kar demadimu
"Sais tu qu'il a pris un couteau en disant 'je vais le sacrifier'
Il versera ton sang ici" ajouta-t-il.
Otam meni joni dildan yakhshi ko'rar
Ko'zlaridan g'oyib bo'lsam yoshi oqar
Ismaïl dit : "mon père m'aime comme la prunelle de ses yeux
Lorsque je disparais de sa vue, il verse des larmes'
Bu hol birlan nega mening qonim to'kar
Shaytonsan deb unga bir tosh otmadimu
"S'il en est ainsi comment pourrait-il verser mon sang ?
Tu es Satan" dit-il et il lui jeta une pierre.
Bir tosh birlan o'shal Shayton mardud bo'ldi
Ota-o'g'il qo'l ushlashib Mino yurdi
Avec cette pierre, Satan fut chassé.
Le père et le fils, main dans la main marchaient vers Minâ.
Khalilulloh ko'zlaridan yosh to'kildi
Jonim bolam bir so'zim bor demadimu
Des larmes coulaient des yeux d'Abraham :
"Mon cher enfant, j'ai quelque chose à te dire'
So'zim shuldir jonim qo'zim pandim anglang
Mardonavor belingizni mahkam bog'lang
"Telle est ma parole, mon cher agneau, écoute mes conseils :
Noue ta ceinture comme un vrai homme'
Qurbon qilay qoningiz-la yerni dog'lang
Yaratgandan farmon shuldir demadimu
"Je vais te sacrifier, ton sang va colorer la terre,
Tel est l'ordre du Créateur."
Ul Ismoil yig'lab dedi: Jonim ota
Ming jon bo'lsa Khudoimga bo'lsin fido
Ismaïl en pleurs répondit : "cher père
Si j'avais cent vies, je les sacrifierais toutes à Dieu'
Jonim otam siz bo'lsangiz mandin rizo
Jonim otam uch so'zim bor demadimu
"Cher père soyez satisfait de moi
Mais, mon cher père, j'ai trois demandes'
Biri shuldir qo'l-oyog'im mahkam bo'lsin
Jon achchiqdur, qonim sizga sachramasin
"La première : que mes mains et mes pieds soit attachés
Car l'âme vitale est vivace et mon sang ne doit pas gicler sur vous'
Yuzim yerga qiling, ko'zim qaramasin
Beodoblik bo'lmasin deb aytmadimu
"Tournez mon visage vers la terre, que je ne puisse vous voir
Et ne manque donc pas aux bons usages'
Biri shuldir uyimizga siz borsangiz
Mehribonim onajonim siz ko'rsangiz
"L'autre est que lorsque vous rentrerez dans notre maison
Et verrez ma chère et douce mère'
Ismoilim qayda qoldi deb so'rsalar
Haq do'sti uchun qurbon bo'ldi demadimu
"Lorsqu'elle demandera 'où est mon Ismaïl ?'
Dites qu'il a été sacrifié pour son Aimé divin'
Jonim otam endi sizga to'yolmadim
G'arib onam khizmatlarin qilolmadim
"Cher père, je ne serai pas rassasié de votre compagnie
Ma pauvre mère, je ne vous aurai guère servi'
Onam ko'rib rizo bo'ling deyolmadim
Salom ayting rizo bo'lsin demadimu
"Je ne pourrai pas dire que j'ai contenté ma mère.
Passez lui mon salut, qu'elle soit satisfaite de moi" dit-il.
Khalilulloh aytdilarki, jonim bolam
Bobolaring payg'ambarlar ko'rsang mudom
Abraham dit : "mon cher enfant
Lorsque tu verras pour toujours les prophètes'
Barchalariga etkurgaysiz bizdan salom
Vidolashib so'zin tamom qilmadimu
"Transmets-leur nos salutations."
Et il conclut en lui faisant ses adieux.
Ismoilni qo'l-oyog'in Khalilulloh mahkam qildi
Atrofini maloiklar o'rab turdi
Abraham attacha les pieds et les mains d'Ismaïl.
Autour de lui les anges formaient un cercle.
Arshu kurs lavhu qalam dodlab turdi
Ismoilni Haqdin tilab turmadimu
L'Arche, le Trône, la Table et le Calame se lamentaient
Implorant le Vrai en faveur d'Ismaïl.
Takbir aytib Khalilulloh pichoq qo'ydi
Ismoilni halqumiga hech o'tmadi
Abraham prononça la prière des morts, il appliqua le couteau
Mais la lame ne trancha pas la gorge d'Ismaïl
Jonim otam uchi bilan sanching dedi
Pichoq o'tmay halqa bo'lib turmadimu
« Cher père, utilisez la pointe du couteau » dit Ismaïl.
Mais là encore le couteau ne pénétra point.
Jahli chiqib Khalilulloh ul pichoqni toshga urdi
Toshni kesib pichoq yana chaqnab turdi
Abraham s'irrita, il jeta le couteau contre une pierre
Et le couteau trancha la pierre en deux.
Sabab nadur Ismoilni kIsmaydursan
Qattiq toshni ikki pora qilmadimu
Pourquoi n'as-tu pas transpercé Ismaïl ?
N'as-tu pas coupé en deux la dure pierre ?
Ey payg'ambar, siz aytursiz kesgin buni
Khudoimdan farmon keldi: kisma uni
Le couteau répondit : "Ô prophète, tu m'as dit "tranche"
Mais de mon Seigneur est venu l'ordre : "ne le blesse pas"'
Khojasini amrin tutgan do'stim mani
Pichoq uzrin aytib titrab turmadimu
"Celui qui obéit aux ordres de son Seigneur est Son ami (dit un hadith)"
Le couteau présenta ses excuses, tout tremblant.
Jabroilga Haq taolo farmon qildi
Jannatimdan qo'chqor olib borgil dedi
Le Très-Haut donna cet ordre à Gabriel :
Apportez un agneau du paradis'
Ismoilni o'rniga uni so'ysin dedi
Qo'chqor kelib do'stin khalos etmadimu
"Et sacrifiez-le à la place d'Ismaïl"
L'agneau arriva et libéra ainsi l'ami (de Dieu).
G'arib Osiy oshiqlarni vasfin aytib
Ismoilni qissasini hikmat yetib
Gharib Âsi a chanté les louanges des vrais amoureux.
Il a livré la sagesse de l'histoire d'Ismaïl.
Mashoyikhlar o'rtasinda ifsho qilib
Eshitgandan duo talab qilmadimu
Il l'a racontée aux cheikhs (assemblés)
et demande que les auditeurs prient pour lui.
Contributeurs
Origine géographique
Ouzbékistan
Mots-clés
Date (année)
2003
Cote MCM
MCM_2003_UZ_S1
Ressources liées
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Titre | Localisation | Date | Type | |
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Ouzbékistan, Ferghana. Chants et hymnes soufis. Vidéos | Ouzbékistan | 2003-03-04 | Vidéo numérique | |
Ouzbékistan, Ferghana. Ensemble Yasavi, chants et hymnes soufis. Photos | Ouzbékistan | 2003-03-04 | Photo numérique | |
Ouzbékistan, Ferghana. Ensemble Yasavi, chants et hymnes soufis. Photos | Ouzbékistan | 2003-03-04 | Photo numérique |
Titre | Localisation | Date | Type | |
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7e Festival de l'Imaginaire | 2003 |