Grèce. Koumpania Xalkias, musiciens traditionnels d'Épire. Spectacle
Collection
Type de document
Évènement
Titre
Grèce. Koumpania Xalkias, musiciens traditionnels d'Épire. Spectacle
Date
2004-03-09
Date de fin
2004-03-10
Artistes principaux
Lieu de l'évènement
Type d'évènement
Musique
Description de la pratique
9-10 mars 2004
Kostas Xalkias, clarinette klarino
Yorgos Xalkias, clarinette klarino
Antonios Kotikas, violon violi
Apostolis Mellis, luth laouto
Dimitri Xalkias, accordéon, clarinette
Dimitri Xalkias, tambour defi
L'Épire se situe au nord-ouest de la Grèce. Elle est bordée par le massif montagneux du Pinde, les côtes de la Mer ionienne et la frontière albanaise. Même si elle a bénéficié du boom économique que connaît la Grèce depuis une vingtaine d'années, l'Épire est la région la plus pauvre du pays. Elle reste très marquée par l'exode rural au profit d' Athènes et de Thessalonique ainsi que par une émigration massive vers les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et l'Allemagne depuis la fin du dix-neuvième siècle. Pourtant s'ils ont dû partir, les émigrés n'ont pas pour autant oublié leur village. Ils continuent à s'impliquer dans la vie locale et beaucoup reviennent chaque année ou presque.
La vie musicale de l'Épire est au diapason de ce contexte social et économique. De l'automne au printemps, les occasions d'entendre de la musique sont plutôt rares. À mesure que l'été approche, la musique se fait de plus en plus présente. À Ioannina, les commerces, les autobus et les taxis travaillent au son du klarino. Tout se passe comme si la région se préparait progressivement à la saison des fêtes. Car l'été la vie sociale s'intensifie brusquement et l'on fait alors appel aux musiciens pour les mariages, les baptêmes et les fêtes patronales (paniyiria). Qu'ils vivent en Grèce où à l'étranger, les Épirotes s'en retournent, coûte que coûte, dans leur village natal comme cet homme rencontré à une fête qui nous dit : 'Je viens me remplir le coeur chaque année, sinon, je ne tiens pas'.
Une fête de village
Suivant l'importance du village, les paniyiria durent entre un et trois jours. Le matin, les villageois se rendent à l'Église où une messe est dite pour le saint patron. Puis chacun vaque à ses occupations jusqu'au soir où tous se rassemblent sur la place du village pour dîner puis danser toute la nuit. Les familles arrivent les unes après les autres et s'installent aux tables qui ont été disposées autour de la place, de façon à laisser un grand espace à la danse. Les musiciens se tiennent au centre sur une estrade.
En Épire, faire la fête, c'est d'abord se souvenir de ses défunts. Ainsi avant que ne débutent les danses, les musiciens jouent une de ces magnifiques lamentations funéraires qu'on appelle miroloyia. C'est aussi le moment où l'on pense aux absents : on voit s'approcher les téléphones portables du pavillon des clarinettistes : 'Ecoute papa, c'est pour toi', dit une fille à son père resté au Texas.
Puis les musiciens prolongent la lamentation par une série de danses alors que les villageois terminent leur repas. Dans quelques rares villages, le pope circule alors entre les tables avec l'icône du saint que chacun embrasse après avoir participé à la quête. C'est là, la dernière allusion à la raison religieuse de la fête.
Les vivants et les morts une fois rassemblés, les danses peuvent débuter. La ronde est menée par un premier danseur, homme ou femme, qui choisit les danses qu'il désire, contre de l'argent donné aux musiciens. Rétribués morceau après morceau, les musiciens jouent presque sans discontinuer jusqu'à l'aube. Au gré des danseurs, ils passent d'un rythme à un autre, d'une chanson à une autre sans marquer de pause. D'un signe de la main ou d'un mot, le premier danseur indique au clarinettiste ce qu'il veut. Il peut intervenir à tout moment et modifier ainsi ses choix. Les musiciens doivent alors être capables, dans la seconde qui suit, de répondre à sa demande.
Au cours de la fête, on passe de danses lentes et majestueuses, à des danses plus rapides ; l'alcool aidant, les danseurs se font plus gais et démonstratifs. Plus tard dans la nuit, les musiciens reviennent à un tempo plus lent, c'est parfois le moment des chants de table. Puis, peu à peu la place du village se vide et ne restent plus à l'aube que quelques irréductibles qui n'en finissent pas de solliciter les musiciens.
La koumpania
Les musiciens s'organisent en ensembles appelés koumpanies dont la formation dite traditionnelle comprend une ou deux clarinettes, un violon, un luth, un accordéon et un tambour sur cadre. La musique de l'Épire et de la Grèce continentale en général est jouée par des musiciens tsiganes. La présence des Tsiganes en Épire est attestée dès le début du XIVe siècle. Très rapidement sédentarisés, ils proposent leurs services comme étameurs, chaudronniers ou musiciens, activités délaissées par les autochtones pour des raisons de statut social. Ce sont eux qui, depuis des siècles, font la musique traditionnelle grecque. Les alliances se font de préférence entre familles de musiciens car la musique se transmet oralement de père en fils. Les enfants sont très tôt orientés vers un instrument dont l'apprentissage devient quotidien dès l'âge de douze ans environ. On procède par imitation du plus simple au plus complexe. Ainsi le jeune clarinettiste débute en apprenant le 'squelette' des mélodies qu'il enrichit pro g re ssivement. Ce n'est qu'au bout de plusieurs années qu'il commence à ajouter des détails d'ornementation qui personnalisent son jeu. Très vite les jeunes adolescents accompagnent leur p è re dans les diff é rentes fêtes qu'ils animent. Ils 'doublent' un autre instrumentiste et acquièrent ainsi le métier jusqu'à devenir à leur tour des musiciens à part entière . Arrivée en Épire par la Turquie dans les années 1830, la clarinette a été immédiatement adoptée et est devenue l'instrument emblématique de la région. Les musiciens jouent de préférence sur des instruments du siècle dernier qu'ils se sont transmis de génération en génération. Ils utilisent des anches faibles et des becs raccourcis qui font monter le diapason.
La combinaison des doigtés et des techniques d'embouchure leur permet de produire des glissandi parfaits sur une tierce mineure ou encore de monter ou d'abaisser les notes. Le violon est le même que celui utilisé en musique classique. En revanche les violonistes utilisent deux positions de jeu : soit ils font reposer l'instrument sous leur clavicule quand ils accompagnent la clarinette, soit ils le font remonter et le tiennent entre l'épaule et le menton, lorsqu'ils deviennent à leur tour solistes.
Le luth est un instrument de facture grecque comprenant quatre doubles cordes mises en vibration par un plectre long. Bien que considéré comme un pilier de la koumpania, le luth est paradoxalement assez peu joué. Il est parfois remplacé par une guitare-luth (laou - toguithara), qui est une guitare aménagée comme un laouto. L'usage de l'accordéon chromatique s'est généralisé dans les années soixante. Il comprend le plus souvent quarante et une basses comme dans tous les Balkans. Le défi est un tambour sur cadre, muni de cymbalettes, d'un diamètre d'une vingtaine de centimètres. La membrane est en peau de chèvre ou en matière synthétique.
La musique épirote
La musique épirote est modale, basée sur des modes pentatoniques et heptatoniques non tempérés. Le répertoire est très riche. Il comprend tout d'abord des lamentations funéraires instrumentales (miroloyia) et des lamentations de berger (skaros) élaborées sur un rythme non mesuré. Mais ce sont les danses qui représentent la majeure partie du répertoire. Elles reposent sur des mesures simples ou composées, sur des rythmes pairs ou impairs. Ainsi l'on danse sur des rythmes panhelléniques comme le kalamatianos (7/4, soit 3+2+2 ou 2+2+3), le stamikos (6/4), le sirto (2/4) mais aussi sur des rythmes liés à des sous régions de l'Épire comme le zaghorissio (5/4) et le poghonissio (4/4) qui viennent respectivement de Zaghori et de Poghoni, ou encore la danse bérati (8/4, 3+2+3) dont la mesure vient du sud de l'Albanie.
Enfin, les chants de tables (épitrapézia), qui évoquent principalement l'amour et l'exil, sont soit mesurés, soit de forme mixte, alternant des parties instrumentales mesurées et du chant non mesuré. La clarinette tient le rôle principal. Son jeu est extrêmement virtuose et expressif ; les musiciens recherchent un son très riche en harmoniques qui peut être alternativement explosif et doux. Le contraste étonnant entre la recherche d'un tempo lent, dit 'lourd' (vari) et la rapidité de jeu des clarinettistes est une caractéristique spécifiquement épirote. Excepté dans les lamentations, le violon joue le plus souvent une deuxième voix en ostinato sur des intervalles de seconde, seconde augmentée, quarte ou quinte. Le luth soutient la clarinette par un bourdon rythmique tandis que l'accordéon renforce soit la partie du luth, soit celle du violon.
Le chant, mélismatique et très ornementé, est basé sur des vers de quinze pieds. Il est soit confié à un chanteur soliste, généralement extérieur à la koumpania ; soit il est collectif et c'est alors les musiciens qui chantent tous ensemble. Leurs voix sont tendues et fortement projetées.
Pour répondre aux attentes des danseurs, les musiciens se doivent de connaître un vaste répertoire, principalement constitué de danses propres à leur région et d'autres communes à l'ensemble de l'Épire. Il faut pouvoir satisfaire chaque génération, apprendre de nouvelles chansons et ne pas oublier les plus anciennes, comme celles qui, longtemps négligées, sont un jour exigées par un homme qui veut danser sur les airs qu'affectionnait son grandpère ; les musiciens doivent alors jouer dans le style de l'époque.
La Koumpania Xalkias
Les musiciens de la Koumpania Xalkias sont originaires de Vourmbianni, un petit village montagnard situé au nord de l'Épire, à quelques kilomètres de l'Albanie. Leur groupe est une histoire de famille qui mêle trois générations. Kostas et Yorgos, les deux clarinettistes, sont frères. Ils ont chacun un fils à qui ils ont transmis leur savoir : depuis l'âge de dix ans, Dimitri et Dimitri accompagnent leurs pères dans les fêtes. Tous deux portent le prénom de leur grand-père paternel comme le veut la tradition. L'un joue du défi, tambour sur cadre, l'autre de l'accordéon. Le luth est tenu par Apostolis Méllis qui vient de les rejoindre. Enfin le violon est joué par Antonios Kotikas, dit 'papou' (grand-père), qui a épousé une de leurs cousines éloignées.
Kostas et Yorgos, excellents clarinettistes, ont une connaissance intime des villages du nord de l'Épire. Proches des villageois, ils savent adapter le répertoire en fonction du village où ils jouent. Ils connaissent les infimes variantes exigées d'un village à l'autre. S'ils ont appris la clarinette avec leur père, les deux frères ont chacun un son et un mode de jeu qui leur est propre car en Épire, chaque clarinettiste doit se différencier des autres tout en respectant les codes esthétiques locaux.
HÉLÈNE DELAPORTE
Programme
Lors des fêtes villageoises, le programme joué par les musiciens obéit aux demandes des danseurs. Attentive à la façon dont sa musique est reçue par les auditeurs, la Koumpania Xalkias peut donc être amenée à modifier le choix et l'ordre des pièces.
Ceci n'est donc pas un programme détaillé mais plutôt une structure générale du concert.
1.
Skaros (lamentation des bergers)
Miroloï (lamentation funéraire)
Suite de poghonissia (danses sur un rythme 4/4)
2.
Miroloï
Bérati (danse d'origine albanaise sur un rythme 8/4, 3 + 2 + 3)
Alexandra (chant)
Alexandra pourquoi es-tu fanée, ma fleur ?
Pourquoi es-tu en larmes ?
Est-ce la faute du vent ?
Est-ce la faute de la ro s é e ?
Ce n'est pas la faute du vent, mon Pallicare ,
Ni de la ro s é e .
C'est à cause de toi, mon Pallicare ,
Qui est loin en terre étrangère.
Poulaki, Constanta (zaghorissia, rythme 5/4)
Nerandja
3.
Samararina
Suite de stra tria (danses)
Suite de grigora (danses)
4.
Miroloï Mariola
The figho mana ke tha kleis (chant)
Suite de sirta (danses sur un rythme 2/4)
Kostas Xalkias, clarinette klarino
Yorgos Xalkias, clarinette klarino
Antonios Kotikas, violon violi
Apostolis Mellis, luth laouto
Dimitri Xalkias, accordéon, clarinette
Dimitri Xalkias, tambour defi
L'Épire se situe au nord-ouest de la Grèce. Elle est bordée par le massif montagneux du Pinde, les côtes de la Mer ionienne et la frontière albanaise. Même si elle a bénéficié du boom économique que connaît la Grèce depuis une vingtaine d'années, l'Épire est la région la plus pauvre du pays. Elle reste très marquée par l'exode rural au profit d' Athènes et de Thessalonique ainsi que par une émigration massive vers les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et l'Allemagne depuis la fin du dix-neuvième siècle. Pourtant s'ils ont dû partir, les émigrés n'ont pas pour autant oublié leur village. Ils continuent à s'impliquer dans la vie locale et beaucoup reviennent chaque année ou presque.
La vie musicale de l'Épire est au diapason de ce contexte social et économique. De l'automne au printemps, les occasions d'entendre de la musique sont plutôt rares. À mesure que l'été approche, la musique se fait de plus en plus présente. À Ioannina, les commerces, les autobus et les taxis travaillent au son du klarino. Tout se passe comme si la région se préparait progressivement à la saison des fêtes. Car l'été la vie sociale s'intensifie brusquement et l'on fait alors appel aux musiciens pour les mariages, les baptêmes et les fêtes patronales (paniyiria). Qu'ils vivent en Grèce où à l'étranger, les Épirotes s'en retournent, coûte que coûte, dans leur village natal comme cet homme rencontré à une fête qui nous dit : 'Je viens me remplir le coeur chaque année, sinon, je ne tiens pas'.
Une fête de village
Suivant l'importance du village, les paniyiria durent entre un et trois jours. Le matin, les villageois se rendent à l'Église où une messe est dite pour le saint patron. Puis chacun vaque à ses occupations jusqu'au soir où tous se rassemblent sur la place du village pour dîner puis danser toute la nuit. Les familles arrivent les unes après les autres et s'installent aux tables qui ont été disposées autour de la place, de façon à laisser un grand espace à la danse. Les musiciens se tiennent au centre sur une estrade.
En Épire, faire la fête, c'est d'abord se souvenir de ses défunts. Ainsi avant que ne débutent les danses, les musiciens jouent une de ces magnifiques lamentations funéraires qu'on appelle miroloyia. C'est aussi le moment où l'on pense aux absents : on voit s'approcher les téléphones portables du pavillon des clarinettistes : 'Ecoute papa, c'est pour toi', dit une fille à son père resté au Texas.
Puis les musiciens prolongent la lamentation par une série de danses alors que les villageois terminent leur repas. Dans quelques rares villages, le pope circule alors entre les tables avec l'icône du saint que chacun embrasse après avoir participé à la quête. C'est là, la dernière allusion à la raison religieuse de la fête.
Les vivants et les morts une fois rassemblés, les danses peuvent débuter. La ronde est menée par un premier danseur, homme ou femme, qui choisit les danses qu'il désire, contre de l'argent donné aux musiciens. Rétribués morceau après morceau, les musiciens jouent presque sans discontinuer jusqu'à l'aube. Au gré des danseurs, ils passent d'un rythme à un autre, d'une chanson à une autre sans marquer de pause. D'un signe de la main ou d'un mot, le premier danseur indique au clarinettiste ce qu'il veut. Il peut intervenir à tout moment et modifier ainsi ses choix. Les musiciens doivent alors être capables, dans la seconde qui suit, de répondre à sa demande.
Au cours de la fête, on passe de danses lentes et majestueuses, à des danses plus rapides ; l'alcool aidant, les danseurs se font plus gais et démonstratifs. Plus tard dans la nuit, les musiciens reviennent à un tempo plus lent, c'est parfois le moment des chants de table. Puis, peu à peu la place du village se vide et ne restent plus à l'aube que quelques irréductibles qui n'en finissent pas de solliciter les musiciens.
La koumpania
Les musiciens s'organisent en ensembles appelés koumpanies dont la formation dite traditionnelle comprend une ou deux clarinettes, un violon, un luth, un accordéon et un tambour sur cadre. La musique de l'Épire et de la Grèce continentale en général est jouée par des musiciens tsiganes. La présence des Tsiganes en Épire est attestée dès le début du XIVe siècle. Très rapidement sédentarisés, ils proposent leurs services comme étameurs, chaudronniers ou musiciens, activités délaissées par les autochtones pour des raisons de statut social. Ce sont eux qui, depuis des siècles, font la musique traditionnelle grecque. Les alliances se font de préférence entre familles de musiciens car la musique se transmet oralement de père en fils. Les enfants sont très tôt orientés vers un instrument dont l'apprentissage devient quotidien dès l'âge de douze ans environ. On procède par imitation du plus simple au plus complexe. Ainsi le jeune clarinettiste débute en apprenant le 'squelette' des mélodies qu'il enrichit pro g re ssivement. Ce n'est qu'au bout de plusieurs années qu'il commence à ajouter des détails d'ornementation qui personnalisent son jeu. Très vite les jeunes adolescents accompagnent leur p è re dans les diff é rentes fêtes qu'ils animent. Ils 'doublent' un autre instrumentiste et acquièrent ainsi le métier jusqu'à devenir à leur tour des musiciens à part entière . Arrivée en Épire par la Turquie dans les années 1830, la clarinette a été immédiatement adoptée et est devenue l'instrument emblématique de la région. Les musiciens jouent de préférence sur des instruments du siècle dernier qu'ils se sont transmis de génération en génération. Ils utilisent des anches faibles et des becs raccourcis qui font monter le diapason.
La combinaison des doigtés et des techniques d'embouchure leur permet de produire des glissandi parfaits sur une tierce mineure ou encore de monter ou d'abaisser les notes. Le violon est le même que celui utilisé en musique classique. En revanche les violonistes utilisent deux positions de jeu : soit ils font reposer l'instrument sous leur clavicule quand ils accompagnent la clarinette, soit ils le font remonter et le tiennent entre l'épaule et le menton, lorsqu'ils deviennent à leur tour solistes.
Le luth est un instrument de facture grecque comprenant quatre doubles cordes mises en vibration par un plectre long. Bien que considéré comme un pilier de la koumpania, le luth est paradoxalement assez peu joué. Il est parfois remplacé par une guitare-luth (laou - toguithara), qui est une guitare aménagée comme un laouto. L'usage de l'accordéon chromatique s'est généralisé dans les années soixante. Il comprend le plus souvent quarante et une basses comme dans tous les Balkans. Le défi est un tambour sur cadre, muni de cymbalettes, d'un diamètre d'une vingtaine de centimètres. La membrane est en peau de chèvre ou en matière synthétique.
La musique épirote
La musique épirote est modale, basée sur des modes pentatoniques et heptatoniques non tempérés. Le répertoire est très riche. Il comprend tout d'abord des lamentations funéraires instrumentales (miroloyia) et des lamentations de berger (skaros) élaborées sur un rythme non mesuré. Mais ce sont les danses qui représentent la majeure partie du répertoire. Elles reposent sur des mesures simples ou composées, sur des rythmes pairs ou impairs. Ainsi l'on danse sur des rythmes panhelléniques comme le kalamatianos (7/4, soit 3+2+2 ou 2+2+3), le stamikos (6/4), le sirto (2/4) mais aussi sur des rythmes liés à des sous régions de l'Épire comme le zaghorissio (5/4) et le poghonissio (4/4) qui viennent respectivement de Zaghori et de Poghoni, ou encore la danse bérati (8/4, 3+2+3) dont la mesure vient du sud de l'Albanie.
Enfin, les chants de tables (épitrapézia), qui évoquent principalement l'amour et l'exil, sont soit mesurés, soit de forme mixte, alternant des parties instrumentales mesurées et du chant non mesuré. La clarinette tient le rôle principal. Son jeu est extrêmement virtuose et expressif ; les musiciens recherchent un son très riche en harmoniques qui peut être alternativement explosif et doux. Le contraste étonnant entre la recherche d'un tempo lent, dit 'lourd' (vari) et la rapidité de jeu des clarinettistes est une caractéristique spécifiquement épirote. Excepté dans les lamentations, le violon joue le plus souvent une deuxième voix en ostinato sur des intervalles de seconde, seconde augmentée, quarte ou quinte. Le luth soutient la clarinette par un bourdon rythmique tandis que l'accordéon renforce soit la partie du luth, soit celle du violon.
Le chant, mélismatique et très ornementé, est basé sur des vers de quinze pieds. Il est soit confié à un chanteur soliste, généralement extérieur à la koumpania ; soit il est collectif et c'est alors les musiciens qui chantent tous ensemble. Leurs voix sont tendues et fortement projetées.
Pour répondre aux attentes des danseurs, les musiciens se doivent de connaître un vaste répertoire, principalement constitué de danses propres à leur région et d'autres communes à l'ensemble de l'Épire. Il faut pouvoir satisfaire chaque génération, apprendre de nouvelles chansons et ne pas oublier les plus anciennes, comme celles qui, longtemps négligées, sont un jour exigées par un homme qui veut danser sur les airs qu'affectionnait son grandpère ; les musiciens doivent alors jouer dans le style de l'époque.
La Koumpania Xalkias
Les musiciens de la Koumpania Xalkias sont originaires de Vourmbianni, un petit village montagnard situé au nord de l'Épire, à quelques kilomètres de l'Albanie. Leur groupe est une histoire de famille qui mêle trois générations. Kostas et Yorgos, les deux clarinettistes, sont frères. Ils ont chacun un fils à qui ils ont transmis leur savoir : depuis l'âge de dix ans, Dimitri et Dimitri accompagnent leurs pères dans les fêtes. Tous deux portent le prénom de leur grand-père paternel comme le veut la tradition. L'un joue du défi, tambour sur cadre, l'autre de l'accordéon. Le luth est tenu par Apostolis Méllis qui vient de les rejoindre. Enfin le violon est joué par Antonios Kotikas, dit 'papou' (grand-père), qui a épousé une de leurs cousines éloignées.
Kostas et Yorgos, excellents clarinettistes, ont une connaissance intime des villages du nord de l'Épire. Proches des villageois, ils savent adapter le répertoire en fonction du village où ils jouent. Ils connaissent les infimes variantes exigées d'un village à l'autre. S'ils ont appris la clarinette avec leur père, les deux frères ont chacun un son et un mode de jeu qui leur est propre car en Épire, chaque clarinettiste doit se différencier des autres tout en respectant les codes esthétiques locaux.
HÉLÈNE DELAPORTE
Programme
Lors des fêtes villageoises, le programme joué par les musiciens obéit aux demandes des danseurs. Attentive à la façon dont sa musique est reçue par les auditeurs, la Koumpania Xalkias peut donc être amenée à modifier le choix et l'ordre des pièces.
Ceci n'est donc pas un programme détaillé mais plutôt une structure générale du concert.
1.
Skaros (lamentation des bergers)
Miroloï (lamentation funéraire)
Suite de poghonissia (danses sur un rythme 4/4)
2.
Miroloï
Bérati (danse d'origine albanaise sur un rythme 8/4, 3 + 2 + 3)
Alexandra (chant)
Alexandra pourquoi es-tu fanée, ma fleur ?
Pourquoi es-tu en larmes ?
Est-ce la faute du vent ?
Est-ce la faute de la ro s é e ?
Ce n'est pas la faute du vent, mon Pallicare ,
Ni de la ro s é e .
C'est à cause de toi, mon Pallicare ,
Qui est loin en terre étrangère.
Poulaki, Constanta (zaghorissia, rythme 5/4)
Nerandja
3.
Samararina
Suite de stra tria (danses)
Suite de grigora (danses)
4.
Miroloï Mariola
The figho mana ke tha kleis (chant)
Suite de sirta (danses sur un rythme 2/4)
Contributeurs
Origine géographique
Grèce
Mots-clés
Date (année)
2004
Cote MCM
MCM_2004_GR_S1
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Grèce | 2004-03-09 | Vidéo numérique | |
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Grèce | 2004-03-09 | Photo numérique |
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2004 |