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Kazakhstan. Entre steppe et ciel, chant, dombra et kobyz. Spectacle

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Évènement

Titre

Kazakhstan. Entre steppe et ciel, chant, dombra et kobyz. Spectacle

Sous-titre

Musiques du Kazakhstan central et oriental

Date

2004-03-11

Date de fin

2004-03-12

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

11-12 mars 2004
Smagul Umbetbaev, chant et viole kobyz
Talasbek Asemkulov, luth dombra
Saian Aqmolda, viole kobyz
Nurzhan Zhanpeisov, chant et luth dombra
Ardak Isataeva, chant et luth dombra

Au coeur de l'Asie centrale, les Kazakhs ont fondé leur identité depuis le XVe siècle sur l'attachement au nomadisme, et créé un univers musical, écho d'un monde entre steppes et ciel. Cette musique traditionnelle est la représentation sublimée de leur histoire, du mode de vie nomade et de ces espaces infinis, terres de chevauchées et de conquêtes fantastiques. Elle a accueilli tout l'imaginaire d'un peuple épris de liberté, donnant une place privilégiée à la virtuosité et à l'improvisation. Leur esthétique musicale s'est exprimée à travers deux instruments, conçus pour des musiciens solistes : le kobyz (viole à deux cordes) et la dombra (luth à deux cordes).
Ces concerts présentent une tradition transmise oralement depuis des siècles, qui fut présentée à Paris pour la première et dernière fois en 1926 : celle du Kazakhstan central et oriental. L'art musical propre à cette région a beaucoup souffert durant la période soviétique, mais, préservé grâce à quelques vieux maîtres, il est aujourd'hui revivifié par une nouvelle génération s'inspirant directement des anciens. Les styles instrumentaux autant que les genres vocaux se distinguent manifestement de ceux du Kazakhstan occidental, qui ont déjà été présentés en France ces dernières années.

Le kobyz, ancienne viole des chamanes
La légende de Korkyt Ata, ancêtre de tous les chamanes, raconte la fabrication du kobyz et l'invention corrélative de la musique, dont l'objet n'était pas de distraire mais de dépasser la mort. Doté de pouvoirs magiques, cet instrument fut réservé aux seuls chamanes, qui étaient censés communiquer avec les ancêtres lors du rituel chamanique. Le kobyz ouvre une porte vers le monde des esprits et rythme ce voyage dans l'au-delà. La mélodie se construit sur un timbre très bas, une voix profonde et tranchante produite par les cordes en crins de cheval, à laquelle se marient de multiples harmoniques aïgues lorsque l'archet s'allège sur les cordes. Ce son surnaturel pénètre les âmes des vivants et appelle celles des morts. Le répertoire comprend trois types de morceaux : les saryn (mélodie propre à chaque chamane interprétée lors du rituel), les kuï (morceaux instrumentaux) et les kuï épiques (illustration musicale d'une épopée). La transmission de ce riche héritage fut interrompue durant la période soviétique et seule une vingtaine de pièces pour kobyz nous est parvenue. Smagul Umbetbaev est le dernier des grands kobyzistes kazakhs, compositeur et interprète magnifique de kuï et d'ën (chansons), tradition perdue à laquelle il a redonné vie. Héritier d'une lignée de chamanes, il pratique lui-même le rituel de divination. Saian Aqmolda, son élève, a découvert une sonorité originale, qui plonge dans les racines du kobyz. Il a commencé à jouer à l'âge de 17 ans après avoir, en rêve, tenu à plusieurs reprises l'instrument dans ses mains. Il devint très vite le meilleur jeune kobyziste et est aujourd'hui invité dans de nombreux festivals au Kazakhstan et à l'étranger.

Le luth dombra
Âme du peuple kazakh, la dombra peint dans les kuï les sentiments les plus intimes, les chevauchées héroïques et les beautés de la steppe. Selon le proverbe, 'un vrai Kazakh n'est pas un Kazakh, un vrai Kazakh est une dombra'. L'école sherpe, dont le jeu est caractérisé par le pincement mélodique des cordes, est liée aux techniques de chant, ce qui lui donne un timbre mélodieux rappelant la voix humaine. Les thèmes privilégiés sont les fines esquisses psychologiques et les peintures d'une nature douce et majestueuse. Talasbek Asemkulov a préservé l'authentique tradition sherpe en étant le principal dépositaire des kuï de Tattimbet (1815-1862). Ce dernier symbolise la perfection du style sherpe et incarne cette école dans la mémoire de tous les Kazakhs. Ses kuï étaient tellement appréciés qu'un dombriste devait payer un cheval pour avoir droit de les interpréter.

La tradition vocale de la steppe d'Arka
Les plus célèbres chanteurs kazakhs viennent aussi de cette région, qui fut le berceau de la poésie kazakhe. Leur voix claire et projetée, accompagnée à la dombra, donne toute leur place à la vivacité, à l'humour et à la tendresse de la vie nomade. Invités à toutes les fêtes, ces chanteurs professionnels parcouraient les campements nomades, où ils se produisaient à la fois comme chanteur, acteur, acrobate , dresseur d'animaux et bretteur. Excentriques tant par leur tenue que par leur comportement, leur allure rappelle à la fois les chevaliers et les troubadours. Dans la société contemporaine kazakhe, le chant a pris le dessus sur les autres faces de leur a rt, tout en préservant le souvenir de ces personnages fantasques et adulés. Nurzhan Zhanpeisov et Ardak IIsataeva, les meilleurs représentants de la jeune génération, font renaître cette tradition en renouant avec les formes vocales ancestrales. Ardak IIsataeva continue la pure tradition de la steppe d'Arka (Kazakhstan central), dont la technique vocale rappelle le bel canto. Le chant d'Arka est la plus remarquable école vocale du Kazakhstan et a laissé son empreinte dans toutes les autres régions de ce vaste pays. Nurzhan Zhanpeisov représente une des branches de cette tradition, rattachée au compositeur Äset (1867-1923). Il fut l'élève du célèbre chanteur Danil Rakyshev, mort au début des années 90, qui lui a transmis la majorité des chansons d'Äset et l'intégralité de ses propres compositions.
XAVIER ET SAOULÉ HALLEZ

Programme
Smagul Umbetbaev, kobyz
1. Qazan (comp. Ykhlas, 1843-1916)
Ce kuï s'inspire d'un poème épique du XVIe siècle intitulé Shora-Batyr. Il évoque la campagne guerrière qui accompagna le siège de Kazan.
2. Qambar batyr (comp. Ykhlas)
Kuï épique narrant l'histoire de Qambar qui, originaire d'une famille pauvre, tomba amoureux de Nazim, la fille du khân.
3. Aqqu, le cygne (traditionnel)
Ce kuï très populaire raconte comment un jeune homme partit chasser un cygne blanc. Il décocha une flèche mais manqua l'oiseau. Effrayé, le cygne déploya ses ailes et s'envola.

Nurzhan Zhanpeisov, chant et dombra
1. Qonyr qaz, le canard sauvage (comp. Aset, 1 8 6 7 - 1 9 2 3)
La beauté du vol et le chant du canard sauvage ont inspiré cette 'uvre.
2. Kishi Ardak (comp. Aset)
Un jeune homme rêve de rencontrer une jeune fille du nom d'Ardak. Il imagine sa beauté et leur rencontre.

Talasbek Asemkulov, dombra
Zar qosbasar ; Syrnaïly qosbasar ; Qyrmyzy qosbasar.
Ces trois pièces sont tirées d'un cycle de 62 kuï composé par Tattimbet (1815-1862). Ayant appris qu'un homme qui avait perdu son fils unique se laissait mourir, Tattimbet s'assit devant la yourte de celui-ci et se mit à jouer ces 62 kuï pour le ramener à la vie. Après avoir entendu le dernier kuï : Qyrmyzy qosbasar, le père sortit de sa yourte et remercia Tattimbet.

Saian Aqmolda, kobyz
1. Erden (comp. Ykhlas, 1843-1916)
Kuï zhoqtau (pleurs) composé en l'honneur du fils défunt d'Erden.
2. Qonyr, plainte (comp. Ykhlas).
3. Ajrauqtyn aschy kuï, le kuï amer d'Ajraq (comp. Ykhlas)
Kuï épique autrefois interprété à la flûte sybyzghy.

1. Ardak IIsataeva, chant et dombra
Aqqaïn, le bouleau (comp. Chachubaï, XIXe-XXe siècle)
Chachubaï chante sa région natale.
2. Inzhu marzham, la perle pure (comp. Aset, 1867-1923)
Aset vante son art, sa voix et ses chansons.

Talasbek Asemkulov, dombra
1. Qosaïdar (comp. Baïzhigit, XVIIIe siècle)
2. Baïzhigit composa ce kuï en l'honneur d'un bii (juge) du nom de Qosaïdar qui avait réglé un difficile conflit entre deux tribus.
3. Sylqyldaq (comp. Tattimbet, 1815-1862)
Kuï célèbre composé en l'honneur d'une jeune fille avec laquelle Tattimbet avait fait une compétition de dombra lors d'un de ses voyages dans la steppe.

Smagul Umbetbaev, chant et kobyz
1. Imanzhusuptyn ëni, la chanson d'Imanzhusup
(comp. Imanzhusup, 1863-1931)
Cette chanson est un hymne à la liberté vantant le coeur des djiggit (jeunes hommes) et les valeurs des batyr (héros).
2. Kekilik, oiseau de la famille du faisan (traditionnel)
Chanson d'amour.
3. Syrgakty (traditionnel)
Cette chanson célèbre l'art de vivre des seri, entre chevaliers et troubadours : l'amour, la chasse à l'aigle, les étalons et la musique.

Nurzhan Zhanpeisov, chant et dombra
1. Anshynyn ëni, la chanson du chasseur (comp. Aset, 1867-1923)
Un chasseur, décrivant son équipement et ses nombreux trophées, imagine a rriver dans un village inconnu et rencontrer la femme de sa vie.
2. Bajan-aul, chanson populaire
Chanson sur l'amour sous la forme d'un pot-pourri.

Saian Aqmolda, kobyz
1. Zhalgyz ajaq, l'empreinte (comp. Ykhlas, 1843-1916)
Après avoir joué le kuï Erden, Ykhlas avait obtenu d'Erden que les chevaux pris à sa tribu leur soient rendus. A son retour, les anciens lui demandèrent de jouer un kuï en souvenir de ce succès.
2. Mylnyk zarlyq (comp. Ykhlas)
Kuï épique.

Ardak IIsataeva, chant et dombra
1. Aqbaqaï, les pieds blancs (comp. Segiz seri, XIXe siècle)
N'arrivant pas à rencontrer la femme de ses rêves, Segiz seri chante son désir qu'un jour, en entrant dans un village, une belle jeune fille vienne à sa rencontre.
2. Kök qogyrshyn, la colombe bleue (comp. Erzhanov, XXe siècle)
Sermon pour inviter les auditeurs à bien se comporter.
3. Zhonyp aldy, en se donnant (comp. Birzha-sal, XIXe siècle)
La beauté du chant devrait être un modèle pour la vie.

Contributeurs

Origine géographique

Kazakhstan

Mots-clés

Date (année)

2004

Cote MCM

MCM_2004_KZ_S1

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Kazakhstan. Entre steppe et ciel, chant, dombra et kobyz. Photos Kazakhstan 2004-03-11 Photo numérique
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