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Brésil. Musiques du Nordeste. Cantoria, Forro, Banda de pifanos. Spectacle

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Évènement

Titre

Brésil. Musiques du Nordeste. Cantoria, Forro, Banda de pifanos. Spectacle

Date

2000-06-20

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

20 juin 2000

Ce concert présente trois formes musicales typiques de ce qu'on appelle le "Nordeste" du Brésil, c'est-à-dire la région limitée au sud par l'État de Bahia et au nord par celui du Maranhão. C'est par cette région qui était d'ailleurs connue jusqu'au début du XXe siècle comme "Nord" (l'ouest du Brésil étant alors à peine peuplé) que commença la colonisation du Brésil ; mais dès le XVIIIe siècle, avec la découverte des mines d'or dans la région de "Minas Gerais", le centre économique et politique du pays se déplaça vers le sud. Ces circonstances contribuèrent sans doute à créer ce qu'on pourrait appeler « le paradoxe du Nordeste ». Rejeté à la périphérie économique mais berceau de la nation, c'est toujours au Nordeste, en dépit de son faible poids politique, que l'on va chercher les "racines", l'"âme brésilienne", etc. Le Nordeste occupe donc une place privilégiée dans la culture brésilienne et plus particulièrement dans sa culture populaire. Et il en va de même bien sûr pour sa musique.

La cantoria : Ivanildo Vilanova et Valdir Teles, chant et viola
La cantoria est une joute poétique dans laquelle se mesurent deux cantadores qui s'accompagnent à la viola (guitare à cinq choeurs de cordes, rappelant, par sa taille et son accord, son ancêtre européen du XVIIIe siècle). La joute consiste à improviser tour à tour des vers poétiques en respectant les canons traditionnels : rimes, métrique et aussi, dans certains cas, thématique.
La musique, par contre, n'est pas improvisée : elle se fonde sur des contours mélodique propres à chaque genre abordé. Dans une cantoria traditionnelle, les cantadores commencent par se présenter ' ils disent qui ils sont, où ils sont nés, avec qui ils ont déjà chanté ; ensuite, ils font l'éloge des personnes présentes, surtout du maître et de la maîtresse de maison. Puis ils commencent à attaquer l'adversaire et à vanter, souvent avec des exagérations rabelaisiennes, la puissance de leur talent et leur inspiration inépuisable'
Ivanildo Vilanova est l'un des cantadores les plus réputés au Brésil. Fils de cantador, il commence dès l'âge de douze ans à apprendre les secrets de la cantoria auprès de son père et d'autres cantadores anciens. Il remporte, avec différents partenaires, plusieurs festivals de cantoria et enregistre plusieurs disques.
Il se produit ici avec un autre cantador connu, Valdir Teles, originaire comme lui de l'État du Pernambuco.

Forró : Trio Matulão
L'accordéon a été introduit au Brésil dès la deuxième moitié du XIXe siècle, en bonne partie, semble-t-il, grâce à des immigrants italiens. Il a vite conquis le goût du peuple, surtout dans les campagnes, et il est aujourd'hui considéré comme un instrument typiquement brésilien. On lui connaît deux variantes principales :
-dans l'extrême sud du Brésil, l'instrument est un accordéon appelé gaita ou gaita de ponto (variante diatonique). Il joue un répertoire à danser très "régional", dans le sens où ce répertoire n'est guère apprécié ni connu en dehors de la région concernée ;
-dans le Nordeste, l'instrument est appelé sanfona, acordeão ou oito-baixos (variante diatonique). Il a été popularisé dans les grandes villes à la suite du succès du grand chanteur et compositeur Luiz Gonzaga dans les années 1940. Il jouait lui-même de l'accordéon et se faisait accompagner par une zabumba (grosse caisse) et un triangle. Ce petit ensemble été consacré depuis comme le "trio nordestino" par excellence. Ce n'est que récemment que cette musique en trio, et la danse de couple qui va avec, se sont généralisées sous le nom de forró (terme de provenance controversée qui désignait autrefois le bal populaire). Nous sommes actuellement à la bonne période pour écouter du forró, puisque le genre est roi pendant les "fêtes de juin", celles de Saint-Antoine, Saint-Jean (la principale) et Saint-Pierre. Aujourd'hui des groupes de forró modernisé, avec basse électrique, claviers, etc. vendent des milliers de disques. Mais le forró traditionnel, connu désormais sous le nom de forró pé-de-serra (litt. forró du piémont, c'est-à-dire: des campagnes), est toujours vivant et anime les bals de juin dans les villages et fermes du Nordeste. Le Trio Matulão est l'un des plus talentueux groupes de forró traditionnel de la nouvelle génération, à Recife.

Banda de Pífanos Princesa do Agreste
Les pífanos, ou encore pifes ("fifre" en français), sont des flûtes traversières à six trous taillées dans du bambou. Ils sont toujours joués en duo, accompagnés par un petit ensemble de percussions dans lequel la grosse caisse nommée zabumba joue un rôle prépondérant (d'où le fait que l'ensemble prenne parfois le nom de cet instrument). Outre la zabumba, le groupe de percussions comprend un tarol (caisse claire), des pratos (cymbales) et un tambour de taille moyenne surdo (plus petit que celui utilisé dans les écoles de samba de Rio de Janeiro). Ces ensembles sont fréquents dans les villages de l'intérieur du Nordeste où ils prennent des noms divers comme esquenta-mulher (littéralement, "chauffe-femme", dans le sens d'incitation à la danse), cabaçal, et enfin banda de pífanos qui est le plus généralisé. Ils ont été enregistrés pour la première fois en 1938 par la Mission de Recherches Folkloriques envoyée au Nordeste par l'écrivain et musicologue Mário de Andrade.
Les bandas de pífanos remplissent dans leurs villages une double fonction, religieuse et profane. D'une part, elles sont appelées à jouer lors des novenas (neuf soirées de prière chez un fidèle) et des procissões relevant du catholicisme populaire ; d'autre part, elles animent les bals et autres divertissements sur la place du village ou dans les cours des maisons. Leur répertoire est composé dans le premier cas de marchas de novena et dans le deuxième, de baiões e xotes.
Le leader de la Banda de Pífanos Princesa do Agreste, Biu do Pife ("Biu" étant le surnom nordestino de tous ceux ' et ils sont nombreux ' qui se prénomment Severino) est fils et petit-fils de joueurs de pife. Il en joue lui-même depuis son plus jeune âge et sait également les fabriquer. Il est réputé comme l'un des meilleurs joueurs de la ville de Caruaru (État de Pernambuco), haut-lieu de cette tradition. Si la formation qu'il présente ici est nouvelle, elle n'a qu'un an, tous ses membres sont néanmoins des musiciens traditionnels expérimentés.
CARLOS SANDRONI
Département de Musique de l'Université Fédérale du Pernambuco

Cantoria
Ivanildo Vilanova, chant et viola
Valdir Teles, chant et viola

Trio Matulão
Alderico Alves de Melo Holanda, sanfona
Alberto de Melo Silva Holanda Júnior, zabumba
Clécio Rodrigues Cardoso de Brito, triangle

La Banda de Pífanos Princesa do Agreste
Severino Pedro da Silva (Biu do Pife), pífano
Antônio Feliciano Rodrigues da Silva, pífano
Vitoriano Manoel dos Santos, zabumba
Luiz Vicente da Silva, tarol
José Genésio da Silva Neto, pratos
Ariosvaldo Monteiro, surdo

Contributeurs

Origine géographique

Brésil

Mots-clés

Date (année)

2000

Cote MCM

MCM_2000_BR_S1

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Tambour – surdo Brésil 2000-01-01 Objet
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Brésil. Musiques du Nordeste. Banda de Pifanos Princesa do Agreste. Photos Brésil 2000-06-20 Photo numérique
Brésil. Musiques du Nordeste. Forro, trio Matulao. Photos Brésil 2000-06-20 Photo numérique
Brésil. Musiques du Nordeste. Cantoria, Ivanildo Vilanova et Valdir Teles, chant et viola. Photos Brésil 2000-06-20 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
4e Festival de l'Imaginaire 2000