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Japon. Kyôgen. Spectacle

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Évènement

Titre

Japon. Kyôgen. Spectacle

Sous-titre

Famille Shigeyama de l'École Okura de Kyoto

Date

2004-03-20

Date de fin

2004-03-21

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

20-21 mars 2004
Le Kyôgen est un intermède comique entre deux pièces de nô qui se développa au Japon au cours du XIVe siècle et qui est encore représenté de nos jours. Le kyôgen et le nô tirent leur origine du sangaku (divertissements variés), art du spectacle venu de la Chine des Tang (618-908) au Japon vers le VIIIe siècle. Lorsque la mimique eut pris le pas sur les acrobaties et autres tours de magie, le sangaku devint le sarugaku (singeries) qui allait donner naissance au kyôgen et au nô. La coexistence de ces deux genres dans un même spectacle est attestée dès le milieu du XIVe siècle. Le kyôgen de cette époque devait être improvisé, l'argument s'inspirant de la vie quotidienne. La fixation et la codification du langage et de la représentation du kyôgen commencèrent au cours du XVIe siècle lorsque les quatre compagnies de nô de la province de Yamato (région de Nara), et donc les troupes de kyôgen qui leur étaient rattachées, passèrent sous la protection du gouvernement. Quant aux acteurs qui n'étaient pas liés à ces compagnies de nô et qui continuèrent à s'inspirer des événements de la vie quotidienne, ils furent progressivement absorbés par le théâtre kabuki qui commençait alors à s'épanouir. Ainsi, les pièces qui nous sont restées proviennent des écoles suivantes : Ôkura, liée à la compagnie de nô Konparu, Sagi (aujourd'hui disparue), liée à la compagnie Kanzé, et Izumi, liée à la famille Tokugawa d'Owari (est de la région d'Aichi).

Les pièces et leurs représentations
Des quatre cents à cinq cents pièces transmises, deux cent soixante environ sont encore jouées par les écoles Ôkura et Izumi aujourd'hui. Il est d'usage de les répartir en dix groupes selon leur thématique ou les emplois : pièces dont le thème est un événement heureux, pièces qui mettent en scène le valet Tarô et un daimyô (seigneur féodal) et où l'un des héros fait les frais de la farce, pièces où le gendre est ridiculisé par son beau-père, où la femme est dominatrice, où le diable est sentimental et faible, où le bénisseur est inefficace, pièces du religieux ou du sculpteur de statues de Bouddha cupide, de l'aveugle ridiculisé, et enfin le groupe des pièces de gredins, voleurs et querelleurs et des pièces clés qui constituent des exercices de perfectionnement pour les acteurs.
Pour sa représentation, par opposition au nô, théâtre masqué centré sur la danse et le chant, le kyôgen, théâtre du dialogue et du geste, ne fait pas, en général, appel au masque. Les dialogues utilisent la langue parlée (celle du XIVe au XIXe siècle) et évoquent sur la même scène dépouillée que le nô des événements de la vie quotidienne de cette époque, tandis que le nô s'inspire de contes et légendes plus anciens. Le personnage du nô a un nom, celui du kyôgen est anonyme et peut être rencontré n'importe où, au coin même de notre rue. L'alliance du nô et du kyogen a pu résister et résiste encore grâce justement à l'efficacité inhérente à leurs contrastes.
S. Murakami-Giroux in Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Paris, Larousse, 1998.

Pour le Festival de l'Imaginaire, trois générations de Shigeyama, le grand-père, le fils et le petit-fils, sont sur scène ensemble. Sennojô, Akira et Dôji Shigeyama appartiennent à une ancienne famille d'acteurs du kyôgen de l'Ecole Okura de Kyôto, l'une des deux grandes écoles existant au Japon, et il n'est pas exagéré de dire que Sennojo Shigeyama et son fils Akira sont considérés par les Japonais comme des dieux sur terre.
Les Shigeyama se distinguent par une insistance sur le comique et sur le plaisir du public, ainsi que par une grande ouverture sur le monde extérieur.
La famille Shigeyama est particulièrement active et si les jeunes japonais affichent aujourd'hui un engouement pour le kyôgen, c'est bien grâce aux Shigeyama, de Sennôjo Shigeyama qui fut l'un des premiers à briser les tabous et franchir les frontières pour aller voir ce qui se passe dans les autres formes spectaculaires contemporaines, à son fils Akira qui n'hésite pas à interpréter Shakespeare ou Beckett (notamment Acte Sans Paroles) dans le style kyôgen, jusqu'au petit-fils Dôji qui, avec d'autres jeunes Shigeyama de sa génération, crée Toppa, un groupe d'acteurs de kyôgen qui quittent l'espace traditionnel des théâtres de nô pour aller vers les jeunes chez lesquels ils suscitent un enthousiasme grandissant.

Sennojo Shigeyama
Enfant terrible du kyôgen, Sennojo Shigeyama fut presque 'excommunié' du monde orthodoxe du nô et du kyôgen pour avoir joué et mis en scène des 'uvres contemporaines pour le théâtre, la radio et la télévision. Pourtant, au même moment, il travaillait activement à faire revivre les pièces oubliées ou perdues du kyôgen classique.
Né en 1923, il est le deuxième fils de la onzième famille Sengoro Shigeyama. Il fait ses débuts sur scène à l'âge de trois ans dans le rôle d'un enfant dans la pièce Iroha. Après son apprentissage en 1946, il change de nom conformément à la tradition et devient le deuxième Sennojo Shigeyama.
En 1948, brisant les tabous établis depuis des siècles, il apparaît à la radio ou à la télévision accompagné d'acteurs appartenant à d'autres genres théâtraux. C'est la première fois qu'un acteur de kyôgen sort des limites du théâtre traditionnel. Il travaille ensuite avec le metteur en scène et producteur Tetsuji Takechi sur différentes formes de théâtre contemporain. Il tient des rôles dans le kabuki, dans le théâtre expérimental, les feuilletons télévisés et au cinéma. Il devient metteur en scène et chorégraphe de la revue musicale Takarazuka (où tous les rôles sont exclusivement tenus par des femmes) et de strip-shows, s'exposant ainsi aux foudres des conservateurs.
À cette époque, il essaye en même temps de faire revivre les pièces 'oubliées' du kyôgen et crée de nouvelles mises en scène pour les pièces traditionnelles, notamment Negawari (Changement de partenaires), Hitori Matsutake (La chasse aux champignons), Umisachi Yamasachi (Trésor des montagnes, trésor de la mer). En 1951, il est nommé directeur général de la prestigieuse Association de nô de Kyoto et il crée le Kyoto Takigi Nô. En 1960, il devient auteur dramatique et metteur en scène du théâtre moderne de l'Opéra. Sa mise en scène la plus acclamée est Jigokuhen de Yukio Mishima, montée à l'occasion d'Expo 70 à Osaka.
En 1967, son interprétation du rôle de Yohyo dans Yu z u ru de Junji Kinoshita est particulièrement remarquée. Cette pièce a été présentée 514 fois au Japon. Entre 1993 et 1996, Sennôjo Shigeyama reçoit de nombreux prix et récompenses dont le prix de Nô Hisao Kanze de l'Université d'Hosei, le prix des Arts de la Ville d'Osaka, le Prix de la presse écrite de Kyoto, le Prix du Ministère de la Culture pour l'excellence artistique. En 1999, il reçoit la Médaille Impériale ordre du Ruban Rouge. Il est aujourd'hui directeur du Conseil de kyôgen de la Ville de Kyoto.

Akira Shigeyama
Grand acteur de kyôgen, prodigieux interprète de Beckett, mais aussi directeur de la prestigieuse Association de nô de Kyoto, Akira Shigeyama illustre parfaitement cet esprit de famille qui se distingue par une ouverture sur le monde et une activité polyvalente. Né en 1952, fils aîné de Sennojo Shigeyama, tout comme son père, Akira Shigeyama fait ses débuts sur scène à l'âge de trois ans dans le rôle d'un enfant dans la pièce Iroha.
En 1976, il crée la compagnie Hanagata Kyogen Kai, dont il est l'actuel directeur général, avec Sengoro et Shime Shigeyama. En 1981, avec l'américain Jonah Salz il monte le Noho Theater Group. Après avoir participé au Festival International de Théâtre d'Edimbourg ainsi qu'au Fringe Festival en Grande-Bretagne en 1982, la compagnie tourne pendant trois années consécutives aux Etats-Unis. Akira Shigeyama remporte le Kyoto City Art Award en 1992 et publie son premier essai Kyoto no wana en 1997.

Doji Shigeyama
Fils aîné d'Akira Shigeyama, Doji Shigeyama naît en 1983. Conformément à la tradition familiale, et à l'instar de son père et de son grand-père, il fait ses débuts sur scène à l'âge de trois ans dans le rôle d'un enfant dans Mahotsukai No Deshi (L'Apprenti sorcier), et dans Iroha. Il produit, met en scène, organise et joue SenseDisc en 2000. Avec d'autres jeunes acteurs de kyôgen de sa génération appartenant eux aussi à la famille Shigeyama, il monte en 2001 la compagnie Toppa.

Shime Shigeyama
Fils cadet de la famille Sengoro Shigeyama, Shime Shigeyama est né en 1947. Il fait ses débuts sur scène à l'âge de quatre ans. Il consacre sa vie au kyôgen, participe à plusieurs tournées de par le monde : il a joué en Iran, dans des pays d'Asie du Sud-Est, en Europe, mais surtout aux Etats-Unis où il anime souvent des ateliers d'acteurs. En 1976, il crée avec Akira et Sengoro Shigeyama la compagnie Hanagata Kyogen Kai. En 2000 Shime Shigeyama a dirigé un stage à l'ARTA.

Masakuni Shigeyama
Fils de Shime Shigeyama, né en 1972, il commence l'apprentissage du kyôgen à l'âge de trois ans et fait ses débuts sur scène à quatre ans. En 1986, il intègre un groupe de nô pendant quelques années afin d'approfondir ses connaissances de cet art avant de revenir au kyôgen. Il fait partie des jeunes fondateurs du groupe Toppa auprès de Doji Shigeyama.

Hiroki Masuda
Né en 1979 à Osaka, il entreprend des études d'arts de la scène avec comme professeurs Sennojo et Akira Shigeyama. En 2003, il rejoint la troupe de ses deux maîtres auprès desquels il poursuit son apprentissage.

PROGRAMME
1. Futari daimyo (Les deux seigneurs)
Deux seigneurs sans escorte contraignent un valet qui passe à porter leurs sabres. L'homme se venge en les menaçant de leurs armes, et les contraint à ôter leurs vêtements de dessus et à exécuter des imitations ridicules, après quoi il s'enfuit avec leurs affaires.

2. Bo-shibari (Attaché à un bâton).
C'est l'une des pièces les plus célèbres du répertoire de kyôgen : un petit seigneur féodal est convaincu que ses valets Tarôkaja et Jirôkaja puisent dans ses réserves de saké dès qu'il a le dos tourné. Un jour, devant s'absenter quelque temps, il ligote les deux larrons. Ceux-ci parviendront-ils à se libérer et à boire l'alcool tant convoité ?

Dans le cadre du Festival de l'imaginaire du 22 au 24 mars à 18h30
NOTRE JAPON. L'influence du Japon sur la scène occidentale.
UN PROGRAMME DE RENCONTRES CONÇU PAR GEORGES BANU ET MICHEL WASSERMAN.
-22 mars : rencontre avec la famille Shigeyama et Eugenio Barba.
-23 mars : rencontre avec Susan Buirge, Catherine Diverrès et Daniel Jeanneteau.
-24 mars : rencontre avec Frédéric Fisbach, Nicola Savarese, le Théâtre du Soleil.

Contributeurs

Origine géographique

Japon

Mots-clés

Date (année)

2004

Cote MCM

MCM_2004_JP_S1

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