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Corée. Le Gagok. Photos

Évènement

Type de document

Photo numérique

Titre

Corée. Le Gagok. Photos

Sous-titre

Chants lyriques de cour

Date

2013-05-30

Artistes

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Le gagok est sans nul doute ce que la culture coréenne a produit de plus délicat et de plus raffiné en matière de musique vocale. Loin des formes populaires friandes d’émotions fortes et de celles de cour, hiératiques et figées, le gagok illustre l’art des lettrés, exquis et discret, imaginatif, économe et élégant, un art de salon pour un public choisi, cultivé et mélomane.
Il se caractérise par son hiératisme, une sorte de récitation modulée en voix de tête, chaque nuance étant mise en valeur par le tissu sonore de l’orchestre qui allie les sons percussifs du tambour en sablier janggu et des cithares geomungo et gayageum avec les sons fluides et continus de la flûte daegeum, de la vièle haegeum et du hautbois cylindrique piri.
Le gagok est apparu vers le xviie siècle et son répertoire fut fixé lorsqu’il fut introduit au palais pour compenser le déclin des musiques de cour, causé par les invasions japonaise et mandchoue. Le gagok est un chant lyrique accompagné par un ensemble d’instruments à vent et à cordes. Il était très apprécié des lettrés et des aristocrates au temps de la dynastie Joseon (1392-1910).
Le répertoire de gagok comprend vingt-sept chants qui se répartissent en fonction du sexe de l’interprète et de la performance : le cycle de gagok pour homme seul comprend 24 chants, celui pour femme seule, appelé yeochang, comprend 15 chants, enfin le cycle pour homme et femme alternés en comprend 27. Dans ce nombre, seul un chant, Taepyeongga, est interprété en duo mixte en clôture de cycle. Ces concerts sont consacrés au cycle pour femme seule, le yeochang.
De même, neuf chants sont composés dans le mode mélodique ujo (ou pyeongjo) bâti sur l’échelle pentatonique anhémitonique (ré-mi-sol-la-si), dix-sept dans le mode gyemyeonjo, particulièrement expressif et structuré autour du tricorde ré-sol-la auquel s’ajoutent des notes secondaires, et un chant alterne les deux modes. Les pièces sont enfin classées selon des styles définis par le registre et le mouvement général de la mélodie : isudaeyeop, junggeo, pyeonggeo, dugeo, banyeop, pyeongnon, urak, hwangyerak, gyerak, pyeonsudaeyeop, taepyeongga. Ainsi, chaque pièce de gagok est identifiée par un titre, son mode et son style.
Chaque poème comprend trois vers ou distiques, chacun se composant de quatre groupes de trois à cinq syllabes. L’exécution musicale cependant n’épouse pas la forme du poème puisqu’elle le subdivise en cinq parties mélodiques encadrées par des passages instrumentaux. Après un prélude instrumental, le premier vers ou distique forme les deux premières sections ; le second, la troisième section ; vient ensuite s’intercaler un interlude instrumental, suivi du premier groupe de syllabes du troisième vers qui forme la quatrième section, et le reste du vers, la cinquième.
Le gagok est accompagné par un petit ensemble instrumental à géométrie variable comprenant les cithares geomungo et gayageum, la flûte daegeum, le hautbois piri, la vièle haegeum et le tambour janggu. Quoique mal connu à l’étranger, le geomungo est considéré par les Coréens comme leur principal instrument de musique ; il s’agit d’une cithare à six cordes en soie et munie de frettes et de chevalets ; son origine remonte au royaume de Goguryeo à la fin du ive siècle. Beaucoup plus connu, le gayageum est une cithare à douze cordes en soie et à chevalets ; cousine du guzheng chinois, du koto japonais et du yatag mongol, elle fut inventée au vie siècle dans le royaume de Gaya sur le modèle du guzheng ; c’est sur cet instrument que fut créé à la fin du xixe sièce un genre majeur de la musique instrumentale coréenne, le sanjo. Le daegeum est une grande flûte traversière en bambou dont le timbre se cuivre parfois grâce à la vibration d’un mirliton. Le haegeum est une vièle à deux cordes en soie au timbre feutré et délicat. Le piri est un hautbois à perce cylindrique et au timbre délicat très utilisé dans la musique de cour. Le janggu, facilement reconnaissable à sa forme en sablier, est le tambour coréen le plus répandu.
Tous les instruments jouent la même mélodie mais chacun lui applique un mode de rubato différent de sorte que les notes ne tombent pas toujours ensemble. Il en résulte une impression de strates superposées, d’épaisseur hétérophonique faite de timbres mélangés et mouvants. La chanteuse oscille entre la voix de poitrine (sokcheong : voix intérieure) et la voix de tête (seseong : voix fine) et développe sa mélodie en longues notes tenues, filées ou finement ornementées. Dans cet enchaînement de mélismes d’une exquise délicatesse, le poème éclate, le sens s’abolit, ne reste que la musique.
Les quinze chants féminins yeochang qui constituent l’un des deux pans du répertoire de gagok sont présentés ici dans leur intégralité, répartis sur les deux soirées qui se terminent, comme le veut la tradition, par l’unique chant mixte du répertoire, Taepyeongga, interprété par Kim Young- gi et Kim Dae-yoon. Le gagok a été inscrit en 2010 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

Programme détaillé

fr 30 MAI 2013
• Ouverture : Ujo Eonrak, pièce du répertoire de gagok pour homme par Kim Dae-yoon
• Répertoire de gagok pour femme par Kim Young-gi :
1. « Beodeuleun » – mode ujo, style Isudaeyeop
2. « Kkumewatdeun » – mode ujo, style Pyeonggeo
3. « Ilgaki » – mode ujo, style Dugeo
4. « Namhayeo » – modes ujo et gyemyeonjo, styles Ban-U, Ban-Gye Banyeop
• Interlude instrumental : Geomungo dodeuri par Lee Jae-hwa
• Répertoire de gagok pour femme par Kim Young-gi :
5. « Sanchone » – mode gyemyeonjo, style Junggeo
6. « Seonweoli » – mode gyemyeonjo, style Dugeo
7. « Buduchilseong » – mode gyemyeonjo, style Pyeongrong 8. « Taepyeongga » – mode gyemyeonjo, style Taepyeongga

1er JUIN 2013
• Ouverture : Ujo Soyon, pièce du répertoire de gagok pour homme par Kim Dae-yoon
• Répertoire de gagok pour femme par Kim Young-gi :
1. « Cheongjoya » – mode ujo, style Junggeo
2. « Barameun » – mode ujo, style Urak
3. « Apnaena » – modes ujo et gyemyeonjo, styles Ban-U, Ban-Gye Hwangyerak
• Interlude instrumental : Solo de daegeum par Lee Chang-wo
• Répertoire de gagok pour femme par Kim Young-gi : 4. « Eonyaki » – mode gyemyeonjo, style Isudaeyeop
5. « Chogang Eeobudeula » – mode gyemyeonjo, style Pyeonggeo 6. « Cheongsando » – mode gyemyeonjo, style Gyerak
7. « Moraneun » – mode gyemyeonjo, style Pyeonsudaeyeop
8. « Taepyeongga » – mode gyemyeonjo, style Taepyeongga

Présentation des artistes

fr Kim Young-gi, chant
Lee Jae-hwa, cithare geomungo
Sa Jae-sung, tambour janggu
Lee Gwang-ho, hautbois piri
Lee Chang-woo, flûte daegeum
Sa Ju-hyun, vièle haegeum
Lee Ji-hye, cithare gayageum
Kim Dae-yoon, chant

surtitrage en français, Han Yumi et Hervé Péjaudier

Les interprètes
Cet ensemble rassemble trois générations d’interprètes depuis des trésors vivants comme mesdames Kim Young-gi et Lee Jae-hwa jusqu’au prometteur chanteur de gagok de 19 ans Kim Dae-yoon. Il nous offre là un témoignage remarquable de la transmission de ce patrimoine séculaire.
La chanteuse Kim Young-gi naît à Séoul en 1958 dans une famille de musiciens et de danseurs. Son père Kim Yong, dépositaire du bien culturel immatériel n°39, le cheoyoungmu, veut faire de sa fille une musicienne accomplie. Kim Young-gi va donc apprendre à jouer de la flûte droite danso, de la cithare gayageum et de la cithare à frettes geomungo. Elle tiendra d’ailleurs le geomungo pendant près de trente ans au sein de l’orchestre traditionnel de la ville de Séoul et de l’orchestre traditionnel de KBS, la radio-télévision nationale coréenne. Elle s’initie en même temps au répertoire de chants populaires minyo et, suit pendant 23 ans, l’enseignement de Kim Wol-ha, maître historique de gagok. En 2001, elle est nommée dépositaire de la pratique féminine du gagok, le yeochang. Depuis, elle a donné plus d’une centaine de concerts de gagok à travers le monde et a enregistré quatre CD.
Lee Jae-hwa (cithare geomungo) est dépositaire du patrimoine culturel immatériel n°16 : le geomungo sanjo qu’elle vient d’enregistrer pour la collection INEDIT/Maison des Cultures du Monde et qui a été couronné par l’académie du disque Charles Cros.
Sa Jae-sung (tambour janggu) est considéré comme le meilleur percussionniste de musique de cour et de gagok. Multi-instrumentiste, il est également second détenteur du patrimoine culturel immatériel n° 46 : le hautbois piri dans les musiques jeongak & daechita.
Lee Chang-woo (flûte daegeum) est directeur musical de l’orchestre du Centre national de la musique traditionnelle coréenne où Sa Ju-hyun tient la vièle haegeum et Lee Ji-hye la deuxième cithare gayageum. Le chanteur Kim Dae-yoon et Lee Gwang-ho au hautbois piri complètent l’ensemble.

Photographe

Origine géographique

Corée

Contexte de captation

Spectacle

PCI

fr Kim Young-gi, chant
Dépositaire du patrimoine culturel immatériel n°30 de Corée : la pratique féminine du gagok

Cote MCM

MCM_2013_KR_S1_PN1

Date du copyright

2013

Editeur