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Japon. Hayachine Take Kagura (A). Photos

Évènement

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Photo numérique

Titre

Japon. Hayachine Take Kagura (A). Photos

Sous-titre

Danses masquées du village de Take

Date

2013-03-29

Artistes

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Danse

Résumé

fr Le hayachine take kagura est une forme de danse religieuse pratiquée depuis quatre à cinq siècles dans la préfecture d’Iwate au nord-est de l’île de Honshu. L’origine légendaire de ces danses théâtrales est la fameuse colère d’Amaterasu, la déesse du soleil, qui en se retirant dans une grotte priva le monde de lumière et de chaleur ; Ameno Uzume, divinité de l’aube et de la gaieté, se livra alors à une danse lascive si grotesque qu’elle provoqua l’hilarité des autres divinités. Sa curiosité excitée par le bruit, Amaterasu sortit de la grotte. Autrefois appelés kamikura (siège des dieux) les kagura étaient exécutés à la cour par des prêtresses du culte d’Ameno Uzume. Avec le temps, ce rituel devint le mikagura ou kagura impérial et inspira des kagura villageois qui se répandirent à travers le Japon en se diversifiant selon les régions.

Description de la pratique

Faute d’informations plus précises, on situe la naissance du hayachine take kagura à la fin de l’époque médiévale (xvie siècle). Mais c’est pendant la période d’Edo (1603-1867) qu’il connut son véritable essor. Le clan Nanbu qui gouvernait la région attribuait un caractère sacré au mont Hayachine. Au pied de la montagne avait été bâti un temple bouddhiste, le Myosenji. Il fut décidé que ce temple deviendrait le sanctuaire shinto-bouddhique de Hayachine et que les officiants y pratiqueraient l’art du kagura. À l’époque Meiji, la politique de séparation entre le shintoïsme et le bouddhisme eut pour effet la destruction du sanctuaire et l’interdiction de pratiquer les danses rituelles. Les habitants du village de Take, tout proche, se réapproprièrent en secret cette pratique et en assurèrent jusqu’à aujourd’hui la sauvegarde. Dans ce petit village de treize maisons bâties au pied du mont Hayachine, le kagura est d’abord un rituel de purification et ensuite un divertissement pour les divinités et pour les hommes, la divinité la plus marquante étant le daigongen, incarnation du mont Hayachine. Ces danses rituelles s’inscrivent donc dans un complexe d’anciennes croyances animistes et de Yoshida shinto, une secte shintoïste qui émergea au xviiie siècle et fut influencée par le bouddhisme ésotérique.
Le take kagura est représenté les 31 juillet et 1er août lors de la fête du sanctuaire de Hayachine, le 3 janvier pour le Nouvel An et aux fêtes annuelles des différents villages de la préfecture d’Iwate. Mais des membres de la troupe de take kagura se déplacent aussi de maison en maison pendant la période de repiquage du riz au printemps. Au cours de ces représentations domestiques appelées yado-kagura ou kado uchi (jouer à la porte), ils effectuent un rite de purification et dansent quelques scènes à l’intérieur des maisons, en particulier la danse du gongen (photo) . À la fin, les membres de la troupe distribuent un talisman à chaque famille.
Le répertoire de Take compte près de soixante-dix kagura, abstraits ou narratifs, certains masqués, d’autres non. Lors des grandes fêtes, le spectacle se déroule pendant plusieurs heures sur une petite scène à l’entrée du sanctuaire. Celle-ci est repérée par quatre piliers entourés d’une cordelette à laquelle sont accrochés des origami sacrés et elle est interdite aux non-praticiens. Au fond, un rideau noir porte l’inscription “temple de Hayachine” et les emblèmes de deux grues affrontées : les acteurs entrent par là. À l’avant-scène dos au public ou, comme ici, sur le côté, le tambourinaire flanqué de deux joueurs de cymbales, dirige la représentation, chantant parfois ou déclamant des bouts de dialogue. Un flûtiste et les narrateurs-chanteurs restent cachés derrière le rideau de fond, ce sont les voix des dieux.
Les danseurs entrent par le fond, jouant parfois avec le rideau. Leurs costumes, masques, coiffures et accessoires dépendent du personnage qu’ils représentent et de son statut, homme, femme, dieu ou déesse, guerrier... Mais presque tous portent la grande coiffe kabuto qui représente une poule ou un coq, oiseau bénéfique, avec ses grandes ailes qui battent pendant la danse. Les acteurs incarnant une divinité portent une bande de papier kuji à leurs médius.
Une représentation rituelle dure plusieurs heures. Elle s’ouvre invariablement par six shikimai, danses de purification, d’invocation des défunts et de divination et s’achève obligatoirement par le gongenmai, la danse du lion noir, et un rite d’offrande d’eau, de riz et de saké aux points cardinaux, après quoi plus personne ne revient dans l’espace sacré. Entre les deux, s’enchaînent divers répertoires. Les onnamai, lents et gracieux, mettent en scène des personnages féminins généralement célestes. Les kamimai sont les danses des divinités japonaises. Leurs arguments proviennent de deux ouvrages du viiie siècle : Chroniques des choses anciennes et Annales du Japon sur les origines historiques et la mythologie du Japon. Les aramai ou danses furieuses, rapides et violentes, n’ont pas d’argument. Ce sont plutôt des danses d’exorcisme. Selon les uns, elles reflètent l’influence des yamabushi, ascètes montagnards et guerriers, et selon d’autres, celle du bouddhisme tantrique. Il peut y avoir aussi des récits de guerriers et de samouraïs et des dialogues comiques kyogen.

Programme détaillé

fr PROGRAMME A (29 & 30 mars)
1. Torimai [Danse des volailles / shikimai]
Chaque représentation commence par une séquence de shikimai. Deux danseurs imitent la parade amoureuse d’un coq et d’une poule. Cette danse sert à purifier l’espace, les volailles étant censées chasser les mauvais esprits, et symbolise l’union d’Izanagi no Mikoto et d’Izanami no Mikoto, les créateurs du monde.

2. Sanbaso [Danse de bénédiction / shikimai]
Ce deuxième shikimai a pour but d’apaiser la divinité Hiruko no Mikoto. Troisième fils des fondateurs mythiques du Japon, Hiruko naquit sans squelette, ni mains, ni pieds. On le jeta à la mer. Il fut recueilli par Ebisu Saburo et devint une divinité importante que l’on invoque notamment pour la santé des enfants.

3. Yama no Kamimai [Danse de la déesse de la montagne / shikimai]
Yamano Kami est la déesse de l’agriculture au printemps lorsqu’elle fait couler l’eau vers les rizières, et elle redevient la déesse de la montagne à l’automne. Le danseur porte à ses médius des bandes de papier sacré (kuji) en signe d’incarnation de la divinité et bénit l’assistance en lui jetant du riz.

4. Tennyomai [Danse de la nymphe céleste / onnamai]
Cette danse de femme est exécutée par un homme, comme souvent en Asie. Tennyo est une nymphe céleste très appréciée des dieux lorsqu’ils se rassemblent pour faire de la musique et danser.

5. Gokokumai [Danse des cinq grains / kamimai]
Amaterasu, la déesse du Soleil, apprit un jour l’existence de la déesse de la nourriture, Ukemochi no Kami. Elle lui dépêcha aussitôt la déesse de la Lune. Ravie de cette visite, Ukemochi voulut régaler la déesse de la Lune de festins variés qu’elle faisait sortir de sa bouche. Dégoûtée par ces manières, la déesse de la Lune se mit en colère et la tua. Apprenant cela, Amaterasu chargea Ama no Kumabito de découvrir ce qui s’était passé. Sur le corps de la déesse, Ama no Kumabito découvrit cinq grains qui germaient. Il les confia à Ameno Futodama no Mikoto, dieu de l’industrie, afin qu’il les rapporte à la déesse Amarerasu. En les recevant, celle-ci déclara que ces grains seraient la nourriture des hommes.

6. Fushomai [Danse furieuse / aramai]
Dans cette danse aux mouvements violents, une divinité expulse les mauvais esprits puis incarnée en homme, elle neutralise les sept désastres (épidémies, invasions, luttes intestines, les changements extraordinaires dans les cieux, éclipses solaires et lunaires, tempêtes et typhons, sécheresses).

7. Gongenmai [Danse du lion noir]
Cette danse protectrice termine chaque représentation de kagura et ne peut être suivie d’aucune autre. Produit du syncrétisme entre le bouddhisme et le culte des kami, le gongen est un boddhisatva qui choisit d’apparaître aux Japonais sous les traits d’un kami afin de les sauver. Quand une troupe de kagura visite un village, elle se rend dans chaque maison avec le gongen et on lui offre du riz et de l’argent en disant : “le mont Hayachine est entré dans ma maison”.

d’après Sumio morijiri et Sohei NagaSawa

Présentation des artistes

fr Tomomi Oguni, acteur-danseur, maître de la troupe Kazuo Kamatsuda, tambourinaire, danseur
Koki Fujiwara, flûtiste, acteur-danseur
Kaneto Ito, acteur-danseur, gong
Naoshi Yamada, acteur-danseur, gong
Mitsuyoshi Oguni, acteur-danseur, gong
Mamoru Kambayashi, acteur-danseur, gong
Eiji Ito, acteur-danseur
Kazuyuki Yanagida, acteur-danseur
Mitsuhiro Oguni, acteur-danseur
Ryo Ito, acteur-danseur
Keima Oguni, acteur-danseur

Photographe

Origine géographique

Japon

Contexte de captation

Spectacle

PCI

fr Les kagura de Hayachine ont été inscrits en 2009 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel en 2009 par l'UNESCO.

Cote MCM

MCM_2013_JP_S1_PN1

Date du copyright

2013

Editeur