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Tadjikistan. Dowlatmand Kholov et Abdosattar Abdollaev. Spectacle

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Titre

Tadjikistan. Dowlatmand Kholov et Abdosattar Abdollaev. Spectacle

Sous-titre

Dowlatmand Kholov, chant, setâr, dutâr, ghichak. Abdosattar Abdollaev, doïra et tavlak

Date

1991-03-19

Date de fin

1991-03-24

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

19-24 mars 1991.
Né du démembrement de l"ancien Turkestan russe au lendemain de la révolution d'octobre, le Tadjikistan acquiert le statut de République socialiste soviétique en 1929, avec un territoire d'environ 145.000 km2. Sur les trois millions et demi d'habitants que compte cette république, deux tiers sont tadjiks; mais les Tadjils peuplent également la république soviétique d'Ouzbékistan, la Chine et surtout l'Afghanistan où on les estime à environ cinq millions. L'implantation des Tadjiks, attribuée aux invasions indo-européennes, remonte à 1500 ans avant JC et passe pour l'une des plus ancienne d'Asie Centrale. Héritiers d'une population d'origine persane caucasienne, ils furent les propagateurs d'une culture sédentaire qui se diffusa depuis le plateau iranien jusqu'aux confins de la Chine. Musulmans sunnites dans leur majorité, ils vivent de l'agriculture, de l'artisanat, et s'adonnent au commerce depuis l'ouverture des Routes de la Soie.
Une civilisation millénaire.
Grâce aux fouilles archéologiques menées dans le Khorezm (nord-ouest de l'Ouzbékistan) on peut attester depuis le IVe siècle avant JC, de l'existence d'une activité artistique savante et professionnelle dans cette région. Mais c'est à partir de l'islamisation au VIIIe siècle, puis sous la domination seldjoukide, mongole et timouride du XIe au XVe siècle que se forge une véritable culture tadjike, savante et aristocratique, marquée à la fois par le fonds persan et l'influence des envahisseurs turcs ouzbeks. Entre le Xe et le XVe siècle on voit foisonner les créations littéraires et musicales sous l'égide des grands poètes persans, Avicenne (980-1037), Nasir Khusrau (1003-1080), Omar Khayyam (1040-1123), Saadi (1184-1241), Mawlânâ Jallaleddin Rûmi (1207-1273, fondateur de la confrérie des derviches tourneurs), Hâfiz (m. 1389), Kamal Khojand (m. 1405), Abderrahman Jami (1414-1492), mais également de poètes tadjiks, Rudaki (m. 941, considéré comme le père de la musique et de la poésie tadjikes), Anvari (m. 1191), Ghiasi, Bidel (XVIIIe siècle). En ce temps où musique et poésie sont indissociables, les poètes reçoivent le titre de hâfiz (litt. dépositaire, gardien et par extension maître-chanteur), titre que le poète Shamsuddîn Muhammad Shirâzi choisit comme pseudonyme. Ces hâfiz créent des formes poétiques et musicales nouvelles en respectant néanmoins le modèle prosodique arabe (aruz) qui prévaut alors dans tout le Moyen Orient.
Parmi ces formes, la principale est le ghazal qui va alimenter largement le répertoire musical. Poèmes sur l'amour et le vin, poèmes mystiques obéissent à un modèle unique à tel point qu'il est parfois difficile de les distinguer tant par leur forme que leurs images.

Je me rappelle le murmure de la Muliana,
Je me rappelle les tendres rencontres avec ma bien-aimée.
Le sable bruissant comme de la soie de l'Amu-Darya,
Et l'éclat humide de ses galets.
(Ghazal de Rudaki)

Ta flèche s'est plantée droit dans mon coeur,
Et le feu de la passion m'a saisi.
Tête nue, pieds nus, je gémissais,
Errant de pays en pays, de villes en villages.
Tel un instrument que l'on fait sonner, tel le verre de Jamshid,
je reflète le monde.
Tel un miroir, je renvoie l'image de ma bien-aimée.
Ghiasi, toi qui enfiles les perles d'un autre monde,
Tu envahis les courbes de l'Univers de musc odorant de tes mots.
(Ghazal de Ghiasi)

La musique d'art.
La musique savante tadjike est indissociable de celle d'Ouzbékistan. Cette symbiose est le résultat d'un processus long et complexe qui remonte aux invasions ouzbekes au début du XVIe siècle. Jusqu'à cette époque comme on l'a vu, la culture tadjike a évolué dans un cadre culturel arabo-persan. A leur arrivée, les Turcs ouzbeks, tout en s'imprégnant de cette culture, lui apportent un souffle nouveau qui conduit sous le Royaume de Boukhara à l'émergence d'une grande forme poétique et musicale: le shash-maqom.
Le shash-maqom est un répertoire de suites vocales et instrumentales basées sur six modes musicaux différents (shash, six et maqom, mode). Chaque suite ou maqâm se présente sous la forme d'une section instrumentale suivie d'un ensemble de chants dont les mélodies sont tantôt composées tantôt semi-improvisées à partir d'un cadre métrique et rythmique déterminé.
La partie instrumentale (mushkilot) se compose de cinq mouvements en rondo (alternance de strophes et de refrains) de rythme différents. La partie chantée (nasr), accompagnée à l'unisson par les instrumentistes, se subdivise en branches, chacune composée de plusieurs pièces de forme, de rythme et de tempo différents.
Probablement mieux implanté en Ouzbékistan qu'au Tadjikistan, le shash-maqom y a survécu dans de meilleurs conditions. Au contraire, le shash-maqom tadjik n'est pratiquement plus jamais joué dans son intégralité et s'est considérablement morcelé tout en subissant l'influence du chant populaire. Aujourd'hui les musiciens n'en jouent donc que des extraits sous la forme de courtes suites vocales et instrumentales.
Le style vocal riche, puissant, très ornementé, est marqué par l'apport persan, notamment sans les jeux de vocalises improvisées et réputées pour leur difficulté. On y retrouve aussi, dans certaines façons de lancer la voix comme un long cri, l'empreinte de l'une des plus belles formes vocales populaires du Tadjikistan, le fallak. Les pièces instrumentales quant à elles, qu'elles soient graves, lentes et solennelles ou au contraire vives et dansantes, conservent toujours un caractère plaintif et nostalgique dû à de perpétuels décalages et syncopes rythmiques, à une ornementation inspirée de la technique vocale, et aux timbres des instruments.

Les instruments de musique tadjiks
L'instrument principal de la musique d'art tadjike est le setâr. Ce luth à manche long est d'origine très ancienne. Son ancêtre, le tanbur fut utilisé dès le VIIIe siècle par les théoriciens persans dans leurs recherches sur la formation des modes musicaux. Il est constitué d'une petite caisse de résonance creusée dans une seule pièce de bois. Le manche massif, dépourvu de cheviller, est simplement percé à son extrémité de trous médians et latéraux permettant de fixer les chevilles. Les frettes servant à fixer la hauteur des notes sont en nylon ou en boyau et sont nouées sur le manche. Les cordes métalliques, pincées au moyen d'un petit onglet, sont au nombre de quatre dont deux doubles.
Véritable instrument national tant en Ouzbékistan qu'au Tadjikistan, le luth à deux ou trois cordes dutâr est utilisé principalement dans la musique populaire. Sa petite caisse en forme de poire est constituée de fines côtes de bois juxtaposées. Les frettes nouées sur le manche sont mobiles, permettant ainsi de modifier la hauteur des notes. Les cordes sont généralement pincées simultanémént créant ainsi un effet d'harmonie primitive.
Le ghichak, petite vièle à pique, s'apparente, par sa forme et son mode de jeu, au kemanche persan et azeri. L'instrument est posé verticalement sur la cuisse gauche, et les deux cordes sont jouées avec un archet; pour passer d'une corde à l'autre, le musicien fait pivoter l'instrument sur sa pique. Le ghichak utilisé en musique savante est entièrement fabriqué en bois et sa facture est très raffinée. En revanche la version populaire, plus sommaire, est simplement constituée d'une caisse de résonance en fer blanc 'une boite à biscuit- joliment décorée de scènes de genre et traversée par un manche en bois.
Les deux instruments à percussion principaux sont la doïra et le tavlak. La doïra est un tambourin muni à l'intérieur d'anneaux métalliques. Le musicien la tient verticalement dans une main et frappe tantôt le cadre afin de faire vibrer les anneaux. Semblable en tous points à la darbûkka arabe, le tavlak est un tambour de poterie en forme de calice. On le frappe avec les deux mains en le tenant horizontalement en travers de la cuisse.

PROGRAMME

Shash maqom
-4 poèmes de Mowlâna Jallaleddin Rûmi, accompagnés au setâr
-3 poèmes de Bidel, accompagnés au setâr
-1 poème de Hâfiz, accompagné au ghichak et au dutâr

Musique populaire
Accompagnée au ghichak et au dutâr

Les interprètes.
Agé de 35 ans environ, Dowlatmand est considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands chanteurs du Tadjikistan. Sa renommée l'a déjà conduit au Pakistan, en Inde et en Europe du nord. Il est originaire de la ville de Koulab, dans le sud du pays, une région d'où sont issus les plus grands noms de la musique tadjike de ce siècle et où s'est également développé une forme de chant populaire, le fallak, sorte de cri d'appel lancé dans la nature que Dowlatmand maîtrise aussi bien que le shash-maqom.
Son répertoire, qu'il interprète avec un constant souci du texte littéraire, se compose de mélodies dans lesquelles l'improvisation tient une large part. Les poèmes sont généralement empruntés aux grands poètes parsans classiques, ainsi qu'a des poètes plus récents comme le Tadjik Bidel (XVIIIe siècle), voire à des poètes contemporains tels que Ayni. Il improvise également sur les luths tanbur, setâr, dutâr et sur la petite vièle à pique ghichak.
Abdosattar Abdollaev, joueur de tavlak et de doïra, est l'un des meilleurs percussionnistes du Tadjikistan et de ce fait appelé à accompagner la plupart des cahnteurs qui se produisent dans les festivals de musique.

Contributeurs

Origine géographique

Tadjikistan

Mots-clés

Date (année)

1991

Cote MCM

MCM_1991_TJ_S1

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Titre Localisation Date Type
Tadjikistan. Dowlatmand Kholov et Abdosattar Abdollaev. Photos Tadjikistan 1991-03-19 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1991 1991