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Turquie. Âsik, poètes-chanteurs populaires. Spectacle

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Évènement

Titre

Turquie. Âsik, poètes-chanteurs populaires. Spectacle

Sous-titre

Müslüm Sümbül et Mühlis Denizer, chant et luth saz baglama

Date

1991-03-26

Date de fin

1991-03-29

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

26-29 mars 1991.
La musique turque, héritière des traditions arabe, persane, et byzantine mêlées à l'apport de vagues de populations venues d'Asie centrale, est sans aucun doute l'une des plus riches et des mieux préservées de tout le Proche-Orient.
Si 'l'Occident s'est aujourd'hui partiellement familiarisé avec la musique savante dont il apprécie tout particulièrement l'expression à la fois émouvante et pudique, on y est encore très ignorant de ce que la tradition populaire peut offrir.
A côté d'une musique de cour désormais considérée comme le répertoire classique ou savant et de formes villageoises promises à un déclin inéluctable, se développe depuis plusieurs générations un genre à la fois populaire et professionnel dont la vitalité et le succès n'ont pas entamé l'authenticité. C'est le chant des âsik, poètes-chanteurs, généralement originaires d'Anatolie centrale, qui louent leurs services de village en village, de quartier en quartier. Pour certains d'entre aux aujourd'hui, la notoriété signifie une reconnaissance officielle, les festivals, la radio, la télévision, l'édition de recueils de poésie.

Les âsik
Le mot âsik (prononcer âshoek) vient de l'arabe 'âshiq qui signifie "amoureux", "passionné". Ce terme est pleinement justifié puisque dans la plupart des cas c'est la passion qui a conduit tel ou tel individu à choisir ce mode d'expression, soit une passion amoureuse déçue, soit tout simplement la passion de la musique et de la poésie; pour nombre d'entre eux il s'agit aussi d'une tradition familiale, un univers dans lequel ils baignent depuis leur petite enfance.
Les plus grands âsik turcs, dont les 'uvres sont encore interprétées de nos jours, sont Karacaoglan (XVIIe siècle), Dadaloglu (XVIIIe siècle) et Âsik Veysel (décédé il y a quelques années).
L'art des âsik déborde largement les frontières de la Turquie puisqu'on les retrouve en Arménie (âshuk) avec notamment deux grands poètes: Sayat Nova (XVIIIe siècle) et Ashuk Aleksân (XIXe siècle), en Azerbaïdjan soviétique et iranien (âshiq), au Turkménistan (bakhshi) et jusqu'en Afghanistan.
Les âsik exercent souvent une autre profession et consacrent leurs loisirs à la poésie, soit librement, soit pour satisfaire les commandes. Exerçant généralement dans l'intimité des maisons, ils sont également appelés à se produire en public à l'occasion de noces, de fêtes de famille, de célébrations collectives ou encore pour des notables que l'on veut honorer.Aujourd'hui, les plus célèbres se produisent aussi sur scène, dans les festivals, à la radio et à la télévision.

Le répertoire
Leurs poèmes, qu'il s'agisse de "classiques" ou de textes composés pour une circonstance donnée, sont généralement des chants d'amour, des descriptions de la nature, des ballades, des éloges, ainsi parfois que de longues épopées concacrée au héros Köroglu, troubadour errant, poète-aventurier du XVIe siècle. Né dans les montagnes du nord de l'Anatolie, on lui attribue toutes sortes d'aventures qui lui ont valu de devenir une figure légendaire de premier plan dans toute l'Asie centrale.
Les poèmes des âsik, accompagnés sur le luth à manche long saz, sont généralement chantés sur des mélodies-types appelées uzun hava (litt. airs longs). Comme leur nom l'indique, il s'agit de mélodies à l'origine non mesurées, dans lesquelles le phrasé n'est commandé que par l'inspiration et le souffle du chanteur. Ce style de chant, que l'on retrouve sous des formes assez comparables depuis l'Andalousie jusqu'en Mongolie (urtyn duu) en passant par les Balkans (longa hora), offre à l'interprète de multiples possibilités d'ornementation et d'improvisation. Dans la mesure où c'est la mélodie et non le rythme des mots qui commande le déroulement musical, le mètre poétique tend à se diluer, à éclater. De ce point de vue, le style musical des âsik, au demeurant très élaboré, se démarque nettement du style vocal de la musique savante turque. Contrairement au style savant qui se caractérise par une grande sobriété vocale, l'art très ornementé des âsik révèle une parenté plus immédiate avec les musiques mélismatiques d'Iran, d'Azerbaïdjan et du monde arabe.
Les formes poétiques utilisées par les âsik s'appuient généralement sur une structure en quatrains comprenant des vers de onze syllabes (kosma, türkü), de sept ou huit syllabes (destan, semaï). Chacune de ces formes traite de sujets bien spécifiques. Ainsi les kosma et les türkü se prêtent surtout au chants d'amour, aux descriptions de la nature, aux récits de combats et aux éloges; les destan sont des poèmes narratifs dont les sujets les apparentent au genre épique (exploits de Köroglu') ou au masnavi persan (amour de Layla et Majnun'); les semaï puisent dans le fonds culturel et historique des anciennes tribus turques. Il existe enfin des joutes poétiques ou mani improvisées par deux chanteurs. Dans la mesure où cette littérature est souvent orale, il est de tradition que les âsik signent leurs oeuvres en introduisant leur nom dans la dernière strophe du poème.

L'instrument: saz
L'instrument de prédilection des âsik est le luth à manche long baglama plus communément connu sous le nom de saz "l'instrument" ce qui indique une place éminente qu'il occupe dans la culture populaire de Turquie. Il est formé d'une caisse allongée sur laquelle est fixé un long manche garni de frettes. Les cordes, généralement au nombre de neuf, sont pincées toutes ensemble avec un plectre. De cette manière, les cordes graves sonnant à vide accompagnent en pédale la mélodie jouée sur les cordes aiguës. Le saz sert essentiellement à l'accompagnement du chant dont il suit fidèlement la mélodie et auquel il répond par de petites ritournelles. Il n'est pas rare non plus que les âsik l'utilisent pour jouer des improvisations sur les mélodies de leur répertoire vocal, en tentant de reproduire sur l'instrument les fioritures qui ornent habituellement leur chant.

Les interprètes
Müslüm Sümbül, né en 1940 à Sivas, fut dès l'âge de douze ans l'élève de Kangali Asik Ahmet Basher. Après avoir travaillé plusieurs années comme ouvrier puis comme employé de banque, il se fait connaître comme âsik dans un concours organisé en 1966 par Radio Ankara. Depuis lors il se consacre exclusivement à son art et participe, en plus de ses tournées régulières dans la région d'Ankara, à de nombreux festivals nationaux et internationaux. Ses poèmes profondément ancrés dans la réalité contemporaine chantent la tolérance, l'amour, la paix et le progrès scientifique dans la plus pure tradition artistique de ses prédécesseurs.
Mühlis Denizer est né en 1954 à Kars, dans l'est du pays. Venu s'établir à Ankara en 1968, il s'initie en autodidacte au jeu de saz et à la poésie, en suivant les concerts et les retransmissions radiophoniques de ses aînés. Sa poésie est surtout consacrée à l'éloge de son pays et de ses concitoyens. Il a participé à divers festivals nationaux, plusieurs émissions de radio et de télévision, et enregistré quatre albums sur cassettes.

Contributeurs

Origine géographique

Turquie

Mots-clés

Date (année)

1991

Cote MCM

MCM_1991_TR_S1

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Titre Localisation Date Type
Turquie. Âsik, poètes-chanteurs populaires. Photos Turquie 1991-03-26 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1991 1991