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Népal. Ache Lhamo, jeu de miracle tibétain de Swayambhou, Népal. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Népal. Ache Lhamo, jeu de miracle tibétain de Swayambhou, Népal. Spectacle

Date

1984-05-22

Date de fin

1984-05-30

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

22-30 mai 1984.
Lieu saint pour les bouddhistes, Swayambhou et son stupa de la Grande Chaitya accueille une fois tous les douze ans une importante manifestation religieuse, la fête de la Libération Parfaite, qui réunit plus de 60 000 fidèles. C'est à cette occasion qu'est représenté le Ache Lhamo. Ce théâtre musical, dansé et masqué enseigne les thèmes principaux du bouddhisme en s'appuyant sur des récits légendaires et édifiants, émaillés d'intermèdes comiques.

En sanskrit, le Mont Everest se nomme Sagarmata, (Mère des Océans ou celle qui de son front touche les cieux), en tibétain Chomolounga (Vénérable grand-mère du pays).
Si cette montagne reste une divinité locale mineure, elle oriente l'histoire secrète du Népal, et de la vallée de Kathmandou en particulier, autour de son monument le plus sacré : la grande Chaitya (ou stoupa) de Swayambhou (stoupa apparue spontanément).
C'est sur la plaine, au pied de la colline et de sa jungle sacrée, que se réunissent tous les douze ans, les Maîtres du Vajra et Sakya descendants directs du clan des Sakya (dont est issu Sakya-Mouni, le Bouddha) pour la célébration de la fête de la Libération Parfaite (Samyak-Sam-Bouddhae, ou Samek), qui se termine par un gigantesque pique-nique pour 60.000 personnes, au milieu des trésors des monastères, exposés publiquement. Sur cette même plaine, se déroulent les représentations du Jeu de miracle tibétain.

Swayambhou constitue donc un lieu saint, aussi bien pour les bouddhistes Newar, souche la plus ancienne des populations de la vallée, que pour les bouddhistes tibétains. Leurs lignées de transmission remontent aux mêmes maîtres, les Yogis aux Pouvoirs Miraculeux (Mahasiddha) de l'Inde. Ainsi, le Jeu de Miracle est un genre théâtral commun , avec toutefois cette différence que le théâtre Newar n'existe plus comme tradition vivante (seulement par les peintures et les manuscrits), alors que l'Ache Lhamo (ou Alché Lhamo) demeure lui, bien vivant, même après l'exil du pays d'origine, vers la terre népalaise, depuis toujours 'zone de paix'. L'Ache Lhamo est comparable aux Mystères des Passions de l'Europe médiévale. Il demeure dans la même ligne depuis Bouddha (VIe siècle av. J.C.) et les grands classiques du théâtre sanscrit Bouddhique (Asvaghosa Ie siècle; et Chandragomin VIe siècle). Le thème est toujours la souffrance, première des quatre Nobles Vérités de Bouddha. Sans renonciation, aucun moyen n'existe pour avancer sur le chemin de la Libération. C'est ce que développent les histoires des vies antérieures du Bouddha (Jataka), où se déroulent les actes héroïques (Avadana) du guerrier qui s'éveille (Bodhisattva). C'est de vie en vie que celui-ci se prépare à réaliser l'état de Bouddha. Grâce à un intercesseur, une fée, une déesse qui porte secours, Lhamo, le thème dévotionnel rebondit et passe dans un cycle différent. Le Jeu de Miracle comporte aussi des intermèdes ludiques et comiques qui interviennent entre les attitudes édifiantes de ce théâtre chanté, joué et dansé.

La forme purement tibétaine se compose de deux styles alternés qui correspondent à deux conceptions différentes du Bouddhisme (une austère, et un plus jovial proche des populations laïques). Plusieurs moines dont deux saints, saint Karmapa et un saint Dalaï Lama ont contribué aux compositions des mystères du Jeu de Miracle au Tibet. Ces deux styles se retrouvent dans la structure et la récitation du Jeu de Miracle. Le récit est 'chanté-dit' sur un rythme rapide, dans le style des bardes tibétains. Les chants plus lents s'approchent de la langue classique, peu éloignée de la tradition savante souvent monastique. Les intermèdes comiques (issus directement des gags philosophiques, lancés au cours de grand débats entre logiciens de la culture sanscrite) dits en argot, feraient rougir plus d'un occidental. Ces intermèdes, les Kali-Youga ramènent les spectateurs immédiatement à des situation concrètes du XXe siècle. Les instruments de musique constituent un ensemble de percussions tambours, grandes claquettes de bois, cymbales, clochettes. Les costumes rappellent ceux de tous les jours (très brillants) sauf pour les costumes-masques dans lesquels plusieurs acteurs s'insèrent en même temps. Un Yak énorme voisine avec des sortes de chevaux-jupons. Les masques des acteurs sont en tissu comportant des incrustations d'autres matériaux (cuirs, ficelles, tissus de récupération, boutons, etc'). Ils sont plats et se posent soit sur le visage, soit sur le front.

L'oeuvre présentée se nomme Drowa Sangmo
Un roi déjà marié tombe amoureux de la fée céleste Drowa Sangmo venue s'incarner sur la terre. Il l'épouse et elle met au monde 2 enfants. La première reine souffre d'une grande jalousie et rend la vie impossible à la jeune reine qui retourne au ciel ; mais elle promet d'intervenir de là pour sauvegarder ses enfants chaque fois qu'ils se trouveront en péril. La méchante reine prend le pouvoir et prépare un breuvage magique qui plonge le roi dans la folie. Elle charge alors deux chasseurs et deux pêcheurs d'emmener les enfants hors du palais et de les tuer dans la forêt.
Les gardiens, d'abord brutaux, finissent par ressentir de la pitié pour les deux enfants. Ils les laissent s'enfuir persuadés que les animaux sauvages feront la besogne. Dans la forêt, une suite d'aventures terrifient les enfants livrés à eux-mêmes. Plus tard, ils doivent traverser des champs de crémation macabres. Ils se sentent, en outre, poursuivis par la méchante reine qui sait maintenant qu'ils ont survécu. Elle parvient à s'emparer du petit prince et le fait jeter d'un pic dans un torrent profond. Sa mère céleste, la fée Drowa Sangmo le sauve sous la forme de l'aigle Garuda. Le prince, seul désormais, arrive dans un royaume voisin, où le peuple le proclame roi.
Après des mois d'errance, la princesse arrive dans le même royaume et vient mendier sous les fenêtres du palais. Soudain, elle reconnaît son frère qu'elle croyait mort au fond du ravin. La méchante reine qui vient de retrouver leurs traces survient, accompagnée par un magicien noir qui l'assiste. Le prince se bat contre eux et les tue. Drowa Sangmo apparaît ici comme l'équivalent de Arya Tara, la 'Mère pleine de compassion qui sauve des huit terreurs'.

D'après les notes d'Hubert Decleer, Director of the Tibetan Studies Program of the School for International Training, , Brattleboro, Vermont U.S.A.

Origine géographique

Népal

Mots-clés

Date (année)

1984

Cote MCM

MCM_1984_NP_S1

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Titre Localisation Date Type
Saison 1984 1984