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Inde. Sufiana kalam du Cachemire. Spectacle

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Évènement

Titre

Inde. Sufiana kalam du Cachemire. Spectacle

Date

2016-11-26

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Les vallées du Cachemire se sont ouvertes au XIIIe siècle à plusieurs confréries soufies de Perse et d’Asie centrale. Au XVe siècle, le sage Nureddin Nurani, mystique musulman ouvert au bouddhisme et à l’hindouisme, fonde une nouvelle confrérie dans la vallée de Srinagar, la rishiyya. Son mausolée à Charar-i-Sharif va devenir un grand centre du soufisme cachemirien où l’on peut goûter, lors des assemblées mystiques, une musique particulière, discrète et élégante, conçue pour le recueillement et la méditation : le sufiana kalam.
De l’avis des connaisseurs, le sufiana kalam est la musique classique du Cachemire. C’est en tout cas un art savant dont la tradition remonte au moins au XVIIIe siècle au confluent des influences indienne et persane. Sufiana kalam signifie littéralement « parole soufie ». Il s’agit de suites de chants accompagnés par les instruments, destinées aux élites urbaines de la vallée de Srinagar.
Le sufiana kalam est joué lors de longues soirées appelées mehfil, au cours desquelles un maître spirituel et ses disciples se réunissent pour méditer sur le sens d’un ou plusieurs poèmes tout en se laissant envoûter par la beauté des voix et des instruments. La musique du sufiana kalam repose sur deux composantes essentielle : le mode mélodique appelé muqam ou maqam, et le cycle rythmique tala qui en détermine la métrique. À l’instar de la musique classique persane, ces muqam, au nombre de cinquante-quatre, se répartissent en modes principaux et modes dérivés ou shoba. Et tout comme les raga de l’Inde du nord, ils sont assignés à une heure particulière du jour ou de la nuit. Ils sont également classés selon les cinq éléments (feu, air, terre, eau, ether), les constellations du zodiaque et les prophètes mentionnés dans le Coran. Enfin, certains sont réputés avoir des vertus thérapeutiques notamment pour les maladies cardiaques, les cas de paralysie, etc. Ils sont aussi associés symboliquement à des cris d’animaux.

Répertoire

Les tala (cycles rythmiques) sont au nombre de quatorze. Les principaux sont turki zarb à 5 temps, chapandaz à 6 temps, fakhra zarb à 7 temps, doyeka à 8 et 16 temps, yekatala à 12 temps (3 x 4 ), setala à 12 temps (4 x 3 ) et duroya à 14 temps. Certains tala sont hétérochrones, c’est-à-dire que les temps qui les composent sont d’inégale durée, et produisent un effet d’« élasticité » susceptible d’induire une certaine tension, un état d’instabilité dans l’état de conscience des auditeurs en quête d’extase mystique.
Ces muqam et ces tala servent à organiser le répertoire en suites vocales et instrumentales, également appelées muqam et dont la forme et le contenu varie selon l’occasion, l’attente des auditeurs, l’intention des interprètes, voire des considérations astrologiques. C’est pourquoi les musiciens ne décident jamais à l’avance le répertoire qu’ils vont interpréter, tout au plus savent-ils quel mode ils joueront.
La durée d’une suite est donc variable, tout comme le nombre des parties qui la composent. Elle commence par un shakl, prélude instrumental non mesuré qui expose les caractéristiques tonales et mélodiques du muqam. Suivent plusieurs poèmes chantés, tous interprétés dans le même mode, mais assignés chacun à une composition mélodique et un rythme distincts. Chaque composition comporte plusieurs sections : zamin dans le registre medium, baeth dans l’aigu, et parfois sanjari puis abhog. Dans certaines compositions appelées tellana, les paroles peuvent être remplacées par des syllabes dépourvues de sens comme les tarana de la musique hindoustanie ou les tillana de la musique carnatique.
Le répertoire poétique est d’une grande richesse et emprunte à diverses langues : urdu, hindi, penjabi, mais les langues principales sont le persan et le kashmiri. Ces poèmes manient le symbolisme avec un art consommé et peuvent être interprétés à plusieurs niveaux, notamment romantique, érotique et mystique. On y retrouve pratiquement tous les grands poètes persans : Hafez, Roumi, Saadi, Omar Khayyam, Nizami…, ainsi que des poètes cachemiriens comme Mahmud Gami, Ya’qub Sarfi, Iqbal, Nasir ad-Din et la poétesse Habba Khatun. Le sufiana kalam est une musique d’ensemble où les musiciens sont à la fois chanteurs et instrumentistes. D’une grande sobriété, les voix et les instruments déploient leurs mélodies à l’unisson avec juste ce qu’il faut de variations hétérophoniques pour conférer une « épaisseur » aux lignes mélodiques qui renforce le pouvoir évocateur des paroles. On est en présence d’une esthétique radicalement opposée à celle du qawwali, quand bien même le but de ces deux genres musicaux est le même : pénétrer par le coeur, les sens et l’intelligence la richesse sémantique de grands poèmes mystiques.
Les musiciens sont issus d’une longue chaîne de transmission orale et familiale. Les instruments, très marqués par l’influence persane, sont la cithare à cordes frappées santur, le luth à manche long setar, la vièle à pique saz-e-kashmiri et le tabla hindoustani appelé ici dokra. Hormis la percussion, tous ces instruments sont des avatars d’instruments persans qui ont subi des transformations sous l’influence de la culture indienne.
Aujourd’hui, la survie du sufiana kalam est fortement mise à mal par la situation sociale, politique et économique du Cachemire. Les musiciens sont rarement invités à la radio, peu aidés par le gouvernement et les pressions des milieux fondamentalistes, hostiles à la musique, même sacrée, se font sentir. Cette musique paraît donc vouée à demeurer ce qu’elle est : un art discret, méditatif, à forte connotation spirituelle, indissociablement lié à l’environnement mystique du mehfil et du soufisme cachemirien. Et c’est dans cet esprit que les Saznawaz Brothers préservent cet art.
Les Saznawaz Brothers sont les fils et petits-fils du dernier grand maître de sufiana kalam, Ustad Ghulam Mohammad Saznawaz, décédé le 13 février 2014 à l’âge de 74 ans. Issus d’une lignée de sept générations de musiciens dont l’ancêtre serait venu d’Iran ou d’Afghanistan, ces musiciens sont les derniers au Cachemire à privilégier la pratique de cette musique dans le cadre du mehfil et à la vivre comme le par tage d’une expérience spirituelle.

Programme détaillé

25/11 Suite vocale et instrumentale Muqam-e SEGAH.
Le mode Segah, est un dérivé (shoba) du muqam Hijaz. Il est joué dans la deuxième partie de la nuit. Il est associé au glapissement du renard et passe pour guérir les désordres intestinaux.

26/11 Suite vocale et instrumentale Muqam-e GABRI.
Le mode Gabri, appelé aussi Hisar, est un autre dérivé (shoba) du muqam Hijaz. Il est joué après le coucher du soleil et on l’associe symboliquement au coassement de la grenouille.

Présentation des artistes

Shabir Ahmad Saznawaz, chant et santur
Mushtaq Ahmad Saznawaz, chant et saz-e-kashmiri
Kaiser Mushtaq Saznawaz, chant et setar
Manzoor ul Haq Saznawaz , chant et setar
Mohammad Rafiq Sazander, dokra

Auteur du programme

Musiciens

Origine géographique

Inde

Date (année)

2016

Cote MCM

MCM_2016_IN_S3

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