Ressource précédente
Ressource suivante

Sri Lanka. Le Kolam de Sri Lanka, théâtre traditionnel dansé et masqué. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Sri Lanka. Le Kolam de Sri Lanka, théâtre traditionnel dansé et masqué. Spectacle

Date

1991-11-05

Date de fin

1991-11-14

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

5-10 et 13-14 novembre 1991.
Le kolam, théâtre populaire cinghalais se caractérise par son accent à la fois séculaire et sacré et par la très large utilisation de masques.
Mêlant les éléments rituels aux commentaires satiriques sur les institutions sociales et les personnalités d'une communauté, le Kolam se situe dans un équilibre hésitant entre différentes conventions théâtrales. Il prolonge la phase de transition entre la représentativité du théâtre symbolique et l'évolution vers un théâtre populaire.
Les origines rituelles du Kolam apparaissent dans le cadre d'un récit basé sur les traces résiduelles du rite de grossesse. Selon l'histoire, les reines attendant un enfant devaient assister à ces danses masquées d'exorcisme (appelées plus tard Kolam ou "bouffonneries") pour s'assurer l'aide et la protection des êtres supra-naturels jusqu'à la période de l'accouchement.
A cause des antécédents cérémoniels et des occasions de ses manifestations, le Kolam, aujourd'hui existe encore dans un contexte traditionnel. Tandis que les démons et les êtres mythiques continuent de figurer dans le spectacle, la tendance actuelle consiste à augmenter l'importance des figures humaines populaires et triviales, placées dans des situations dramatiques nouvelles. Aujourd'hui, tel qu'il évolue, le Kolam tend à minimiser le sacré pour devenir un divertissement.

De même que les autres formes de théâtre populaire de Sri Lanka, le Kolam s'appuie sur la danse, le chant, les récitatifs, les dialogues et la musique. L'originalité du Kolam réside dans l'emploi du masque.
Les masques du Kolam, considérés comme objets, sont des oeuvres d'art dans le domaine de la sculpture sur bois polychrome. La sculpture fouillée et la juxtaposition des couleurs concourent à faire de ces masques des supports puissants de théâtre. Cependant leur utilisation aujourd'hui pose certains problèmes. Ce sont des masques pleins, qui couvrent entièrement la face et une partie du crâne, avec des ouvertures toutes petites pour la bouche, qui ne permettent quasiment pas à la voix du porteur de se projeter de manière intelligible. Cette morphologie permettrait de supposer que les Kolam d'origine se passaient de dialogues et que les acteurs masqués mimaient une action contée par un récitant non masqué soutenu par les tambours.
Cependant, il est important de souligner que dans les Kolam d'aujourd'hui, les sons inarticulés qui sortent de la bouche des danseurs masqués sont souvent prétextes à situations comiques, à cause des contresens volontairement ou involontairement provoqués.

Le style de danse exécutée dans le Kolam appartient au "Bas-Pays" (Law Country) et représente une tradition de Sri Lanka. Plus vigoureuses et athlétiques que les danses de Kandy, les danses deu "Bas-Pays" ont l'avantage de bien s'adapter au mime et d'avoir un vocabulaire riche qui convient au Kolam.
Comme beaucoup de théâtres populaires, le Kolam est construit par épisodes. Le fil conducteur qui lie les scènes entre elles doit paraître clair aux yeux du public. Pourtant, les séquences se succèdent dans une sorte de progression bien que le lien puisse sembler très faible.

Un Kolam traditionnel se divise en quatre parties.
-Ouverture solennelle marquée par des invocations et des actions rituelles, cours de laquelle un acteur, au visage nu, se joint aux percussionnistes et au joueur de haranava (hautbois à six trous), et se livre à une invocation à la fois chantée et gestuelle. Cette incantation est suivie par un récit de l'histoire du Kolam présenté.
-Présentation des personnages : une sorte de galerie de portraits vivants qui donne au spectacle le ton satirique ainsi que la substance sociale. La succession de personnages fonctionne aussi de manière à préparer l'entrée du roi et de la reine. Les mêmes personnages se livrant à des danses joyeuses et à des actions de dérision, créent un climat comique.
Des danseurs portant des masques comiques ou grotesques (mâchoire édentée, yeux globuleux, regard torve, visage tordu...) font un récit mimé de l'histoire de personnages connus : le crieur du roi en état d'ivresse, la vieille femme, les soldats, le laveur de linge, les mendiants, deux ours, un négociant noir, une femme enceinte, l'idiot du village...
- Entrée du roi et de la reine et de leur suite imposante. Les couronnes et les somptueux masques de ces personnages sont si encombrants que ceux-ci ne peuvent danser. Ils s'installent immobiles au centre de l'aire de jeu (traditionnellement en plein air) et regardent le spectacle. C'est ainsi que d'autres figurent doivent danser pour leur plaisir. Toute une file de personnages - animaux, humains, êtres surnaturels, démons, créatures mythiques - apparaissent et montrent leurs prouesses de danseurs.
- l'Acte final du Kolam, expose par le jeu théâtral, la danse, le chant et le mime, un drame indépendant tiré, en général, de la littérature religieuse (bouddhiste ou hindouiste) ou du répertoire traditionnel. Il n'existe que deux drames mythiques dans le kolam : l'histoire du Roi et de la Reine-oiseau et l'histoire du Prince Manamé.
' Histoire du Prince Manamé. Un prince cinghalais termine ses études en Inde. Il va prendre congé de son guru et lui demande la main de sa fille dont il est secrètement amoureux depuis longtemps. Le guru la lui accorde. Le jeune couple traverse une jungle et se perd. Survient alors une troupe de brigands. Le prince propose un duel au chef des brigands pour tenter de mettre son escorte hors de danger. Les deux hommes se battent en exécutant les pas de l'art martial traditionnel cinghalais, le kadu haraba. L'épée du prince se trouve projetée hors de sa main, alors qu'il maintient à terre le chef des brigands. "Ramasse mon épée et donne-la moi !" dit le prince à son épouse. Celle-ci ramasse l'épée et la tend au chef des brigands, en lui déclarant l'amour qui la brûle depuis le premier regard échangé. Le brigand tue le prince, prend le bijou de la princesse et s'écrie "Va-t-en, jeune femme ! Je ne veux ni de ton inconstance ni de toi !"
Le Kolam se termine par une frénétique bénédictions dansée par les Gara Yaka ou démons bienfaisants, , aux lourds masques monstrueux dont le rôle consiste à purifier la région et à placer tous les participants et spectateurs sous de bons auspices.

Traditionnellement jouée par des hommes, le Kolam dure une nuit toute entière et parfois se déroule au cours de plusieurs nuits successives.
Dans la préparation de cette version réduite du Kolam pour la Maison des Cultures du Monde et le cycle "Aux confins de l'Asie" à Paris, un grand soin a été apporté pour préserver l'esprit de cette expression.
Comprimer en quatre vingt dix minutes environ un drame d'une nuit entière et les projeter sur une scène aux lumières électriques a nécessité des coupes sombres. Seul l'essentiel subsisté. Néanmoins, et en dépit de l'inévitable écart entre les représentations en France et à Sri Lanka, le mode et l'ambiance de cette présentation ont été préservés et pourront donner un perçu significatif d'un Kolam traditionnel dans son milieu.
A.J. Gunawardana.

La Maison des Cultures du Monde et l'Institut des Etudes Esthétiques de l'Université de Kelaniya remercie Claude Bérengier (Ambassade de France) et Madame Nathalie Jugnet pour leur participation à la préparation de ce Kolam.

Notes additionnelles:
Le kolam, forme à la fois populaire et sacrée est un syncrétisme entre l'animisme local et les grandes traditions rituelles et dansées de l'Inde du sud. Il semble que le kolam soit proche du Teyyam du Kerala, par la danse et la représentation des figures mythiques ou démoniaques, du Yakshagana du Karnataka par le symbolisme des coiffures et la seule musique de percussion et du Kali-Attam du Tamil Nadu par les masques de bois à la beauté somptueuse et baroque. Les formes originelles du chamanisme de l'Inde du sud et de Sri Lanka paraissent similaires.
Il s'agit cependant d'une forme typiquement cinghalaise, qui garde encore ses fonctions dans une aire géographique très réduite et qui montre la force manifestée, autrefois, par la culture de Sri Lanka.

Contributeurs

Origine géographique

Sri Lanka

Mots-clés

Date (année)

1991

Cote MCM

MCM_1991_LK_S1

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Sri Lanka. Le Kolam de Sri Lanka, théâtre traditionnel dansé et masqué. Photos Sri Lanka 1991-11-05 Photo numérique
Sri Lanka. Le Kolam de Sri Lanka, théâtre traditionnel dansé et masqué. Affiche Sri Lanka 1991-11-05 Affiche
Titre Localisation Date Type
Saison 1991 1991