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Corée. Pongsan t'alchum. Théâtre dansé et masqué. Spectacle

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Évènement

Titre

Corée. Pongsan t'alchum. Théâtre dansé et masqué. Spectacle

Date

1993-04-16

Date de fin

1993-04-18

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Danse

Description de la pratique

16-18 avril 1993.

Le pongsan permet de dénoncer les abus d'une société hiérarchisée grâce à des personnages caricaturés. Comme chez Molière la noblesse et le clergé sont ridiculisés alors que le peuple sort vainqueur. Rire assuré pour ce spectacle qui associe le chant, la danse, et les dialogues.
Originaire de la petite ville de Pongsan au nord-ouest du pays, le pongsan t'alchum est aujourd'hui l'une des dernières formes encore vivantes de théâtre populaire masqué et dansé tel qu'il se pratiquait autrefois dans toute la péninsule coréenne.
Initialement joué lors de la commémoration de l'anniversaire de Bouddha puis lors de la fête annuelle de Tano, véritable rituel afin de rendre grâce pour l'abondance des récoltes et d'empêcher les mauvais esprits de pénétrer sur le territoire du village, le pongsan devint grâce à son succès le spectacle emblématique de la région, celui que l'on présentait aux missions diplomatiques chinoises en route pour Séoul lorsqu'elles faisaient étape à Pongsan.
Cette danse masquée, mêlant à la fois le chant, les dialogues, permet d'exprimer des critiques vis-à-vis de la hiérarchie ecclésiastique bouddhique et de dénoncer ses abus. La critique se décèle aussi au niveau social. Dans la société coréenne autrefois très hiérarchisée, les nobles, les grands bourgeois, les officiers et les gouverneurs sont mis au pilori par le rire. Les maris volages, les femmes infidèles, les prostituées de la même manière se trouvent dénoncés. La dualité se concrétise dans les mouvements de la danse. Il semble que dans cette chorégraphie lente et hiératique d'un côté, caricaturale et comique de l'autre, le corps même du danseur soit partagé en deux.
Le pongsan présente une succession de sept saynètes satiriques jouées par des masques aux couleurs vives :

-Danses des quatre jeunes moines.
Quatre jeunes moines invoquent les divinités en s'inclinant aux quatre points cardinaux.

-Les huit moines bouddhistes.
Episode déclamé, chanté et dansé. Les huit bonzes se lamentent sur leur sort et expliquent l'erreur qu'ils ont commise en choisissant la vie monastique, se privant ainsi des doux plaisirs de la vie.

-La danse et les chants de la Sadang et des Kosa
Une jeune danseuse sadang est poursuivie par un amuseur itinérant. Ce dernier est bien vite chassé par ses six compagnons qui se joignent à la jeune fille dans un chant d'amour.

-Le cycle du vieux prêtre
Le quatrième épisode se divise en trois scènes dans lesquelles on se gausse de la bêtise d'un vieux prêtre.
1. Le vieux prêtre et la jeune chamane.
Le vieux prêtre séduit par une jeune chamane se couvre de ridicule.
2. Le cordonnier
Essayant de vendre des sandales au vieux prêtre et à la jeune chamane, un marchand matois découvre en fouillant dans son sac que l'on a remplacé les sandales par un petit singe. Tirant néanmoins parti de la situation, il utilise les services du singe pour parvenir à ses fins et ridiculiser le prêtre.
3. Le libertin
Un libertin enlève la jeune chamane au vieillard et lui fait un enfant. Mais la jeune femme abandonne le bébé au père qui, transformé par sa paternité et rempli de fierté par son rejeton, décide de lui enseigner l'alphabet coréen et les classiques chinois.

-La danse du lion
Au cinquième épisode, un lion sème la terreur dans un groupe de moines, et menace de les dévorer. Seul un jeune moine-palefrenier tient tête à l'animal et lui explique que le libertin repenti a également amené les moines à résipiscence. Convaincu, le lion et le jeune moine entament une danse de réjouissances.

-Nobles et valet
Le valet Maltuggi, sorte de Scapin, ridiculise un groupe de jeunes aristocrates à force de remarques et de sous-entendus et les vainc lors d'une joute poétique.

-Le vieux couple
La vieille Miyal qui cherche son mari demande à un musicien ambulant s'il l'a vu, et elle le décrit dans toute sa laideur. Un peu plus tard, le mari qui cherche sa femme s'adresse au même musicien et lui en fait une description guère plus flatteuse. Enfin le couple une fois réuni, la concubine du mari entre en dansant. Fureur de la vieille épouse qui se jette sur l'intruse. Finalement Miyal décide de se séparer de son mari. Mais il s'ensuit une nouvelle querelle pour le partage des biens et Miyal est tuée. L'épisode s'achève par un rite chamanique de funérailles.

-Epilogue
Il est de tradition qu'à la fin du pongsan tous les masques des acteurs soient jetés au feu, le rite d'exorcisme est ainsi parachevé.

Comme on le voit, l'action dramatique met en évidence divers aspects de la philosophie au quotidien des paysans coréens : satire du monde des exploiteurs, religieux et nobles, autant d'idiots bénéficiant de privilèges immérités, mais aussi une certaine forme d'auto-critique vis-à-vis de ceux qui ne respectent pas les règles tacites de la société rurale.

Musique
Le pongsan fait appel à l'ensemble instrumental samhyon yukkak composé de 2 hautbois en bambou p'iri, une flûte traversière en bambou chottae, une vièle à deux cordes haegum, un tambour sablier à deux peaux lacées changgo, un tambour tonneau à deux peaux puk, et un petit gong kkwaenggwari.
Cet ensemble accompagne les danses sur des rythmes généralement ternaires :
-Le rythme yombul à 6 temps (utilisé aussi pour la cantillation des prières bouddhiques)
-Les rythmes t'aryong et kutkori à 12 temps ( qui réfèrent à la culture chamanique)

Danse
La danse obéit à des règles chorégraphiques définies essentiellement à partir des mouvements des mains et des bras :
oe-sawi, les mains encerclent la tête
kop-sawi, les mains encerclent le visage puis sont envoyées en bas derrière la tête
kkaekkich'um, mouvement caractéristique de la danse du lion, les mains encerclent la tête puis la main droite est placée à hauteur de l'épaule dans un mouvement de vague
Le valet Maltuggi tient un épi de blé devant lui avec lequel il décrit de larges cercles
La danse de la vieille Miyal reproduit de manière stylisée la démarche dandinante d'une femme âgée.

Masques
Les masques réalisés en papier mâché et destinés à être détruits à la fin de la représentation sont au nombre de 26.
De par leur formes typées et leurs couleurs violentes et tranchées dans lesquelles dominent le rouge, le blanc et le noir, ils accentuent le caractère grotesque des personnages.

Costumes
Jusque dans les années vingt, les costumes étaient prêtés par les chamanes et fort appréciés des acteurs et du public en raison de leurs superbes couleurs. Par exemple, la tunique portée par-dessus le froc des moines bouddhistes se partage en deux moitiés, bleu à gauche et rouge à droite, avec des manches vertes se terminant par des bandes jaunes, bleues et bleu-nuit.

Origine géographique

Corée

Mots-clés

Date (année)

1993

Cote MCM

MCM_1993_KR_S5

Ressources liées

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Titre Localisation Date Type
Corée. Pongsan t'alchum. Ensemble instrumental Samhyon yukkak. Photos Corée 1993-04-16 Photo numérique
Corée. Pongsan t'alchum. Le vieux couple. Photos Corée 1993-04-16 Photo numérique
Corée. Pongsan t'alchum. Nobles et valet. Photos Corée 1993-04-16 Photo numérique
Corée. Pongsan t'alchum. La danse du lion. Photos Corée 1993-04-16 Photo numérique
Corée. Pongsan t'alchum. Le cycle du vieux prêtre. Photos Corée 1993-04-16 Photo numérique
Corée. Pongsan t'alchum. Les huit moines bouddhistes. La danse et les chants de la Sadang et des Kosa. Photos Corée 1993-04-16 Photo numérique
Corée. Pongsan t'alchum. Danses des quatre jeunes moines. Photos Corée 1993-04-16 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1993 1993