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Corée. La nuit du p'ansori. Spectacle

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Évènement

Titre

Corée. La nuit du p'ansori. Spectacle

Sous-titre

Jeon Jeong-min, chant; Jeon Kyung-chun, tambour puk

Date

2001-04-06

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

6 avril 2001
première partie : Hûngboga
deuxième partie : Sugungka
avec surtitrage en français

LE P'ANSORI est un long drame chanté et déclamé par un acteur-chanteur et ponctué par un tambour; d'où le nom d'opéra à un seul acteur qui lui fut donné par certains spécialistes occidentaux.
La beauté du p'ansori repose sur l'économie des moyens scéniques. Au centre d'une natte, l'acteur-chanteur (homme ou femme) à l'aide de son seul éventail et parfois d'un mouchoir met en scène toutes les situations d'un mélodrame édifiant, dans lequel se mêlent l'émotion, le tragique, mais aussi l'humour et la satire.
L'éventail est alors tour à tour bâton, cheval, lettre, coupe d'eau, ombrelle, palanquin, montagne, rivière...
Face au chanteur, attentif à ses moindres gestes, à ses plus petites inflexions vocales, le joueur de tambour-tonneau puk, assis en tailleur devant son instrument, participe à la mise en musique et en sons du récit.
Vieille de trois siècles environ, la tradition du p'ansori puise ses sources dans le répertoire des bardes kwangdae, acteurs-chanteurs ambulants qui pouvaient également assister musicalement un chamane dans les rites de kut. Accueilli dans les milieux lettrés, aristocratiques puis de cour, le p'ansori devient vers la fin du XVIIIe siècle un art d'un grand raffinement.
«Celui qui prétend chanter le p'ansori doit satisfaire quatre exigences : les traits (présence), la beauté de la narration, la perfection de la voix, la précision du geste». La formation commence généralement avant l'adolescence et comprend deux périodes.
Pendant la première période, le débutant assimile auprès d'un maître les techniques de base et mémorise le répertoire. La seconde est une période de retraite au cours de laquelle il doit chanter des heures durant afin de développer son souffle et ces qualités vocales très particulières qui définissent le style du kwangdae : chongusong, la voix claire ; cholsong, la voix coupante ; pisong, la voix nasale ; palbalsong, la voix de fausset ; surisong, la voix rauque.
L'autre qualité essentielle est la présence. En effet, dès l'instant où le chanteur doit incarner tous les personnages, il lui faut être capable de passer de l'un à l'autre avec habileté et grâce en exploitant toutes les ressources qui lui sont données :
le chant sori, la parole aniri et le geste pallim. L'acteur dispose en outre d'une relative liberté d'interprétation qui l'autorise à remanier le récit en cours de présentation en fonction de son style, de son auditoire ou de son humeur. Le chanteur peut omettre des passages, s'étendre sur des descriptions, modifier l'ordre des séquences ou rajouter des épisodes.
Le rôle du joueur de tambour puk est fondamental. Il encourage l'acteur-chanteur par ses cris et de courtes répliques, il rythme le chant et la déclamation et assure le bruitage et la ponctuation des événements dramatiques qui nous sont contés.
Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, le répertoire comptait douze p'ansori. Aujourd'hui il n'en subsiste que six dont seulement cinq sont chantés. Les thèmes des récits,
issus du fonds populaire, exaltent les vertus morales telles que l'amour filial, la fidélité, la piété, le respect de l'autorité et le sens du devoir, mais en même temps introduisent, au second degré, des éléments de critique sociale. Comme dans toutes les expressions vivantes coréennes, l'histoire est interprétée en une suite d'épisodes faisant intervenir l'émotion, le sens du drame, la colère, le tragique ou la terreur, mais aussi le sourire humoristique et la satire .
La musique se caractérise par une structure modale fondée sur différentes échelles musicales et divers cycles rythmiques.
Les modes sont :
' kyemoyonjo, mode de la tristesse et du deuil ;
' ujo, mode lyrique emprunté à la musique vocale aristocratique ;
' pyongjo, utilisé dans les descriptions et pour camper une atmosphère paisible ;
' kyongdurum, mode exprimant des sentiments comme la joie ou la colère ;
' sallongje, mode de l'appel, proche du cri ;
' chuchonmok, mode emphatique ;
' sokhwaje, mode de l'apaisement.
Les principaux cycles rythmiques sont :
' chinyang, lyrique, cycle de 24 temps composé de quatre mesures de 6 temps ;
' chungmori, lyrique, cycle de 12 temps avec accent sur le neuvième temps ;
' chungjungmori, joie ou chagrin, cycle de 12 temps plus rapide que le précédent ;
' chajunmori, violence et agitation, cycle rapide de 4 temps ;
' hwimori, rapidité et suspense, rythme rapide à 4 temps ;
' onmori, mystère, cycle de 10 temps.

Hûngboga : le Dit de Hûngbo (durée 2 h)
Il était une fois deux frères : Hûngbo, le cadet, et Nolbo, l'aîné. Ce dernier était égoïste et méchant. Lassé de subvenir aux besoins de Hûngbo et de sa famille, il les chasse. Hûngbo se retrouve à la rue, ne sachant comment nourrir les siens. Un jour, un fonctionnaire lui propose pour quelques nyang de se faire bastonner à la place du gouverneur qui vient de se faire condamner pour corruption. Hûngbo accepte. Mais lorsque le lendemain il se présente sur le lieu du supplice, il apprend qu'un voisin s'est fait bastonner et a été payé à sa place. Il retourne demander de l'aide à son frère et à sa belle-s'ur qui le battent et le chassent. Un moine vient à passer qui demande la charité. Hûngbo ne pouvant rien pour lui, le moine l'emmène et lui dit où construire sa maison, lui prédisant la fortune. Hûngbo et sa famille s'installent et passent l'hiver à ne manger que de la neige. Arrive le printemps.
Des hirondelles font leur nid sur la maison. Mais un serpent attaque le nid et tue toutes les hirondelles. Seul en réchappe un bébé qui est tombé du nid et s'est cassé la patte. Hûngbo le soigne. Une fois guérie, l'hirondelle retourne au pays des oiseaux et raconte comment elle fut sauvée par Hûngbo. Comment le récompenser ?
Au printemps, elle repart pour la maison de Hûngbo, un pépin de courge dans le bec qu'elle laisse tomber à ses pieds. Hûngbo le ramasse, le plante, une courge surgit de terre et grandit. Arrive l'été, Hûngbo et sa famille ont si faim qu'ils décident d'ouvrir la courge et de la manger. Et voilà leur fortune faite. À l'intérieur de la courge il y a deux coffrets, l'un contient du riz, l'autre de l'argent. Mais sitôt qu'il a vidé un coffret, voilà qu'il s'emplit de nouveau'

ENTRACTE (30 mn)

Sugungka : le Dit du Palais sous la mer (durée 2h30)
Le roi Kwangi des Mers du Sud est tombé malade. Seul le foie d'un lapin pourrait le sauver. La tortue est envoyée sur terre pour ramener un lapin. En chemin elle rencontre divers animaux, échappe de justesse à la voracité d'un tigre et rencontre enfin le lapin ; elle parvient à le convaincre de la suivre en lui faisant croire que le royaume des mers est un paradis. À leur arrivée au palais, les soldats attrapent le lapin. Rusé, celui-ci fait croire au roi qu'on peut bien le tuer mais qu'on sera surpris car il n'a pas de foie ou plutôt que son foie n'est pas dans son corps et qu'il est resté sur le lieu de sa rencontre avec la tortue. Le roi s'excuse et l'invite à trinquer. Puis il renvoie le lapin et la tortue chercher le foie. Arrivés à terre le lapin se moque de la tortue et s'enfuit. Manque de chance, il se fait prendre au collet. Il fait le mort, les mouches le compissent. Des enfants surgissent et le voient : il est répugnant et il pue. Le croyant pourri, ils le décrochent et le jettent. À peine sauvé, voilà qu'il se fait attraper par un aigle. Mais lui aussi, il le roule. Finalement, le lapin s'en tire sain et sauf. Quant à la tortue, elle parvient, à force de soins, à guérir le roi.

Jeon Jeong-min
Jeon Jeong-Min a été l'élève du grand maître Pak Ch'owôl. Elle est, depuis 1979, membre de la Compagnie nationale de théâtre chanté. Elle reçoit le Prix du Président de la République lors de la dixième compétition nationale de musique en 1984, et en 1990, le Grand Prix de la Radio Télévision Coréenne.
Jeon Jeong-Min est membre de l'Association de la musique traditionnelle coréenne, elle enseigne à l'Université de Yongin et au Seoul Art College et elle est candidate au titre de Trésor National Vivant.

Jeon Kyung-chun
Jeon Kyung-Chun est âgé de 30 ans. Après avoir été diplômé de l'Université de Junjou (section de musique coréenne), il poursuit ses études dans le domaine du p'ansori, du puk et du daikun. En 1995, il reçoit le Grand Prix à la compétition nationale de Junjou et en 2000 il reçoit le Prix du Président de la République lors de la Compétition Nationale de Hainan.

La traduction des deux récits et le surtitrage ont été effectués par Han Yumi et Hervé Péjaudier dont les précédentes traductions d''uvres coréennes ont été couronnées par le Prix culturel France-Corée 2000.
Une traduction intégrale et annotée de Hûngboga est à la disposition du public à la sortie de la salle (prix : 50 F).

Le Festival de l'Imaginaire remercie Monsieur Kim Jeong-ok, président de la Fondation coréenne pour la culture et les arts, Monsieur Sohn Woo-hyun, directeur du Centre Culturel Coréen et Monsieur Georges Arsenijevic, conseiller technique au Centre Culturel Coréen.

Contributeurs

Origine géographique

Corée

Mots-clés

Date (année)

2001

Cote MCM

MCM_2001_KR_S1

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Titre Localisation Date Type
Corée. La nuit du p'ansori. Jeon Jeong-min, chant; Jeon Kyung-chun, tambour puk. Photos Corée 2001-04-06 Photo numérique
Corée. La nuit du p'ansori. Jeon Jeong-min, chant; Jeon Kyung-chun, tambour puk. Photos Corée 2001-04-06 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
5e Festival de l'Imaginaire 2001