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Chine. Xinjiang, Musiques ouïgoures de la tradition d'Ili. Spectacle

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Évènement

Titre

Chine. Xinjiang, Musiques ouïgoures de la tradition d'Ili. Spectacle

Date

2002-03-09

Date de fin

2002-03-10

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

9-10 mars 2002
Les Ouïgours constituent une des grandes et anciennes ethnies turques d'Asie Centrale. Aujourd'hui, ils vivent principalement au Xinjiang (Turkestan chinois), la plus vaste province de Chine, où ils côtoient d'autres minorités turques (Kazakhs, Ouzbeks, Kirghizes). Certains groupes ouïgours se trouvent également à l'ouest, au Kazakhstan, dans la vallée d'Ili, tandis qu'une importante diaspora s'est constituée dans différentes républiques voisines, en Kirghizie, en Ouzbékistan, en particulier pour échapper à la révolution culturelle chinoise. Les Ouïgours de la diaspora ont grandement contribué à préserver la musique ouïgour et ses textes originaux, à restaurer des répertoires endommagés par les réformes ou les modes nouvelles.
La musique ouïgour est rarement présentée en Europe, mais elle est de celles que l'on aime tout de suite. Sous ses différentes formes elle se présente comme une tradition à la fois sophistiquée et savante, mais aussi chaleureuse et stimulante et peu d'Ouïgours sont capables d'y résister.

Le répertoire
Le répertoire ouïgour varie selon les régions : le sud (Kashgar, Yarkend) est le foyer du Onikki muqâm, immense monument musical constitué de douze grandes suites dont l'organisation rappelle celle du Shash muqâm tadjik-ouzbek ou de la nûba arabo-andalouse.
Au nord (Ili, Kulja), en plus d'une version abrégée du Onikki muqâm, le répertoire est constitué de douze petites suites de chansons (Ili nakhshesi), dont les intonations portent plus nettement la marque de l'origine turco-mongole des Ouïgours et ne semble pas avoir subi d'influence moyen-orientale. Un autre genre très en faveur comprend des suites de danses dont le tempo s'accélère progressivement. Dans la tradition du Nord elles se jouent en duo de luths dotâr et tanbûr, éventuellement soutenus par la vièle ghijak, mais sans percussion.

Quelques traits de la musique ouïgoure
Le trait le plus frappant de cette tradition est la richesse modale et l'aisance des modulations.
Les mélodies, surtout dans le Onikki muqâm modulent fréquemment non seulement à l'intérieur du système heptatonique (gammes diatoniques, rappelant la
musique européenne médiévale), mais d'un système à l'autre, c'est-à-dire mélangeant des intonations disons moyen-orientales avec des éléments qui évoquent l'Extrême-
Orient. Il ne s'agit aucunement d'influence chinoise, mais d'éléments propres aux cultures d'Asie centrale. Dans le nord, les éléments pentatoniques sont plus présents.
Certains airs du Onikki muqâm de Kashgar, évoquent l'Inde ou le Cachemire.
Ce paysage modal porte la marque des différents peuples qui ont finit par constituer l'identité ouïgour: d'abord les Indo-Iraniens, les Tokhariens, puis les Proto-Turcs, enfin les Ouïgours proprement dits, descendant du nord (de la Mongolie) pour occuper le Xinjiang.
Les mélodies évoluent à grandes enjambées, comme dans les systèmes pentatoniques, de façon à couvrir rapidement plus d'une octave, ce qui constitue un des traits distinctifs avec le style ouzbek et tadjiks qui par ailleurs présentent des affinités avec celui des Ouïgours. À Ili, les rythmes sont couramment à 4 temps. Dans les mesures impaires les Ouïgours introduisent un groove subtil qui neutralise la pulsation et rend souvent superflu l'accompagnement d'instruments de percussion.
De fait, le dotâr à lui seul suffit à marquer le rythme, avec tous les monnayages, variations et dédoublements souhaitables. Dans la tradition d'Ili, la configuration idéale et suffisante est le chant, le dotâr et le tanbûr, un autre luth à très long manche. À ceux-ci peut se joindre la vièle ghijak, éventuellement le rawap, le chang (cymbalum) et la flûte traversière, à l'instar des formations kashgariennes.

Les instruments
Le dotâr (dont le nom signifie « deux cordes ») est un luth à long manche répandu, sous des formes différentes, depuis le Kurdistan jusqu'au Xinjiang, mais chaque peuple a adapté sa technique et sa sonorité selon ses besoins. En Asie Centrale il est toujours monté, comme par le passé, de cordes en soie accordées en quinte, quarte ou à l'unisson, tandis qu'au Turkménistan et au Khorâsân les cordes sont en métal.
Le dotâr ouïgour est le plus grand des instruments de cette famille, la longueur de corde vibrante atteignant 105 cm. Il est entièrement fait de bois de mûrier finement décoré d'incrustations d'os et de corne. Le dotâr est joué dans la musique populaire, pour l'accompagnement des chansons, aussi bien que dans le muqâm, en particulier dans l'école de Khotan. Comme tous les luths ouïgours, ses frettes donnent une échelle chromatique. Sous une forme légèrement moins grande, il est également répandu en Ouzbékistan et au Tadjikistan.
Le tanbûr ou luth à long manche appartient également à cette aire. La forme ouïgour est plus longue que les spécimens ouzbek, tadjik ou kashmiri, la corde vibrante atteignant 125 cm et couvrant deux octaves et demi. Les cinq cordes métalliques sont accordées Sol-Sol, Do1, Sol-Sol, la mélodie se joue seulement sur la double corde aiguë, les autres servant de bourdon. Comme dans les autres luths de cette famille, on les pince avec l'index muni d'un onglet.
Le ghijak est une vièle répandue dans toute l'Asie sous des noms et des formes variées.
Il s'agit là d'une vièle à pique dont la caisse est une sphère tronquée recouverte d'une peau de chèvre ou de poisson.
Dans la forme récemment répandue en Chine Populaire, le parchemin est tendu à l'intérieur de la caisse de résonance entre les deux hémisphères et soutient une âme en contact avec la table en bois. Les musiciens de la diaspora rejettent cette innovation qui défigure le timbre de l'instrument.

Les interprètes
Les artistes ouïgours invités au Festival de l'Imaginaire vivent aujourd'hui en Ouzbékistan, au Kirghizistan et dans le Turkestan chinois. Connus comme les meilleurs interprètes de la musique ouïgoure ils sont conduits par Abdulaziz Hashimov qui est originaire de Kulja (Turkestan chinois). Issu de la famille du grand musicien ouïgour Rozi Tanburi, Hashimov a grandi dans un milieu de mélomanes. Son père, un amateur de musique, possédait un atelier de vêtements. Les musiciens lui passaient des commandes et en échange il leur demandait de jouer. Ainsi parfois, les musiciens passaient des heures à jouer à l'atelier en présence du petit Abdulaziz.
À l'âge de 22 ans il abandonne ses études de médecine pour se consacrer exclusivement à la musique. Au cours de ces trois années d'études à Urumqi il rencontre les grands maîtres de la musique venus de Kashgar. Il s'installe à Tashkent dans les années 60 où il reçoit une formation musicologique poussée et commence à rassembler le répertoire classique ouïgour. Doté d'une fabuleuse mémoire, il chante et joue (au dutâr et tanbûr) tous les airs qu'il collecte depuis plus de trente ans. Il est le gardien de la science musicale ouïgour.
Jean During

avec Ayixianmuguli Muhemaiti, chant
Abdulaziz Hashimov, tanbûr
Aripjan Makhamatov, ghijak
Akram Hashimov, dutâr, dap
Abdurashid Nadirev, chant et dutâr
Abdughani Tokhtiev, tanbûr

PROGRAMME
1. Muqâm bashi Chargâh
introduction dans le mode Chargâh
2. Dastan et Marghul Oshaq
pièces vocales et instrumentales dans le mode Oshaq
3. Ili nakhshe : Jan Dustlar
cycle de chants d'Ili
4. Marghul Panjgâh
pièces instrumentales dans le mode Panjgâh
5. Ili nakhshe : Kocha Nakhshesi
cycle de chants d'Ili
6. Duo dans le mode Ajam
7. Dustlar'm aman
chant de Kashgar passé dans la tradition d'Ili
8. Solo de ghijak
9. Muqâm bashi Rokhsar' suivi d'une suite de chants de Kashgar
10. Ili sanam
chants à danser de la tradition d'Ili

Remerciements à Jean During, Omer Akakça, Chloé Drieu, Fairouz Nishanova.

Contributeurs

Origine géographique

Chine

Mots-clés

Date (année)

2002

Cote MCM

MCM_2002_CN_S1

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6e Festival de l'Imaginaire 2002