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Arabie Saoudite. Musique de Unayzah ancienne cité du Nadj Saudi Arabia Music of Unayazah an old city of the Nadj

Collection

Titre

Arabie Saoudite. Musique de Unayzah ancienne cité du Nadj Saudi Arabia Music of Unayazah an old city of the Nadj

Artistes

Type de document

Audio édité

Cote MCM

SA.W260087

Date de parution

1998

Origine géographique

Arabie Saoudite

Description

1. Sâmri
2. Hûtî
3. Nâqûz
4. Sâmrî tarq tawîl
5. Chant du tri du grain
6. Chant de sarclage

LES ENREGISTREMENTS
Les textes des six chants enregistrés pour ce disque sont des poèmes d’amour. Ce choix décidé par les musiciens est assez représentatif de la prédominance de cette thématique dans la poésie populaire arabe, sous ses multiples déclinaisons : le coup de foudre, l’amour impossible, la séparation des amants, la nostalgie, etc. En effet, dans une société où les unions matrimoniales sont régies par le système de parenté, le mariage arrangé et la priorité aux unions entre cousins parallèles patrilinéaires, cette quête d’un idéal inaccessible est de nature à inspirer les poètes ( ).
NOTA BENE : on a conservé dans les traductions la structure du vers en deux hémistiches car ce découpage joue un rôle déterminant dans l’exécution musicale.

j Sâmrî : Saqa sowab al-hayâ…
Poème de Muhammad bin Lacbun.
Le poète pleure sa femme qui est morte pendant son pèlerinage à la Mecque.

Une pluie généreuse a arrosé
une tombe sur les hauteurs du Hijâz.
Les parfums de lavande et de bukhturi s’y répandent,
tandis que paissent les jeunes gazelles
Et chantent les colombes esseulées ( )
à travers monts et vallons.
La prière de Dieu et sa grâce soient
sur celui qui a obtenu la miséricorde.
Cette femme chaste a évité les mauvais lieux
et les chemins du péché.
C’était une femme belle, inaccessible, sage,
imposante, de celles que l’on prend en exemple.
Sur sa joue, un grain de beauté,
comme une gravure sur un médaillon antique.
Les dix-huit chanteurs-tambourinaires sont agenouillés sur deux rangs se faisant face (groupe A et groupe B).
0’00” Le chant début par une exposition mélodique du premier hémistiche du premier vers, chantée dans un style très ornementé par le chef du sâmrî.
0’17” Elle est ensuite reprise a cappella par le groupe A.
0’34” puis par le groupe B.

0’49” À la reprise suivante de ce premier hémistiche, les chanteurs du groupe A attaquent aux tambours un rythme aksak (boîteux) à 5/8 ; la ligne mélodique, commandée par le rythme, se simplifie.

1’02” Le même texte est repris par les chanteurs du groupe B, toujours accompagnés par les tambours du groupe A sur le même cycle rythmique.
1’14” Le mouvement s’inverse. Les chanteurs du groupe A reprennent la mélodie, sur le second hémistiche, accompagnés par les tambours du groupe B, mais cette fois-ci sur un rythme à 6/4, ce qui impose au chant un aménagement rythmique.

Les tambourinaires du groupe A exécutent alors, avec leurs instruments, une danse agenouillée, ponctuant certains de leurs mouvements en se joignant au rythme frappé par le groupe B (1’32”, 1’55”, etc.), tandis que l’un d’entre eux lance de temps à autre des exhortations (2’14”). Le chant se poursuit ainsi, alternant entre les deux groupes, le rythme toujours frappé par le groupe B, tandis que dansent les tambourinaires du groupe A. Chaque hémistiche du poème est ainsi répété six fois, dans l’ordre suivant : A-B-A-B-A-B.
8’39” La danse s’interrompt, et les tambourinaires du groupe A se joignent à ceux du groupe B. Ce « pont » musical prépare l’inversion des rôles qui va suivre.
8’52” Le mouvement s’inverse donc, le groupe A frappant le rythme et le groupe B exécutant la danse aux tambours.
15’33” Amorçant la conclusion du chant, le groupe A se met à frapper tous les temps du rythme.
Ce sâmrî se construit donc selon un ensemble d’oppositions binaires qui affectent tous ses éléments constitutifs : poétique (vers à deux hémistiches), spatial (deux demi-chœurs face à face), musical (alternance des demi-chœurs, rythme impair/rythme pair), chorégraphique (rythme/danse), dans un vaste schéma d’emboîtements successifs que l’on pourrait reproduire comme suit :

k Hûtî : ’Amshî fî sûq…
Anonyme

Hier dans le souk, une gazelle ( ) a croisé ma route
dans des ruelles que je ne connaissais pas, et si je les avais connues je les aurais oubliées.
Ni elle ni le lieu, je n’ose les nommer, de peur qu’ils ne m’obsèdent
et que les médisants ne reconnaissent sa maison.
Nous nous sommes rencontrés par hasard, le souk était vide,
elle a bien accueilli mes mots d’amour.
Tu succèdes à tous ceux que j’ai aimés et que j’ai perdus,
aie pitié de moi, qui par amour ai tout abandonné.

Ce hûtî, plus court et plus rapide que le sâmrî qui précède (Hûtî tempo.eps = 200), est accompagné aux tambours sur un rythme aksak à 7/8 ( Hûtî rythme.eps) . Il obéit aux mêmes principes généraux que le sâmrî : introduction a cappella, alternance des deux demi-chœurs, mais dans un schéma général plus simple puisque tout au long du chant, le groupe A bat le rythme tandis que la danse est exécutée par le groupe B.

l Nâqûz : Yâ dhâ al-hamâm…
Anonyme

Ô mélodieuse tourterelle
dont le chant fait pleurer mes yeux,
Tu m’as rappelé un temps révolu et des amours
dont j’avais oublié les chemins.
La passion laisse des traces profondes, ô gens,
que Dieu refuse sa clémence à ceux qui m’en ont fait reproche.
Ne réveille pas la séparation au souvenir du chagriné
je hais la séparation, je n’aime ni en parler ni me la remémorer.
Les miens me font des reproches, ils ne savent pas
que le feu brûle le pied de celui qui le piétine.

Ce chant fait appel à une disposition des musiciens différente de celle des deux chants précédents. Ils se divisent en trois groupes : deux rangs de chanteurs qui se tiennent debout, face à face, et au fond six tambourinaires. Ceux-ci se subdivisent à leur tour en deux groupes de trois : l’un frappant un rythme isochrone sur un tempo très rapide et l’autre un rythme de wahda :

Cette fois, ce sont les tambourinaires qui commencent, suivis par le soliste qui entonne le premier vers, qui est répété par chacun des rangs, puis l’on passe ensuite au vers suivant, etc.

m Sâmrî tarq tawîl : Sara al-bârq alle…
Anonyme

L’éclair a déchiré la nuit ; cela fait deux siècles qu’il n’y en a pas eu ;
sincère est la pluie et l’éclair qui rabattent le voyageur dans la nuit.
Sur une hauteur surplombant la vallée, le torrent descend la pente
les oiseaux d’eau chantent au bord d’une flaque.
En ce lieu vit une gazelle qui m’a connu et renié,
chaque fois que je pense à elle, je m’écrie : « Dieu est grand ! »
Elle s’approche avec sa robe aux motifs en grains de cardamome,
de beaux traits, ni grosse ni maigre.
[La couleur de] son cou est comme une lune pleine et radieuse,
grand est Dieu qui l’a faite et a excellé dans Sa création.
Je contemple sa nuque et quand, sans prendre garde elle se retourne,
elle se dresse comme un rameau en un lieu abrité du vent.
Sa blessure est guérie mais la mienne, non ;
elle croit qu’avec le temps je guérirai, c’est faux.

Ce chant présente, à quelques différences près, la même structure que celle décrite dans le premier sâmrî, avec son introduction solo puis chorale a cappella, le tempo assez lent, le premier rythme tambouriné (cette fois un 3/4) suivi du rythme principal à 6/4, la répétition alternée de chaque hémistiche et l’alternance de la danse des tambours entre les deux rangs.

n Chant de tri du grain
Anonyme

Haute colline sur la plaine,
que les nuages t’abreuvent vers le soir.
Colline où des passants dressèrent leur campement,
parmi eux une gazelle aux longues nattes portant un signe.
Ce signe, c’était un grelot au pied
et des tatouages sur le front, pour ceux qui aiment.

Après une exposition du premier hémistiche par le soliste, le chœur alterné poursuit le poème, répétant chaque hémistiche plusieurs fois, tandis que le soliste exhorte les chanteurs.

o Chant de sarclage
Anonyme
Ô loup dont les hurlements m’ont saisi,
avant que tu ne hurles j’avais oublié mon ami.
Je ne sais s’il est retourné chez lui
ou s’il est resté avec Ibn Hamid.
À notre [dernière] rencontre, il m’a tendu la main
et a dit : « Au revoir, toi qui es ce que j’ai de plus cher ( ) ».
Et j’ai patienté, un mois a passé,
et [maintenant] je bois avec plaisir, mes pensées sont paisibles.
Tant que je serai capable d’aimer,
les cils de ses yeux ne quitteront pas ma mémoire.
Dieu se détourne de quiconque oublie ceux qui l’aiment,
comment pourrais-je oublier celui que j’aime ?
J’ai tant pleuré mon ami,
que Dieu m’aveugle si je ne pleure pas.

Ce chant, exécuté a cappella puisque les chanteurs sont censés avoir les mains occupées par leur travail, est à la fois responsorial (alternance soliste/chœur) et antiphonique (demi-chœurs alternés). Chaque vers est exposé d’abord par le soliste, puis à trois reprises, une partie du chœur chante le premier hémistiche auquel l’autre partie lui répond par le second, ensuite le soliste expose le second vers, et ainsi de suite.
Chaque hémistiche correspond à une unité musicale minimale, répétée tout au long du chant. La mélodie, d’une grande simplicité et se développant à l’intérieur d’un ambitus très étroit (une quinte), est construite sur un cycle de trois mesures à quatre temps.

PIERRE BOIS
traduction des poèmes, Arwad Esber

Collection

Inédit

numéro

W260087

Durée

59'06"

Support physique

Audio - CD

Type d'évènement

Musique

Type de captation

Enregistrement Studio

Mots-clés

nombre de pages

14

Contributeur

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