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Ouzbékistan. Musiques savantes et populaires. Spectacle

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Évènement

Titre

Ouzbékistan. Musiques savantes et populaires. Spectacle

Date

1991-06-15

Date de fin

1991-06-16

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

15-16 juin 1991.

L'Ouzbékistan peut être historiquement considéré comme le point central des Routes de la Soie' une sorte de croisée des chemins. Après la dislocation de l'empire mongol en 1259, la Transoxiane est englobée dans un territoire bordé par l'Altaï, l'Indus et l'Amou-Darya et appelé khânat de Cagatay du nom du second fils de Gengis-khan. En 1370, Tamerlan (Timûr Lenk), né au sud de Samarkande, met fin à la dynastie des Cagataïdes et intègre le khânat de Cagatay dans l'empire timouride. Après Tamerlan, le pays se divise de nouveau eet plusieurs villes importantes par leur richesse économique se détachent, dominent la région: le khânat de Boukhârâ, le khânat de Samarkand et les villes de Koland et de Fergana, immenses marchés de la soie et carrefours des caravanes.
Le peuple ouzbek est le plus important de l''Asie centrale soviétique avec près de 10 millions d'habitants. Il est aussi celui qui présente le plus de variétés anthropologiques. La majorité de la population de tradition citadine et certains Ouzbeks ruraux sont très proches des Tadjiks, avec lequels ils partagent nombre de traits culturels à l'exception de la langue (les Ouzbeks parlent une langue turque et les Tadjiks un dialecte persan). Une autre partie affirme plus clairement sa descendance d'une souche turque d'où les éléments mongols ne sont pas absents. Enfin un troisième groupe composé d'anciens nomades s'apparente aux Kazakhs, Kirghizes et Karakalpak.
Dès le règne des Cagataïdes l'Ouzbékistan connaît un intense essor culturel qui se poursuivra plus tard sous les Timûrides et dans les différents khânat indépendants. Comme l'Iran et le monde turc l'Ouzbékistan voit fleurir les grandes formes poétiques persanes, composées indifféremment en persan et en turc et plus particulièrement le ghazal qui, grâce aux Moghols, se diffusera jusqu'en Inde.
Parmi les grands poètes ouzbeks il convient de citer Hodja Ahmad Yassavi (1105-1165) fondateur de l'ordre soufi yassaviya, Husseïni (1438-1506) sultan du Khorasan, Alisher Navoï (1441-1501) auteur du célèbre Khamsa, recueil de cinq livres dont l'un conte les amours de
Majnun et Layla, Babûr Shah (1438-1530) petit-fils de Tamerlan, fondateur de l'empire moghol en Inde, Mashrab (XVIIe siècle), les poétesses Nodira et Ouvayssi (XIXe siècle) et Oghaki (XIXe siècle).

Musiques populaires.

Le kata achoula.
La riche vallée de Fergana possède un style de communication chantée spécifique: le kata achoula qui se pratique en solo mais aussi en duo. Il s'agit d'une sorte de récitatif improvisé sur un canevas mélodique restreint. L'air se développe dans un ambitus très large, en longues phrases non-mesurées, chantées sur une voix très tendue parfois amplifiée par l'utilisation d'une assiette en guise de porte-voix.

Le terma et le yalla
Le terma et le yalla sont deux styles de musiques populaires réservés aux femmes. Ils se pratiquent dans les fêtes de mariage et après les cérémonies de circoncision.
Le terma est un chant solo accompagné par la doïra (tambour sur cadre).
Le yalla, chant solo sert a accompagner les danses d'une autre personne. La chanteuse frappe en même temps la doïra. Ytut-han Rahmatullaeva, chanteuse, vient de la ville de Namangan. Excellent danseur, son père âgé de plus de 65 ans danse sur le chant de sa fille (ce qui constitue une innovation). Au cours des mariages où ils sont invités, un rideau sépare la musicienne du danseur et respecte ainsi le cloisonnement des sexes.

Le beshkarsak
Beshkarsak signifie "claquement de mains". Il s'agit d'un chant d'hommes accompagné par le frappement des mains et des crotales de pierre. Le chant très rythmique s'accompagne d'un mouvement oscillatoire des épaules et du buste. Ce style populaire avec son incessant passage de tensions et de relâchements marque l'alternance entre les chants de travail et de méditation.

Musique classique

Le shash-maqom
Héritage de la tradition musicale arabo-persane, la musique classique d'Ouzbékistan est le shash-maqom (litt. six modes). Musiques de cour accompagnant parfois la danse, le maqom ouzbek connut son véritable essor sous le Khânat de Boukhârâ fondé au XVIe siècle. Il se compose d'un ensemble de six grandes suites vocales et instrumentales dont le corpus fut rassemblé et fixé entre les XVe et XVIIe siècles sous le titre de Maqom de Boukhara.
Littéralement le terme maqom (de l'arabe maqam) désigne un mode musical, un itinéraire mélodique qui évolue sur une échelle spécifique et soumise à une hiérarchie propre. Comme pour le maqam arabe, le dastgâh persan ou le râga indien, à chaque maqom correspond un contenu expressif et émotionnel, une couleur, qui lui sont propres.
Demême qu'en Irak et en Azerbaïdjan, le maqom désigne par extension un cycle de pièces vocales et instrumentales, composées ou semi-improvisées, dont la cohérence musicale et expressive est soumise à l'usage d'un mode principal et de modes secondaires souvent voisins du mode principal. Sur le plan rythmique, le chant s'adapte d'abord à la métrique du poème le ghazal, héritée de la métrique arabe. Les mètres les plus répandus sont le ramal "celui qui court", le mûtakorib "trottinant", le sari "rapide", le tavil ou tawil "long".
Poème d'amour profane et mystique le ghazal se compose d'un nombre indéfini de strophes. Chaque strophe comprend deux vers. Les rimes fonctionnent sur le principe aa, ba, ca, da' En fin de vers sont repris certains mots-clés ou groupes de mots (principe du radif). Enfin la signature du poème est donnée par la mention de nom de son auteur dans la dernière strophe. La particularité du ghazal réside dans l'autonomie sémantique des strophes. Chacune constitue une unité de sens en relation plus ou moins étroite avec celles qui précèdent ou suivent. Ce mode de fonctionnement poétique permet au poème d'épouser étroitement la composition musicale en permettant à celle-ci de prendre toute sa dimension, de se répandre en longues vocalises et ritournelles instrumentales semi-improvisées qui viennent ponctuer les strophes. On pourrait comparer le ghazal à ces chapelets d'ambre (masbaha) qu'affectionnent tant les orientaux et dont ils détachent les grains un par un.
L'ensemble qui vient de la ville de Tachkent, est composé de chanteurs accompagnés à la flûte nay, à la vièle ghidjak, aux luths tanbûr, târ, dutâr, robab de Kashgar, robab afghan et au tambour sur cadre doïra.
Contrairement au nay turco-arabo-persan qui désigne la flûte oblique, le nay ouzbek est une flûte traversière.
Le ghidjak est une petite vièle à pique dont on trouve également des variantes populaires au Turkménistan, au Tadjikistan et en Afghanistan. Le ghidjak ouzbek, de forme plus élaborée, s'apparente plutôt au kemânche persan et azéri. Il est formé d'une caisse sphérique recouverte de peau de poisson et comporte en général quatre cordes d'acier.
Le tanbûr dont le musicologue Curt Sachs fait remonter l'origine à Sumer est le plus ancien des luths à manche long d'Asie et sert en fait à désigner toute la famille des luths à manche long du monde turco-arabo-persan. Le tanbûr ouzbek se compose d'une petite caisse piriforme dont la table est percée de petits orifices et d'un long manche fretté.
Le dutar a à peu près la même forme que le tanbûr mais sa caisse est plus importante.
Le robab afghan est un luth à manche court dont la table d'harmonie est composée partiellement de peau et de bois. La caisse présente un léger étranglement. C'est de cet instrument que dérive le sarod indien.
D'origine persane où il naquit vers le XIXe siècle, le târ appartient tout comme le setâr dont il dérive, à la famille des tanbûr. Il s'agit d'un luth étranglé à manche long dont la caisse à double renflement est recouverte d'une peau. Très puissant et très expressif, cet instrument est aujourd'hui utilisé en Iran, en Azerbaïdjan, en Ouzbékistan et au Daghestan.
Le robab kashgarli, robab de Kashgar est un luth à manche long dont la caisse hémisphérique est recouverte de peau et ornée de deux petites cornes décoratives. Cet instrument se retrouve jusqu'au Turkestan chinois sous le nom de rawap.
La doïra est un tambour sur cadre répandu dans tout le monde turco-arabo-persan. Elle accompagne aussi bien les répertoires populaires que savants.

PROGRAMME
Musique classique
Tamanna, mélodie populaire instrumentale.
Extrait de la suite maqom navo.
Deux extraits de la suite maqom bayot.
Duo de dutar et tanbûr (adaptation instrumentale d'un chant classique).
Extrait du maqom dugoh.
Extrait du maqom segoh (chant solo accompagné au târ)
Extrait du maqom iroq (nay et doïra).
Extrait du maqom rast.

Musiques populaires
Entrée de la trompe karnay, du hautbois surnay et des percussions.
3 chants de beshkarsak.
2 terma et yalla.
Chant populaire.
2 kata achoula.
Chant lyrique dansé.

Contributeurs

Origine géographique

Ouzbékistan

Mots-clés

Date (année)

1991

Cote MCM

MCM_1991_UZ_S1

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Titre Localisation Date Type
Ouzbékistan. Musiques vocales et danses populaires. Photos Ouzbékistan 1991-06-15 Photo numérique
Ouzbékistan. Monajat Jultchieva, chant et doïra, accompagnée au luth robab. Photos Ouzbékistan 1991-06-15 Photo numérique
Ouzbékistan. Musiques savantes et populaires. Ensemble instrumental. Luths robab, târ, dutâr et tanbur. Vièle ghidjak. Tambour doïra. Flûte nây. Photos Ouzbékistan 1991-06-15 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1991 1991