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Pakistan. Chant Qawwali avec les frères Sabri. Spectacle

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Évènement

Titre

Pakistan. Chant Qawwali avec les frères Sabri. Spectacle

Sous-titre

dir. Hajji Ghulam Farid Sabri et Hajji Maqbool Ahmad Sabri

Date

1990-11-15

Date de fin

1990-11-25

Artistes principaux

Direction musicale

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

15-25 novembre 1990
Le Qawwali du mot arabe qawl désignant littéralement la "récitation modulée", forme poétique et musicale majeure du Pakistan et des communautés musulmanes d'Inde du Nord, doit à sa fonction religieuse et mystique d'être depuis sept siècles l'un des genres les plus vivants du sous-continent indien.
Très influencé par la musique légère de l'Inde du Nord, le qawwali se présente comme un ensemble de poèmes chantés par des artistes professionnels ou qawwals. Chaque ensemble de qawwals comprend deux ou trois solistes accompagnés par un choeur, un ou deux petits harmoniums et des instruments à percussion (tabla et tambour horizontal dholak).
Les poèmes composés par les grands maîtres soufis et chantés en urdu, en hindi et en persan tout au long d'un parcours largement improvisé, ont pour but d'amener l'auditoire vers un état de dévotion intense confinant à l'extase.
Réponse à l'islam orthodoxe, le soufisme, tout en affirmant l'unicité de Dieu et la distinction entre le Créateur et sa créature, tente par la force de l'amour mystique de mettre en évidence le lien de parenté entre Dieu et l'individu. Cette force qui conduit l'adepte vers l'union avec Dieu est contrôlée dans le cadre d'une voie (tariqa, désignant également la "confrérie") qu'il doit suivre étape par étape sous la direction d'un guide spirituel, chef de la confrérie.
Pour devenir une force dynamique, cet amour que l'adepte voue au divin doit être cultivé spirituellement et émotionnellement par l'intermédiaire d'un rituel. Ce rituel comprend deux grands moments: le zikr ou répétition scandée du nom de Dieu, et le sama' ou concert spirituel, particulièrement développé dans les confréries turques des mevlevi ("derviches tourneurs"). En même temps que le soufisme, le qawwali prit racine dans le sous-continent indien au XIIIe siècle. Il correspond très précisément au sama', mais sa particularité réside dans une richesse rythmique qui se réfère également au zikr.
La durée du qawwali peut varier d'une heure à une nuit selon les besoins de la cérémonie et l'état d'esprit de l'assemblée. Si les chants et les poèmes sont laissés au choix des interprètes, deux chants sont cependant obligatoires: le qaul et le rang composés au XIIIe siècle par Amir Khusrau, considéré aujourd'hui comme le "père" du qawwali.
Les poèmes se regroupent en deux catégories qui illustrent les deux dimensions principales du soufisme: les chants d'invocation à Dieu, au Prophète et aux saints de la hiérarchie soufie, et les poèmes exprimant les aspects émotionnels et extatiques du mysticisme soufi. Au centre de chaque chant se trouve le poème principal, généralement un ghazal composé d'une série de couplets autonomes. Ce poème est introduit par un prélude sur l'harmonium accompagné d'une formule rythmique illustrant le nom de Dieu (Allâhû), et par un court récitatif présentant le sujet du poème. Lorsque le qawwal sent que le sujet n'est pas approprié à l'état d'esprit de l'assemblée il en choisit un autre qu'il introduit également par un récitatif. Le poème est ensuite interprété vers par vers, sous une forme responsoriale, les qawwals chantant à tour de rôle les parties solos, tandis que le choeur leur répond tout en claquant des mains. De temps à autre, les qawwals, procédant par associations d'idées, insèrent des vers extraits d'autres poèmes et destinés à éclairer le sens du poème principal.

Qaul (original en urdu)

'Ali (1) est le maître de mon maître, le maître de tous.
D'où me vient ce sentiment qui me soulève?
Mon corps est comme un rabab (2), mon coeur comme un tambour,
Les rythmes palpitent dans mes veines,
Chaque poil de mon corps chante une note,
Et cette musique est Ton nom.
'Ali est le maître de tous (3 fois)

Ô 'Ali, lève le voile de ta face éclatante,
Qu'elle illumine le monde.
Par Diau, tu es un mystère,
Même pour l'oeil capable de contempler la vérité la plus profonde.
'Ali, tu es mon maître, et je suis ton esclave,
'Ali, mon maître, 'Ali, le maître de tous.

Toutes les puissances sont soumises à ma volonté,
Dès lors que je me soumets à la volonté d'Ali.
Ma dévotion est comme une épée,
Et je suis l'épée d'Ali.
Le ciel est entre mes mains,
Et je suis entre les mains d'Ali.
La terre est sous mes pieds,
Et je suis sous les pieds d'Ali
'Ali est mon guide,
Et je suis l'esclave d'Ali.

Celui que le prophète a appelé sa propre chair,
Il est son héritier.
Celui qui est né à la Kaaba et mort dans la mosquée sainte,
Il est le vrai gardien de la Maison de Dieu.

(1) Gendre du prophète, considéré par les chi'ites comme son véritable héritier.
(2) Instrument à cordes pincées originaire d'Iran, encore utilisé an Afghanistan et au Pakistan, et dont dérive le sarod indien.

Na samjho khak ka putla (original en urdu)

Je suis une vision de secrets cachés,
Je suis la clef de la puissance et de la connaissance,
Depuis le commencement, l'adoré des anges,
Car je suis l'héritier d'Adam, l'Homme originel.
Je suis le Commencement du Commencement, je suis la Fin de la Fin.
Ne me prends pas pour une idole d'argile, car je suis la Gloire de Dieu.
Mon être est inexistant, mais ce néant est réel.
Il est mon miroir, et je suis le Sien.
Ne me prends pas pour une idole d'argile, car je suis la Gloire de Dieu.
Je suis l'adoré des anges,
Je suis le favori de la Vérité Suprême.
J'adore l'Amour, je suis son Seigneur.
Je suis le rayon de la Kaaba, la beauté des idoles, l'ornement du monde,
Je vois la Vérité, je témoigne de la Vérité, je connais la Vérité.
Ne me prends pas pour une idole d'argile, car je suis la Gloire de Dieu.
Parfois déguenillé, parfois élégant,
Je suis épris de moi-même, l'objet de mon seul désir.
Ne me prends pas pour une idole d'argile, car je suis la Gloire de Dieu.
A la Kaaba, dans les temples, les monastères et les mosquées,
Je suis parfois objet de vénération, parfois un simple guide.
Ne me prends pas pour une idole d'argile, car je suis la Gloire de Dieu.
'.

La musique de qawwali s'appuie sur un répertoire de mélodies fixées par la tradition pour les poèmes les plus anciens ou adaptés par le chanteur. Tous ces airs appartiennent à l'aire culturelle de l'Inde du Nord et se basent sur les ragas du répertoire dit "classique léger"
Au cours de son chant, le qawwal développe les thèmes mélodiques, y introduisant diverses variations improvisées, voire des phrases mélodiques secondaires, tandis que le choeur scande le refrain en ostinato comme une répétition incessante de paroles de louanges divines (zikr).
Le rythme constitue l'un des éléments essentiels du chant qawwali. Se référant au principe du zikr, le rythme procède par répétition de courtes cellules envoûtantes et contribue ainsi largement à l'extase de l'assemblée. Renforcés par des claquements de main, le dholak et le tabla se livrent à une débauche de rythmes courts (4/8, 6/8, 7/8) empruntés à la tradition indienne et qui reflètent étroitement la structure métrique du poème.
Outre la souplesse et l'habileté vocales des qawwals, ceux-ci révèlent leur talent véritable dans la capacité à interpréter les subtils signes de la volonté du saint patron de l'assemblée. C'est cette combinaison de qualités qui permet aujourd'hui aux grands qawwals tels que les Frères Sabri ou Nusrat Fateh Ali Khan, de se produire avec un égal bonheur dans un contexte profane (mariages, concerts') ou sacré, sans rien perdre de leur charisme mystique.

L'ensemble des Frères Sabri:
Le magnétisme des Frères Sabri, leur style virtuose, énergique et brut, leurs voix qui planent au-dessus des harmoniums et du choeur, en font depuis longtemps l'ensemble de Qawwals le plus réputé de tout le Pakistan. Parmi leurs innombrables distinctions honorifiques, ils se sont vu décerner le Prize of performance par le président de la République du Pakistan.
Hajji Ghulam Farid Sabri et Hajji Maqbool Ahmad Sabri appartiennent à une grande famille de chantuers et de musiciens de l'est du Punjab. Leur lignée musicale remonte jusqu'au grand Mian Tansen, chanteur à la cour de l'empereur Akbar au XVIe siècle. De cette longue tradition, ils ont hérité un vaste répertoire qu'ils enrichissent jour après jour par la composition de mélodies nouvelles et un incessant travail d'improvisation.
Outre leurs concerts et réunions confrériques en Inde et au Pakistan, ils ont effectué de nombreuses tournées à l'étranger: en Iran, en Turquie, eu Proche-Orient, en Italie, en Allemagne, aux Etats-Unis et au Canada, et en France (VIIIe Festival des Arts Traditionnels de Rennes, 1981).
Discographie:
Musiciens kawwali du Pakistan, les Frères Sabri, Musique soufi vol. 3
Collection "Festival des Arts Traditionnels / Arion", 1981 (L.P.)
Grand Prix de l'Académie International du Disque Charles Cros 1982

Ya Habib
Realworld, 1990, distribution Virgin (CD)

Tournée européenne en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, et en Scandinavie.
Remerciements à Wembley Musique, le spécialiste des musiques du Pakistan, 12 rue Jarry, 75010 Paris.

Contributeurs

Origine géographique

Pakistan

Mots-clés

Date (année)

1990

Cote MCM

MCM_1990_PK_S1

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Pakistan. Les frères Sabri à Paris. Les plus célèbres musiciens Kawwali du Pakistan. Affiche Pakistan 1990-11-15 Affiche
Pakistan. Chant Qawwali avec les frères Sabri. Photos Pakistan 1990-11-19 Photo numérique
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Saison 1990 1990