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Turquie. Chant classique de Turquie. Spectacle

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Évènement

Titre

Turquie. Chant classique de Turquie. Spectacle

Sous-titre

par Bekir Sezgin et Inci Cayirli, chant et l'ensemble Sharki

Date

1990-03-19

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

19 mars 1990.
La ville d'Istanbul se distingue par la richesse et la diversité de sa vie musicale. Réincarnation turque et islamique de Constantinople. Si Istanbul laisse encore apparaître un vieux fonds gréco-byzantin c'est à l'attitude des Turcs ottomans vis-à-vis de l'Islam et de la musique que l'on doit attribuer l'extraordinaire essor de cette dernière, qui bénéficia pendant plusieurs siècles du patronage indéfectible des sultans, des vizirs, du haut clergé et des ordres soufis.
Maints traités anciens rédigés en turc et en arabe attestent le goût des Ottomans pour la musique, bien avant la prise de Constantinople. Par ailleurs, l'ordre soufi des Mevlevi, établi à Konya depuis la fin du XIIIe siècle, et qui se diffusa ensuite à Istanbul, contribua largement au développement d'une musique liturgique originale et unique dans le monde islamique.
Pour comprendre l'attitude des Ottomans à l'égard de la musique, il faut savoir que la conception arabo-islamique tendant à voir dans la musique une activité immorale fut de tout temps étrangère aux cultures turques, et que celles-ci ont par ailleurs toujours affectionné la pratique instrumentale comme en témoignent les traditions encore bien vivantes des Kazakhs, Turkmènes et Ouzbeks.
La structure de la musique turque a beaucoup évolué depuis le XVIe siècle; ces changements sont en partie dûs au fait que les Ottomans furent le seul peuple islamique à avoir employé la notation musicale dans leurs compositions.; Le développement de ces formes composées entre le XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que celui du système modal des makam et du système rythmique des usul dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, coïncidèrent avec l'essor de la musique de cour sous les règnes de Mourad IV (1623-1640), Mehmed IV (1648-1693), Ahmed III (1703-1730), Mahmûd I (1730-1754), Abdülhamid I (1774-1789), et son apogée sous le règne de Selim III (1789-1846) qui fut à la fois musicien et mécène du plus grand compositeur du XIXe siècle, le derviche mevlevi Ismaïl Dede Efendi (1778-1846). De grands noms de la musique turque bénéficièrent ainsi de postes officiels au sérail: Ismaël Dede, Sakir Agà, Hafiz Post, pour ne citer que les plus connus. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que le mécénat royal disparut presque totalement et que la Turquie, s'ouvrant à l'Occident, laissa péricliter son patrimoine musical.
La musique de cour ottomane a été largement dominée par la suite de concert fasl qui combine des préludes instrumentaux (peshrev), des improvisations instrumentales (taksim) et vocales, diverses compositions vocales (beste, kâr, agir semai, yürük semai), pour s'achever par une composition instrumentale (semai ou sâz semai). De son côté, le genre populaire et citadin sharki acquit le statut de musique de cour au XVIIIe siècle et finit par occuper au XIXe siècle la place du fasl qui commençait à tomber en désuétude.
Traditionnellement, le fasl était interprété par une voix soliste accompagnée aux instruments. De nos jours, il est rare de pouvoir l'entendre sous cette forme; en général, les solistes interprètent les sharki, tandis que le répertoire de fasl est exécuté par des choeurs mixtes, pratique en vogue depuis les années quarante. En adoptant la forme du concert de chambre, Bekir Sitki Sezgin, Inçi Cayirli, et les musiciens de l'ensemble Sharki, tous professeurs au Conservatoire d'Istanbul et dont la renommée dépasse largement les frontières de la Turquie, renouent en un sens avec la tradition ancienne, même s'ils ne respectent pas rigoureusement la forme classique du fasl.

Le Fasl
Le fasl est l'un des plus importants vestiges de la tradition classique ottomane. Il se présente sous la forme d'une suite de pièces vocales et instrumentales dominée par un mode musical principal (makam). Les chants sont généralement composés à partir du répertoire de poésie savante diwan. Musique de cour, le fasl a toujours été accompagné par un petit ensemble d'"instruments fins" ou incesaz: luth à manche long tanbûr, luth à manche court ud, cithare trapézoïdale kanun, vièle kemenche et flûte oblique ney.
La suite doit obligatoirement comprendre les pièces instrumentales suivantes:
-taksim, improvisation instrumentale qui établit le mode principal dans lequel sera joué le fasl.
-peshrev, prélude en quatre parties de forme strophique.
-semaï ou saz semaï, postlude concluant la suite, de forme analogue à celle du peshrev mais basé sur le rythme semaï à 10 temps (sauf la dernière strophe qui est en 6/8)
Les pièces vocales du fasl sont:
-le beste, mot persan qui signifie liaison, chant strophique composé de plusieurs quatrains dont chaque vers est relié au vers suivant par un court refrain appelé terrenüm chanté sur des syllabes vides.
-l'agir semaï, de forme comparable au beste, est un chant lent composé tantôt sur un rythme boiteux à 10 temps (agir aksak semaï), tantôt sur un rythme "lourd" à 6 temps (agir sengin semaï).
-le yürük semaï, se compose également de quatrains, mais sa forme rythmique (6/8) en fait un chant beaucoup plus alerte, par ailleurs il est fréquent que l'on y entende des altérations mélodiques conduisant à des incursions dans d'autres modes que le mode principal.
-le murabba (litt. carré) est un quatrain entrecoupé de terrenüm qui peut utiliser tous les genres de cycles rythmiques à l'exception des trois genres de semaï: aksak semaï, sengin semaï, yürük semaï.
-le kâr (litt. travail) est un chant long, composé de deux à cinq parties comportant des strophes de quatre, six ou huit vers. A la différence des précédents, il ne comporte pas de refrain terrenüm. Sa longueur permet au chanteur de passer dans d'autres modes que le mode principal et lui confère parfois un caractère didactique.

Le sharki
Vers la fin du XVIIIe siècle, la cour ottomane commence à perdre son intérêt pour la musique fasl et se tourne de plus en plus vers la musique occidentale. Guiseppe Donizetti et Callisto Guatelli sont invités en Turquie et nommés Pachas par le Sultan Mahmûd II. C'est à cette époque que se développe la forme nouvelle du sharki qui tend progressivement à remplacer le fasl. Le sharki peut être composé sur des cycles rythmiques variés (de 2 à 10 temps) et interprété à des tempi qui vont du lent au vif. La versification du texte n'est pas formellement prescrite, et selon les cas les vers peuvent être entrecoupés de courtes phrases instrumentales (saz payi) ou de véritables intermezzi de plusieurs mesures (aranagme)

PROGRAMME

Musique vocale
-Rast Peshrev
-Sazkar Agir Semaï
-Zavil Agir Semaï
-Taksim Zavil et Suznak
-Suznak Sharki
-Suznak Sharki
Soliste Bekir Sitki Sezgin

Musique instrumentale
-Taksim Hijaz Kâr
-Hijaz Kâr Saz Semaï
-Taksim collectif
-Taksim Hijaz Kâr (kanun)
-Hijaz Kâr Sirto

Musique vocale
-Rast Methal
-Rast Sharki
-Mekriz Sharki
-Mahur Sharki
-Segah Sharki
Soliste Inci Cayirli

Contributeurs

Origine géographique

Turquie

Mots-clés

Date (année)

1990

Cote MCM

MCM_1990_TR_S4

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Titre Localisation Date Type
Turquie. Suite classique fasl. Bekir Sitki Sezgin et Inci Cayirli, chant et l'ensemble Sharki. Photos Turquie 1990-03-19 Photo numérique
Turquie. Musique classique par l'ensemble Sharki. Photos Turquie 1990-03-19 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1990 1990