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Turquie. Cérémonie du Zikr de la confrérie des derviches Kadiri. Spectacle

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Évènement

Titre

Turquie. Cérémonie du Zikr de la confrérie des derviches Kadiri. Spectacle

Sous-titre

sous la direction du Shaykh Misbah Ermenkul

Date

1990-03-20

Date de fin

1990-03-23

Direction musicale

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

20-23 mars 1990.
Le soufisme peut être considéré comme la mystique de l'Islam. Il s'agit de la principale voie de réalisation spirituelle propre à cette religion. Le soufisme se fonde sur le Coran, la parole divine matérialisée dans un livre sacré, ainsi que sur la sunna ou pratique du Prophète Mahomet, le modèle par excellence de tout musulman et l'Homme Parfait pour le mystique.
Le soufisme a parfois été mis en opposition avec la religion formelle, attaché à la lette, à l'aspect extérieur de la révélation, et qui constitue l'écorce de l'islam. En fait, il en est le complément, en tant que religion du coeur et de l'esprit, comme dimension intérieure de l'islam. Le soufisme constitue la voie (tarîqa) qui conduit de l'écorce au noyau, c'est-à-dire de la Loi religieuse commune à tous les croyants (sharî'a) à la Réalité, à la Vérité transcendante, terme de la quête mystique. Le soufisme apparaît donc comme une voie initiatique qui ne s'adresse qu'à ceux qui sont prêts à renoncer au monde objectif, et implique une mort suivie d'une renaissance, mort de l'ego, dépouillement du moi en vue de laisser la place au seul Soi divin (en arabe: Huwa, "Lui").
Cette voie des derviches, c'est la tarîqa à la fois chemin et confrérie, qui offre les moyens d'atteindre l'union avec Dieu. Le rattachement à un tarîqa s'effectue à travers la personne du shaykh, le maître qui en assure la direction spirituelle. Celui-ci doit avoir franchi toutes les étapes du périlleux voyage intérieur, afin de pouvoir à son tour guider ses derviches après les avoir initiés, c'est-à-dire leur avoir transmis la baraka, la grâce divine.
Pratiquement, la technique centrale de toute voie contemplative repose sur l'invocation, sur l'oraison, et le soufisme n'échappe pas à cette règle. Sa méthode est basée sur le dhikr ( en turc zikr) ou "mention", "souvenir", "rappel" (sous-entendu de Dieu) conformément à l'injonction coranique: "O vous qui croyez, invoquez souvent le nom de Dieu! Louez-le matin et soir!" (33, 41-42)
Le dhikr consiste en la répétition incessante du Nom suprême Allâh, généralement accompagnée de la récitation d'autres noms désignant des qualités divines, tels, eu sein de la confrérie Qâdiriya, Hayy, "le Viant", et Qayyûm, "Le Subsistant". Le zikr résume toute la voie: en s'immergeant totalement dans la répétition du Nom divin, le daqîr s'assimile à Lui, de sorte que l'invoquant (dhâkir), l'Invoqué (madhkûr) et l'invocation (dhikr) ne font plus qu'un. L'identité suprême est alors réalisée, transcendant toute dualité, toute limite, et réintégrant la nature primordiale et parfaite de l'être.

La Qâdiriya
Né en 1077 dans une petite ville proche de la Mer Caspienne, 'Abd al-Qâdir al-Jîlâni s'établit à Bagdad à l'age de dix-huit ans dans l'intention d'étudier le droit musulman. Quand il eut terminé ses études, il disparut pendant trente-trois ans. La légende dit qu'il passa toutes ces années à méditer solitairement dans le désert. Il réapparut à Bagdad vers 1127 pour occuper la chaire de son dernier maître, Abu Sa'ad al-Mubârak. Ses élèves lui construisirent une habitation à l'endroit où il enseignait et ce lieu devint le premier ribât (couvent), le premier centre qâdiri (en turc kadiri) de Bagdad.
Ses sermons attirèrent aussi bien des juifs, des chrétiens que des musulmans. Ils ont été consignés dans un livre intitulé "La Conquête du Divin", qui demeure le principal ouvrage étudié au sein de la confrérie.
, 'Abd al-Qâdir mourut vers 1166 à l'âge de quatre-vingt-dix ans et fut enterré dans son ribât, qui devint un lieu de pèlerinage encore très fréquenté de nos jours. Ses deux fils perpétuèrent son enseignement et lui donnèrent la mesure d'un véritable mouvement. Au XVe siècle, cette confrérie était présente en Irak, en Syrie, en Egypte et dans toute l'Afrique du Nord. La Qâdiriya est aujourd'hui la plus grande confrérie du monde musulman. Elle se subdivise en de multiples branches portant chacune le nom de son fondateur. Celle qui nous intéresse ici est la confrérie turque Rûmiya, qui remonte au Shaykh Ismâ'il al-Rûmî (mort en 1631) surnommé pîr-i thânî, "le second maître", et qui établit à Istanbul un centre principal le Kadirikhane, duquel sont issus près de quarante autres tekké (couvents), répartis dans l'ensemble de l'Asie mineure. Ce centre est aujourd'hui dirigé par le Shaykh Misbah Ermenkul, descendant direct d'Ismâ'îl al-Rûmî.

La cérémonie du zikr
Comme dans toutes les confréries, le zikr collectif commence par la récitation de versets coraniques, en général la première sourate du Coran, al-Fâtiha ou "ouverture":

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
Louange à Dieu, Seigneur des mondes, le Clément, le Miséricordieux, le Roi du Jour du Jugement.
C'est toi que nous adorons,
C'est toi dont nous implorons le secours.
Dirige-nous dans le droit chemin:
le chemin de ceux que tu as comblés de bienfaits;
non pas le chemin de ceux qui encourent ta colère ni celui des égarés.

Suivent ensuite les evrad ou litanies propres à chaque confrérie.

Le premier zikr proprement dit est la "Parole de l'Unicité", Kelime-i Tewhid. Il se compose de la récitation et de la répétition incessante de la formule Lâ ilâ ha illâ 'Llâh, "pas de divinité si ce n'est Dieu". Peu à peu cette répétition se transforme en un rythme soufflé sur lequel un chanteur, zakir, entonne un ou plusieurs poèmes de louange au Prophète.
Le second zikr, zikr-i Hay "Invocation du Vivant" s'appuie sur la répétition de la formule Hayyu'l-Qayyûm Allâh, "Vivant, Immuable Dieu", toujours soutenue par les zakir qui chantent des poèmes de louanges.
Outre les zikr, le rituel peut introduire des poèmes gazel ou des poèmes religieux comme le mersiye, poème de deuil en la mémoire de Husayn, petit-fils du Prophète par sa fille Fâtima, qui fut massacré à Kerbela:
Venez, ô amis, pleurons et lamentons-nous,
Car les roses de notre mère Fâtima sont fanées,
La joie du coeur du bien-aimé 'Ali s'est éteinte.
Aie pitié de nous, ô innocent Husayn!

Comme toutes les cérémonies soufies, le zikr kadiri s'achève sur la récitation du Coran, par la première sourate, la Fâtiha, qui ouvrait la cérémonie, et les trois dernières, dont la psalmodie équivaut à la recitation du Livre révélé tout entier.

Remerciements à Monsieur Nezih Uzel pour sa collaboration artistique à la réalisation de ce programme.

Contributeurs

Origine géographique

Turquie

Mots-clés

Date (année)

1990

Cote MCM

MCM_1990_TR_S5

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Titre Localisation Date Type
Turquie. Cérémonie du Zikr de la confrérie des derviches Kadiri. Photos Turquie 1990-03-20 Photo numérique
Turquie. Cérémonie du Zikr de la confrérie des derviches Kadiri. Photos Turquie 1990-03-20 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1990 1990