Ressource précédente
Ressource suivante

Turquie. Musique classique ottomane. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Turquie. Musique classique ottomane. Spectacle

Sous-titre

Ensemble Necdet Yasar

Date

1995-05-12

Date de fin

1995-05-14

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

12-14 mai 1995

Necdet Yasar, tanbûr.
Nurettin Celik, Ilhan Yazici, Sevgi Limboz, chant
Sadrettin Özçimi, ney
Göksel Baktagir, kanun
Derya Türkan, kemençe
Ferruh Yarkin, percussions kudüm, bendir et daire.

Sublime Porte, voie d'accès privilégiée vers l'Orient, réincarnation turque et islamique de Constantinople, ville cosmopolite où se côtoyèrent les cultures d'Orient et d'Occident, capitale de l'ancien Empire Ottoman, Istanbul se distingue depuis six siècles par la richesse et la diversité de sa vie musicale qu'elle a su préserver, développer en opérant une synthèse équilibrée de l'héritage gréco-byzantin, de la théorie arabo-persane et des traditions turques d'Asie centrale. Maints traités anciens rédigés en turc et en arabe attestent le goût des Ottomans pour la musique et ce bien avant la prise de Constantinople. Par ailleurs, l'ordre soufi des Mevlevi établi à Konya depuis la fin du XIIIe siècle contribue largement au développement d'une musique liturgique originale et unique dans le monde islamique.
Pour comprendre l'attitude des Ottomans à l'égard de la musique, il faut savoir que certaines conceptions arabo-islamique tendant à voir dans la musique une activité immorale furent de tous temps étrangères aux cultures turques, et que celles-ci ont par ailleurs toujours affectionné la pratique instrumentale comme en témoignent les traditions encore bien vivantes des Kazakhs, Turkmènes et Ouzbeks.
La structure de la musique classique ottomane a beaucoup évolué depuis le XVIe siècle; ces changements sont en partie dûs au fait que les Ottomans furent le seul peuple islamique à avoir employé la notation musicale dans leurs compositions.; Le développement de ces formes composées entre le XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que celui du système modal des makam et du système rythmique des usul dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, coïncidèrent avec l'essor de la musique de cour sous les règnes de Mourad IV (1623-1640), Mehmed IV (1648-1693), Ahmed III (1703-1730), Mahmoud I (1730-1754), Abdülhamid I (1774-1789), et surtout celui de Selim III (1789-1846) qui fut non seulement mécène mais également musicien et un compositeur réputé. De grands noms de la musique ottomane bénéficièrent de postes officiels au sérail: Ismaïl Dede Efendi (1778-1846), Sakir Agà, Hafiz post, pour ne citer que les plus connus. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que le mécénat royal disparut presque totalement et que l'Empire, s'ouvrant à l'Occident, laissa péricliter son patrimoine musical. Toutefois, cette influence de l'Occident provoqua en retour une prise de conscience des Turcs à l'égard de leur propre musique et notamment des musiques populaires. Le répertoire s'enrichit de formes légères comme le sarki et de musiques de danses empruntées aux pays balkaniques. Parmi les derniers représentants de la musique classique turque, on peut citer Lem'i Atli (1869-1945) et surtout Tanbûri Cemil Bey (1871-1925) dont l'oeuvre a considérablement inspiré Necdet Yasar. A la suite de Cemil Bey, se forma un cénacle de personnalités, dont son fils Mesut Cemil Bey qui fut le maître de Necdet Yasar.
Grâce à eux et à leurs successeurs, on peut assister aujourd'hui, avec le soutien des autorités culturelles turques, à une renaissance du patrimoine traditionnel, que ce soit dans les Conservatoires de musique turque, à la radio ou grâce aux concerts donnés par des ensembles privés et nationaux. De nos jours, l'audience de la musique classique ottomane déborde largement le cadre des frontières de la Turquie, et ses interprètes se produisent régulièrement en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.
La musique de cour ottomane s'articule sur un système modal (makam) et rythmique (usul) complexe ainsi que sur diverses formes de compositions vocales et instrumentales organisées en suites de concert, les fasil.

Le Fasil
Le fasil se présente sous la forme d'une suite de pièces vocales et instrumentales fondée sur un mode musical principal, le makam: ex. le hicaz fasil est une suite de pièces composées dans le mode hicaz (hijâz).

Musique de cour, le fasl a toujours été accompagné par un petit ensemble d'"instruments fins" ou incesaz comprenant le luth tanbûr, la cithare kanun, la vièle kemençe, la flûte ney et enfin des instruments à percussions dont les sonorités discrètes mais précises s'accommodent avec celles des instruments mélodiques.

Les formes instrumentales du fasil
-pesrev, prélude en quatre parties de forme strophique. Chaque strophe ou hane alterne avec un refrain ou teslim qui constitue la signature mélodique de l'oeuvre. La première hane introduit le makam en soulignant ses itinéraires mélodiques les plus caractéristiques, la seconde hane développe l'exposition du makam, la troisième introduit dans le registre aigu des modulations dans les makam voisins tandis que la quatrième le fait dans les registres grave.
-semaî ou saz semaî, postlude de forme analogue au pesrev mais basé sur des rythmes appartenant au groupe des rythmes semaî (en général l'aksak-semaî à 10 temps sauf la dernière hane qui est le plus souvent basée sur un rythmes ternaire 6/8 ou 9/8).
-taksim, improvisation instrumentale sur un rythme libre.

Les formes vocales du fasil
Les chants sont généralement composés à partir du répertoire de poésie classique , le divan.
-le beste, chant strophique composé de plusieurs quatrains dont chaque vers est relié au vers suivant par un court refrain chanté sur des syllabes vides appelé terrenüm .
-l'agir semaî, chant lent dont la forme est semblable à celle du beste, et qui est composé tantôt sur un rythme à 10 temps (agir aksak semaî), tantôt sur un rythme à 6 temps (agir sengin semaî).
-le yürük semaî, composé également de quatrains, est un chant de rythme vif à 6 temps. Il se caractérise par diverses altérations mélodiques qui le conduisent à des incursions dans d'autres modes que le makam principal.
-le murabba est un quatrain entrecoupé de terrenüm Il se chante sur des rythmes très divers à l'exception des rythmes semaî.
-le kâr est un chant long, composé de deux à cinq parties comportant des strophes de quatre, six ou huit vers. Sa longueur permet au chanteur de passer dans d'autres modes que le mode principal et lui confère parfois un caractère didactique.

Le sarki
Vers la fin du XVIIIe siècle, alors que la cour ottomane se tourne de plus en plus vers la musique occidentale se développe une forme nouvelle empruntée à la musique populaire citadine, le sarki. Ce chant, de caractère léger, peut être composé de cycles rythmiques variés (de 2 à 10 temps) et interprété à des tempi qui vont du lent au vif. La versification du texte n'est pas formellement prescrite, et selon les cas les vers peuvent être entrecoupés de courtes phrases instrumentales (saz payi) ou de véritables intermezzi de plusieurs mesures (aranagme)

Les instruments
Le tanbûr, luth à manche long, est l'instrument à cordes principal de la musique classique turque depuis le XVIIe siècle. Il dérive de la grande famille des luths à manche long utilisés par les populations turques d'Asie centrale. Il est équipé de quatre paires de cordes en métal qui sont pincées avec un plectre en écaille de tortue; seule la première paire est utilisée pour jouer la mélodie. Le manche, munis de frettes, permet de couvrir une étendue de deux octaves.
Le kemençe est une petite vièle à trois cordes en boyau ou en métal. Il dérive d'un instrument byzantin, la lyra politikas. Cet instrument autrefois utilisé dans la musique populaire citadine fut introduit dans l'ensemble classique au XXe siècle par Tanbûri Cemil Bey afin de remplacer la violon occidental qui avait été adopté au début du XIXe siècle.
Le kanun est une cithare trapézoïdale. Ses 25 cordes triples en boyau ou en nylon sont pincées avec des onglets maintenus au bout des doigts grâce à des bagues. Sous chaque corde, quatre ou cinq sillets mobiles, permettent d'affiner l'accord de l'instrument en cours de jeu et de réaliser ainsi des micro-intervalles propres à l'art du makam turc.
La flûte oblique ney est formée d'un tuyau en roseau dont l'extrémité est taillée en forme de cône et surmontée d'un anneau d'ébène ou d'ivoire servant d'embouchure. Instrument principal du concert spirituel des derviches Mevlevi, cet instrument apporte à l'ensemble instrumental une coloration émotionnelle d'une grande richesse.
Le kudüm est une paire de petites timbales de métal recouvertes de peau de chèvre et frappées avec des baguettes. Le bendir et le daire appartiennent à la grande famille des tambours sur cadre, utilisés aussi bien dans la musique profane que mystique.

Necdet Yasar
Directeur artistique de l'Ensemble National de Musique Classique Turque d'Istanbul, Necdet Yasar est réputé comme l'un des plus grands joueurs de tanbûr et l'un des meilleurs spécialistes du système modal des makam. Formé par Mesut Cemil Bey, il effectua également des recherches sur le style et les techniques d'improvisation du grand musicien Tanbûri Cemil Bey. Necdet Yasar a enseigné à l'Université de Washington et participe régulièrement à des colloques internationaux sur la musique turque. Il donne également des concerts dans le monde entier.
Les musiciens qui l'accompagnent sont tous attachés au Ministère de la Culture, à la Radio d'Istanbul ou au Conservatoire de Musique turque d'Istanbul et se sont produits à plusieurs reprises en Europe et aux Etats-Unis.

PROGRAMME

-Pesrev en makam rast attribué à Al-Farabi (Xe siècle)
-Kârimuhtesem en makam rast de Meragali Abdulkadir (XIV-XVe siècle)
-Kâr en makam segah (dernière partie) de Meragali Abdulkadir
-Taksim
-Pesendide agir semaî de Selim III(XVIIIe siècle)
-Pesendide saz semaî de Selim III
-Musique soufie turque
.Ussak ilahi de Yunus Emre (XIIIe siècle). "Bilmen nideyim askin elinden Kande gideyim askin elinden"
.Taksim (ney, tanbûr, kemançe)
.Saba ilahi de Pir Sultan Abdal (XVIe siècle) "Güzel asik cevrimizi çekemezsin demedim mi Bu bir riza lakmasiidir, yiyemezsin demedim mi"
. Bestenigâr ilahi de Yunus Emre "Ben yurudüm yane yane Ask boyadi beni kane"

-Saz semaî en makam muhayyer-kurdî de Sadi Isilay (XXe siècle)
-Sarki de la période néoclassique
Chantés par Ilhan Yazici:
.Hicaz sarki de Dede Efendi (XVIIIe siècle)
.Hicaz sarki de Kaptanzade Ali Riza (XXe siècle)
.Hicaz sarki de Sadettin Kaynak (XXe siècle)
Chantés par Sevgi Limboz:
.Muhayyer-kurdi sarki de Sadettin Kaynak
.Muhayyer-kurdi sarki de Seichattin Pinar (XXe siècle)
.Segâh Nihavend Fantezi de Sadettin Kaynak

-Hicaz Fasli
.Pesrev en makam hicaz-hümayun de Tanbûri Osman Bey (XIXe siècle)
.Firkatin aldi bütün nesvei tabin bu gece de Bimen Sen (XXe siècle)
.Asik oldum yavrucagim yüzüne de Enderunî Ali Bey (XIXe siècle)
.Sirma sacli yarimin can bahsederken isvesi de Misirli Ibrahim (XIXe siècle)
.Taksim
.Sazlar calinir Camilca'nin bahçelerinde de Yaserî Asim (XXe siècle)
.Baharin zamani geldi de Ismail Dede Efendi
.Gidem dedim aman yarenlerim danildi (Chanson populaire de Rumelie)
. Mandra en makam hicaz

Contributeurs

Origine géographique

Turquie

Mots-clés

Date (année)

1995

Cote MCM

MCM_1995_TR_S2

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Turquie, Ensemble Necdet Yasar. Azerbaïdjan, Aqkhân Abdullaev. Musique classique ottomane, Mugam. Affiche Turquie 1995-05-12 Affiche
Titre Localisation Date Type
Saison 1995 1995