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Vietnam. Tradition du Nord et Musique de la Cour de Hué. Spectacle

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Évènement

Titre

Vietnam. Tradition du Nord et Musique de la Cour de Hué. Spectacle

Date

1995-09-28

Date de fin

1995-10-03

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

28 septembre-3 octobre 1995
Ce programme de concerts, proposé par l'Association France-Vietnam pour la Musique animée par le compositeur Ton-That Tiêt, se situe dans le droit fil de la politique de la Maison des Cultures du Monde en faveur de la défense et de la promotion des patrimoines artistiques menacés de disparition.
Lors d'un séjour au Vietnam, il y a quelques années, Ton-That Tiêt rencontra quelques vieux maîtres, dont la grande chanteuse de Ca trù Quanch-Thi Ho, aujourd'hui âgée de 85 ans, et trois musiciens de l'ancien orchestre impérial de Huê. Il sut les convaincre d'assurer chacun dans leur domaine la formation des musiciens et de reconstituer les ensembles musicaux de leurs régions.
Avec le concours de l'Association France-Vietnam pour la musique et avec le soutien du CODEV VIET-Phap et du Département des Affaires Internationales (Ministère de la Culture), du Ministère de la Culture Vietnamien et de Vietnam Airlines. Nous remercions le Pr Trân V'an Khê pour son soutien à ce projet.

Tradition du Nord, le Ca trù
Des nombreux genres de musique de chambre ou de divertissement vietnamienne, le ca trù ou hat a dào représente la tradition du Nord et aussi la plus ancienne. Littéralement, le terme ca trù signifie le "chant des lamelles de bambou". En effet, autrefois, à chaque coup du tambour d'éloge indiquant un mot ou un passage particulièrement bien exécuté, on offrait à la chanteuse une lamelle de bambou. A la fin du concert, le groupe échangeait les lamelles obtenues contre de l'argent à raison de deux ou trois sapèques par lamelle.
On ignore quand et par qui le ca trù fut inventé. Certaines versions historiques le font remonter au XIe siècle, d'autres au XIVe. Une chose est sûre, c'est qu'il connut son âge d'or au début du XIXe avant de disparaître presque complètement dans le courant du XXe siècle. Ce n'est que depuis ces toutes dernières années que quelques musiciens s'attachent à le restaurer.
Sous la dynastie des Lê (XVe - XVIIIe siècles), le ca trù était accompagné par un petit orchestre composé d'instruments à vent, à cordes et à percussions. Par ailleurs les chanteuses devaient également danser, seules ou à la tête d'un véritable corps de ballet et savoir ponctuer ou rythmer leur chant sur les cliquettes. Mais à la fin du XIXe siècle la partie dansée disparut et l'orchestre se réduisit à un luth et un tambour. Si cette version n'a certes plus le faste des représentations musicales et chorégraphiques de la Cour des Lê, elle permet cependant d'apprécier dans toute sa finesse les qualités vocales de la chanteuse.
Le ca trù est donc aujourd'hui accompagné par les cliquettes phach formées d'une tablette de bambou ou de bois frappée à l'aide de deux baguettes, un luth dan day à trois cordes et à manche très long (« luth des chanteuses »), et un « tambour d'éloge » trong chau à deux peaux et frappé avec une baguette. Le tambour d'éloge est destiné à souligner les passages bien chantés : douze coups sur la caisse pour appeler les chanteuses et les musiciens, neuf coups sur la membrane pour les inviter à se tenir prêts, deux coups sur la membrane pour hâter le commencement du concert, cinq ou six coups sur la membrane suivis d'un coup sec sur la caisse pour le renvoi de la chanteuse jugée trop médiocre, enfin des coups frappés au bon moment selon la nature du chant et la métrique du poème pour stimuler et féliciter les chanteuses. Les techniques vocales du ca trù sont tout à fait exceptionnelles, la voix semble émise par brusques explosions suivies d'un son filé et richement ornementé. L'intensité et la dynamique de chaque son sont soigneusement contrôlées et soumises à de nombreuses ornementations, vibrato, trilles, secousses, portando, nasalisations'
Le répertoire se composait autrefois de chants de divertissement comprenant aussi bien des poèmes raffinés, de la prose rythmée, des récits ou des chants d'amour que de simples berceuses, de chants en l'honneur des génies tutélaires, enfin de chants de compétition remontant à l'époque des joutes chantées devant un jury.
Vers la moitié du XXe siècle, trois formes existaient encore : le hat cua dinh ou "chant devant la maison commune" (comprenant le chant de culte hat tho et le chant de compétition hat thi), le hat cua quyên ou "chant pour le milieu influent" (c'est-à-dire l'aristocratie et les notables), et le hat ca quan (ou hat choi), le "chant des kiosques" pratiqué dans des maisons spécialisées, ce qui a souvent amené à comparer les chanteuses de ca trù aux geishas japonaises.
L'Ensemble Ca Trù de Hanoi comprend deux chanteuses, Nguyên Thi Ha-Vy (40 ans) et Nguyên Thuy-Hoa (22 ans), qui ont été spécialement formées par la vénérable Quanch Thi-Ho. Aujourd'hui, elles sont les seules à savoir maîtriser à la perfection ces techniques vocales qui combinent le son filé et diverses sortes de vibrato. Elles sont accompagnées au luth par Nguyên-Manh Tien et au tambour d'éloge par Nguyên-Van Mui qui est le directeur de l'ensemble.

MUSIQUES DE LA cour de HUÊ
Le site de Huê (centre du Vietnam) qui avait été rattaché à l'empire Dai Viêt au XIVe siècle, fut choisi comme capitale de la partie méridionale du pays par le seigneur Nguyên Phuoc Trân en 1687 et l'on y entretint donc les traditions musicales de Cour dont les règles avaient été fixées au XVe siècle sous la dynastie des Lê.
Cette musique était réservée au roi et à la rigueur, en certaines occasions, aux seigneurs et aux hauts mandarins ; elle comprenait plusieurs ensembles dont les musiciens, assimilés à des soldats, étaient appointés par le ministère de la guerre.
Les deux ensembles présentés ici sont :
Le dai nhac ou "grande musique" était exécuté par une formation instrumentale de 43 musiciens, mais au XXe siècle, ce nombre fut ramené à une douzaine d'exécutants : de deux à quatre hautbois, une à deux vièles à deux cordes, un tambour de cérémonie, un tambour "de riz", un tambour-sablier, une cliquette à sapèques (trois pièces de bois frappées, râclées et secouées dont l'une porte des sapèques ou pièces de monnaie), un tambour formé d'un morceau de corne de buffle percuté avec une baguette, une paire de cymbales et un jeu de trois petits gongs.
Le tieu nhac ou "petite musique" compte deux flûtes traversières, deux vièles à deux cordes, un luth piriforme, un luth en forme de lune, un luth à manche long et des percussions légères : cliquettes à sapèques, petits gongs et tambours.
Les répertoires accompagnaient d'une part les cérémonies royales : audiences, banquets, accompagnés de danses et d'autre part les cérémonies religieuses : sacrifices au Ciel et à la Terre, cérémonies des temples des fondateurs et empereurs de la dynastie des Nguyên (1802 - 1945), sacrifices aux génies de la Terre et de la culture, cérémonies dans le temple de Confucius.
A la fin de la monarchie, la musique de Cour disparut et cette tradition ne fut plus transmise que de père en fils par quelques musiciens de Huê.
L'Ensemble de musique de Cour de Huê peut être considéré aujourd'hui comme l'héritier de l'ancien orchestre impérial. Il comprend quinze musiciens réunis autour des trois derniers grands maîtres : Trân Kich (82 ans), Nguyên Kê (76 ans) et Nguyên-Manh Câm (76 ans).
Trân Kich, chef de l'ensemble, luth et percussions
Nguyên Kê, luth et percussions
Nguyên Manh Câm, percussions
Trân Thai, vièle à 2 cordes et percussions
Nguyên Dinh Vân, percussions
Trân Hiêu Suong, vièle et percussions
Hô Dang Châ, percussions
Nguyên Quy Cat, flûte
Trân Bô, flûte et hautbois
Uruong Canh Hùng, flûte et percussions
Nguyên Huu Phuoc, hautbois et percussions
Nguyên Tân Hông, luth et percussions
Hô Ai, vièle et percussions.

Musique de divertissement Dan Huê et Ca Huê
La musique de divertissement de Huê, instrumentale (dan Huê) ou vocale (ca Huê), naquit vers la fin du XVIIe siècle, après que le site de Huê fut choisi pour capitale. Mais la musique de divertissement existait dès avant cette époque ; il s'agissait alors de musique chinoise exécutée à la vietnamienne. On peut considérer le dan Huê comme une synthèse parfaite et homogène de trois traditions musicales : chinoise, indienne (à travers la civilisation du Champa) et vietnamienne.
Le répertoire est divisé selon les deux modes musicaux diêu en usage au Vietnam, le diêu Bac que l'on peut qualifier de mode « gai » et qui est empreint selon le cas d'un caractère allègre ou solennel, et le diêu Nam, mode « triste » qui convient idéalement au sentiment nostalgique, mélancolique et élégiaque.
Le dan Huê se joue généralement en petits ensembles, trio ou quintette. Le quintette, appelé Ngu Tuyêt (Les Cinq Parfaits), comprend la cithare à seize cordes dan tranh, vièle à deux cordes dan nhi, le luth en forme de lune dan nguyêt, le luth piriforme à quatre cordes dan ty-ba, le monocorde dan doc huyên. Lorsque l'ensemble joue avec une chanteuse, celle-ci s'accompagne également aux cliquettes.
Les chants sont interprétés par Phan Thi Thanh-Tâm considérée aujourd'hui comme la plus grande chanteuse de ca Huê. L'ensemble instrumental se compose de Lê Thi Anh Thao, cithare ; Trân Dình Vân, luth en forme de lune ; Nguyên Kê, luth piriforme ; Trân Thao, monocorde ; Trân Kich, vièle.

d'après un texte du Pr Vu-Nhât Thang
et l'ouvrage du Pr Trân Van Khê, Viêt-Nam,
Paris, 1967, Buchet-Chastel,
coll. Les traditions musicales

programme
28 et 30 septembre, 2 octobre

' Musique de Cour (grande musique dai nhac)
Tam Luân Cu'u Chuyên'
' Musique de divertissement de Huê (dàn Huê et ca Huê)
- Cô ban dung
- Tu dai canh
- Hô maí nhì ' Nam binh
' Musique de Cour (petite musique tiê'u nhac)
Phung Vû´
' Musique d'incantation des médiums (Centre Vietnam)
Hâù Vàn

entracte

' Musique de Cour (grande musique dai nhac)
Bông ' Mâ´ Vû´ ' Man
' Musique vocale du Nord (ca trù)
- Bà´c phan' (par Hâ-Vi)
- Xâ´m huê tiñh (par Hâ-Vi)
- T`y bà hành (par Thuy´-Hoà)
' Musique de Cour
- Ngu dô´i thu'o'ng, ha ' Long ngâm (petite musique)
- Duo hautbois et tambour avec ensemble de percussions
- Ngû´ Lôi (grande musique)



programme
29 septembre, 1er et 3 octobre

' Musique de Cour (grande musique dai nhac)
Tam Luân Cu'u Chuyên'
' Musique vocale du Nord (ca trù)
- Thét nhac (par Thuy´-Hoà)
- Hat giai - Hat ru (par Hâ-Vi)
- Hat Vàn (par Hâ-Vi et Thuy´-Hoà)
' Musique de Cour (petite musique tiê'u nhac)
Long dàng, Long ngâm, Tiê'u khuc
' Musique de Cour (grande musique dai nhac)
- Nam Baì Kèn (5 pièces pour vents et percussions)

entracte

' Musique de Cour, solo de hautbois.
' Musique de divertissement de Huê (dàn Huê et ca Huê)
- Phu Luc
- Long ngâm
- Ly´ giao duyên
- Tu' dai Canh
' Musique de Cour
- Thâp thu liên hoân (petite musique)
- Duo hautbois et tambour avec ensemble de percussions
- Ngû´ Lôi (grande musique)

Contributeurs

Origine géographique

Vietnam

Mots-clés

Date (année)

1995

Cote MCM

MCM_1995_VN_S1

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Titre Localisation Date Type
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Saison 1995 1995