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Inde. Cycles des percussions. Qawwali, Jaafar Hussain. Spectacle

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Évènement

Titre

Inde. Cycles des percussions. Qawwali, Jaafar Hussain. Spectacle

Date

1985-06-09

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Kawwali, Jaafar Hussain, 9 juin 1985
Le terme kawwali s'emploie à la fois pour caractériser un genre musical connu dans tout le sub-continent indien et l'occasion pour laquelle il est interprété, c'est-à-dire une assemblée de mystiques de l'Islam: les soufis. Ces chanteurs mystiques se nomment les kawwal. Ceux-ci tiennent de fréquentes réunions (l'anniversaire de la mort d'un des nombreux saints du soufisme, aussi bien qu'un mariage très religieux, ou bien tout simplement le vendredi, jour consacré à la prière dans toutes les cultures islamiques).
La musique kawwali est toujours interprétée par un groupe de professionnels composé d'un ou de deux chanteurs solistes, accompagnés par des joueurs de dholak (tambour en forme de tonneau), de tabla (instrument de percussion double), d'un petit harmonium portatif et de claquements de mains. Elle se caractérise par un style fluide: alternance de soli et d'ensembles, de répétitions et d'improvisations.
Le but du kawwali consiste à amener peu à peu l'assistance à un état intense communion religieuse par l'extase. L'assemblée, placée sous la responsabilité d'un chef et d'un guide spirituel, s'ouvre à tous venants. A l'audition du kawwali, les fidèles répondent spontanément en chantant, se levant, pleurant, faisant des mouvements de bras, mais toujours en accord avec les conventions religieuses et sociales, pour exprimer l'état d'amour mystique.
Cet amour, si le soufi le cultive, l'entretient, peut devenir le centre d'une force dynamique, véritable pont entre Dieu et lui (la religion islamique ne fait intervenir aucun intercesseur).
La durée d'un kawwaki peut varier d'une heure à une nuit toute entière. Tout dépend de l'esprit dans lequel se trouve l'assemblée des fidèles. Ainsi, les musiciens possèdent-ils le loisir d'exécuter un ou plusieurs chants de leur choix. Cependant, deux hymnes doivent obligatoirement être chantés: le kwal et le rang, chantés pour la première fois par le poète mystique indien du XIIIe siècle, Amir Khusran, considéré comme le père du kawwali.
Le contenu de la poésie kawwali appartient aux deux dimensions du soufisme: le hal (extase divine) et le maqâm (les différentes étapes qui amènent le néophyte à proximité de Dieu). Les hymnes se chantent à la gloire de Dieu (dans le hamd) du Prophète (dans le naat) des saints (dans le manqabat).
La structure musicale du kawwali reflète la capacité des interprètes à s'adapter aux besoins du moment. Un kawwali typique débute généralement par un claquement de mains de tout le groupe. Le chef chante alors à plaine voix un hamd, le reste des chanteurs intervenant collectivement pour le refrain. Le kawwal passe alors à un naat (poème de louange au Prophète) ou toute autre forme poétique. Presque chacun des fragments de chants possède une connotation mystique distincte de sa signification apparente. Au coeur de chaque chant s'éveille le poème principal: le ghazal contenant une série de couplets. Ce poème est généralement précédé par deux introductions: un prélude instrumental, le naghamâ, d'une durée variable à l'harmonium et un chant solo en vers, dans le style récitatif: ruba'ï ou doha. Le prélude instrumental fixe l'attention des auditeurs, souvent accompagne une série de rythmes basés sur la répétition du nom de dieu, Allahu. S'il sent l'ambiance favorable à l'approche de l'extase dans l'assemblée, le chanteur principal continue la poème dans le mode commencé, sinon il change de poème et de mode.
Le poème principal se chante vers par vers dans une alternance de soli et de choeurs. Chaque vers est entonné en soli, puis répété par le groupe et le soliste aussi longtemps que le message ne semble pas atteindre l'assistance.
Le répertoire mélodique kawwali comprend une certaine quantité d'airs correspondant aux poèmes et fixés par la tradition. Toutes les mélodies sont basées sur l'octave à sept notes et utilisent une variété d'échelles placées dans les différents raga de type classique. Quelques kawwal introduisent parfois dans leur improvisation des fragments de raga populaires.
C'est le rythme, cependant, qui constitue l'élément le plus caractéristique de la musique kawwali. Le soufi arrive parfois à l'extase par le moyen du zikr (répétition du nom de dieu).
Cette formule répétitive se retrouve donc dans les chants et dans les tempi d'accompagnement. Dans le chant, la phrase rythmique courte sert à construire l'extase. Si le chanteur s'apperçoit qu'un fidèle atteint cet état, il doit continuer la répétition de la phrase jusqu'à la fin de l'extase, sinon il met le fidèle en danger de mort. Les rythmes les plus représentatifs de la musique kawwali sont le 4/8, le 6/8 et le 7/8.
Bien évidemment, grâce à la maîtrise parfaite de leur technique et à l'absolue nécessité de la pratique d'une certaine voie (tariqa) vers la joie, les musiciens kawwali parviennent à une virtuosité quasi inégalée en Asie.
Cependant, celle-ci ne constitue qu'un moyen pour eux d'atteindre l'essentiel.
D'après les notes de Françoise Gründ pour le disque Arion vol. 3 "Musique Soufi", réf. ARN 33654

Contributeurs

Origine géographique

Inde

Mots-clés

Date (année)

1985

Cote MCM

MCM_1985_IN_S4

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Titre Localisation Date Type
Inde. Cycles des percussions. Qawwali, Jaafar Hussain. Photos Inde 1985-06-07 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1985 1985