Ressource précédente
Ressource suivante

Inde. Pandavani, Teejan Baï. Madhya Pradesh. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Inde. Pandavani, Teejan Baï. Madhya Pradesh. Spectacle

Date

1985-06-11

Date de fin

1985-06-20

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

11-20 juin 1985
LE GENRE
En Inde, se côtoient d'innombrables formes de littératures orales très anciennes. Véhicules d'une pensée mystique aussi bien que d'une esthétique particulière, ces récits juxtaposés au chant, à la musique, à la danse, et au mime avaient aussi pour fonction de souder la communauté, par l'intermédiaire d'intervenants locaux vivant dans le village, le quartier ou la proximité du temple, ou par l'intermédiaire d'artistes ambulants.
Le Pandavani, une des formes importantes de récit conté par un groupe est interprété en Chattisgarhi, langue du centre de l'Inde, parlée par plusieurs millions de locuteurs, dans la région du Chattisgarh qui s'étend sur une partie du Madhya Pradesh, du Bihar, de l'Orissa, de 1'Andhra Pradesh et du Maharashtra. Le Pandavani raconte presque exclusivement la grande épopée hindouiste: le Mahabharata.
Le Pandavani comporte deux écoles de "contage": L'école Bedmathi et I'école Kapalike.
L'école Bedmathi proche de la tradition rituelle se compose d'un conteur accompagné par quatre musiciens. Le conteur "dit" plusieurs épisodes du Mahabharata, dans un style de "Recitar-Cantado" en s'accompagnant sur une "Tamburah", luth à long manche et à une seule corde, dont la caisse de résonance formée d'une demie-calebasse est recouverte d'une peau de salamandre. Le conteur touche la corde unique avec les doigts.
Les quatre musiciens qui accompagnent le conteur sont
un joueur de Tabla (paire de tambours semi-sphériques frappés à main nue) ;
un joueur d'harmonium portatif ;
un joueur de Dholak (tambour à deux peaux) ou parfois de Kanguri (tambour du Madhya Pradesh, à deux peaux) ;
un chanteur, donnant la réplique au conteur en s'accompagnant de Kartal (petites cymbales).
Dans cette école, le conteur reste assis ou tout au plus se met à genoux.
Les conteurs de Pandavani de l'école Bedmathi suivent les textes des Veda pour les récits du Mahabharata. L'improvisation se fait sentir dans les rythmes musicaux. En général, les textes appris sont respectés.
La seconde école de Pandavani prend le nom de Kapalike. Le Kapalike se compose également d'un conteur et de quatre musiciens. L'instrument du conteur, la Tamburah comporte cette fois trois cordes et présente un aspect rustique. En général, le conteur la fabrique lui-même. Les instruments restent les mêmes que dans l'école Bedmathi, à cette exception que le chanteur secondaire donne les rythmes en s'accompagnant du Changuri (tambourin à sequins).
Le joueur de Changuri et chanteur entretient un dialogue permanent avec le conteur. Il relance l'attention et permet au conteur de reprendre sa respiration. Il souligne par des: "Ha! Ha!" les moments dramatiques et humoristiques. Le conteur se tient presque toujours debout et se livre à une gestuelle spécifique.
Cette école Kapalike oriente le récit vers l'improvisation. Le conteur amalgame les événements anecdotiques aux récits du Mahabharata. Sa formation se fait par un Guru et selon une tradition orale. Le Guru est souvent le père ou un membre de la famille. Teejan Baï appartient à l'école Kapalike du Pandavani.

LE RÉCIT DU MAHABHARATA
Autrefois, au temps des fêtes rituelles après les moissons, les conteurs de Pandavani déroulaient le cycle complet du Mahabharata. Le récit durait dix-huit jours, à raison de quatre heures quotidiennes à la tombée de la nuit, au moment où la chaleur faiblit. Maintenant les fêtes se réduisent et Teejan Baï reste parfois deux ou trois jours dans un village, jamais plus. Ainsi, elle a dû adapter la durée de sa narration.
Pour son premier voyage à l'extérieur de l'Inde, Teejan Baï a choisi deux épisodes liés du Mahabharata qui durent environ soixante-quinze minutes.

LA VENGEANCE DE DRAUPADI ET LE DERNIER COMBAT DE KARNA
Après l'invocation à Krishna commence la description du champ de bataille de Kurukshetra. D'un côté se trouvent les Pandava, de l'autre les Kaurava. Pandava signifie "cinq frères". Ce sont: Yudhistra, Arjuna, Beehma, Nakula, Sahadeo.
Sur ce champ de bataille, les deux camps ont délégué leur champion: Arjuna se battra pour les Pandava et Kama pour les Kaurava. Kama se trouve dans une situation particulière ; il ne fait pas partie réellement de la famille des Kaurava ; il est engagé par elle comme mercenaire. En effet, Kama et Arjuna sont demi-frères, issus de la même mère: Kunti. Kunti à l'âge de treize ans, ayant convoqué le soleil et l'ayant séduit, accouche d'un enfant Kama le fils du soleil. Elle le place dans un petit bateau et le lance au fil des eaux du Gange. Karna est recueilli par des cochers qui deviennent ses parents adoptifs. Considéré comme un bâtard, il est rejeté par les Pandava. Il faut encore préciser que les Pandava et les Kaurava sont cousins.
Arjuna et Karna se font face, à la tête de chaque Chattur Angueli (quatre corps d'armée). Viennent d'abord les chariots, puis les éléphants, puis les cavaliers et enfin les fantassins. Les armes employées sont:
la lance,
l'épée,
le bouclier,
l'arc et les flèches,
la gada, massue ou masse d'arme,
le krank, sabre.
L'arc d'Arjuna porte le nom de Gandiwa. Arjuna ne se sépare jamais de Dewatatt, la conque de nacre donnée par Dieu. Le chariot d'Arjuna est conduit par Krishna. Sur ce chariot flotte un drapeau et sur ce drapeau l'effigie d'Hanuman, le grand roi-singe.
Le chariot de Karna a pour cocher Shalya, roi de Madras à qui obéissent tous les chevaux du monde. Karna demande à Shalya de préparer le chariot. Et voici que l'attelage se place face au camp d'Arjuna. Shalya conseille la prudence à Karna.
"Attention Karna, car Arjuna protégé de Krishna est très puissant. Si Karna est comme un rayon de soleil, Arjuna est le soleil tout entier!"
Karna n'écoute pas Shalya et, se dressant sur son chariot, il défie Arjuna:
"Arjuna, tu es fort et intelligent, mais tu n'es pas le plus fort! Je sais que tu as vaincu de nombreux rois. Je sais tout cela... mais je sais aussi que tu as tué Bhishma, notre grand-père. Aussi aujourd'hui, c'est la rage au coeur que je te défie. Aujourd'hui, tu ne pourras échapper à la mort!"
Arjuna accepte le défi et le combat s'engage... un des combats de la grande guerre du Mahabharata. Voici comment s'est déclarée la guerre du Mahabharata: quand Pandu, le père des Pandava meurt, l'empire passe sous la domination de Dhritarashtra, père des Kaurava, "les cent", qui octroie aux cinq Pandava, la moitié du royaume. Tout fonctionne bien mais les Kaurava souhaitent la suprématie absolue. Aussi invitent-ils les Pandava dans leur palais à une partie de dés, car ils savent que Yudhistra, l'aîné des Pandava est joueur. Les Kaurava trichent et gagnent. Alors les Pandava jouent leur partie de royaume, puis ils se jouent eux-mêmes et jouent leur épouse commune Draupadi. Ils perdent tout. Les Kaurava après avoir tenté vainement de posséder en public Draupadi envoient tous les Pandava en exil pour treize ans. Les treize années passées, la lutte pour le royaume et pour effacer la honte devient plus que jamais nécessaire pour les Pandava. Ainsi commence la grande guerre du Mahabharata.
Arjuna accepte le défi et le combat s'engage'
Quand il tire une flèche de son arc magique, elle se multiplie par dix et chacune des dix flèches se multiplie à son tour par dix' si bien qu'une des flèches d'Arjuna suffit à couvrir le ciel et à voiler la lumière du soleil naissant. C'est le matin et le terrible combat commence.
Les éléphants font trembler la terre qui se teinte de rouge. Les chevaux éventrés écrasent leur cavalier. Sous le soleil voilé par les flèches, se dressent des tas de morts sur le champ de bataille. A une extrémité de ce champ de bataille s'engage simultanément un autre combat, celui de Bheema du clan des Pandava contre le terrible Kaurava: Dursharshan (celui qui avait arraché les vêtements de Draupadi devant la cour).
Les deux géants se mesurent à la Gada, masse d'arme énorme comme une montagne. Puis laissant la Gada, ils s'affrontent à mains nues. Le choc est terrible car si Dursharshan a la force de dix mille éléphants, Bheema a la force de onze mille éléphants. Ils roulent sur le sol et font trembler la terre entière. A la fin, Bheema terrasse Dursharshan et lui arrache un bras.
Tenant le bras sanglant de l'ennemi des Pandava, il appelle Draupadi qui attend à l'autre bout du champ de bataille. "Viens Draupadi, épouse, viens voir l'ennemi de ton honneur agonisant à terre, et viens baigner ta chevelure dans son sang qui bouillonne!"
Draupadi court sur le champ de bataille et défait ses longues tresses puis elle baigne ses cheveux dans le sang des Kaurava. Toute humide encore, elle adresse une prière à Dieu.
"Puisses-tu donner à toutes les femmes du monde un époux comme Bheema qui, par sa force et son courage non seulement sauve la vie de son épouse mais accomplit ses désirs les plus secrets. Lorsque
Dursharshan le tricheur voulut me mettre nue, je jurai secrètement qu'avant ma mort je me tremperai les cheveux dans son sang pour laver la honte qu'il m'infligea. Gloire à toi Bheema!"
Il est midi sur le champ de bataille, le soleil a accompli la moitié de sa course; et Karna et Arjuna sont toujours en présence. Lorsque Karna tend son arc vers Arjuna, le chariot de Karna recule de deux pieds et demi, mais lorsque Arjuna tire sur le chariot de Karna celui-ci recule de mille pieds. Arjuna interpelle Krishna qui lui sert de cocher:
"Toi qui peux porter les trois mondes, si tu continues à me soutenir de la sorte, je ne ferais qu'une bouchée de ces misérables Kaurava!"
Krishna répond:
"Arjuna est fort maintenant c'est vrai! Vois-tu Arjuna, cependant, malgré mon aide, ne te considère jamais comme invincible!"
Krishna, en effet, semble inquiet car il s'aperçoit que Karna se prépare à utiliser la Bajarah.
La Bajarah est une arme secrète et mortelle donnée par Indra. Des crocs acérés sont plantés dans une longue tige de fer et ces crocs ne lâchent plus la chair qu'ils harponnent. Krishna sait que cette arme peut tuer Arjuna. Krishna appelle alors le jeune Ghatotkatcha, neveu d'Arjuna et fils de Bheema. Le jeune homme a la réputation d'être un féroce guerrier. Il se précipite à l'appel de Krishna et attaque Karna.
Les Kaurava s'agitent:
"Attention Karna, ce jeune homme te met dans une situation difficile! Utilise immédiatement l'arme magique, la Bajarah contre lui!"
Et Karna refuse:
"Je n'utiliserai pas la Bajarah contre ce jeune homme envers qui je n'ai aucune colère personnelle, mais seulement contre Arjuna!" Les Kaurava insistent:
"Si nous sommes tous tués aujourd'hui, à quoi nous servira que tu tues Arjuna demain? Utilise la Bajarah contre le jeune homme! Nous t'avons confié une mission de guerre."
Forcé par les Kaurava, Karna lance la Bajarah sur Ghatotkatcha et l'atteint. C'est exactement ce que voulait Krishna, détourner l'arme magique de la poitrine d'Arjuna.
Arjuna, dont la rage de la mort de son neveu décuple les forces, réengage le combat contre Karna. Karna appelle à son secours le serpent Tchouk-Tchouk. Le serpent Tchouk-Tchouk est un ennemi d'Arjuna. En effet celui-ci, dans la forêt de Kandow, avait coupé la queue de sa mère.
Le serpent Tchouk-Tchouk parle à Karna. "Je vais me raidir. Place-moi sur ton arc et envoie-moi comme une flèche sur Arjuna. Je l'atteindrai et je le piquerai."
Karna place Tchouk-Tchouk sur son arc et le serpent ouvre la bouche. Sa mâchoire inférieure frôle la terre et sa mâchoire supérieure touche le ciel. Il arrive sur Arjuna et avale le chariot avec Krishna, Arjuna ainsi que le drapeau avec l'effigie d'Hanuman.
A l'intérieur du ventre du serpent, Arjuna dit à Krishna: "Fais quelque chose!"
Krishna répond: "Dans cette situation, je ne peux rien. C'est à Hanuman de nous sortir de là!"
Hanuman dit: "Très bien!" Il concentre ses forces et réduit le poids du chariot et des occupants. Ceux-ci se mettent à flotter dans le ventre du serpent et se dirigent vers sa bouche. Guidés par Hanuman, ils sortent et reprennent pied sur terre.
Le serpent dit à Karna: "Donne-moi encore une chance de me venger!". Mais Karna se met en colère et tue le serpent Tchouk-Tchouk.
De nouveau Arjuna et Karna se défient. De nouveau l'affrontement se prépare.
De nouveau, Karna lance une flèche qui fait reculer Arjuna de deux pieds et demi. Arjuna lance une flèche qui fait reculer Karna de mille pieds.
Soudain, la roue du chariot de Karna s'engage dans une ornière et s'enfonce dans la boue sanglante. Karna se souvient alors de la malédiction de l'ermite, au temps où malencontreusement, dans la forêt, il tua la vache Mitchuma: "Sur le champ de bataille, si ton coeur connaît la peur, ton chariot se paralysera!"
Karna et Shalya fouettent les chevaux. Malgré leurs efforts, ils ne parviennent pas à dégager la roue de
l'ornière. Karna met pied à terre pour dégager la roue. Pour ce faire, il doit se débarrasser de son arc. Il se trouve hors du chariot et désarmé.
Voyant Karna désarmé, Krishna prévient Arjuna. "Tire sur Karna!"
Tout d'abord Arjuna refuse mais Krishna insiste: "Dans la guerre, il ne faut plus parler de traîtrise. Tous les coups sont permis! As-tu donc oublié que c'est Karna qui a tué ton fils Abhimanyu?"
Cette question fait jaillir la colère d'Arjuna et prenant les flèches sacrées qu'il a reçues de Parachuran, il tire cinq fois dix-huit flèches sur Karna.
Karna blessé, en échange de sa vie, offre à Arjuna les clefs de son trésor. Krishna intervient alors à la place d'Arjuna: "Suis-je un mendiant pour prendre dans ta maison ce qui t'appartient?
Karna dit: "Alors, je n'ai rien à donner!"
Krishna dit: "Si! Tes dents sont de diamant, fils du soleil! Donne-les moi!"
Et il demande une flèche avec laquelle il pourra les arracher. Alors Karna, roulant sur lui-même, prend
une de ses flèches et se brise les dents. Puis il présente ses diamants à Krishna. Et Krishna les refuse parce qu'ils sont souillés de sang. Il dit: "Nettoie-les!"
Karna, blessé, parvient à lancer une flèche vers le ciel et une pluie tombe sur les diamants et les lave. Karna ouvre ses mains pleines de diamants purs devant Krishna.
Krishna, satisfait de l'épreuve de Karna, lui dit: "Je peux te rendre immortel!
Mais Karna refuse et dit: "Depuis que Dieu est venu me voir en personne, depuis que je l'ai vu et que j'ai conversé avec lui, quelle est maintenant l'utilité de ma vie?"
Krishna demande: "Que puis-je pour toi?"
Karna répond: "Brûle-moi en un endroit aussi pur que celui où je suis né. Tu sais que je suis né d'une mère vierge!"
Krishna dit: "Karna, je vais parcourir toute la terre pour trouver cet endroit pur. Et si je ne le trouve pas, je fais le serment de te brûler sur la paume de ma main!"
Fin de l'épisode

Teejan Baï (littéralement "Fille du 3e jour du mois) est la première conteuse féminine de Pandavani. Son admiration pour son grand-père, célèbre conteur de Pandavani l'a conduite à l'imiter et à réclamer son enseignement. Elle apprend les textes par l'oreille et s'exerce à la gestuelle. Petite fille, elle construit elle-même sa première Tamburah. Autant qu'elle le peut, elle suit son grand-père lorsqu'il part "en tournée" dans les villages du Chattisgarh ou lorsque des familles l'invitent pour une fête ou un mariage. Elle s'exerce au jeu de tous les instruments. A la mort de son grand-père, elle reprend tout naturellement son statut de conteur professionnel. Elle devient ainsi la première Pandavani du Madhya Pradesh. Teejan Baï, âgée aujourd'hui de trente-cinq ans vit dans le village
de Ganyari ; un village traditionnel aux murs de terre ocre qui déroule ses ruelles sans fenêtre autour d'un étang où les dos de buffles noirs forment les îles. Sa maison confortable, avec plusieurs chambres donnant sur une cour, abrite parfois des présentations de Pandavani. Teejan Baï dresse alors un dais blanc et rouge entre ses propres murs et place un lit de bois et de tressage végétal au centre de l'espace pour ses musiciens. Elle prépare un thé et le sert à ses invités. Pendant qu'ils le dégustent, elle se change, revêt un beau Sari de coton et se pare de lourds bijoux d'argent (une ceinture de plusieurs kilos qui lui maintient les hanches, des bracelets d'avant-bras, des bracelets de chevilles et des bagues de pieds.) Puis elle accorde sa Tamburah dont elle touche les cordes avec un morceau de fil métallique formant une large boucle dans sa main. Elle parcourt très vite l'assistance du regard et commence par une courte prière, presque intérieure. Son comportement change alors et Teejan Baï se transforme en guerrier ou en Dieu.
Sa voix rauque et forte captive instantanément l'assemblée. Elle prend possession de l'espace qui s'étend entre ses bras et le repousse à l'infini. Sa parfaite intelligence avec le groupe musical qu'elle dirige assure un ensemble cohérent, d'une forme théâtrale complète, totalement homogène.
Son "métier" lui a coûté, quelques années auparavant, une partie de sa stabilité sociale. Son mari, ne pouvant supporter de s'effacer derrière le rayonnement de son épouse, la quitte en lui laissant trois enfants. Aujourd'hui le fils aîné de Teejan Baï, âgé de dix-huit ans, cultive pour sa mère la pièce de terre qu'elle possède derrière le village. Le fils cadet de onze ans, que les percussions fascinent, accompagne parfois sa mère et reçoit d'elle un enseignement. Teejan Baï forme des disciples et choisit des petites filles à qui elle donne une formation complète. Une fois par mois, quatre petites filles, âgées de dix à douze ans, viennent vivre dans la maison de Teejan Baï. Si elles l'aident aux travaux domestiques et la servent, comme l'usage le veut en Inde, elles apprennent l'histoire complète du Mahabharata, la caractéristique vocale et gestuelle de plus de deux mille personnages, la musique, la fabrication des instruments et surtout ce comportement agressif et séducteur de conteuse-guerrière. Teejan Baï jouit dans le village de Ganyari d'un statut social particulier, qu'elle a acquis par la qualité de son travail. Les paysans, ses voisins, non seulement la respectent mais se montrent fiers d'elle. Elle vit avec ses trois enfants et la femme de son fils aîné. Sa situation de femme seule ne la gêne plus. Pourtant son système de vie n'est pas facile.
D'un côté, elle est sans cesse à la recherche d'une invitation du Pandavani dans un des villages du Chattisgarh et de l'autre côté, elle tire sa subsistance d'une petite agriculture. Là encore, les conditions se révèlent dures: le village de Ganyari se couche sous les fumées polluantes des immenses aciéries de Bhilaï, distantes de quatre kilomètres. Le riz et les légumes s'étiolent et viennent mal. Le cycle se perturbe mais, d'un autre côté, tous les ouvriers qui viennent des villes et des villages voisins se révèlent une clientèle pour le Pandavani.
Teejan Baï devient ainsi un archétype de la femme indienne contemporaine: seule, inventive, se situant entre les avantages et les inconvénients des nouvelles technologies, mais n'abandonnant pas les traditions.

Teejan Baï est accompagnée par:
Umed Singh, Gokul Ram,
Agnoor Ram, Paltoo Ram.

Contributeurs

Origine géographique

Inde

Mots-clés

Date (année)

1985

Cote MCM

MCM_1985_IN_S8

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Inde. Pandavani, Teejan Baï. Madhya Pradesh. Photos Inde 1985-06-11 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
Saison 1985 1985