Ressource précédente
Ressource suivante

Alem Kassimov. Mugam d'Azerbaïdjan volume 1.

Collection

Titre

Alem Kassimov. Mugam d'Azerbaïdjan volume 1.

Artistes

Type de document

Audio édité

Cote MCM

474.2 KAS

Date de parution

1989

Origine géographique

Azerbaïdjan

Description

1. Mugam Chargah
2. Mugam Bayati Shiraz

L’exécution du Mugâm nécessite un chanteur (khânande), qui joue aussi du tambour sur cadre daf, et deux musiciens (sâzande) jouant du luth târ et de la vièle kemânche. Le târ répond directement aux phrases chantées, tandis que la kemânche soutient tantôt le chanteur tantôt le târ.
Si le cadre du Mugâm demeure assez souple et offre dont une certaine liberté au chanteur, ce dernier se doit néanmoins d’en avoir assimilé intimement les règles formelles. C’est à ce prix seulement qu’il peut mesurer son espace de liberté et se renouveler sans pour autant dénaturer l’esprit de l’œuvre.
Le style vocal se caractérise par sa flexibilité, une ornementation riche et un vibrato glottalisé (yodel) qui est utilisé dans les points culminants de la mélodie. Le poème, énoncé vers par vers est entrecoupé de vocalises ponctuées sur leurs notes finales par d’impressionnants glissandi yodlés.
Le târ est un luth à manche long. Il connut sous le règne des Qâjârs une vogue qui ne s’est pas démentie depuis. Le musicologue et organologue Curt Sachs lui donne le nom de luth étranglé en raison du double renflement de sa caisse. Taillée dans du bois de mûrier ou plus souvent aujourd’hui en noyer, celle-ci est recouverte de peau d’agneau ou de péricarde de bœuf. Le târ azéri, plus petit que le târ généralement utilisé en Iran, comporte trois rangs de doubles-cordes en métal, plus deux doubles-cordes aiguës et une corde grave qui sont pincées à vide et servent de bourdon. L’accord varie selon les modes interprétés. Le musicien le tient très haut en travers de la poitrine ("sur le cœur") et pince les cordes au moyen d’un onglet métallique, créant des effets de vibrato en secouant sèchement l’instrument.
La kemânche qui prit son essor sous les Séfévides est une petite vièle à pique posée sur le genou. La caisse en bois de mûrier, de forme sphérique, est recouverte d’une peau de poisson.
Les quatre cordes en acier jouées tantôt avec l’archet, tantôt en pizzicato, peuvent
aussi bien produire des sons plaintifs que scander gaiement le chant du khânande.
Le daf est un tambour sur cadre dont la membrane, très fine, presque transparente, est généralement faite de peau de silure ou de péricarde de bœuf. Le pourtour intérieur du cadre est semé d’anneaux métalliques qui résonnent à chaque coup porté sur la peau ou le bord de l’instrument.

Cet enregistrement a été réalisé en mai 1989 à la Maison des Cultures du Monde lors de la première tournée européenne d’Alim Qâsimov, jeune chanteur déjà réputé dans son pays mais encore inconnu à l’étranger, sauf de quelques spécialistes.
Âgé de 32 ans au moment de ces enregistrements, il témoigne déjà d’une extraordinaire maîtrise de son art et de cette qualité, cette finesse de la voix, tantôt flamboyante tantôt toute en demi-teintes, qui lui vaudront par la suite la célébrité que l’on sait.
Chanteur atypique, Alim Qâsimov est l’un des derniers chanteurs de M ugâm à s’être formé principalement dans un cadre traditionnel, avant de suivre quelques temps l’enseignement de maîtres tels que le luthiste Bahram Mansurov et le chanteur Hâji Bâbâ Huseynov.
Le fait que, contrairement à ses confrères plus âgés, il n’ait pas été enregistré auparavant, explique sans doute qu’il ne formate pas ses Mugâm en fonction de la durée d’une face de microsillon (20 à 25 minutes) et propose donc ici des Mugâm de trente à quarante minutes.
Il est accompagné par les joueurs de târ et de kemânche Malik et Elkhan Mansurov, fils du célèbre Bahram Mansurov et tous deux issus d’une lignée fameuse de musiciens et de mécènes de Bakou.
Qâsimov tournera encore pendant une dizaine d’années avec les frères Mansurov avant de s’en séparer. C’est un peu regrettable car ce trio est sans doute le meilleur que nous ait jamais offert Qâsimov, et jamais depuis l’on a senti une telle complicité entre le chanteur et ses instrumentistes.

1. Mugâm Chargâh
Par sa durée, sa complexité, la richesse de ses couleurs expressives, le Mugâm Chargâh (ou Tshahar-gâh) est l’un des quatre ou cinq principaux Mugâm du répertoire, l’un de ceux que les apprentis -khanande travaillent des années durant et sur lequel tout grand chanteur se remettra continuellement en question. Selon les musiciens, Chargâh est un mode fier, viril, martial, un mode qui excite les passions (Jean During, La musique traditionnelle de l’Azerbayjan et la science des muqams, Baden-Baden, Éd. Valentin Kœrner, Coll. d’études musicologiques n°80, 1988, p. 89).
Les modulations, relativement nombreuses, créent une grande diversité émotionnelle et permettent au chanteur d’exploiter toutes ses ressources vocales et expressives.
Composition du Mugâm
Daramad, introduction instrumentale dans le mode chargâh.
Chant en trois parties, mode chargâh.
Reng, intermède instrumental, rythme 3/4, mode chargâh.
Chant en trois parties, mode chargâh suivi d’une modulation en baste negâr.
Reng, rythme 3/4, mode baste negâr.
Chant, mode hisâr.
Reng, rythme 4/4, mode hisâr.
Chant en trois parties, modes hisâr, mansuri, mukhâlif.
Reng, rythme 3/4, mode mukhâlif.
Chant, mode mukhâlif.
Tesnif, chant populaire, rythme 6/4, mode chargâh.
Ayag, cadence finale.

2. Mugâm Bayâti Shirâz
Empreint d’une grande nostalgie ce Mugâm est construit sur des modes exploités sous leur forme descendante : la mélodie commence par les notes supérieures puis descend progressivement.
Composition du Mugâm
• Daramad, introduction instrumentale de rythme 6/8 dans le mode bayâti shirâz.
• Chant en quatre parties, mode bayâti shirâz.
• Reng, intermède instrumental, rythme 6/8, mode bayâti shirâz.
• Chant en quatre parties, mode esfahân.
• Reng, rythme 6/8, mode esfahân.
• Chant en quatre parties, modes esfahân et khâvarân.
• Reng, rythme 6/8, mode bayâti shirâz.
• Chant en trois parties, mode ‘uzzâl.
• Reng, rythme 6/8, mode ‘uzzâl.
• Chant en quatre parties, mode ‘uzzâl, avec
reng de rythme 6/8 entre les 2e et 3e parties.
• Ayag, cadence finale.

Pierre Bois

Éditeur

Maison des Cultures du Monde

Collection

Inédit

numéro

W260012

Durée

72'12"

Support physique

Audio - CD

Type d'évènement

Musique

Type de captation

Enregistrement Studio

Mots-clés

nombre de pages

6

liste des contributeurs