Ressource précédente
Ressource suivante

Inde du Nord. Musique classique. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Inde du Nord. Musique classique. Spectacle

Sous-titre

Ustad Mahmoud Mirza, sitar. Ustad Latif Ahmed Khan, tabla

Date

1989-03-10

Date de fin

1989-03-12

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

10-12 mars 1989.
Aucun pays, même la Chine, ne présente une histoire musicale comparable à celle de l'Inde. Depuis la préhistoire jusqu'à nos jours, nous pouvons suivre, d'abord par des références historiques très anciennes puis par des notations et des traités techniques de plus en plus développés, la théorie et la pratique musicale telle qu'elle a existé et existe encore dans les diverses régions culturelles du continent indien. Son remarquable esprit de tolérance a permis à l'Inde de développer sans catastrophes ni dogmatisme les divers aspects de sa civilisation et d'assimiler le meilleur des civilisations étrangères avec lesquelles elle fut en contact: Grecs, Persans, Turcs, et Arabes.
Un des éléments majeurs de l'art musical indien est l'improvisation qui a su lui permettre de demeurer une expérience vivante et toujours renouvelée. En cela, et par sa structure, la musique indienne est restée proche du langage parlé, aussi ne faut-il pas s'étonner de son caractère monodique.; Pour l'écouter, il faut donc laisser de côté nos propres conceptions musicales et rééduquer notre oreille, notre mémoire, notre façon d'écouter pour devenir à nouveau capables de suivre le développement de la pensée telle qu'elle s'exprime en termes de valeurs relatives entre les éléments sonores.
Musique modale, la musique indienne repose sur une base tonale, présente de manière permanente, point de référence invariable à partir duquel l'oreille peut apprécier toutes les finesses du mode ou raga exécuté. Ainsi par rapport à cette base, nous faut-il percevoir indépendamment chaque élément mélodique ou ornemental dans son rapport avec la tonique et non pas suivant la succession mélodique comme on le fait d'habitude en écoutant de la musique occidentale. Ce n'est en effet pas le "discours" mélodique des notes qui se suivent qui importe, mais l'ensemble que ces notes constituent. Cela explique pourquoi la musique modale peut être improvisée: la conscience du musicien est concentrée sur l'ensemble de l'édifice. Improvisation ne signifie toutefois pas hasard ou entropie, mais liberté relative de discours mélodique dans un cadre de règles liées à des formes et des styles distincts. La première étape ou alap consiste à prendre conscience du mode, à en créer une image mentale par la présentation progressive des notes, de leurs rapports entre elles et avec la tonique. Peu à peu les intervalles prennent une extrême précision et une signification émotionnelle définie que partage l'auditoire. Ensuite, avec ou sans accompagnement rythmique, le musicien ou le chanteur commence à errer sur l'échelle du mode, l'entourant d'arabesques, d'ornements et de motifs mélodiques propres au mode et en observant les règles de composition liées au genre musical choisi.

Le raga
Le mode musical indien ou raga est un ensemble de sons correspondant à un climat émotionnel particulier et dans lequel le musicien développe un thème, généralement sous forme d'improvisation. Les composantes du raga sont:
-une gamme aux intervalles précis, établie sur la base d'une tonique fixe, invariable et jouée constamment.
-certains éléments mélodiques et ornementaux, les rupa, qui varient d'un mode à l'autre.
-deux notes principales, vadi et samvadi, pivots sur lesquels le mode s'articule
Le changement d'une seule de ces composantes suffit à déterminer un mode différent.
Les raga sont traditionnellement classés selon les saisons et les heures du jour et de la nuit, c'est-à-dire en fonction des états émotionnels et physiques liés à ces divers moments (raga du matin, de l'après-midi, du soir ou de la nuit)
Le tala
La rythmique indienne est une des plus complexes, des plus savantes et des plus raffinées qui soit. Tous les éléments en sont rationalisés, et peuvent être notés dans un système particulier, extrêmement complet et détaillé. Comme les modes, les rythmes ont leur caractère expressif, et il n'est pas rare que certains rythmes et modes soient associés. Des groupes rythmiques de base sont constitués à partir de trois éléments: temps fort, temps faible et temps silencieux, et par le biais d'une savante combinatoire sont agencés en cycles, les tala, pouvant compter de 6 à 18 temps.

Le khayala instrumental
Parmi les divers genres de la musique indienne, le plus répandu pour les instruments dérive de la forme vocale khayala (ou khyal). Le khayala instrumental comprend quatre parties:
-l'alap, exposition du mode
-le vilambita gata, thème instrumental lent
-le druta gata, composition rapide
-le jhala, conclusion.

L'alap dont la forme a été empruntée au genre vocal dhrupad, est une exposition du mode jouée en solo et qui comprend trois moments:
-l'alap proprement dit, où le musicien établit une à une les notes du mode, tournant autour d'elles en faisant alterner des glissandi rapides avec des combinaisons mélodiques plus lentes; -le jodh, dans lequel il développe diverses formes métriques (bola) dans un ordre de complexité croissant;
-le jhala qui clôture l'exposition par un savant travail rythmique de la main droite.

Le vilambita gata, thème instrumental lent, est une composition improvisée sur un thème et accompagnée au tabla sur le rythme tintala à 16 temps. Le tempo augmente progressivement au fur et à mesure de l'exécution.

Le druta gata est une composition rapide également jouée sur le rythme tintala et qui fait alterner des figures mélodiques empruntées à la musique vocale avec des passages purement rythmiques. Comme dans le vilambita gata, le tempo s'accélère en même temps que s'accroît la complexité des figures mélodiques et rythmiques.

L'improvisation s'achève par le jhala. La vitesse se réduit et la mélodie revient à sa plus simple expression.

Cette forme de base du khayala instrumental peut faire l'objet de multiples aménagements, mais elle est généralement respectée dans le premier raga, pièce maîtresse du concert. Dans les raga suivants, le musicien peut selon son humeur et les possibilités d'expression offertes par le mode, choisir diverses combinaisons des parties composant le khayala. Il peut par `ùl'adaptation d'une pièce vocale (madya laya bandisa) et d'un druta gata, ou encore se contenter de jouer un aocara et un vilambita gata

Les instruments
De nos jours, le sitar est sans doute l'instrument à cordes le plus prisé en Inde du Nord. Sa forme s'est fixé au XVIIe siècle, et malgré l'origine parsane de son nom, il n'a pas grand chose à voir avec le sehtar d'Iran.
Il s'agit d'un grand luth composé d'une caisse hémisphérique montée sur un très long manche. Celui-ci est muni de touches mobiles (frettes) dont la position peut être modifiée selon les modes. Quatre cordes en acier et en cuivre, pincées au moyen d'un plectre servent au développement mélodique, tandis qu'une vingtaine de cordes sympathiques entrent en résonance avec les cordes principales.
Le tabla est formé d'un petit tambour ou tabla proprement dit et d'une petite timbale ou baya. La peau du tabla est tendue grâce à des lanières de cuir; des rouleaux de bois placés sous ces lanières permettent d'accorder le tambour sur le son de l'instrument qu'il accompagne. Le timbre du tabla varie au gré des formules rythmiques selon qu'on le frappe avec le poignet, la paume ou les doigts de la main gauche. Le baya, au son plus grave, se frappe avec le poignet ou la paume de la main gauche et donne la cadence du rythme.

Ustad Mahmoud Mirza, sitar. Il est né à Delhi en 1935. Initié dès l'âge de six ans à la tradition instrumentale par son oncle Ustad Hyder Hussain Khan, il donne son premier concert à l'âge de onze ans et se produit à la radio deux ans plus tard. Mais c'est auprès du Pandit Jiwan Matto que cet enfant prodige va approfondir sa connaissance des raga et de l'art du badhat, c'est-à-dire de l'élaboration graduelle du raga. Remarquable dans son développement de séquences longues et complexes, l'art de Mahmoud Mirza se distingue surtout par le climat émotionnel qui découle de son imaginaire musical.

Ustad Latif Ahmed Khan, tabla, est né en 1944 dans une famille de musiciens. Il s'initie au tabla à l'âge de neuf ans, puis suit l'enseignement du grand maître Ustad Bamé Khan. Sa superbe maîtrise technique et sa sensibilité lui valent d'être fréquemment convié à accompagner les grands solistes d'Inde du Nord.

Repères bibliographiques
Alain Daniélou, La musique d'Inde du Nord, Paris, Buchet-Chastel, 1967, 138 pages.
Patrick Moutal, Hindusthani Raga Sangita, une étude de quelques mécanismes de base, Paris, CEMO, 1987, 178 pages.

Origine géographique

Inde

Mots-clés

Date (année)

1989

Cote MCM

MCM_1989_IN_S1

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Saison 1989 1989