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Japon. Nô et de Kyôgen par l'École Hosho. Spectacle

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Évènement

Titre

Japon. Nô et de Kyôgen par l'École Hosho. Spectacle

Date

1997-06-12

Artistes principaux

Direction artistique

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Théâtre

Description de la pratique

Spectacle de Nô et de Kyôgen par l'École Hosho
jeudi 12 juin 1997
les interprètes
Fusateru Hosho
Acteur et XIXe Grand Maître de nô de l'Ecole Hosho. Depuis ses débuts à l'âge de cinq ans, Fusateru Hosho a joué presque tous les grands classiques du répertoire nô au Japon et à l'étranger.
Masayuki Namiyoshi
Acteur de nô de l'Ecole Hosho. Il représente la xive génération de la grande famille d'acteurs Namiyoshi.
Takao Watanabe
Acteur de nô de l'Ecole Hosho. Il déploie une grande activité dans les représentations de Hosho.
Noboru Sano
Acteur de nô de l'Ecole Hosho. Né dans la grande et très ancienne famille d'acteurs Sano.
Jun Ootomo
Acteur de nô de l'Ecole Hosho.
Kentaro Ogura
Acteur de nô de l'Ecole Hosho.
Noboru Yasuda
Acteur waki de l'Ecole Hosho.
Ukon Miyake
Acteur kyôgen de l'Ecole Izumi. Fils et disciple du célèbre acteur Tokuro Miyake.
Masayoshi Kawachi
Acteur kyôgen de l'Ecole Izumi.
Yusuke Takasawa
Acteur kyôgen de l'Ecole Izumi.
Hiroyuki Matsuda
Flûtiste de l'Ecole Morita. Musicien traditionnel mais également innovateur, son art ouvre des perspectives nouvelles dans la musique japonaise.
Shingo Ko
Percussionniste (tambour d'épaule) de l'Ecole Ko. Disciple du xviie Grand Maître Masakage Ko.
Shonosuke Okura
Percussionniste (tambour de hanche) de l'Ecole Okura. Il organise et participe activement à des spectacles à l'étranger.
Kunikazu Komparu
Percussionniste (tambour à battes) de l'Ecole Komparu. Fils aîné du xxiie Grand Maître et Trésor National Vivant Soemon Komparu.

1. Sambasô (Le troisième vieillard)
Ukon Miyake, acteur de kyôgen
Hiroyuki Matsuda, flûte
Shingo Ko, tambour d'épaule
Shonosuke Okura, tambour de hanche

2. Yoroboshi (Le faible moine) - Nô
Fusateru Hosho, acteur de nô (shite)
Noboru Yasuda, acteur waki
Hiroyuki Matsuda, flûte
Shingo Ko, tambour d'épaule
Shonosuke Okura, tambour de hanche
Takao Watanabe, Masayuki namiyoshi,
Noboru sano, Jun Ootomo, choeur

3. Funawatashi-muko
(Le gendre dans la barque du passeur) - Kyôgen
Ukon Miyake, acteur de kyôgen
Masayoshi Kawachi, acteur de kyôgen
Yusuke Takasawa, acteur de kyôgen

entr'acte

4. Shakkyo (Le pont de pierre) - Nô
Fusateru Hosho, acteur de nô (shite)
Masayuki Namiyoshi, acteur de nô (shite)
Noboru Yasuda, acteur waki
Hiroyuki Matsuda, flûte
Shingo Ko, tambour d'épaule
Shonosuke Okura, tambour de hanche
Kunikazu Komparu, tambour à battes
Takao Watanabe, Noboru Sano,
Jun Ootomo, Kentaro Ogura, choeur

L'UNIVERS DU NÔ ET DU KYÔGEN
Nô et kyôgen : théâtre contemporain du Moyen-Age
Nés au XIVe siècle, le nô et le kyôgen, premières formes pro-prement théâtrales au Japon, se sont affinés à partir de la fin du xvie siècle et dans tout le courant de l'époque d'Edo. Parvenant à surmonter les turbulences de la rénovation de l'ère de Meiji et de la Seconde Guerre Mondiale, ils perdurent encore, conservant après quelque sept siècles d'histoire, le pouvoir de charmer nos contemporains.
Si l'on considère le théâtre comme le miroir d'une époque, le nô et le kyôgen sont les reflets admirables de ce Moyen-Âge qui les a vu naître et grandir. Pendant la période de Muromachi qui est celle des créateurs du nô : Kan'ami (1333-1384) et son fils Zeami (1363-1443?), on assiste à l'émergence d'un courant artistique fondé sur la fascination pour la culture élégante et l'esthétique de la Cour impériale de Heian (fin du VIIIe s. - fin du XIIe s.), et sur la quête incessante du yûgen, concept visant à donner aux choses et aux êtres une apparence de mystère au charme subtil. Un autre courant, également très vivant, puise ses sources dans la veine populaire et les bouffonneries inspirées de la vie quotidienne. Ces deux courants coexistent donc dans la littérature et dans les arts du spectacle, l'un dominé par l'élégance, l'autre par le vulgaire.
Le kyôgen s'inspire de la vie quotidienne des couches populaires et présente, à travers une gestuelle légère et des dialogues en langue commune, des situations construites sur des bévues, des étourderies ou des satires. En revanche les thèmes du nô sont puisés dans la littérature des siècles passés (Contes d'Ise, Dit du Genji ou Dit des Heike), dans les anthologies de poésie et les traités d'art poétique, ou encore dans les légendes fondatrices des temples et des sanctuaires. En outre, le nô cultive la forme d'un théâtre dansé et chanté qui renforce son climat poétique. Il reflète aussi les m'urs de cette époque, et les événements ou les rumeurs qui passionnaient les gens d'alors. En ce sens, nô et kyôgen constituent donc bien le théâtre contemporain du Moyen-Age japonais.

Les particularités de l'expression
De façon générale, le nô met l'accent sur un certain nombre de thèmes : la question du divin et de la faute, l'amour et la mort, les errements du coeur humain. Quant au kyôgen, théâtre de dialogue, il propose des satires mordantes, et dépeint les joies et les tristesses de la vie. Ces deux formes théâtrales sont jouées sur la scène de nô, un espace dépouillé, largement ouvert sur l'un des côtés, d'où une sensation de profondeur. Le plancher est parfaitement poli, pour accentuer les effets du suri-ashiu (pas glissé). La conception du plateau, qui forme une avancée vers le public, rend encore plus frappante l'impression de perspective, transmettant aux spectateurs, de façon très palpable, les sentiments ou les intentions des personnages.
Dans l'univers du nô, poésie, théâtre et musique se rencontrent et se fondent les uns dans les autres. Les divers éléments musicaux sont étroitement entrelacés symbiose avec le chant et la danse. Cette symbiole n'est pas sans analogie avec l'opéra ou la comédie musicale, mais dans le nô, la description de chaque scène repose uniquement sur les paroles des récitants, et sur les gestes et les déplacements de l'acteur. Ce sont les mouvements à peine perceptibles de l'acteur ' évoquant de façon stylisée un visage levé vers la lune ou un geste de main pour chasser la neige ' qui font apparaître aux yeux et dans l'esprit du spectateur un univers poétique, un monde aux aspects les plus divers, et les phénomènes de la nature et de la vie.

Le nô, sculpture vivante
Noël Péri (1865-1922), pionnier de la recherche sur le nô, écrit à propos de l'essence de l'interprétation : "Le nô, c'est de la sculpture vivante". La beauté du nô relève en fait plus de l'expression sculpturale que picturale. C'est le jeu de l'acteur, associé aux paroles et à la musique, qui permet de dépeindre des paysages, des états d'âme, des événements. Touché par la part de suggestion discrète contenue dans ce jeu concis et dense, le spectateur peut alors imaginer tous les prolongements d'une scène avec les "yeux de l'âme".

Le rôle du choeur ou jiutai
Que ce soit dans le nô ou le kyôgen, le nombre de personnages est en principe limité. Ainsi, la pièce Yoroboshi n'en compte que deux : Shintokumaru, le shite (protagoniste), et Takaya-su Michitoshi, le waki (deutéragoniste). À ces deux personnages vient s'ajouter le jiutai et trois intrumentistes jouant de la flûte, du tambour d'épaule et du tambour de hanche. Selon les pièces du répertoire, par exemple dans Shakkyo, on peut leur adjoindre un quatrième instrument, le tambour à battes.
Le rôle du choeur est très important. Paul Claudel (1868-1955) a défini les particularités de sa fonction : "Le choeur ne participe pas directement au déroulement du drame. Il est simplement là pour ponctuer ce déroulement de remarques impersonnelles. Le choeur raconte le passé, décrit des paysages, développe des pensées, fait la lumière sur les personnages qui apparaissent sur scène. Accroupi auprès de statues qui parlent, il leur répond par des poèmes et des chants, il murmure comme en rêve". La réussite ou l'échec d'une représentation de nô dépend évidemment du jeu du shite, mais elle est aussi largement subordonnée aux qualités du choeur.
Un livret de nô peut être également apprécié à la lecture, comme un long poème. Péri lui-même a traduit le terme nô par "théâtre poétique et lyrique", montrant par là qu'il avait bien saisi le caractère spécifique de cette forme de théâtre. Chacun des mots possède une résonance musicale, et leur assemblage est la concrétisation de la poétique traditionnelle des waka et des renga. La beauté de leurs mètres forme un courant mélodieux marqué par les variations de scansion, dont ressort le rythme du poème.

Les pièces :
Sambasô, Yoroboshi, Funawatashi-muko, Shakkyo-renjishi

Sambasô (Le troisième vieillard) est la troisième partie d'Okina qui compte parmi les danses rituelles antérieures à la création du nô, et dont celui-ci s'est nourri. Cette partie, toujours exécutée par un interprète de kyôgen, comporte deux volets : momi nô dan (scène de l'énergie désordonnée), dans lequel un jeune homme exprime dans sa danse bondissante l'allégresse qu'il ressent,et suzu nô dan (scène de la clochette), danse rythmée à la grâce surannée, exécutée par un vieillard masqué de noir et tenant une clochette à la main. La composition de l'orchestre (hayashi) est particulière : une flûte, trois tambours d'épaule et un tambour de hanche. à mesure que le danseur répète ses frappes du pied énergiques, le public sent jaillir sur scène le climat qui préside à l'échange des v'ux de bonheur.

Le nô Yoroboshi (Le faible moine) conte l'histoire d'un malheureux jeune homme qui, chassé de chez lui à la suite des calomnies de sa belle-mère, devient aveugle et en est réduit à rejoindre la foule des mendiants qui s'agglutine aux abords du temple Tennôji. La pièce se déroule le jour de l'équinoxe de printemps, dans l'enceinte du temple envahie par la foule. Le père, Takayasu Michitoshi, qui a banni son fils et se repent à présent de son acte, se rend précisément dans ce temple pour faire la charité afin d'obtenir son salut dans l'autre monde. Le voici donc devant ce fils qu'il recherchait depuis si longtemps et qui est devenu presque méconnaissable sous son apparence de jeune mendiant aveugle. Mais le pauvre hère n'a rien perdu de sa pureté. Considérant tendrement et avec les yeux du coeur la beauté du paysage de Naniwa, le garçon évolue dans un état qui fait songer au paradis bouddhique de la Terre Pure. Le nô excelle à dépeindre ainsi le paysage mental de ses héros.

Le kyôgen Funawatashi-muko (Le gendre dans la barque du passeur) fait partie de ces 'uvres qui reflètent fidèlement la réalité du Moyen-Âge japonais et constitue un excellent exemple d'observation des travers humains tels qu'ils sont décrits dans les pièces de kyôgen. La pièce fait référence à un usage considéré comme l'une des phases importantes du rituel des épousailles : le muko-iri ou première visite de courtoisie d'un gendre à sa belle-famille après le mariage. Un jeune homme venu de Kyoto, alors capitale impériale, loue les services d'un passeur pour se rendre chez son beau-père à qui il apporte en cadeau un tonnelet de saké. Le batelier demande à en boire une goutte, sans même se rendre compte que son passager n'est autre que son gendre.
Quand on classe par ordre chronologique les thèmes de nô, on voit se déployer un panorama complet de l'histoire littéraire et des légendes du Japon, depuis les temps anciens jusqu'à l'époque de Muromachi. Les thèmes empruntés au répertoire de légendes ne se limite pas à la tradition japonaise mais puisent également dans celles de l'Inde et de la Chine.

C'est le cas notamment du nô Shakkyo (Le pont de pierre). Un pont de pierre, en Chine, sur les flancs du Mont Shôryôsen, mène à la Terre Pure, où réside le bodhisattva Monju. L'esprit d'un lion ' animal de légende dévoué à Monju ' apparaît et danse joyeusement parmi les pivoines en fleurs. Dans le nô, le lion symbolise la vigueur, l'énergie débordante. Devant le pont de pierre, le bonze japonais Jakujô, venu compléter ses études religieuses en Chine, assiste à cette danse miraculeuse.
Haruo Nishino professeur à l'Université Hosei spécialiste du nô.

Origine géographique

Japon

Mots-clés

Date (année)

1997

Cote MCM

MCM_1997_JP_S2

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Saison 1997 1997