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Japon. Traditions d'Okinawa. Danses de cour et Kumiodori. Spectacle

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Évènement

Titre

Japon. Traditions d'Okinawa. Danses de cour et Kumiodori. Spectacle

Date

1999-03-31

Date de fin

1999-04-01

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Danse

Description de la pratique

31mars-1avril 1999
L'île d'Okinawa, longue d'une centaine de kilomètres, constitue le centre culturel et politique du long archipel des Ryûkyû qui s'étend depuis Taiwan jusqu'au Japon. Tout au long de son histoire, Okinawa a affirmé une force et une originalité culturelles que sa taille et son relief escarpé ne laissaient pas présager. Pourtant, la culture des arts vivants d'Okinawa, si forte soit-elle, demeure encore mal connue aujourd'hui et, cette première présentation des arts de cour d'Okinawa à Paris est une découverte aussi bien pour nombre de spécialistes que pour le public français en général.
Okinawa doit sa forte identité culturelle à une unification politique et sociale qui se fit dès le xve siècle sous l'autorité des rois de la dynastie chinoise Shô. Ceux-ci s'efforcèrent de faire de leur île un pôle d'échanges commerciaux et culturels entre la Chine et toutes les régions littorales et insulaires de la Mer de Chine. Au xviie siècle, l'île et le reste de l'archipel passèrent sous le contrôle du Japon qui y établit la dynastie Ryûkyû. De ce fait, les traditions musicales et théâtrales d'Okinawa s'inscrivent clairement, mais de manière originale, dans le grand courant est-asiatique (Chine, Corée, Japon).
Si la tradition chantée d'Okinawa (les bushi) a acquis une certaine notoriété tant au Japon qu'à l'étranger, il n'en va pas de même de sa tradition de danses et de théâtre de cour. Les danses de cour se sont principalement développées à partir du xviiie siècle sous l'égide de la dynastie Ryûkyû. Elles ont été regroupées sous le terme générique de ukansen odori. Il était coutume, à chaque fois qu'un roi de la dynastie Ryukyu était intronisé, qu'un représentant officiel chinois soit invité à bord d'un navire appelé Ukansen où on lui offrait un banquet et un divertissement de musique et de danses. L'ukansen odori comprend d'une part les danses proprement dites ou haodori, et d'autre part le kumiodori, théâtre musical et dansé.

DANSES DE COUR : HAODORI
' Wakashu Kuti-bushi
"Le grand pin aux épaisses feuilles verdoyantes sûrement ne changera pas.
À chaque printemps la couleur de son feuillage gagne en splendeur."
Cette danse fait partie des wakashu odori (danses des garçons), qui étaient autrefois exécutées par des adolescents. Expression de la confiance en soi et dans l'avenir, cette danse avait un caractère propitiatoire.

' Kashikaki
"Dévidant le fil, épais ou mince, je tisserai pour mon aimé une robe aussi fine que les ailes d'un dragon volant."
Le genre onna odori (danses de femmes) comprend entre autres les Sept danses classiques de femmes qui furent chorégraphiées au xviiie siècle par Tamagusuku Chukun, le créateur du kumiodori. La pièce Kashikaki est l'une d'entre elles. Autrefois, la coutume voulait que les femmes de haut rang tissent les vêtements de leur famille. Il s'agissait d'un long processus qui commençait par le filage. Ce sont ces mouvements qui ont inspiré cette pièce chorégraphique.

' Shudun
Entrée : Nakama-bushi
"Bien que souffrant les tourments de l'amour,
Avec qui pourrais-je partager mes sentiments ?
Poussée par votre souvenir,
Je dois m'échapper en secret pour vous voir."

Danse principale : Shudun-bushi
"Vous et moi partageant un traversin '
Que cela est cruel, ce n'est qu'un rêve.
La lune se noie à l'ouest
Au milieu d'une nuit d'hiver."

Sortie : Shongane-bushi
"Si vous pensez à moi, après notre séparation,
Que cela vous soit une consolation,
Car mon odeur, après nos nuits d'intimité
Imprègne désormais votre manche."
Des Sept danses classiques de femmes, Shudun est considérée comme la plus belle. Cette danse, qui dépeint l'angoisse amoureuse d'une femme menacée par l'âge, requiert une grande maîtrise technique et beaucoup de subtilité pour rendre le caractère psychologique du personnage sans tomber dans le pathétique de mauvais aloi. Avec une grande économie de moyens, la danseuse provoque l'émotion par ses jeux de physionomie et ses mouvements de mains. Ainsi, dans la danse principale, certaines techniques comme le mouvement triangulaire de l''il, le geste du traversin ou les mains qui embrassent sont utilisées pour exprimer le chagrin et l'attente du personnage.

' Nufa-bushi
"Insupportable la pensée d'une nuit séparés !
Se peut-il que vos sentiments soient allés à une autre ?
Se glisser avec amertume à votre côté : tel est le chemin de l'amour."
Autre sommet du genre onna odori, cette danse incorpore à la fois des mouvements symboliques et figuratifs. La première partie est marquée par une tension émotionnelle très forte qui se relâche peu à peu dans la seconde partie. Divers gestes tels que le shirakumute (le geste du nuage blanc) ou le tsukimite (le geste de la contemplation de la lune) sont utilisés pour dessiner un portrait émotionnel de ce personnage féminin.

THÉÂTRE DE COUR : KUMIODORI
Théâtre musical, le kumiodori fut créé au XVIIIe siècle par Tamagusuku Chukun, le plus célèbre dramaturge d'Okinawa. La particularité du kumiodori réside dans le métissage de différents arts classiques japonais (nô, kyogen, kabuki et ningyojoruri). Après s'être imprégné de ces grands genres classiques, Chukun les combina avec les formes particulières à Okinawa, créant ainsi une expression théâtrale nouvelle. Sur les quelque soixante pièces que Tamagusuku Chukun et ses successeurs écrivirent pour le kumiodori, on lui doit notamment : Shu-ushinkaneiri, Mekarushi, Onnamonogurui, Koukounomaki et Nido Tekiuchi (également appelée Gosamaru katakiuchi) qui est présentée ici. Cette pièce, l'une de ses premières, fut créée au Festival des Chrysanthèmes en septembre 1719. Elle raconte comment deux jeunes frères réussissent, en se faisant passer pour de jeunes danseuses, à assassiner le seigneur causa la mort de leur père.
Autrefois, comme dans le kabuki, les rôles féminins du kumiodori étaient tenus par des hommes, mais aujourd'hui, les femmes jouent leur propre rôle ainsi que ceux des adolescents. Les scènes se déroulent sous forme dialoguée, dans un style déclamatoire qui n'est pas sans rappeler le nô.
La pièce est accompagnée par une musique de scène (ji-utai) qui comprend des chants et des pièces instrumentales. Les différentes mélodies caractérisent le statut d'un personnage, précisent une situation ou un état psychologique. Ainsi, la pièce Ajitegoto pour luth sanshin, accompagne l'entrée ou la sortie d'un aji (seigneur local), le chant Suki-bushi exprime la piété filiale, et le chant Ichinto-bushi exprime le destin fatal de l'homme. Les chants sont souvent utilisés de manière métaphorique : ainsi dans l'une des scènes de Nido Tekiuchi, les deux frères se préparent à tuer leur ennemi ; cette attente est illustrée par un chant de cour d'amour, Habera-bushi qui, à travers la description d'un papillon voletant autour d'une fleur, exprime l'attente impatiente de deux amants.

LES INSTRUMENTS
L'ensemble instrumental se compose de quatre luths sanshin, d'une cithare kutu, d'une vièle kucho, d'une flûte traversière fue et de deux tambours daiku.
Le sanshin (dérivé du sanxien chinois) est un luth à manche long et à trois cordes qui se développa ensuite à Honshu sous le nom de shamisen. Le sanshin d'Okinawa est un peu plus petit que le shamisen, de plus il est joué avec un petit plectre de corne (bachi) au lieu du grand plectre utilisé à Honshu. Il en résulte un style de jeu beaucoup plus mélodique et moins axé sur le placage d'accords que celui que l'on a l'habitude d'entendre dans la musique classique japonaise. Cet instrument est le plus courant à Okinawa et il est pratiqué par toutes les couches de la société.
Le kutu n'est autre que la cithare à treize cordes koto (dont on trouve des cousins en Chine, en Corée et au Vietnam). Les instruments sont d'ailleurs souvent importés de Honshu. Construit dans du bois de paulownia, l'instrument se compose d'une table rectangulaire sur laquelle est fixée une table d'harmonie bombée. Les cordes en soie sont tendues sur la table d'harmonie, accordées grâce à des chevalets mobiles et pincées avec la pulpe des doigts ou percutées avec l'ongle.
Le kucho est une petite vièle à trois cordes comparable au kokyu japonais. Cet instrument avait disparu peu après la guerre, et ce n'est qu'en 1972 que des associations culturelles d'Okinawa parvinrent à le faire revivre.
Le fuye est une flûte traversière en bambou dont le jeu improvisé s'inspire du style utilisé dans le nô.

Contributeurs

Origine géographique

Japon

Mots-clés

Date (année)

1999

Cote MCM

MCM_1999_JP_S1

Ressources liées

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Titre Localisation Date Type
Japon. Traditions d'Okinawa. Danses de cour Haodori et théâtre de cour Kumiodori. Photos Japon 1999-03-31 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
3e Festival de l'Imaginaire 1999