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Taïwan. Marionnettes à gaine "Le singe et le cochon pélerins". Spectacle

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Évènement

Titre

Taïwan. Marionnettes à gaine "Le singe et le cochon pélerins". Spectacle

Sous-titre

Troupe Wu-Chou-Yüan dirigée par Huang Haï-Daï

Date

1995-09-22

Date de fin

1995-09-23

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Marionnettes, théâtre d’ombres

Description de la pratique

22-23 septembre 1995.
Maître marionnettiste HUANG Haï-Taï
Maître marionnettiste HUANG Lu-Tian
Marionnettiste HONG Jin-Guei
Marionnettiste JI Tsang-Chin
Marionnettiste WU Ping-Chun
Marionnettiste YANG Wen-Jing

Tambour WU Ching-Yüan
Gong WU Ching-Fa
Vièle LIU Yi-Wan
Hautbois ZHANG Huo-Tsang
Luth LIU Bing

Directeur JI Guo-Zhang
Metteur en scène RUAN Miao-Hong
Assistant de production HUANG Yu-Zhen
Accessoiriste RUAN Jia-Hui

Les marionnettes à gaine à Taiwan
D'après la tradition, la marionnette à gaine serait née au dix-septième siècle dans la province littorale du Fujian. Un lettré du nom de LIANG Ping-lin, plusieurs fois malheureux aux concours impériaux, aurait rêvé qu'une divinité lui disait: "Ta renommée est dans le creux de ta main"; se méprenant sur cet oracle, il se serait présenté à nouveau au concours impérial, sans plus de succès que précédemment. Un beau jour, alors qu'il assistait à une représentation de marionnettes à fils, il aurait eu l'idée de sculpter lui-même des figurines et de les animer directement avec les doigts et non à l'aide de fils. Puis, s'aidant de sa connaissance de l'histoire, il aurait composé des scénarios et donné des représentations qui lui auraient apporté richesse et renommée, attestant ainsi la justesse de la prédiction.
En fait, ce sont trois écoles différentes qui se sont développées dans le Fujian: le Nan-guan de Chüanzhou, le chao-diao de Chaozhou et le Bai-zi de Changzhou. Ces trois styles ont bien sûr rapidement essaimé à Taiwan, mais seuls les deux premiers y ont connu un réel succès. Dans un premier temps, pur art "importé", le théâtre de marionnettes à gaine s'est peu à peu adapté à son nouvel environnement pour devenir proprement taiwanais au début du vingtième siècle. Le style musical Bai-guan, vif et martial, très répandu dans le nord de l'île, a alors supplanté le Nan-guan, trop lent et trop méditatif au goût de la population. Par un effet d'entraînement, les marionnettistes ont mis au point des techniques qui permettent aux marionnettes d'évoluer avec la vivacité évoquée par l'accompagnement musical. Ainsi les différents personnages guerriers effectuent-ils des sauts périlleux ou bondissent d'une fenêtre.
Le répertoire varié et très éclectique de ce genre dramatique repose essentiellement sur les intrigues de romans historiques et sur les vies de personnages légendaires. On distingue, tout comme pour l'opéra, des pièces militaires et des pièces civiles où l'expression des sentiments l'emporte sur les prouesses acrobatiques.
En 1970 s'est produit le mariage réussi du théâtre de marionnettes et de la télévision. Le formidable succès de la série proposée sur le petit écran par le fils du Maître HUANG Haï-Daï a par contrecoup nui à la fréquentation des théâtres si bien que les troupes de marionnettistes ont été amenées à aller de nouveau à la rencontre du public et à se produire notamment dans les temples.
Le petit castelet en bois sculpté et doré, est fixé à un échafaudage. En fond de scène est tendue une toile qui dissimule les manipulateurs. Les marionnettes mesurent une vingtaine de centimètres. Elles sont fabriquées par des sculpteurs spécialisés dans la statuaire religieuse. Le bois utilisé est le camphrier suffisamment dur pour résister aux chutes et aux chocs. Les marionnettes vêtues de riches brocards et coiffées de perruques interchangeables chevauchent comme par magie un cheval de bois, se lissent la barbe, manient un éventail, tiennent des lances, des épées, font des sauts périlleux'

La troupe de marionnettes à gaine WU-CHOU-YÜAN

Elle vient de la ville de Yunlin, elle présentera Maître Dji, le moine magicien et Le singe et le cochon pélerins (extrait du Voyage en Occident). Elle est dirigée par le plus grand maître de marionnettes de Taiwan: HUANG Haï-Taï. La présence de ce maître qui a aujourd'hui 94 ans avec sa troupe, est un événement rare et exceptionnel. HUANG Haï-Taï a appris son art dès son enfance auprès de son père. Il a formé plusieurs disciples et notamment deux de ses trois fils. Il est actuellement à Taiwan le marionnettiste le plus érudit, tant en littérature classique que dans le domaine musical. Il a su intégrer à son théâtre tous les éléments formels ainsi que les grands thèmes de la littérature, mais il a également transformé en profondeur la tradition musicale.
Il exerce encore son art en dépit de son âge et enseigne depuis 1989 au Collège National des Arts. Pour expliquer son dynamisme et sa longévité, il a coutume de dire: "il suffit de respirer vite".

Texte des diapositives:
Scène 1 Entrée d'une grotte dans une région désolée.
Dame Blanc-Squelette danse avec des cadavres.
Coulisses: Vent glacial et sombres nuées, depuis mille ans il ne s'était montré, le démon Blanc-Squelette.
Dame Blanc-Squelette: Ah, ah, ah! Tang San-Tsang, voilà longtemps que je t'attends. Grouillants démons!
Démons: Nous voilà! A vos ordres!
-Si nous mangeons la chir du moine San-Tsang du pays des Tang, nous ne vieillirons jamais. Grouillants démons, préparez-vous au combat!
-A vos ordres!

Ils se mettent en ordre de bataille.

Scène 2 Un paysage de montagnes défile.

Sur ordre de l'Empereur, le moine San-Tsang du pays des Tng se rend au Temple du Verbe de Bouddha, en Inde, pour y quérir les Canons véritables du Mahâyâna. Ainsi, de retour au pays, il permettra à tous de passer l'océan de l'existence'
'Sans ménager sa peine, cheminant jour et nuit, sous le ciel étoilé, transi par la pluie et le vent, San-Tsang arrive au mont des Cinq Doigts.
Wu-Kung: Maître, au secours! Maître, au secours!
San-Tsang: Eh, sur ce mont désolé, qui appelle à l'aide? J'arrive!

Scène 3 Le mont des cinq doigts.

Wu-Kung est prisonnier sur le Mont. San-Tsang entre en scène, mais ne voit personne.
Wu-Kung: Maître, venez vite à mon secours. Je suis ici, ici! Vous tardez trop; il ne s'agit pas d'écraser des fourmis en marchant! Je vous attends depuis fort longtemps; hâtez-vous!
San-Tsang: Qui es-tu donc? Pourquoi es-tu prisonnier en ce lieu?
-Maître, ne la savez-vous pas? Je suis le Grand Sage Chi-Tian qui, il y a 500 ans, a semé le trouble dans le Palais Céleste. Pour avoir commis cette grave offense envers le Ciel, le Bouddha Tathâgata m'a enchaîné sur ce mont.
-Tu as gravement offensé le Ciel et tu as été puni par le Bouddha. Comment oserais-je te libérer?
-Maître, vous l'ignorez sans doute, mais la déesse Kuan-Yin est passée ici avant-hier. J'ai imploré son aide, et elle m'a persuadé de ne plus commettre de violence et de ma convertir au bouddhisme'
'Elle m'a demandé de m'employer à votre protection durant votre voyage et de racheter ainsi ma faute.
-Amitâbha miséricordieux! Tu as recouru au conseils de Kuan-Yin et tu aimerais te convertir au bouddhisme, me protéger dans ma marche vers l'Occident?
-Oui, oui! Votre disciple aimerait se convertir au bouddhisme et suivre votre enseignement.
-Amitâbha! Rien n'est plus grand que de s'amender. Si tu te convertis, il te faudra respecter les cinq interdictions.
-Peu importe qu'il y en ait dix ou huit, j'accepte tout ce que vous voudrez.
-Miséricordieux! Mais je n'ai rien pour te détacher. Je ne connais rien non plus aux arts martiaux. Comment te délivrer.
-Pas de problème! Allez jusqu'au sommet et arrachez au rocher le talisman qui y est collé. Je pourrai alors aisément partir d'ici.
-Amitâbha! Je vais donc arracher ce talisman Amida Bouddha, moi ton humble disciple, allant vers l'Occident pour quérir les Canons, j'ai trouvé ce singe que tu as enchaîné il y a cinq cents ans'
'Il me semble plein de repentir et espère ta miséricorde. Permet-moi de détacher le talisman.
-Ca ne sert à rien de marmonner vos prières; il faudrait plutôt vous hâter car je n'en peux plus.
-Voilà, le talisman est détaché.
-A présent, écartez-vous!
-Amitâbha!
-Plus loin, plus loin!
-Plus loin, encore plus loin!
-Quand je vais me libérer, la montagne va s'écrouler et la terre s'ouvrir. Ecartez-vous encore!
-Me voilà libre, libre!

Scène 4 Paysage de Montagne.

San-Tsang:
-Quel effroi! Le mont s'effondre et la terre s'ouvre. Et où est passé ce singe? Où es-tu?
-Maître, me voici!
-Quelle étonnante magie!
-A vous, Maître une éternelle gratitude pour m'avoir sauvé. Votre disciple s'incline quatre fois devant vous.
-Je t'en prie.
-Je vous le dois.
-De ton Maître, reçois le nom bouddhiste de "Pèlerin" et le prénom de Wu-Kung, "celui qui perce la vacuité des choses".
-Voilà de très beaux noms; merci, Maître, pour cette nomination. La route qui mène aux Canons bouddhiques est fort longue'
'En chevauchant les nuages, ça ira plus vite. Venez, je vais vous porter sur mon dos.
-Tu veux me porter sur ton dos?
-Oui. Sur les nuages, il ne nous faudra que trois jours et trois nuits.
-Tout doux, disciple! Pour mériter les Canons, il faut sincerité, foi et patience. Il ne sert à rien de recourir à la magie. Nos jambes devraient suffire.
Y aller à pied? Et bien, nous ne sommes pas arrivés.

Des brigands:
Encerclez-les!
San-Tsang:
Ah!
Wu-Kung:
Ne vous inquiétez pas!
Premier brigand:
Eh, eh, eh', vous allez laisser ici le cheval, l'argent et tout le reste, sinon c'est la vie que vous laisserez.
San-Tsang:
Frères de Bouddha, je ne suis qu'un bonze qui a renoncé au monde; comment aurais-je de l'argent?
-N'use pas ta salive. Si t'as pas d'argent, ta cervelle va bientôt traîner par terre.
-Juste ciel!
Wu-King:
Maître, ne vous inquiétez pas et laissez moi faire.
-Mais'
-Ne vous inquiétez pas; allez donc vous rafraîchir à l'ombre de cet arbre.
Premier brigand:
Comment ça, se rafraîchir?
Wu-kung:
Et oui, c'est moi qui ai l'argent. Je suis plein aux as. Plus riche que moi, il n'y a pas.
San-Tsang:
Wu-Kung, tu devrais faire attention.
-Allez à l'ombre de cet arbre et laissez-moi me charger de cette affaire.
-Amitâbha miséricordieux!
Deuxième brigand:
Quoi? Ce singe aurait de l'argent?
-Plein aux as que je suis.
-Ce singe a vraiment une grande gueule. Si jamais t'a pas d'argent, il va y avoir du hachis de singe au menu et je vais me faire une veste en peau de singe.
-Pas besoin de s'énerver, si vous êtes les plus forts, tout sera à vous.
-Vraiment?
-Puisque je vous le dis'
'Voilà bien longtemps que je n'ai pas fait de gymnastique. Je vais m'y remettre aujourd'hui. Mais avant que nous ne commencions, dites-moi donc vos noms.
Premier brigand: Moi, c'est Lajoie.
Deuxième brigand: Lacolère.
Troisième brigand: Ledeuil.
Quatrième brigand: Lemal.
Cinquième brigand: Lamour.
Sixième brigand: Lenvie.
Wu-Kung: Jolis noms d'oiseaux pour six voleurs.
Premier brigand:
Nous ne sommes pas des voleurs; nous aimons l'argent c'est tout.
-Bien, venez donc m'attraper.
San-Tsang: Disciple Wu-Kung!
Brigands: Grâce! Nous demandons grâce!
Wu-kung: Si mon Maître n'était pas intervenu, je vous aurais foudroyés et envoyés dîner chez Yamarâja, le dieu des enfers.
-Nous te demandons grâce.
-Ah, tu veux me prendre en traître, misérable?' Et bien meurs!
San-Tsang: Tu ne dois plus tuer.
-Mourrez tous! Ca ne servirait à rien d'en épargner un.
-Amitâbha! Impardonnable offense! Paradis de l'Ouest'Migration des âmes'Réincarnation'
-Ca va, ça va!
-Bouddha Sâkyamuni!' Ksitigarbha, juge des âmes!
-Arrêtez vos lamentations, c'est vraiment insupportable.
-Monstre que tu es, je t'avais dis de ne pas recommencer à tuer. Pourquoi n'écoutes-tu pas? Avoir tué autant d'hommes est un crime inqualifiable.
-Maître, vous vous trompez. Le crime inqualifiable, c'est celui de ces bandits qui ont essayé traîtreusement de me tuer.
-Si j'avais su que tu étais violent à ce point, je ne t'aurais pas délivré et tu serais resté éternellement sur le Mont des Cinq Doigts.
-Maître, il y a un détail qui vous échappe. Vous m'avez délivré et j'ai ainsi pu vous protéger dans votre quête des Canons bouddhistes'
'Si je n'avais pas été là pour le faire et si à mi-chemin vous aviez péri, n'aurait-ce pas été contraire à ce que l'on attend de vous, un acte déloyal envers le pays?'
'Vous ne pourriez plus porter les espoirs que le peuple a mis en vous ni oeuvrer au bien public, ni délivrer les âmes, les aider à traverser l'océan de l'existence, et ce serait contraire à toute vertu. Maître, j'ai du mal à croire que vous veuillez être déloyal et insulter la vertu.
-Disciple monstrueux, par de belles paroles tu voudrais voir raison contre le droit. Ne connais-tu pas la parole de Bouddha? Il faut balayer le sol devant soi pour ne pas écraser de fourmis, mettre un voile devant sa bouche pour ne pas avaler d'insectes volants'
'Après ce crime inqualifiable, tu voudrais me dire comment je peux gagner les contrées de l'Ouest?
-Hum, moi Wu-Kung, il y a 500 ans, j'ai semé le chaos dans le Palais Céleste, j'ai tué un nombre incalculable de soldats célestes'
'Et aujourd'hui, alors que je n'ai tué que six brigands, vous poussez des cris d'orfraie, vous me parlez de voyage impossible vers l'Occident, de fourmis et autre vermine volante qu'il faut protéger!'
'Vous devez être un peu zinzin. Si je continue ma route avec vous, il faudra bientôt m'appeler Fou-Kung. Je préfère retourner à la Montagne des Fleurs et des Fruits mener une vie de pacha. Au revoir, vieil âne tonsuré!
-Wu-Kung! Wu-Kung! Arrête!
Apparaît la déesse Kuan-Yin.
San-Tsang: Kuan-Yin, votre disciple vous salue avec le plus grand respect.
Kuan-Yin: Maître San-Tsang, dix-huit mille li te séparent encore du Temple du Verbe de Bouddha.Tu ne peux te passer de Wu-Kung pour poursuivre ta route.
-Bodhisattva, Wu-Kung a un caractère détestable. Il a suffit que je lui dise quelques mots pour qu'il s'en aille.
-Ne t'inquiète pas. J'ai là un casque brodé d'or qui a pour nom "la Cercle Etroit". Quand Wu-Kung reviendra, fais-le lui porter et tu auras pouvoir sur lui.
-Mille merci à vous, Bodhisattva, Kuan-Yin!
-Prends!'(Elle lui remet le casque d'or)
'Il y a à l'intérieur du casque une formule magique. Apprends-la par coeur. Tu la diras quand Wu-Kung mettra le casque, et alors il t'obéira en tout. A présent je te quitte.
San-Tsang: Je me demande quand Wu-Kung reviendra'Ah! Wu-Kung!
-Maître, je suis revenu.
-Wu-Kung, pourquoi es-tu revenu?
-Et bien Maître, c'est que je suis quelqu'un de sûr. Je vous ai promis de vous accompagner dans votre quête des Canons bouddhistes et je le ferai.
-C'est très bien.
-Maître, depuis quand avez-vous ce magnifique casque? Est-ce que je peux l'essayer?
-Je t'en prie. Puisqu'il te plaît, mets-le.
-Merci, Maître.
Wu-Kung: Ce casque n'est pas seulement beau, mais il rehausse aussi ma personnalité.
-Wu-Kung, va te mirer dans l'eau pour voir si tu le portes bien.
-Bonne idée, j'y vais.
San-Tsang récite la formule magique: Abracadabra!
Wu-Kung: Maître, ne me trouvez-vous pas belle mine avec ce casque?
-Abracadabra!
-Aïe!
-Abracadabra!
-Aïe, aïe, aïe! Que ça fait mal! Ouille, ouille, ouille!
-Abracadabra!
-Maître, arrêtez! Je n'en peux plus.
-Wu-Kung, désormais tu vas m'écouter.
-Oui, oui, c'est promis.
-Bon, alors nous pouvons continuer notre route.
-A vos ordres!

Scène 5 Grotte de la Passerelle des Nuages

Grands et petits cochons se livrent à la danse de l'éventail et font tourner des assiettes sur des baguettes en bambou. Le porc Ba-Jieh est parmi eux.
Ba-Jieh: Revêtu d'une kasâya noire, la robe des moines, je m'en vais au-delà des monts chercher une épouse. On dit que j'ai trop roulé ma bosse, mais c'est pour gagner de quoi nourrir une famille.
Porc noir: Vraiment, frère Ba-Jieh?
Ba-Jieh: Tout à fait. Je vois que le petit cochon noir que tu es est de plus en plus intelligent, tu as fait des progrès'
'Mais seul le vulgaire m'appelle "frère Ba-Jieh" pour vous je serai le "Roi Ba-Jieh".
Tous les cochons: Longue vie au Roi Ba-Jieh!
Ba-Jieh: C'est trop, c'est trop! Je ne suis que Ba-Jieh. Eh, savez-vous ce qu'en se levant votre grand roi a décidé de faire?
-Chercher une fille.
-Petit tu es vraiment très intelligent.
-Bon, et votre Roi va chercher quelle belle?
-La jolie fille de la famille Gao.
-Incroyable! Tu me connais mieux qu'un ver solitaire.
-Grand Roi, si tu racontes des choses pareilles, plus personne n'osera manger cette soupe.
-Qu'est-ce que tu me racontes?
-Je parle de cette soupe avec des tripes et de la panse.
-Imbécile! Ceque je veux dire, c'est qu'il me comprend très bien.
-Si tu veux dire qu'il te comprend, dis qu'il te comprend. Pas besoin d'effrayer tout le monde avec des vers solitaires. Ca fait fuir la clientèle.
-Ca va bien! Je vais aller courtiser la fille Gao. Vous pensez que j'ai une chance?
-Ah, ah! Impossible! Tu vas te ridiculiser. Tu ne ressembles ni à un homme ni à un Génie. Non seulement tu vas te ridiculiser, mais tu vas effrayer cette pauvre demoiselle Gao.
-Tu n'es pas non plus tout à fait idiot. Merci d'avoir attiré mon attention là-dessus; votre grand Roi vient de prendre conscience d'une chose'
'Il doit changer, se transformer en un bel esprit, cultivé et raffiné pour briguer la main de mademoiselle Gao. Hop! Une mutation, deux transformations, plus de Ba-Jieh, voici un lettré!
Ba-jieh se transforme en un lettré aux énormes oreilles.
Tous les cochons: Oh, quelles grandes oreilles!
Ba-Jieh: Ah'les oreilles ne sont pas tombées. Changeons vite cela.
Il se transforme en un lettré à gros nez.
Tous les cochons: Oh, quel énorme nez!
Ba-Jieh: Ah' le nez n'a pas rétréci. D'abord les oreilles, puis le nez. Qu'est-ce à dire? Allons essayons encore une fois!
Il se transforme en lettré sans difformité.
Porc blanc: Quelle merveille!
Porc noir: La perfection d'un Immortel!
-Me voilà à présent digne de Mademoiselle Gao.
-Il y a encore quelque chose qui cloche.
-Quoi donc?
-La voix cloche. Les beaux jeunes gens lettrés ont tous une voix distinguée et douce, mais toi, quelle voix as-tu donc?
-Tu as raison, ma voix n'est effectivement pas très agréable à entendre. Je vais l'adoucir un peu'
'Féru de Classiques z'et de belles-lettres, et Maître-z'aussi en arts martiaux, sans indue hâblerie, je ne sais si je dois vanter plus ma bravoure que mon savoir immense. Mon nom est Ko Por-Chon, je viens de la grotte du grand frère Porc derrière la mare aux canards.
-Fichu! Si tu lui parles de la grotte du grand frère Porc derrière la mare aux canards, c'est fichu!
-Bon, disons alors que je viens du village des Fées du Blanc Nuage.
-Voilà, ça, ca a de la gueule!
-Grand Roi, tu vas pouvoir bientôt déployer l'étendard de la victoire.
-La réussite te sourit.
-Messieurs, je vous salue.
Il sort.

Scène 6 Campagne au Crépuscule.

San-Tsang: Wu-Kung!
Wu-Kung: Oui, Maître.
-L'oiseau d'or se couche à l'ouest et le lièvre de jade apparaît à l'Orient. Entrons dans cette ferme pour prendre quelque repos.
-Maître, il y a du démon dans cette ferme.
-Coment ça?
-De mes yeux perçants, je le vois, je le sens.
-Dans ce cas, allons chasser le démon pour en délivrer les habitants.
-Bien. Par ici, Maître.

Scène 7 Ecole des Lettres et des Arts Martiaux.

Cris des concurrents.
Gao Ren-Zhi imposant, suivi des ses serviteurs.
Gao: La joue fraîche comme des fleurs de pêcher, l'oeil vif et profond comme un miroir, maniant sans pareil l'épée, je mérite ce nom de héros vénérable'
'Mais moi, Gao Ren-Zhi, je n'ai qu'une fille; son nom est Gao Tsaï-Hsia. Accomplie en lettres et arts martiaux, son talent n'a d'égal que sa beauté. Il serait temps à présent qu'elle trouvât un époux'
'C'est pourquoi j'ai ouvert cette école. Venus des quatre horizons, les plus émérites d'entre vous devront par trois fois atteindre d'une flèche le centre de la cible pour réussir l'épreuve d'arts martiaux'
'Ma fille propose ensuite que vous fassiez un poème sur "un à dix". Le plus brillant réussira l'épreuve de lettres et pourra devenir mon gendre. Me suis-je bien fait comprendre? A présent, que chacun prépare son arc et ses flèches!
Les concurrents décrochent leurs flèches. Plusieurs réussissent l'épreuve, dont Hu Haï et Ko Por-chon (Ba-Jieh)
Gao: Passons à l'épreuve de lettres. De un à dix; qui veut commencer?
Hu Haï: Moi, j'ai pour nom Hu et prénom Haï. De un à dix'
En un: le respect des aînés.
En deux l'expérience des années.
En trois: Ciel, Terre et Humanité'
En quatre saisons: automne, hiver, printemps, été.
En cinq éléments: eau, feu, bois, métal et terre.
En six aliments: riz, sorgho, marrons, blé, seigle et millet.
En sept sentiments: joie, colère, affliction, crainte, amour, haine et désir.
En huit timbres sonores: métal, pierre, terre cuite, peau, soie, bois, calebasse et bambou.
En neuf générations: trisaïeul, arrière-grand-père, grand-père, père, fils, petit-fils, arrière-petit-fils, arrière-arrière-petit-fils et arrière-arrière-arrière-petit-fils.
En dix vertus: affection du père et du fils, harmonie du mari et de la femme, amour des aînés, respect des cadets, hiérarchie des grands et petits, sympathie des amis, déférence de l'honnête homme et loyauté du ministre.
Gao: Pas mal du tout!

Un autre concurrent se présente.
Lu: Ca n'a rien d'extraordinaire. C'est à la portée de tout le monde. Avec moi, vous allez voir.
Mon nom est Lu et mon prénom est Hsiou. Je suis un talentueux letté de ce lieu, et ce n'est pas du pipeau. Pour épouser Mademoiselle Gao, je suis le seul qui vaille.
De un à dix'
'Un porte un,
Deux terres au nome,
Ter à peu tiques,
Quat' à strophes,
Quint portes,
Six reines,
Sept ennuyeux,
Huit' de pleine mer,
Neuf à la coque,
Dix en tri.

Gao: Je n'y ai pas compris grand'chose.
Lu: C'est que vous manquez de vocabulaire. L'ignorance des mots est le pire des maux.
Gao: Ouais' au suivant!

Un autre concurrent se présente.
Bing: A moi! Je suis fort mécontent de l'état actuel de notre société.
Gao: On te demande de composer de un à dix et non de manifester ta colère.
Bing:
Un, l'étudiant est diplômé.
Deux, il devient fonctionnaire.
Trois, on le charge de hautes responsabilités.
Quatre, il est corrompu.
Cinq, il est poursuivi.
Six, il est jugé
Sept, son crime est reconnu.
Huit, il est emprisonné.
Neuf, il n'y a rien à faire.
Dix, il est atterré.

Gao: Ce n'est pas mal non plus, mais ça a peu de rapport avec ma fille. Qui veut essayer à son tour?
Ba-Jieh:
Moi, Ko Por-Chon, je vais essayer.
-Je vous en prie.
-De un à dix?
-Exactement!
-UN lit,
DEUX personnes
sont à l'éTROIT,
se mettent en QUATRE pour
ne pas expédier les ébats en CINQ sec.
c'est SIX bon
de S'ÉTreindre.
Plaisir à HUIS clos;
uNE EUPHorie les fait monter au
paraDIS.

Gao: Pouah!
-comment trouvez-vous cela?
-Tu as l'air très distingué; sans doute as-tu beaucoup étudié, mais tes propos licencieux sont'inacceptables.
-Vous jugez faussement. Les autres concurrents ont dit des choses qui n'ont rien à voir avec le mariage de votre fille, alors que mes mots sont en rapport étroit avec votre fille. Vrai ou faux? Je devrais donc remporter l'épreuve. J'ai tout passé avec succès, le tir à l'arc comme la composition littéraire. J'accepte donc d'être votre gendre et vous serez ainsi mon beau-père.
-Pas si vite! Quelqu'un d'autre veut-il essayer? Jeunes gens?'Personne? En ce cas je vais proclamer le résultat: Cette épreuve de un à dix est remportée par Hu Haï qui a été le plus brillant.
-Merci infiniment.
-Comment? Hu Haï? Mais vous avez de la crotte dans les yeux! Regardez-le, il est quasiment moribond. Si jamais votre fille l'épouse, avant demain matin elle aura un cadavre dans son lit.
-Que de paroles haineuses!? Ce garçon est resplendissant de santé, grand et robuste, accompli en arts martiaux et en lettres. Où vois-tu qu'il est moriband?
-Vous ne me croyez pas? J'ai fait des études de médecine divinatoire et à voir sa mine, il est évident que ce garçon est gravement malade.
Hu Haï: Aïe, aïe, aïe!
Gao: Qu'est-ce qu'il a? Vite, qu'on l'emmène chez mon médecin!
Serviteurs: Tout de suite.
-N'ai-je pas dit la vérité?
-Si, c'était bien vrai, mais ce qui est également vrai, c'est que tu n'as pas remporté l'épreuve.
-Si vous devenez mon beau-père et que votre fille devient ma femme, je lui garantis une vie dans le luxe et la richesse.
-Inutile, l'affaire est réglée. Vous êtes tous recalés. Allez, fichez-moi le camp8'
'J'enrage. Je cherchais un gendre et je n'en ai même pas trouvé la moitié d'un.
En coulisses: Amitâbha.
Wu-Kung: Nous cherchons le maître des lieux.
Gao: Ah!
W-Kung: Qu'est-ce qui te fait peur?
San-Tsang: Wu-Kung! Sois un peu plus poli!
-A vos ordres.
-C'est', C'est un singe ou un homme?
-Je m'appelle Wu-Kung. Là sur mon dos, c'est le grand moine San-Tsang du pays des Tang; c'est mon maître. Nous vous demandons l'hospitalité pour la nuit; acceptez-vous?
-L'hospitalité'je'mon pauvre coeur.
-Nous allons vers les contrées de l'Ouest chercher les Canons Bouddhistes. La nuit tombe et nous souhaiterions pouvoir dormir ici.
-C'est que'
-Un démon va cette nuit venir habiter le corps de votre fille. Elle est en danger.
-Qu'est-ce que tu racontes? Voilà bien des balivernes dignes d'un singe.
-Comment?
-Du calme!
-D'accord, d'accord!
-Monsieur, ne le prenez pas mal. Mon disciple a des pouvoirs surnaturels et il est également très fort en arts martiaux. Si un démon vient ici, il en viendra à bout.
-Et bien'si vous êtes moine, je pense que vous me dites la vérité.
-Amitâbha miséricordieux!
-Donnez à votre fille une autre chmbre et moi, je prendrai la sienne. Cette nuit, je vais attraper un démon.
-Puisqu'il en est ainsi, soyez mes hôtes!
-Merci à vous.

Scène 8 Campagne.

Ba-Jieh en colère:
Il y a de quoi exploser! C'est vraiment incroyable! Je n'ai pas pu épouser la fille Gao. Comment expliquerai-je ça aux autres?
Je sais, je vais user de magie. Elle va tomber amoureuse de moi, tous les deux nous irons dans la chambre. Et puis demain matin nous nous occuperons du mariage. On consomme d'abord et on paye ensuite, ah, ah, ah!

Scène 9 Extérieur et Intérieur d'une Chambre.
Il fait nuit.
Wu-Kung: Je vais me transformer en la fille Gao et m'occuper du gros porc.
Il se métamorphose.
Gao-Wu-Kung: Je suis la demoiselle Gao et dans ma chambre je vais chanter à pleine voix.
Il chante.
Ba-Jieh, sous l'aspect de Ko Por-Chon: Eh! Elle chante vraiment bien. C'est à vous rendre fou de désir. Il ne faut pas que je lui laisse voir mon aspect véritable et surtout je ne dois pas laisser dépasser ma queue de cochon. Tout en douceur, je vais dire ma formule magique.
Ba-Jieh entrant: Mademoiselle Gao, excusez-moi, c'est moi Ko Por-Chon
Gao-Wu-Kung: Vous êtes Porc-Cochon?.
-Mais non je suis Ko Por-Chon, pas Por Ko-chon. Mademoiselle, acceptez-vous de m'épouser.
-Pour sûr, cous êtes tout à fait beau, tout à fait charmant, vous savez faire de belles phrases, tout enrobées de saindoux.
-Pourquoi parlez-vous de saindoux? Mademoiselle, pourquoi parlez de porc?
-Euh'
-Je suis fou amoureux de vous. Sans vous, je mourrai.
-Ah, vraiment? Si vous m'aimez, agenouillez-vous et jurez-le.
-Soit, j'en fait le serment. Que le ciel et la terre me soient témoins. Si une seule de mes paroles est fausse, que le dieu de la foudre me cloue au sol!
-C'est bon, entrez dormir; entrez vite.
-Oh la la, je ne vais pas tenir longtemps' Ma queue de cochon risque de jaillir' Encore un peu de patience'Cette demoiselle Gao a les idées larges, vraiment larges' Quanf-d je ne me retiendrai plus, ça va être sa fête.
-Pourquoi vous rapprochez-vous?
-Ce soir, ne sommes-nous pas mari et femme? Pour notre amour, il nous faut nous rapprocher.
-Hmm.
-Mademoiselle, votre corps est couvert de poils.
-Eh, bas les pattes!'
(Ils se battent)
'Le crapaud voulait cracher sur la blanche colombe, hein?
-Misérable babouin, tu as ruiné mon plus beau rêve.
-Tu vas tâter de mon fléau magique.
Lutte acharnée entre Wu-Kung et Ba-Jieh. Tous deux rivalisent de pouvoirs magiques'
'Difficile de distinguer un vainqueur. Ciel et Terre se confondent, soleil et lune s'obscurcissent.
Wu-Kung: Ah, te voilà donc. Tu ne te soucies pas d'édifier ton âme; pendant dix mille ans tu resteras prisonnier de l'enfer sans pouvoir échapper au cycle des réincarnations.
Wu-Kung arrête! (San-Tsang apparaît). Amitâbha.
Ba-Jieh: Maître, venez à ma rescousse. Je suis Tian-Peng, Généralissime de la Cour Céleste. Pour avoir enfreint les lois du Ciel par ma légèreté de moeurs, j'ai été condamné à vivre ici-bas. Voilà fort longtemps que je vous attends pour pouvoir vous protéger dans votre quête des Canons Bouddhiques et ainsi m'amender.
-Amitâbha. C'est donc cela. Pour que je t'accepte comme disciple, il faut que tu

Contributeurs

Origine géographique

Taïwan

Mots-clés

Date (année)

1995

Cote MCM

MCM_1995_TW_S5

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Titre Localisation Date Type
Saison 1995 1995