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Taïwan. A-Sun Wu, Collections et peintures. Exposition

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Taïwan. A-Sun Wu, Collections et peintures. Exposition

Date

1998-02-13

Date de fin

1998-03-15

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Exposition

Description de la pratique

13 février-15 mars 1998.
Commissaire, Michel Nuridsany.
Exposition à la Galerie du Trianon de Bagatelle, Bois de Boulogne.

Le taïwanais A-Sun Wu est, avec le Japonais Araki, l'un des rares artistes vivants qu'on reconnaît dans la rue. Dans son pays bien entendu. Avant cela, seuls Dali, Warhol, Picasso pouvaient prétendre à un tel honneur, à un tel succès. On n'imagine pas à quel degré de popularité peut atteindre pareil artiste dont les oeuvres se vendent fort cher et en grand nombre.
Peintre éclectique à la recherche de lui-même, à travers les nombreux voyages qu'il a effectué en Afrique, au Brésil, dans les îles du Pacifique et dans le reste du monde, A-Sun Wu est un accumulateur. Il accumule les objets qu'il rapporte de ses équipées dans le Sahara, en Amazonie, sur le fleuve Sepik. Il accumule les influences. Il accumule les oeuvres.
Il travaille sans arrêt avec une frénésie qui masque mal une insatisfaction foncière. Nous montrons ici ses dernières toiles faites de motifs géométriques noirs, blancs, rouges, empruntés à des tribus aborigènes. Magnifiques tableaux pleins de mouvements où l'artiste s'ingénie à casser la notion d'espace, où le vide et le plein qui déterminent des formes semblables à des serpents, comme on en trouve dans ces contrées, répondent au couple Yin et Yang qui hante l'art et la pensée chinoise depuis toujours peut-être.
Mélange idéal de la tradition et de la modernité à l'oeuvre dans des tableaux d'un stupéfiant pouvoir de fascination.
Michel Nuridsany.

A-Sun Wu a étudié la peinture et les beaux arts à Taïwan puis en Espagne. Ses nombreux voyages le conduisent en Afrique où il est subjugué par les Africains et par les couleurs de cette terre qu'on retrouve dans ses peintures.
Parallèlement, il collectionne des oeuvres d'art dit "primitif". Cette exposition présente les peintures de A-Sun Wu et une partie de sa collection personnelle d'art africain, indonésien et taïwanais auxquelles sa propre création fait référence.
Depuis 1979, A-Sun Wu visite régulièrement plusieurs tribus qui ont conservé un mode de vie en marge de la civilisation industrielle. Il consacre dix ans de sa vie à parcourir l'Afrique, les îles du Pacifique Sud et l'Amazonie. Il visite aussi la côte Nord-Ouest de l'Amérique explorant le monde des Esquimaux. Ces voyages et ces expériences inspirent sa création et nourrissent l'essence de sa peinture.

Souvenirs d'enfance.
"I-Lan est mon village natal. J'y ai passé mon enfance et mon adolescence. Je garde énormément de souvenirs de cette période de ma vie. Deux choses m'ont particulièrement marqué: l'abondance de poteries dans ma maison et les fêtes religieuses du village.
Je me souviens quand j'étais enfant, ma grand-mère me demandait de l'aider à la préparation des navets desséchés. Elle me demandait d'abord de bien me laver les pieds, puis elle me mettait dans une grande jarre pleine de navets que je devais piétiner. Ensuite ma grand-mère mettait les navets à sécher au soleil. On recommençait la même opération pendant cinq ou six jours jusqu'à ce que les navets soient prêts à la consommation. A côté des jarres réservées aux navets, il y avait d'autres jarres pour la sauce de soja, les haricots salés et tous les légumes en saumure.
Les cérémonies et les fêtes religieuses jouaient un rôle important dans la vie quotidienne des habitants de I-lan. Lors d'une fête, l'hôte de la cérémonie religieuse devait préparer beaucoup de sacrifices animaux (cochons, poulets, canards, poissons) et les offrir aux divinités. Toutes ces offrandes étaient disposées sur un autel spécialement aménagé devant le temple. La nuit on illuminait le temple autour duquel tout le monde se réunissait pour jouer ou bavarder. C'était un des moments favoris de tous les enfants qui après l'école, jouaient à refaire la cérémonie. Nous utilisions de l'argile pour sculpter et modeler les offrandes et les offrir à la divinité de la terre. Nous éprouvions un grand plaisir. C'est ainsi que j'ai d'abord appris la sculpture, en jouant avec de l'argile.
Cuire des patates douces est un autre souvenir d'enfance. Comme j'étais fils de fermiers, je devais garder les buffles et nous avions pris l'habitude de ramasser du foin pour faire un feu de paille, nous les brûlions et elles devenaient toutes noires. Mais cela n'avait aucune importance car nous aimions l'odeur des patates brûlées. J'ai essayé de travailler ma peinture et ma sculpture avec plusieurs techniques et en utilisant différentes matières. Parce que les jarres de céramiques étaient ancrées dans ma mémoire, j'ai commencé à travailler la poterie. J'ai cherché en Espagne, en France, au Japon et à Taïwan une argile qui peut donner cet effet de noir brûlé. Finalement j'ai trouvé la meilleure argile dans le Pacifique Sud où j'ai passé six mois chez les Sasak pour travailler mes céramiques. Je veux partager avec le public cette odeur de patates douces brûlées.

Inspiration d'Afrique
Mon désir d'Afrique remonte à mon adolescence. J'ai toujours été attiré par le primitif et l'originel tels qu'ils sont décrits dans les livres. Le soleil africain, le désert et les cieux sans fin ont exercé sur moi un appel fascinant. De même les peintures des maîtres occidentaux inspirées par l'Afrique m'ont profondément ému. Ma propre création artistique a suivi les étapes suivantes: étudiant en Espagne mon travail était influencé par Goya avec une tendance marquée pour une certaine emphase dans l'utilisation des couleurs. Plus tard, à New York, stimulé par la formidable machine culturelle des Etats-Unis, j'ai commencé à peindre des sujets lié à la vie citadine, comme les rues encombrées ou les gratte-ciels. Mais je me sentais toujours frustré de ne pouvoir atteindre des horizons nouveaux et de créer des formes nouvelles. Même les peintures semi abstraites avec des tonalités orientales n'ont pas réussi à exprimer pleinement la puissance et la force que je désirais.
Je suis parti de Tapei pour l'Afrique du Sud vers la fin août 1979. Pendant l'année qui suivit, j'ai visité plus de trente pays et régions, m'aventurant trois fois dans le désert du Sahara. Dans les régions sauvages, j'ai dû lutter deux fois contre la malaria, et je n'ai pas eu moins de quatre accidents de voiture. J'étais à deux doigts de la mort, mais le destin me redonna une nouvelle chance et du courage, et j'en suis arrivé à reconnaître la valeur de la volonté, aussi bien que la bonté inhérente à la nature humaine. J'ai ressenti pour la première fois dans les plaines africaines la grandeur de l'univers; ces formes simples sous le feu du soleil me poussèrent à me poser de nouvelles questions quant au sens de l'art.
Bien que j'aie peint pendant longtemps des paysages, la réponse à l'interrogation qui me hantait m'est arrivée seulement quand j'ai posé les yeux sur l'Afrique. L'expression des Africains et la couleur de leur peau me firent réaliser que je devais peindre un paysage dans un portrait, adapter les formes africaines aux miennes. Quand je suis arrivé la première fois en Afrique, mes peintures tendaient vers des formes puissantes et fortes bien marquées comme les sculptures africaines. Mais ce n'était encore que des tentatives dans la forme et la ligne. Je n'avais pas encore saisi l'essentiel de la couleur et de la lumière du soleil.
En 1980 j'ai voyagé dans le coeur du sud-ouest saharien. Sur la clôture d'une mine de charbon abandonnée j'ai vu les puissants rayons du soleil et j'ai été profondémént ému. J'ai pensé que moi aussi je pouvais utiliser les ombres pour faire ressortir la lumière. J'ai eu la forte perception de trois types de couleurs vives: le bleu intense du ciel, le brillant doré de la terre, et les bruns profonds des Africains. Ce sont trois couleurs utilisées comme point de départ dans mon travail. Le bleu du ciel donne une impression de frisson. J'ai essayé de faire le ciel aussi simple que possible, je me suis retenu de peindre et d'exprimer la texture de l'air.
Ces matières d'un même sujet que sont la lumière du soleil et l'air sont l'expression de mes plus profonds sentiments et l'expérience de mon voyage en Afrique et l'inspiration que j'en ai eu ne sont peut-être qu'une étape dans mon parcours et dans mon évolution artistique, mais je suis intimement convaincu de sa valeur; au moins cela m'a-t-il permis de donner forme à quelque chose qui était en germe dans ma recherche de création.
A-Sun Wu
(Biographie dans le programme)

Présentation des artistes

Origine géographique

Taïwan

Mots-clés

Date (année)

1998

Cote MCM

MCM_1998_TW_E1

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Titre Localisation Date Type
Taïwan. A-Sun Wu, Collections et peintures. Exposition. Affiche Taïwan 1998-02-13 Affiche