Algérie. Cheikh Salim Fergani. Spectacle
Collection
Type de document
Évènement
Titre
Algérie. Cheikh Salim Fergani. Spectacle
Sous-titre
Le Mâlûf de Constantine
Date
2002-03-07
Date de fin
2002-03-08
Artistes principaux
Lieu de l'évènement
Type d'évènement
Musique
Description de la pratique
7-8 mars 2002
La musique arabo-andalouse est la musique classique du Maghreb. Le fondateur de ces traditions musicales de l'Espagne musulmane fut Ziryâb (789-857) qui, venu d'Orient, fut non seulement maître de musique mais aussi arbitre des élégances et du bon goût. Le grand historien et philosophe Ibn Khaldûn (1332-1406) nous assure que Ziryâb transmit en Andalousie "un répertoire de chants immense qui se propagea jusqu'à la période des Tawa'if et, comme un océan, submergea Séville pour gagner ensuite les autres provinces andalouses, puis le Maghreb." Cette musique est sans doute arrivée très tôt dans le nord de l'Afrique et on peut supposer que le séjour de Ziryâb à Kairouan, dans l'actuelle Tunisie, avant son arrivée en Andalousie, n'a pas été sans influence sur les musiciens locaux. Des écoles régionales sont ensuite apparues dans tout le Maghreb.
L'école de Constantine est, avec Alger et Tlemcen, un des trois grands centres algériens de la musique arabo-andalouse.
Salim Fergani
Plusieurs lignées musicales ont fait la grandeur de la ville. On peut citer Abdelkrim Bastandji, Ben Kartousa ou Raymond Leyris, l'oncle d'Enrico Macias et l'un des maîtres de la grande chanteuse Simone Tamar. Salim Fergani est le dernier maître d'une dynastie de musiciens originaires de Regane, dans le sud de l'Algérie (Fergani est une déformation du mot Regani'). Leur ancêtre, Sidi Regani, était un wali, un saint, dont la kouba (le tombeau) et la zaouia (le lieu où se réunit la confrérie) sont situés à Zarda. Selon la tradition, la famille aurait eu un ancêtre originaire d'Orient.
Cette famille de musiciens-artisans (bourreliers, brodeurs, passementiers...) peut établir sa généalogie sur plus d'un siècle : Belqacem Fergani ' Mohamed Çaddiq Fergani ' Hammou (Zouaoui) Fergani ' Hadj Mohamed Tahar Fergani - Salim Fergani. Si son père Hadj Mohamed Tahar Fergani, qui dirige encore un orchestre de renom, fut son principal maître de chant et de poésie, Salim Fergani bénéficia également de l'enseignement instrumental de son grand-oncle, Zouaoui Fergani, qui lui enseigna l'art subtil du 'ûd 'arbi. Un maître du luth d'une autre lignée, Abdelkrim Bastandji, lui prodigua également son enseignement. Il est également remarquable que de nombreuses femmes de la lignée aient laissé leurs noms en tant qu'instrumentistes. On peut citer Fatima Stonbouli, Malika, Fatima ou Zohor Fergani ou encore une musicienne juive, Alice Fitoussi.
L'instrument
S'il ne dédaigne pas les formes orchestrales, au sein d'une petite formation qui comprend notamment la flûte verticale fhal, caractéristique de l'école constantinoise, Salim Fergani aime aussi jouer en solo, accompagnant son chant inspiré sur le 'ûd 'arbi (ou maghribî). Cet instrument, plus petit que le 'ûd maçri (ou sharqî), le luth oriental, possède quatre choeurs de deux cordes. C'est la forme maghrébine actuelle du 'ûd qadîm (le luth ancien), lié à des spéculations cosmologiques qui associaient chaque corde aux humeurs, à la température, aux éléments, aux saisons, aux points cardinaux, aux signes du zodiaque et aux astres. Son accord en quintes embrassées renverse l'accord du 'ûd ancien et permet, selon le musicien et chercheur Marc Loopuyt, certains effets de djanah, la harpe arabo-andalouse maintenant disparue mais qu'évoque la poésie du zajal.
Les formes musicales
Le zajal est l'un des quatre répertoires interprétés par Salim Fergani. Cette forme poétique est originaire d'Andalousie. Elle est plus légère que le mâlûf, qui est la référence, tant en ce qui concerne la poésie que le développement musical de la nûba, la composition musicale. Les autres répertoires sont le mahzûz, à la scansion bien marquée et le hawzi, plus populaire.
Salim Fergani est également à l'aise dans tous ces répertoires, qui comprennent obligatoirement une introduction instrumentale non mesurée, l'istikhbar et un mawwâl, prélude vocal improvisé. Une ou plusieurs parties sur un rythme mesuré peuvent suivre, selon l'inspiration de l'artiste. Salim Fergani est l'un des rares musiciens maghrébins qui transmettent ainsi un répertoire savant, dans un style bien particulier à une école familiale, dans la grande tradition des artisans-lettrés-musiciens, maîtres de la nûba, qui a fleuri en Algérie, mais aussi au Maroc, en Libye ou en Tunisie. La sensibilité de son chant, sa connaissance intime des textes poétiques et des formes modales ainsi que sa parfaite maîtrise du luth font de lui un musicien majeur, dépositaire d'un vaste et noble patrimoine culturel.
Henri Lecomte
Discographie
Cheikh Salim Fergani.
Algérie : un troubadour de Constantine.
Réalisation, texte : Marc Loopuyt.
Musique du monde. Buda records 1974732.
La musique arabo-andalouse est la musique classique du Maghreb. Le fondateur de ces traditions musicales de l'Espagne musulmane fut Ziryâb (789-857) qui, venu d'Orient, fut non seulement maître de musique mais aussi arbitre des élégances et du bon goût. Le grand historien et philosophe Ibn Khaldûn (1332-1406) nous assure que Ziryâb transmit en Andalousie "un répertoire de chants immense qui se propagea jusqu'à la période des Tawa'if et, comme un océan, submergea Séville pour gagner ensuite les autres provinces andalouses, puis le Maghreb." Cette musique est sans doute arrivée très tôt dans le nord de l'Afrique et on peut supposer que le séjour de Ziryâb à Kairouan, dans l'actuelle Tunisie, avant son arrivée en Andalousie, n'a pas été sans influence sur les musiciens locaux. Des écoles régionales sont ensuite apparues dans tout le Maghreb.
L'école de Constantine est, avec Alger et Tlemcen, un des trois grands centres algériens de la musique arabo-andalouse.
Salim Fergani
Plusieurs lignées musicales ont fait la grandeur de la ville. On peut citer Abdelkrim Bastandji, Ben Kartousa ou Raymond Leyris, l'oncle d'Enrico Macias et l'un des maîtres de la grande chanteuse Simone Tamar. Salim Fergani est le dernier maître d'une dynastie de musiciens originaires de Regane, dans le sud de l'Algérie (Fergani est une déformation du mot Regani'). Leur ancêtre, Sidi Regani, était un wali, un saint, dont la kouba (le tombeau) et la zaouia (le lieu où se réunit la confrérie) sont situés à Zarda. Selon la tradition, la famille aurait eu un ancêtre originaire d'Orient.
Cette famille de musiciens-artisans (bourreliers, brodeurs, passementiers...) peut établir sa généalogie sur plus d'un siècle : Belqacem Fergani ' Mohamed Çaddiq Fergani ' Hammou (Zouaoui) Fergani ' Hadj Mohamed Tahar Fergani - Salim Fergani. Si son père Hadj Mohamed Tahar Fergani, qui dirige encore un orchestre de renom, fut son principal maître de chant et de poésie, Salim Fergani bénéficia également de l'enseignement instrumental de son grand-oncle, Zouaoui Fergani, qui lui enseigna l'art subtil du 'ûd 'arbi. Un maître du luth d'une autre lignée, Abdelkrim Bastandji, lui prodigua également son enseignement. Il est également remarquable que de nombreuses femmes de la lignée aient laissé leurs noms en tant qu'instrumentistes. On peut citer Fatima Stonbouli, Malika, Fatima ou Zohor Fergani ou encore une musicienne juive, Alice Fitoussi.
L'instrument
S'il ne dédaigne pas les formes orchestrales, au sein d'une petite formation qui comprend notamment la flûte verticale fhal, caractéristique de l'école constantinoise, Salim Fergani aime aussi jouer en solo, accompagnant son chant inspiré sur le 'ûd 'arbi (ou maghribî). Cet instrument, plus petit que le 'ûd maçri (ou sharqî), le luth oriental, possède quatre choeurs de deux cordes. C'est la forme maghrébine actuelle du 'ûd qadîm (le luth ancien), lié à des spéculations cosmologiques qui associaient chaque corde aux humeurs, à la température, aux éléments, aux saisons, aux points cardinaux, aux signes du zodiaque et aux astres. Son accord en quintes embrassées renverse l'accord du 'ûd ancien et permet, selon le musicien et chercheur Marc Loopuyt, certains effets de djanah, la harpe arabo-andalouse maintenant disparue mais qu'évoque la poésie du zajal.
Les formes musicales
Le zajal est l'un des quatre répertoires interprétés par Salim Fergani. Cette forme poétique est originaire d'Andalousie. Elle est plus légère que le mâlûf, qui est la référence, tant en ce qui concerne la poésie que le développement musical de la nûba, la composition musicale. Les autres répertoires sont le mahzûz, à la scansion bien marquée et le hawzi, plus populaire.
Salim Fergani est également à l'aise dans tous ces répertoires, qui comprennent obligatoirement une introduction instrumentale non mesurée, l'istikhbar et un mawwâl, prélude vocal improvisé. Une ou plusieurs parties sur un rythme mesuré peuvent suivre, selon l'inspiration de l'artiste. Salim Fergani est l'un des rares musiciens maghrébins qui transmettent ainsi un répertoire savant, dans un style bien particulier à une école familiale, dans la grande tradition des artisans-lettrés-musiciens, maîtres de la nûba, qui a fleuri en Algérie, mais aussi au Maroc, en Libye ou en Tunisie. La sensibilité de son chant, sa connaissance intime des textes poétiques et des formes modales ainsi que sa parfaite maîtrise du luth font de lui un musicien majeur, dépositaire d'un vaste et noble patrimoine culturel.
Henri Lecomte
Discographie
Cheikh Salim Fergani.
Algérie : un troubadour de Constantine.
Réalisation, texte : Marc Loopuyt.
Musique du monde. Buda records 1974732.
Contributeurs
Origine géographique
Algérie
Mots-clés
Date (année)
2002
Cote MCM
MCM_2002_DZ_S1
Ressources liées
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Titre | Localisation | Date | Type | |
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Algérie | 2002-03-07 | Vidéo numérique | |
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Algérie | 2002-03-07 | Photo numérique | |
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Algérie | 2002-03-07 | Photo numérique |
Titre | Localisation | Date | Type | |
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2002 |