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Irak. Hommage à Munir Bachir, un récital de 'ûd par Omar Bachir. Spectacle

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Évènement

Titre

Irak. Hommage à Munir Bachir, un récital de 'ûd par Omar Bachir. Spectacle

Date

1998-11-14

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

Samedi 14 novembre 1998
HOMMAGE A MUNIR BACHIR, un récital de 'ûd par Omar Bachir
Il y a un an, le maître du 'ûd Munir Bachir disparaissait. La Maison des Cultures du Monde, sa scène préférée en France, lui rend hommage en invitant son fils et disciple à interpréter les maqâmat favoris de son. père.
Munir Bachir était né en 1930 à Mossoul en Irak. Grand maître du luth qu'il apprit d'abord auprès de son père puis à l'Institut de Musique de Bagdad, Munir Bachir était très attaché à l'authenticité de la musique arabe. Mais le musicien était aussi féru d'histoire et n'ignorait pas tout ce que les traditions arabes classiques devaient à l'héritage byzantin, à l'antique patrimoine musical des chrétiens d'Orient et aux civilisations ottomane, turkmène, kurde et persane.
Munir Bachir avait su s'imposer comme soliste, développant le langage improvisé en élargissant les possibilités techniques de l'instrument et réhabilitant certains modes tombés en désuétude ou en adoptant des modes étrangers à l'Irak. Constante de l'art de Munir Bachir, cette double volonté d'enracinement dans la tradition et d'ouverture sur l'extérieur se retrouve chez son fils.
Le 'ûd, cet instrument devenu légendaire depuis al-Kindi et l'école des 'ûdistes au
IXe siècle, s'était vu relégué à un rôle secondaire au fil des siècles. Pourtant, ne le surnommait-on pas Sultan al-tarab, le roi de l'émotion musicale? Grâce au talent de la famille Bachir, celui d'abord de Jamil, puis celui de Munir, le luth arabe reprend une place prééminente qui fera école dans tout le monde arabe.
Aujourd'hui, son fils Omar porte à son tour le flambeau de la tradition familiale et s'inscrit dans la même lignée tout en y ajoutant une touche personnelle prometteuse.
Disciple de son père, certes! Comment ne pas l'être, tant la personnalité du maître et sa rigueur technique marquèrent plusieurs générations de luthistes? Mais Omar n'est pas que cela. De par sa double culture, orientale par son père et occidentale par sa mère, il souffle dans sa musique un vent de métissage où se mêlent aux maqâmat et aux airs populaires irakiens, des accents, des ruptures, des traits mélodiques et un art du toucher qui nous rappellent d'autres maîtres - de la guitare jazz cette fois.
Entrant de plain-pied en un tournant du siècle où, foin des écoles traditionnelles, cultures et musiques se fécondent en des démarches artistiques personnelles, Omar Bachir fait partie de ces artistes appelés à renouveler et diversifier un genre musical majeur.

L'art de l'improvisation instrumentale dans la musique arabe
La musique arabe, comme la majeure partie des musiques d'orient, est modale. Le mode musical ou maqâm est une succession de notes ou "degrés" couvrant un intervalle d'octave et dont la répartition, les règles et la hiérarchie sont spécifiques. À chaque mode correspond également un climat émotionnel particulier.
Chaque mode est construit sur la combinaison de deux ou trois cellules de trois, quatre ou cinq degrés. Ces tri-, tétra- et pentacordes qui, à l'instar du système modal de la Grèce antique, constituent les noyaux du mode sont appelés jins (terme dérivé du grec genos, genre). Ces genres sont au nombre de dix-sept, c'est-à-dire dix-sept combinaisons de quelques notes -ou plus exactement de quelques intervalles- qui déterminent chacune un sentiment modal, cet ethos qui est à la base de ce que les Arabes appellent le tarab, l'émotion musicale.
Les degrés du mode respectent une hiérarchie ; celle-ci est indispensable car elle détermine la dynamique du mode, C'est-à-dire tous les mouvements mélodiques. Les deux degrés principaux sont la tonique ou note de repos, qarâr (litt. décision), et la dominante, ghammaz (litt. clin d''il). C'est donc la relation à la fois d'attirance et de rejet qu'entretiennent ces deux degrés, combinée avec l'interaction des genres, qui commande les mouvements mélodiques.
Dans son ouvrage La musique arabe, Rodolphe d'Erlanger recense 117 modes différents. Un musicien moyen en connaît une dizaine, un musicien tel que Munir Bachir les connaissait tous. Tous les modes arabes ne sont pas également intéressants; un bon nombre d'entre eux n'offrent guère de possibilités d'improvisation, aussi les utilise-t-on comme modes secondaires ou passagers dans une improvisation conçue sur un mode principal. Les plus importants sont le râst, le bayâti, le nahawand, le Sabâ, le hijâz, le hijâz kar, le hijâz kâr kurd, le kurdi, le sigâh, le 'ajam.
Le taqsîm est une pièce improvisée sur un mode donné, un "impromptu musical" écrivait Erlanger, non rythmé et sans forme stricte. Dans la tradition des suites vocales et instrumentales, cet interlude s'insère entre deux chants et permet de préparer l'auditoire à un changement de mode musical.
Le taqsîm est constitué de plusieurs sections de longueurs variables qui se divisent à leur tour en phrases, d'où son nom qui signifie littéralement répartition, fragmentation.
Les seules règles qui régissent l'improvisation sont les structures modales décrites ci-dessus. Le mode est généralement présenté au travers des genres qui le composent.
Traditionnellement et selon les écoles, il y avait pour chaque mode un ordre spécifique de présentation des genres sur un ambitus global de deux octaves. Pour certains modes par exemple, on commençait par le genre le plus grave, puis on montait progressivement vers l'aigu où se situait le climax de l'improvisation, avant de redescendre vers le grave. De nos jours, ces règles anciennes ne sont plus guère respectées - dans la lettre sinon dans l'esprit - d'autant que les musiciens ne se cantonnent plus dans l'exécution d'un seul mode par taqsim mais, par un savant jeu de modulations, conduisent l'auditeur vers d'autres espaces modaux et émotionnels. Autrefois, un taqsim ne durait guère plus de deux à trois minutes. Munir Bachir, s'inspirant à la fois du modèle du récital en solo à l'occidentale et des pratiques improvisationnelles indiennes, a profondément transformé ce schéma. Dans les dernières années de sa vie, on put l'entendre ainsi dans des pièces pouvant durer près d'une demi-heure, et dans lesquelles il s'astreignait à exploiter toutes les ressources affectives des maqâmat qu'il avait choisis.

Programme
Taqsîm maqâm Hijâz kâr
Taqsîm maqâm Nahawand,
suivi de "Amour et paix" (comp. Munir Bachir)
Taqsîm maqâm 'Ajam,
suivi d'une mélodie populaire
Taqsîm maqâm Râst,
suivi d'une mélodie populaire
Taqsîm maqâm Hijâz kâr kurd,
suivi de "La princesse andalouse" (comp. Munir Bachir)

Composition musicale, arrangements

Origine géographique

Irak

Mots-clés

Date (année)

1998

Cote MCM

MCM_1998_IR_S1

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Titre Localisation Date Type
Saison 1998 1998