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Jordanie. Chants bédouins. Chants de mariage de Foheis. Chants des pêcheurs d'Aqaba. Spectacle

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Évènement

Titre

Jordanie. Chants bédouins. Chants de mariage de Foheis. Chants des pêcheurs d'Aqaba. Spectacle

Date

1998-03-27

Date de fin

1998-03-29

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

27-29 mars 1998
Jamal Khleif Al-Aghwat, sha'er rebâba

Badiya Ibrahim Hattar,
Ratibeh Hattar,
Aniseh Al Samaan Hattar,
Majdulin Saadeh Hattar,
chants de mariage

Sufian Jaser Eid, chant et lyre simsimiya
Ayman Bashir al-Yamani, Muhammad 'Abed al-Salhîn, Isma'il Mahmud Abu 'Awali, chant
Eid Abbas Muhammad Kayyal, tambour derbake

programme réalisé grâce à la collaboration de Sakher Hattar


Du fait de sa position centrale sur les routes commerciales entre les régions asiatiques et africaines du monde arabe, la Jordanie accueillit maintes civilisations et cultures qui y laissèrent leur empreinte, notamment sur le plan architectural comme en témoignent l'ancienne capitale nabatéenne de Petra, les amphithéâtres romains d'Amman et de Jerash, les églises aux décors de mosaïques de Madaba et divers palais islamiques.
La vie sociale des Jordaniens est profondément marquée par la topographie du pays. Dans la steppe désertique de la Badiya qui s'étend de l'est au sud, couvrant les trois quarts du pays (environ 90.000 km2), les Bédouins perpétuent encore aujourd'hui leur mode de vie. Depuis la frontière septentrionale jusqu'à la Mer Morte, les collines, les plaines fertiles et les vallées abritent une population rurale vivant de l'agriculture. Enfin, à l'extrémité méridionale du pays, le port d'Aqaba sur la Mer Rouge constitue l'unique centre maritime du pays.
De toutes les formes artistiques, le chant est considéré en Jordanie comme l'expression la plus authentique et la plus originale car il permet d'associer à l'idée la dimension sensuelle de la musique.
L'individu en est le thème central, sans doute parce qu'en tant que poète et compositeur, il se situe au coeur du processus de création et de production. Le chant l'honore, exprime ses aspirations affectives et l'accompagne dans les événements les plus importants de sa vie.
Le chant est aussi un soutien, non seulement moral mais aussi dans le travail et la vie sociale. L'homme y est représenté comme le symbole de la puissance, de l'autorité et du courage. Il 'uvre à l'édification et à la défense de son pays et subvient aux besoins de sa famille. La femme est sa partenaire et le symbole de l'amour, de la compassion, de l'émotion et de la loyauté. Décrite comme la plus belle des créatures de Dieu, elle est aussi le symbole d'un idéal inaccessible.
Le poète n'oublie pas non plus les antiques racines de son pays. Ses poèmes et ses épopées glorifient les pages héroïques de son histoire et chantent son attachement à la nature dans laquelle il a grandi, la comparant souvent au paradis.
Les instruments, dans la musique populaire, jouent un rôle secondaire, même si leur richesse d'expression les rapproche de la voix. Il s'agit surtout d'instruments mélodiques, les instruments à percussion étant souvent remplacés par les claquements de mains (sahja) ou le martèlement des pieds (dabkeh).
Le rebâb est l'instrument privilégié du sha'er, le poète-chanteur. Il s'agit d'une vièle à une corde montée sur une caisse de résonance rectangulaire et recouverte d'une peau. L'instrument joue des préludes et des interludes et il accompagne la voix.
La simsimiya est une lyre qui s'est répandue principalement dans le Golfe et sur le littoral oriental de l'Afrique. Elle comprend une dizaine de cordes qui sont accordées en fonction des modes musicaux joués. Le musicien les pince avec un plectre, séparément ou toutes ensemble, tandis que des doigts de la main gauche il immobilise celles qui ne doivent pas sonner.
Les formes vocales peuvent être classées en deux catégories principales : les chants syllabiques et les chants longs. Les chants syllabiques (ou mesurés) sont construits sur une ou plusieurs phrases musicales répétitives qui constituent un support stable pour le texte versifié. Exécutés collectivement ou parfois individuellement, ils sont généralement chantés a cappella et accompagnent un mouvement : marche, danse, travail, jeu. Les plus anciens, dans cette région, sont les hjeyni, dahiya et dabkeh ; s'y ajoutent des formes qui se sont répandues dans l'ensemble de la tradition arabe citadine : muwashshah, qasida, dawr, uhzuja et plus récemment l'ughniya.
Les chants longs sont bâtis sur une mélodie improvisée et non mesurée. Le texte peut faire lui aussi l'objet d'une création spontanée, mais il lui faut obéir aux règles de la métrique arabe. Ils sont chantés en solo par un interprète qui est tout à la fois poète (sha'er), compositeur, chanteur et instrumentiste. Ces chants sont de trois types : shurûqi, 'atâba et mawwal. Tous trois expriment la douleur et la tristesse, mais dans un style mélodique et poétique propre à chacun.
dr. nabeel al-darras

JAMAL KHLEIF AL-AGHWAT, POETE-CHANTEUR BEDOUIN
Jamal Khleif est né à Karak, à une centaine de kilomètres au sud d'Amman. Ce poète-chanteur-instrumentiste (sha'er rebâba) de 53 ans appartient à la 'ashireh des Aghwat, un clan sédentarisé depuis quelques générations.
Il apprend son art de son père, qui était non seulement chef (mukhtar) de clan mais également un sha'er réputé. Puis, dès son plus jeune âge, il anime des veillées entre parents et amis, ainsi que des fêtes de mariage ou de circoncision, chantant les récits traditionnels et improvisant des poèmes en s'accompagnant à la vièle rebâb. En 1976, il participe à une série télévisée intitulée Airs bédouins, et depuis lors il est considéré comme l'un des meilleurs sha'er rebâba de Jordanie.

LES 'S'URS' HATTAR, CHANTS DE MARIAGE
Majdulin, Aniseh, Ratibeh et Badiya appartiennent à l'une des plus grandes familles de Foheis, petit bourg situé à une vingtaine de kilomètres d'Amman et dont l'une des particularités est d'abriter la plus grande communauté chrétienne (95% de la population) de Jordanie. S'urs, belle-s'ur et cousine, ces quatre femmes sont connues dans le village pour leur parfaite connaissance du répertoire nuptial.
Si de nos jours, les mariages ne sont plus vraiment arrangés entre les familles comme autrefois, les habitants de Foheis ont cependant à coeur de conserver les formes du mariage traditionnel, illustrant ainsi un constant besoin de cohésion sociale.
Une fois les négociations préliminaires achevées, a lieu la demande en mariage officielle tolbah. les chefs de la famille du jeune homme rassemblent un groupe de notables (jaha) et se rendent auprès de la famille de la jeune fille pour faire leur demande. La présence des notables est indispensable car elle témoigne d'une part du respect manifesté par la famille du jeune homme envers la future belle-famille et garantit d'autre part l'accord de celle-ci. Chez les musulmans, cette rencontre permet d'établir le contrat de mariage.
Quelques jours plus tard commencent les festivités dans la maison du fiancé : ta'alil. Pendant trois ou quatre jours, voire une semaine, la maisonnée accueille, soir après soir, parents et amis pour faire la fête et chanter. Ce sont les veillées du fiancé ou sahrat al-'aris. La dernière soirée, qui précède la cérémonie du mariage, est la plus importante. Elle est annoncée dès l'après-midi par des tirs de fusil.
La famille de la fiancée organise de son côté des soirées analogues, mais sur une période plus courte. La plus importante, qui a lieu deux jours avant le mariage, succède à la cérémonie d'imposition du henné sur les mains et les pieds de la jeune fille. On y chante notamment le chant Lemmi ya lemmi dans lequel la jeune fiancée s'adresse à sa mère avec un mélange de tristesse et de joie et décrit les différentes pièces de son trousseau.
Le matin du mariage proprement dit, la famille du fiancé tue quelques moutons et offre à ses invités un premier repas composé de viande et d'abats. Puis, tandis que les femmes chantent, les hommes s'exercent à tirer au fusil sur une tête de mouton qui a été préalablement posée sur un rocher.
On fait venir le barbier qui rase et coiffe le jeune homme. Celui-ci est ensuite conduit au hammam. Pendant le bain, les femmes qui se tiennent à l'extérieur chantent et dansent. Une fois lavé et massé, le fiancé est revêtu de ses plus beaux habits. C'est le moment du zafeh, où l'on chante ses louanges.
Pendant ce temps, les chefs de la famille et les notables du village vont chercher la fiancée. À leur arrivée, ils sont accueillis par des chants puis l'on pose devant le notable le plus éminent une tasse de café amer. Celui-ci la refuse, prétextant qu'il ne la boira qu'à la condition qu'on lui cède la jeune fille. Cette condition acceptée, le café est servi à la ronde tandis que la famille du fiancé et les notables chantent en l'honneur des parents de la fiancée.
Cette petite cérémonie terminée, les deux familles partent en cortège. Chez les chrétiens, elles se rendent d'abord à l'église pour la messe de mariage, chez les musulmans elles vont directement à la maison du marié. Un grand repas est servi dans une atmosphère beaucoup plus solennelle que les jours précédents, chants et danses ne sont pas de mise.

L'ENSEMBLE DES JEUNES D'AQABA
Le port d'Aqaba, sur la Mer Rouge, constitue l'unique débouché maritime de la Jordanie. Cette région participe, de par sa situation géographique, des cultures musicales de la Mer Rouge et du Golfe dont certains aspects comme l'usage de la lyre se sont disséminés jusque sur le littoral de l'Afrique orientale.
Le répertoire de simsimiya constitue un lien extrêmement fort entre les traditions musicales des nomades bédouins, des communautés rurales sédentaires et de la société urbaine. En s'ouvrant parfois aux influences de la radio, elle reflète bien le processus de transformation qui affecte aujourd'hui les traditions populaires arabes.
Formé voici quelques années, l'Ensemble des jeunes d'Aqaba se compose de cinq musiciens et chanteurs qui ont décidé de perpétuer les traditions musicales de leur terroir. Ces artistes non-professionnels exercent tous un métier, forgeron, électricien, plombier, pompier, mais surtout, ils continuent de pratiquer la pêche, lançant quotidiennement leurs sambouks sur les vagues du golfe d'Aqaba. De retour de pêche, ils aiment à se réunir pour chanter et se sont taillé une réputation qui leur vaut d'être fréquemment invités à animer les fêtes de mariage.

à écouter :
INEDIT W 260083 Jordanie

PROGRAMME
Chants de mariage de Foheis
Ya fal
Wasa' al-mîdân
'Alhajr barâ
Chants exécutés lors des soirées du fiancé.

Shâbâb qûmû al-'abû
Qûm amrahan luh
Chants exécutés lors des soirées du fiancé.

Yâ shajirat al-tufâh
Chant exécuté le matin du mariage.

Rahbî badiûf abûki
Chant exécuté par la famille de la jeune fille pour accueillir la famille du fiancé et les notables.

Lemmî yu lemmî
Chant du trousseau, exécuté chez la fiancée après l'imposition du henné.

Men hammam
Chant exécuté pendant le bain au hammam.

Chants bédouins
Mawwal
Hjeyni de la région du centre
Hjeyni de la région du sud
Buka'iya (lamentation)
Qasid buka'iya
Shuruqi meshûb

Chants d'Aqaba
Sambouki
Ana men al-Aqaba
Aqabawi ya khal
Lih al-habayb

Contributeurs

Origine géographique

Jordanie

Mots-clés

Date (année)

1998

Cote MCM

MCM_1998_JO_S1

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Jordanie. Chants bédouins. Chants de mariage de Foheis. Chants des pêcheurs d'Aqaba. Photos Jordanie 1998-03-27 Photo numérique
Jordanie. Chants bédouins. Chants de mariage de Foheis. Chants des pêcheurs d'Aqaba. Photos Jordanie 1998-03-27 Photo numérique