Ressource précédente
Ressource suivante

Liban. Fayrouz, à Bercy. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Liban. Fayrouz, à Bercy. Spectacle

Date

1988-10-16

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

16 octobre 1988.
Naissance d'une vocation
Fille aînée d'une modeste famille de Beyrouth, FAYROUZ grandit dans les quartiers de ZKAK el Blat. Enfant, elle chante les airs et les refrains de l'époque. A l'école, elle anime les fêtes, chantant les hymnes nationaux. C'est là que le compositeur MOHAMMED FLEYFEL la découvre, en 1947. Grâce à lui, elle se consacre à la chanson.
Elève au Conservatoire National, elle étudie sous sa direction et chante dans sa chorale. Elle interprète des hymnes à la gloire de la Syrie et du Liban.
Subjugué par son talent, sa sensibilité et sa maîtrise, FLEYFEL l'engage pour interpréter en solo nombre de ses compositions.
A quatorze ans déjà, sa carrière est entamée.
Directeur de la Radio Libanaise et compositeur interprète de renommée, HALIM EL ROUMI la remarque et demande à l'auditionner. Elle interprètera deux "tubes" de l'époque : "Ya Zahratan F. Khayali" (fleur imaginée) de FARID EL ATRACH et "Ya Diriti" d'ASMAHAN - un tango d'inspiration occidentale et un Mawal de pure tradition orientale.
Impressionné par sa double performance, EL-ROUMI l'engage alors dans la chorale de Radio Beyrouth et bientôt lui compose ses premières chansons.
Plus tard il la baptise du nom de FAYROUZ, appellation arabe de la turquoise.
NOUHAD HADDAD "FAYROUZ" entre dans la légende.
Elle chante : "j'ai délaissé mon coeur et je t'ai suivi" , "il y a de la magie et de la beauté dans l'air" , "Ô colombes" et en duo avec son compositeur : "l'amant des roses".
Suivant sa vocation, elle s'adonne à la chanson avec vigueur et rigueur. Née, douée d'un talent l'état pur, elle acquiert aussitôt l'expérience et le métier.
FLEYFEL et EL ROUMI - comme tous ceux qui l'ont connue ses débuts, évoqueront sa maîtrise et son perfectionnisme d'alors.
Une rencontre, un destin
Bientôt, HALIM EL-ROUMI l'introduit auprès de ASSI EL-RAHBANI, jeune auteur-compositeur qui fait ses premiers pas alors dans le monde de la chanson.
Cette rencontre marquera le destin d'une voix, qui empreinte du talent de RAHABANI, sera bientôt portée au sublime.
Avant-gardiste, c'est avec son frère MANSOUR qu'ASSI EL-RAHBANI révolutionne la chanson arabe. Il marque la rupture avec une tradition qui sombre dans la banalité et élabore l'édifice d'une sensibilité nouvelle.
RAHBANI renouvelle le corps du chant arabe, opte pour la différence et crée le modèle type d'une chanson libanaise encore inédite. Impérieusement, il choisit le renouveau, un renouveau qui grandit en FAYROUZ comme une conscience. Paroles et musique, verbes et mélodies, tonalités et rythmes : FAYROUZ et les RAHBANI instaurent un univers où se dessine le nouvel horizon de la chanson.
Leur rencontre avec le groupe argentin EDUARDO BIANCO les conduit à créer une suite de morceaux inspirés du tango et de la roumba.
Découvrant la richesse de leur folklore national, ils composent de nouveaux arrangements, alliant harmonieusement l'influence occidentale aux sources musicales traditionnelles et lui donnent un nouvel essor.
Leur premier répertoire est d'une grande diversité : éblouissante multiplicité où fusionnent les mille et une composantes d'une chanson nouvelle.
Rejeté, le dialecte égyptien bannie les rengaines de deuil et de lamentations.
Une chanson prend naissance, avec FAYROUZ elle acquiert sa véracité.
Mystérieuse et réservée, FAYROUZ chante avec pudeur et retenue un village en couleur d'Eden, un jardin, une maison, une enfance lointaine, un espace de silence, un bruissement d'ailes, une nostalgie du temps qui passe : des bribes d'images et de couleurs.
Un monde voilé d'une secrète mélancolie prend corps : FAYROUZ ouvre, les coeurs à la pénétration d'une lumière nouvelle.
Les titres se multiplient - Radio Beyrouth, radio Proche-Orient, et radio Damas assurent leurs diffusion.
Cependant cette nouvelle chanson suscite la controverse. Les modernistes la saluent, les traditionalistes s'acharnent à la combattre. Directeur de Radio Damas AHMAD ASSA, adopte FAYROUZ et les RAHBANI. Il s'engagera avec ferveur à leur assurer renommée et gloire.
FAKHR1 EL-BAROUDI accuse ces pionniers de compromettre le chant arabe et de nuire à sa tradition musicale.
Les RAHBANI ripostent à l'attaque et écrivent "A une bergère" (Ila Raïa) chanson classique qui, lancée sous un pseudonyme, est accueillie chaleureusement par les traditionalistes. Pari gagné, le succès est unanime : FAYROUZ a déjà conquis une audience considérable. Réenregistrée et diffusée à Damas en 1952, sa chanson "Itab" la consacre. Le chemin de la gloire est désormais ouvert. Juillet 54, ASSI EL-RAHBANI épouse FAYROUZ - les compagnons de route deviennent compagnons de vie : une vie pleine, riche, irrémédiablement vouée la chanson.
L'Etrangère et l'Oracle
En 1957, FAYROUZ inaugure le Festival International de Baalbek.
Pour la première fois, elle vient à la rencontre de son public.
En plein air, sur les planches du célèbre site historique, au milieu des six colonnes du temple romain, dans le silence suspendu entre la scène et le public, mystérieuse, familière et chaleureuse, la voix de FAYROUZ s'infiltre, s'élève et règne.
C'est un triomphe ! Consacrée étoile de Baalbek, FAYROUZ est surnommée "la septième colonne".
La Syrie lui ouvre ses portes. Dès 1960, elle deviendra l'invitée de marque du Festival International de Damas.
De la chanson, les RAHBANI passent au sketch musical. Du sketch à l'opérette populaire et de l'opérette au théâtre musical.
Leur première pièce théâtrale "le pont de la lune" crée en 1962 est présentée Baalbek. FAYROUZ y incarne une jeune fille ensorcelée que seul l'amour peut sauver:
"Je suis un conte écrit de larmes / on ne peut le raconter / un mot le blesse / il était une fille fiancée à l'amour / la haine lui brisa les ailes". FAYROUZ raconte et devient son propre conte.
Le fantastique est substance du réel. "On racontera l'histoire d'un village..., dit le prologue du "vendeur du bagues", ce village n'existe pas, mais une nuit, un homme ivre trace des graffiti sur une page et le village naît.
A leur imagination de visionnaires les RAHBANI allient la puissance de la réalité. Leurs pièces sont des fables sociales, des paraboles allégoriques tant concrètes qu'imaginées - vivantes, chimériques et mystiques.
De 1962 à 1976, les pièces de FAYROUZ se multiplient : 16 créations théâtrales, 16 rôles pour une ultime vocation, celle d'une amoureuse dont l'unique bien-aimé est l'Amour, un amour absolu, puissant, insaisissable et inépuisable.
FAYROUZ est son propre oracle. Une messagère porteuse d'une prophétie secrète. "Venue d'ailleurs", empreinte des souffrances de son peuple et de son pays, des hommes et de la terre, elle annonce à jamais le Bien Souverain.
Le paysage villageois est choisi comme décor aux premières pièces .Avec "Hala et le roi" présentée Beyrouth en 1967, la ville se substitue au village. L'univers change, la voix demeure. FAYROUZ reste la visiteuse inconnue qui, tel un météore, traverse la nuit pour y tracer sa traînée lumineuse.
Plus qu'une majestueuse héroïne, plus qu'une fabuleuse interprète, elle e s t la voix des voix. En elle tout commence, et en elle tout s'accomplit. Elle est "l'oiseau du soleil", "la fleur de la liberté", "l'épouse du voyage" et "1'étoile du refus".
Musique, textes, personnages, décors, sont transfigurés par sa présence. Ses rôles n'atteignent leur plénitude qu'à travers sa personne. Ce qu'elle chante, elle l'est. "je ne préfère pas un rôle à un autre" confie-t-elle aujourd'hui "je sens que je n'ai pas joué, dans le sens conventionnel du terme, jouer un rôle. ASSI m'écrivait des rôles qui me ressemblait.
Dans tout rôle que j'ai interprété, il y a une partie de moi-même.
Plus que par sa présence, tout est enveloppé de sa voix.
Une voix qui par sa diversité de timbre ne cesse d'acquérir de nouvelles dimensions.
Ciselant mots et syllabes, FAYROUZ module les graves pour passer sublimement aux aigus.
Le succès est phénoménal. Le travail afflue. Au long de ces années, FAYROUZ renouvelle son public qui, émerveillé ne cesse de s'accroître.
L'automne suivant, elle le passe Beyrouth, sur la scène du Picadilly. elle y chantera chaque soir, des mois durant.
Infatigable, elle enchaîne avec une tournée d'été à Baalbek et poursuit par une rentrée syrienne où le "tout Damas" se bousculera pour la retrouver.
Les chansons abondent, ses succès sont des ritournelles intarissables.
Une voix, un visage, un regard, une présence : FAYROUZ est désormais une Icône, une image scellée dans la chambre secrète du coeur.
La voix du Liban
Interminable, la guerre du Liban survenue en 1975 marque de son empreinte FAYROUZ, la voix et la légende.
FAYROUZ, s'éclipse. Elle abandonne la scène de Beyrouth et de Baalbek, mais ne déserte jamais.
''Rien ne peut prendre la place de la patrie" affirme t-elle résolument. Elle vit, mais sa voix submerge cette terre qui brûle.
Dans ce pays pétrifié, en perpétuelle agonie, cette voix tendre et profonde continue à régner. "Au Liban, devenu étranger, sa voix demeure mon seul ami" écrit le poète OUNSI EL HAJJ.
Au Caire ou à Paris, à Bagdad ou à Londres à New York ou à Abou Dhabi - pays arabes ou pays d'émigration, FAYROUZ chante une terre et un ciel.
Lyrique, prophétique, limpide et blessée par le silence, sa voix, mêlant la compassion à la fierté, réinvente une patrie, son rêve et son enchantement.
Voix du Liban, voix du monde arabe, OUM KOULTHOUM et FAYROUZ représentent!aujourd'hui les deux sommités de la chanson arabe.
Deux voies, deux acheminements, deux aboutissements.
Alors qu'OUM KOULTHSOUM incarne le chant traditionnel dans sa grandeur et son éloquence, FAYROUZ marque la consécration d'une chanson arabe où l'immémorial épouse la modernité : "tradition et modernité" conformément l'adage du monde culturel arabe préconisant la renaissance.
A travers l'édifice FAYROUZ, RAHBANI incarne ce rêve plus qu'à travers tout autre création artistique. Un rêve qui du Liban s'étend au Machrek et au Maghreb.
Outre le Liban, FAYROUZ chante aussi la Syrie et la Palestine.
Dès les années 50, elle consacre à la Terre Sainte, une série de chansons-poèmes, tels "nous retournerons un jour" et "la fleur des cités" qui demeurent au-delà des atteintes du temps.
Elle honore la Syrie à travers des cantiques composés lors de ses passages annuels à Damas. La cité des Omeyyades qui l'a accueillie dès ses débuts continue à lui vouer une adoration fidèle. Elle y chantait régulièrement depuis 1960, la guerre allait mettre fin à cette coutume.
Ce n'est qu'en octobre 1985, après sept ans d'absence qu'elle y retournera, Sur la célèbre scène de BOUSSRA-ESHAM elle retrouve son public et toujours: Plus de 60.000 personnes accourent pour retrouver leur Diva.
En Jordanie, à Bagdad, au Caire comme aux émirats, chaque passage de FAYROUZ est une célébration.
Au-delà des frontières et des clivages, sa voix lumineuse appartient à tous.
Le Maire de Jérusalem lui remettra la Clef d'Or de la Sainte Cité.
Comme le Liban, la Syrie fera éditer un timbre à son effigie.
Le roi HASSAN II, l'ayant invitée pour un récital au Royal Palace, l'accueillera en personne à l'aéroport de Rabat, Quant au roi HUSSEIN de JORDANIE, il la décorera successivement en 1963 et 1975.
Toutefois, son ultime gloire demeure l'amour de ce public qui aujourd'hui la sacre reine de la chanson arabe.
De ce lien indéniable avec son public, elle déclare : "c'est le lien qui réunit deux amoureux qui s'échangent, l'amour, et la déférence. A chaque rencontre, je sens que l'amour du public m'enrichit,me rend plus responsable encore et me pousse à donner à nouveau".
La consécration
Ces quarante années de cette carrière fulgurante se traduisent par 16 pièces de théâtre, trois longs métrages et un nombre incalculable de chansons : mélodies d'amour d'inspiration folklorique, composition symphoniques,tangos orientalisés rengaines bédouines, hymnes liturgiques...
Dans ses débuts, outre les frères RAHBANI, FAYROUZ chanta OMAR ABOU RICHA, QUABALAN MOUKARZEL,ASSAD SABA et bien d'autres.
Ses interprétations des poèmes de SAID AKL, GIBRAN KHALIL GIBRAN, BCHARA EL-KHOURY et MICHEL TRAD nous laissent de véritables joyaux. De même elle chante les grands poètes arabes d'hier tel IBN DHURAIQ AL-BAGHDADI, IBN JUBAIR, ANTARA et OMAR BIN ABI RABIA.
A ces débuts, TAWFIK EL-BACHA, ZAKI NASSIF, KHALED AIBU EL-NASER et GEORGES DAKER composèrent pour elle.
MUHAMAMMED ABDEL WAHAB lui consacra trois chansons, et PHILEMON WEHBE lui écrivit ses plus grands succès.
Depuis quelques années elle travaille avec JOSEPH HARB et ZIAD RAHBANI son propre fils, aujourd'hui son compositeur fétiche.
"Notre ambassadrice auprès des étoiles", "la voix angélique", "la voix de velours", "l'âme du Liban" autant de qualificatifs pour une voix qui demeure insaisissable.
Il faut écouter ses cantiques monodiques, où sur quelques notes qui s'égrainent, la voix s'élève, se fait lumière, image d'une terre d'ailleurs, d'un royaume à toujours nommer.

Origine géographique

Liban

Mots-clés

Date (année)

1988

Cote MCM

MCM_1988_LB_S1

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Liban. Fayrouz, à Bercy. Affiche Liban 1988-10-16 Affiche
Titre Localisation Date Type
Saison 1988 1988