Ressource précédente
Ressource suivante

Maroc. Les Rwâyes, troubadours berbères de la vallée du Sous. Spectacle

Collection

Type de document

Évènement

Titre

Maroc. Les Rwâyes, troubadours berbères de la vallée du Sous. Spectacle

Date

1992-02-13

Date de fin

1992-02-16

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Musique

Description de la pratique

13-16 février 1992.
avec
Raqiya Demseriya, chant
Aarab Atigui, chant et rebâb
Muhammad Bunsir, chant et rebâb
Brahim Aït al-Qadi, lutâr
Bouslam Okia, lutâr
Al Hassan Abunassir, nâqûs
Yamna Al-Jbal, choriste
Omar Amarir, direction artistique

Les Berbères (imazighen) du Maroc sont réputés pour avoir cultive depuis plusieurs siècles un art musical d'un grand raffinement. Les plus anciens témoignages que l'on en ait sont des chants épiques qui, lors de l'avènement de l'islam, servirent à la propagation de la foi nouvelle dans la région.
Parmi les musiques proprement villageoises, on peut relever le genre asallaw : chants exécutés par les femmes à l'occasion des mariages, tazrrart : chants de bienvenue et de travail, ainsi que des chants religieux : louanges au prophète, répertoire théologique et tout un ensemble de chants soufis exécutés lors des rites de zikr qui se déroulent après les prières ou lors des fêtes religieuses.
Autre genre mieux connu en Occident depuis les travaux d'Alexis Chottin et plus récemment de Bernard Lortat-Jacob, Hassan Jouad et Myriam Rovsing-Olsen, l'ahwash est une scène villageoise de danses collectives dont le centre est l'urar ou dialogue chanté partagé entre les femmes et les hommes et accompagné par le jeu des tambours.

Les rwâyes
Alors que ces genres s'inscrivent dans la tradition orale et sont chantés collectivement sans autre accompagnement que les percussions, l'amarg (litt. "poème chanté" et par extension "répertoire") des rwâyes est pratiqué par des musiciens professionnels, des aèdes, dirigés par un râyes ("directeur, chef"), principal dépositaire du répertoire de ses maîtres, lui-même poète, compositeur, chanteur et instrumentiste et enfin garant des modalités juridiques de la profession. Parallèlement aux ensembles masculins, l'on trouve des ensembles de raysat, chanteuses et joueuses de luth lutâr dont Raqiya Demseriya est l'une des plus illustres représentantes aujourd'hui.
Originaire de la vallée du Sous, en plein pays chleuh, la tradition des rwâyes s'est répandue de Taroudant et Agadir vers d'autres régions berbères comme Ouarzazate, Tiznit ainsi que vers les grandes villes de Marrakech, Essaouira et Casablanca. Malgré cette dispersion géographique, les ensembles de rwâyes continuent à vivre comme une seule famille régie par le même droit coutumier.
La création musicale et poétique des rwâyes fut particulièrement active depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à l'indépendance. De grands poètes tels que Bubakr Azaari ou Husayn Janti s'illustrèrent dans les chants patriotiques et de résistance, Bubakr Am-Marrakshi dans des évocations des durs moments du Protectorat et de l'exil de la famille royale ; Bubakr Anshshad s'inspira de proverbes pour décrire les rapports humains ; Budraa et Mbarek-u-Bulahsen se spécialisèrent dans les thèmes panégyriques, exprimant le sentiment des Marocains pour leur souverain Mohammed V alors en exil. Mais incontestablement, le plus grand râyes de la première moitie du XXe siècle est Haj Belaïd qui traita de sujets aussi divers que l'amour, la sagesse, le voyage, s'inspira aussi de récits épiques, sans compter ses nombreux chants de louanges au Sultan Mohammed V.
Chaque ensemble, composé de 6 à 8 musiciens et chanteurs, est appelé à se produire en spectacle lors de fêtes familiales, villageoises, ou à l'appel d'un notable soucieux d'honorer un hôte de marque.
Le concert des rwâyes s'organise autour de plusieurs é1éments :
- astara, prélude instrumental non mesure donnant les notes de base des mélodies qui suivent et permettant aux instruments de s'accorder sur la vièle rebâb généralement joué par le chef du groupe.
- amarg, le poème chanté proprement dit, coeur de la prestation.
- ammussu, ouverture chorégraphique.
- tamssust, chant intercalaire d'allure vive.
- aberdag, danse.
- tabbayt, cadence finale caractérisée par l'accélération du rythme et de brusques arrêts annonçant la fin.
Hormis le prélude instrumental et la cadence, les éléments du concert des rwâyes n'obéissent pas un ordre ni à des durées prédéterminées, mais dépendent librement du choix du chef de l'ensemble.
Les rwâyes utilisent principalement des instruments à cordes, vièles rebâb et luths lutâr. Le rebâb est une vièle composée d'une caisse circulaire sur laquelle est tendue une peau faisant office de table d'harmonie. Il comprend une grosse corde en crins qui est mise en vibration au moyen d'un lourd archet monté d'une large mèche de crins. Le lutâr est un luth composé d'une petite caisse de résonance piriforme sur laquelle est tendue une peau. Les trois ou quatre cordes en boyau sont pincées au moyen d'un plectre. Le lutâr taswîsît est une version plus petite du lutâr.
Les sons des rebâb et des lutâr s'opposent de manière remarquable. Les luths jouent en courtes notes répétées, le rythme n'étant marqué que par l'accentuation de certaines notes, tandis que les rebâb se distinguent par un jeu très legato, un son ample et rond enrichi grâce à une subtile utilisation des sons harmoniques. Le seul instrument à percussion utilisé est le nâqûs, une pièce de métal (aujourd'hui un moyeu de roue de voiture) frappée avec des baguettes métalliques.
La musique des rwâyes comme l'ensemble des musiques berbères est presque exclusivement pentatonique. Elle utilise cependant plus volontiers des modes pentatoniques hémitoniques (échelles comprenant des intervalles d'un demi-ton) que le système pentatonique anhémitonique (sol-la-si-ré-mi) prévalant dans les musiques de village.
A titre d'exemples, voici quelques extraits de poèmes composés par d'illustres rwâyes d'avant l'indépendance :

La colombe blanche (Haj Belaïd)
Ramier sans tache, je souhaite aller vers toi;
Si tu voulais de moi, je te suivrais toujours,
Je te suivrais partout voir librement le monde.
D'un ami j'ai besoin. Mais je ne veux que toi.

Lhasani (chant de louange de Haj Belaïd au roi Hassan Ier )
A vous mes présents, mon serment, ô dynaste hassanien,
Vous le garant tant que ce pays s'étend ;
Que chacun, avec moi, s'y rassure ô grand roi!

La plainte de la pierre (Bubakr Am-Marrakshi)
"Prendre langue" aujourd'hui, laisse moi t'expliquer ça:
Qui tu ne trompes te roule, confiance degré zéro!
"S'associer" de nos jours, laisse moi t'expliquer ça:
C'est deux jours d'harmonie pour dix de bagarre,
"Chacal et Chevreau Réunis", voilà tout,
La brute gruge à fond, le faible va sans méfiance!
(traductions et adaptation, Lahsen Hira et Claude Lefébure)
Référence discographique : Maroc - Anthologie des RWÂYES Chants et musiques berbères du Sous avec Raqiya Demseriya, Ahmad Amentag, Mbarek Ammouri, Hassan Awarug, Muhammad Bunsir, Muhammad Dammou, Lahsen Id Hammou
Coffret 4 CD Maison des Cultures du Monde - Ministère de la Culture du Maroc W 260.023.
Choc du Monde de la musique, Référence de la revue Compact.

PROGRAMME
SOUS LE HAUT PATRONAGE DU MINISTERE DE LA CULTURE DU ROYAUME DU MAROC
LES RWÂYES DU SOUS
Amarg traditionnel
Pièces instrumentales anciennes et Aberdag (danse)
Tawnza, "la frange de cheveux" par Raqiya Demseriya
Mulay al-Hassan, "Sire Hassann" par Raqiya Demseriya
"Monseigneur Hassan, bouton de rose en son enclos,
Celui qui passe auprès le bénit,
Au nom de Dieu le bénit ; et des margelles retiennent l'eau.
Paix sur vous, Monseigneur, comme sur des gazelles ;
Gazelon qui franchit les montagnes pentues,
Les solitudes en solitaire, et la peur ne l'atteint pas."
Wash ahbbud, "le ventre" par Muhammad Bunsir
"Soude, ô Dieu, ma plaie - cette fêlure dans le verre...
J'ai parcouru le monde, l'intellect en éveil,
En rapporte des nouvelles sûres, et vous les transmettrai ;
Mon discours est sain, il n'est point mensonger.
Eh! C'est la halle-aux-grains, le sentiment désormais :
Ce qui ne s'achète pas reste inaccessible"
Afrukh-d-tfrukht, "la jeune fille et le garçon" par Muhammad Bunsir

- entr'acte '

Amarg après 1950
Improvisation par Aarab Atigui
Improvisation par Raqiya Demseriya

Contributeurs

Origine géographique

Maroc

Mots-clés

Date (année)

1992

Cote MCM

MCM_1992_MA_S1

Ressource associée

Ressources liées

Filtrer par propriété

Titre Localisation Date Type
Vièle - rebâb Maroc 1992-01-01 Objet
Titre Localisation Date Type
Maroc. Traditions chantées. Rwâyes, troubadours berbères avec Raqiya Demseriya. Affiche Maroc 1992-02-13 Affiche
Titre Localisation Date Type
Saison 1992 1992