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6 peintres du Maroc. Exposition

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Évènement

Titre

6 peintres du Maroc. Exposition

Date

1990-10-20

Date de fin

1990-12-17

Artistes principaux

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Exposition

Description de la pratique

20 octobre-17 décembre 1990.
avec le soutien du Ministère de la Culture du Royaume du Maroc, de la Délégation aux Arts Plastiques, du Ministère de la Culture, de la Communication, des Grands Travaux et du Bicentenaire.

Cette exposition collective sur la peinture contemporaine au Maroc est destinée à faire connaître au public français, à travers les oeuvres de quelques artistes de différentes sensibilités, l'un des aspects les plus caractéristiques de la culture marocaine d'aujourd'hui. Elle lui permettra également de découvrir l'expression picturale d'un pays où la création artistique fut et reste toujours vivante.
Depuis un quart de siècle, on assiste au Maroc à un essor, multiple et diversifié de cet art. Au croisement de plusieurs cultures, une véritable entité plastique s'est formée.
Cette exposition aura pour but de promouvoir l'art contemporain marocain et stimuler l'intérêt pour celui-ci à partir d'un choix limité aux artistes de dimension internationale
Nous espérons qu'à travers cette exposition, l'intérêt pour d'autres artistes s'éveillera et produira un effet d'aspiration pour tout l'art marocain.
Si cette exposition n'a aucunement la prétention de donner une vision exhaustive de tous les artistes marocains, ni de présenter à plus forte raison, une vue d'ensemble sur l'art contemporain marocain, elle constitue néanmoins un choix historiquement représentatif
Dans cet esprit et pour éviter un éclectisme sans signification, nous présentons pour chaque artiste un ensemble d'oeuvres suffisamment important.
L'exposition procède par trois étapes historiques:
- les années 60 avec les artistes fondateurs Cherkaoui et Gharbaoui,
- les peintres des années 65 avec deux tendances, 1'Ecole de Casablanca, représentée par Belkahia et les autodidactes représentés par Chaïbia,
- et enfin la génération actuelle avec Kacimi et Bellamine.
Ainsi le public français peut suivre, à travers cette exposition, un parcours chronologique et stylistique qui lui permettra de faire plus ample connaissance avec chacun de ces artistes et, à partir d'oeuvres nombreuses, de mesurer non seulement l'importance de leur travail mais également celle de l'histoire picturale au Maroc.
Michel Troche et Brahim Alaoui Commissaires de l'exposition

Les arts plastiques au Maroc sont, à l'image de la société marocaine, marqués par une diversité d'expression héritée d'un triple patrimoine : la tradition préislamique (berbère et africaine), celle de l'Islam et de l'arabité, enfin celle de l'orientalisme et de la peinture de chevalet.
L'histoire de la peinture marocaine se délimite avec netteté : avant l'Indépendance (1956) avec la période des autodidactes, et à partir des années 60 avec l'affirmation d'une entité plastique nationale.
La première génération de peintres marocains voit le jour pendant la première moitié du siècle à partir de la rencontre entre l'art marocain et l'art pictural européen. Généralement autodidactes, comme DRISSI et LOUARDI, les peintres pratiquent une peinture figurative dite "naïve", dont les thèmes principaux s'inspirent des scènes de la vie quotidienne et, généralement, de l'imaginaire populaire.
Il faut attendre les années 60 pour voir des peintres tels que CHERKAOUI et GHARBAOUI réévaluer la richesse de l'héritage culturel arabo-musulman et berbère opérant ainsi chacun à sa manière, une synthèse entre les formes de leur patrimoine et l'abstraction.
En 1965, d'autres peintres enseignant à 1'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca mènent une intense activité culturelle et artistique ayant pour fin la contribution des arts plastiques à la redéfinition de "l'identité culturelle". Ces peintres essayent de reformuler la question théorique et pratique de l'acte pictural: fonction de l'art dans la société, statut de l'artiste. BELKAHIA et CHERKAOUI s'étant ralliés à cette action se veulent des artistes conscients de leur culture et de leur temps.
Outre les artistes autodidactes, une nouvelle génération de peintres (celle née entre 1930-40) peut bénéficier après l'Indépendance d'une formation grâce à l'octroi de bourses et à des échanges culturels entre le Maroc et l'Europe. Ainsi des artistes tels que GHARBAOUI, CHERKAOUI et BELKAHIA poursuivront leur formation artistique à Paris, Rome, Prague, Varsovie ainsi qu'aux Etats-Unis.
Ces bourses d'études marquent un pas décisif dans l'ouverture artistique du Maroc. La formation auprès des maîtres, des professeurs et des peintres occidentaux aidera les artistes marocains à se renouveler et à effectuer ainsi une synthèse entre leur propre culture et les expériences de l'art moderne occidental.
A leur retour au Maroc, un souffle de liberté les conduit vers une expérience presque inédite, celle de la pratique picturale professionnelle dans leur pays. De remarquables peintres apparaissent sur la scène culturelle dont Ahmed CHERKAOUI, précurseur de la tendance du signe, représente incontestablement l'avant-garde. Sa formation très solide, en Occident, lui a permis de se situer par rapport à la modernité créatrice de l'époque.
Après l'Indépendance, les peintres se tournent vers l'abstraction. Jilali GHARBAOUI est un des premiers peintres radicalement abstraits s'adonnant à une gestuelle pure, vertigineuse et hallucinée. Avec GHARBAOUI, l'abstraction lyrique incarne au Maroc une expression plastique en plein développement.
Ainsi, à travers des démarches plastiques différentes, cette génération de peintres tente d'apporter des réponses esthétiques à la question de la création. Puisant dans les arts traditionnels, ils se mettent à la recherche d'expressions adaptées à leur contexte social et à la pensée contemporaine.
BELKAHIA marque ainsi cette période, il apporte une attention particulière à des formes précises confrontées à des matériaux que l'art populaire marocain connaît bien: le cuivre et le cuir.
Entre temps, d'autres peintres autodidactes, comme CHAÏBIA, explorent de nouveaux espaces. CHAÏBIA, figure originale de la peinture marocaine, puise ses images dans la vie quotidienne et transmet son affectivité à travers la couleur à l'état brut. Avec elle, la peinture est une réalité physique.
Aujourd'hui, 1'évolution de l'expression picturale tend vers une diversification des travaux fondée sur des sensibilités individuelles. La problématique des années 60 élargit son champ d'investigation: de la spécificité à l'internationalité.
BELLAMINE travaille sur l'espace et la mémoire. Il explore les expressions plastiques et mentales de la peinture. Son oeuvre participe aujourd'hui à une redéfinition de la peinture à travers la quête de purs concepts formels. Les jets successifs, répétitifs, en couches superposées sont la trace même de son geste qui parcourt la toile de haut en bas dans un mouvement naturel qui pousse souvent l'artiste à peindre avec ses doigts pour se sentir plus près de la peinture.
Le travail pictural de KACIMI est une aventure entre le symbole (représentation) et le signe (trace) articulés dans une dynamique matière ' forme - couleur: KACIMI est imprégné par les réalités, physique et cosmique. Ses toiles sont la synthèse d'un travail réflexif et corporel déclenché par un événement vu, vécu, senti ou rêvé. Il utilise les couleurs du désert, du feu, de la terre et de l'eau. KACIMI laisse en un premier temps ses toiles s'imprégner de couleurs soumises au hasard, puis il intervient, ordonne le chaos, les formes s'esquissent comme quelque chose qui viendrait à naître.
Dans l'art contemporain marocain, les plasticiens explorent la mémoire des signes. Ils y puisent certains de leurs motifs ou symboles. L'héritage artistique qu'il soit savant ou populaire les interroge.

Ahmed Cherkaoui Né à Boujad, Maroc, en 1934
Mort à Casablanca en 1967
Principales expositions
1959 Première exposition personnelle à l'Atelier Lucienne Thalheimer à Paris.
1961 Galerie Krzwe-Kolo, Varsovie (Pologne). Salon d'Automne de Casablanca. 2e Biennale de Paris. Exposition personnelle, Galerie du Goethe Institut, Casablanca.
1962 Exposition personnelle, Galerie Ursula Girardon, Paris. Galerie La Hune, Paris Exposition Peintres de l'Ecole de Paris et Peintres marocains, Rabat. Salon de Mai, Paris. Options, Galerie Ursula Girardon, Paris. Galerie La Hune, Paris. Prix Manguin (2e mention). Galerie Charpentier, Paris. 10e Salon Interministériel (médaille de bronze), Paris.
1963 Exposition personnelle, Centre culturel français, Rabat, Tanger, Casablanca. 20 peintres étrangers, Musée d'art modene de la ville de Paris. Exposition personnelle à l'atelier de Lucienne Thalheimer, Paris. Salon de Mai, Paris. Exposition Etats Généraux du Désarmement, Cercle Volney. Dix peintres du Maghreb, Galerie du Gouvernail, Paris. 2000 ans d'art au Maroc, Galerie Charpentier, Paris. Formes et couleurs, Casablanca. Exposition personnelle, Galerie Rue de Seine, Casablanca.
1964 Petits formats, Galerie du Fleuve, Paris (avec André Masson, Michaux'). Action et réflexion, Galerie A, Paris. Du Labyrinthe à la Chambre d'amour, Tokyo. Exposition internationale au Musée d'Alger. Exposition personnelle, Galerie Jeanne Castel, Paris. Exposition l'Art au village, St-Jeoire-en-Faucigny et Lyon (France).
1965 Galerie Jeanne Castel, Johannesburg. Salon de Mai, Paris. Exposition personnelle, Karlstad (Suède). L'art actuel au Maroc, Palacio del Cristal del Retiro, Madrid. L'Oeil de boeuf à Madrid. Peintres marocains, Galerie Bab Rouah, Rabat. Exposition personnelle au Goethe Institut, Casablanca. Galerie Solstice, Paris.
1974 La peinture marocaine dans les collections privées, Galerie Nadar, Casablanca.
1985 Présences artistiques du Maroc, Grenoble.
1988 Présences artistiques du Maroc, Bruxelles, Ostende, Liège.

Ahmed Cherkaoui
C'est à Boujad, petite ville dans la plaine de la Chaouïa, que CHERKAOUI est né le 2 octobre 1934. Après des études primaires où il s'initie à l'écriture arabe et étudie le Coran, il quitte sa ville natale pour suivre des études secondaires à Casablanca. Son éducation traditionnelle, sa culture et son environnement restent présents dans sa création à travers les formes et les couleurs.
En 1956, il quitte le Maroc pour étudier à Paris à 1'Ecole des Arts et Métiers, s'inscrit à 1'Ecole des Beaux-Arts de Paris, puis en 1959 dans l'atelier d'Aujame, et enfin à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie en 1961. De retour à Paris, il obtient une bourse de l'UNESCO qui lui permet d'effectuer des recherches sur le signe berbère et la calligraphie arabe. C'est dans l'exil que CHERKAOUI découvre la peinture moderne.
C'est à l'écoute de l'environnement artistique international des années 50-60 que CHERKAOUI, tout en s'appropriant la leçon des grands maîtres, restera fidèle à sa propre culture. Attiré par Klee et Bissière, il exploite la texture rugueuse, effilochée de la toile de jute collée à même le support.
Sa formation très solide (auprès de ses maîtres à Paris et à Varsovie) lui permet de se situer par rapport à la modernité créatrice de l'époque.
Ce n'est qu'au début des années 60, qu'il s'exprime totalement entre les arts populaires de son pays, l'art arabo-musulman et les expériences de l'art contemporain.
CHERKAOUI a su traduire le répertoire des expressions plastiques traditionnelles dans un vocabulaire réellement contemporain. Son oeuvre est un défi: elle concilie le passé et le présent, le particulier et l'universel et nous fait redécouvrir la richesse d'une tradition millénaire omniprésente.
Ahmed CHERKAOUI est le premier qui dès les années 60, axe ses expériences plastiques sur les signes inspirés des arts populaires et de la calligraphie, en cherchant à approfondir leur signification, les transposant d'une manière originale sur ses toiles. Fasciné par la graphie berbère, les tatouages, captivé par le soufisme, il choisit son signe, l'interprète, le transpose.
Peinture sombre aux bleus profonds, aux larges cernes noires où les pictogrammes inventés se libèrent, deviennent bruns, rouges, mauves.
Les formes vibrent comme une écriture de la lumière.
CHERKAOUI est un peintre à la fois du signe et de la couleur.
Doublement précurseur, CHERKAOUI amorce en 1961 une libération du signe et en 1966 comme poussé par la nécessité d'échapper au carcan de la toile, il ébauche des recherches sur le cuir. Cet artiste meurt prématurément à Casablanca en 1967. La démarche de CHERKAOUI influence de nombreux artistes aujourd'hui.

Jilali Gharbaoui
Jilali GHARBAOUI est né en 1930 à Jorf el Melh, près de Sidi Kacem.
Après avoir fait des études secondaires, il entre dans une école de peinture à Fès en 1950. Il travaille le jour en vendant des journaux afin de suivre les cours du soir. En 1952, il obtient une bourse pour 1'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris, puis pour l'Académie Julian. En 1958, il séjourne Rome comme boursier du gouvernement italien avant de s'installer à Rabat en 1960. Il fait de nombreux voyages en Europe notamment à Paris et à Amsterdam.
GHARBAOUI est passé par diverses tendances picturales: l'impressionnisme français, la peinture hollandaise ancienne, l'expressionnisme allemand puis, la peinture abstraite dès 1952. Premier peintre marocain à avoir choisi ce mode d'expression picturale, à son retour au Maroc, il sent le besoin de sortir des traditions géométriques en donnant un mouvement à la toile, un sens rythmique et, le plus important, de la lumière.
La quête de cette lumière est pour lui capitale: "La lumière nous lave les yeux, une peinture lumineuse nous éclaire". Toute son oeuvre est marquée par cette qualité spatiale qu'est la lumière et, notamment, l'aspect singulier qu'elle prend dans les paysages marocains. La couleur, au même titre que la forme, donne le rythme et le mouvement sa peinture conçue comme une "pure orchestration chromatique" exprimant, avant tout, des vibrations spirituelles. La couleur libérée travaille l'espace, en zones de lumière et d'ombre, du bleu au noir, avec des coulées de blanc.
Le lyrisme de la couleur et des signes, le plaisir pur de peindre prédominent chez cet artiste. Sa gestualité surprend par sa violence, mais aussi par sa maîtrise de l'espace qu'elle affronte.
Précurseur, il se jette dans la peinture, pareil à l'athlète dans la course; tracé, plaisir, extase du geste coloré!
La peinture de GHARBAOUI reste pour ceux qui l'ont connu, l'expression même de sa vie, intense, mouvementée, angoissée, solitaire.
Ce sentiment de solitude, cet appel humain, qui jaillissent de ses toiles l'ont marqué jusqu'à sa mort, lorsque son corps inanimé fut découvert - sur un banc public au Champ de Mars Paris le 18 Avril 1971.
Sa compréhension de la plastique contemporaine le situe d'emblée parmi les peintres les plus marquants du mouvement informel de notre époque.
Avec GHARBAOUI, l'abstraction lyrique incarne au Maroc une force plastique en plein développement.

Jilali Gharbaoui Né à Jarf El Melh, région de Meknès, en 1930.
Mort à Paris en 1971.
Principales expositions.
1957 Exposition à Rabat et Casablanca (Mission culturelle française). Biennale de Paris. Exposition avec le groupe des informels, Salon Comparaison, Paris.
1960 Exposition à Rabat et Casablanca.
1961 Groupe d'artistes d'Afrique du Nord, Paris.
1962 Exposition à Rabat et Paris. Galerie La Découverte, Rabat. Biennale de Paris, sculpture. 1964 Exposition à Rabat et Casablanca.
1965 Galerie nationale Bab Rouah, Rabat.
1966-67 Séjourne et expose à Amsterdam.
1967 Séjourne et expose à Montréal.
De 1967 à 1971 Diverses expositions à Rabat et Casablanca.
1980 Exposition personnelle, Galerie de L'Oeil, Rabat.
1985 Présences artistiques du Maroc, Grenoble.
1988 Présences artistiques du Maroc, Bruxelles, Ostende, Liège (Belgique). Figure dans diverses collections au Maroc, en France, en Angleterre, en Allemagne et aux Etats-Unis...

Farid Belkahia
Farid BELKAHIA, né à Marrakech en 1934, fait partie de la première génération des fondateurs de la peinture contemporaine dans son pays.
De 1962 à 1974, il occupe les fonctions de Directeur de 1'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca et participe activement à la vie artistique et culturelle marocaine. Il séjourne régulièrement à l'étranger, voyages d'étude ou de travail en Europe, aux Etats-Unis, en Asie.
Par suite d'une coïncidence de voisinage avec un artisan qui travaillait le métal, BELKAHIA fait ses premiers essais sur le cuivre vers la fin des années 60. Progressivement, les personnages qui animaient ses toiles disparaissent pour laisser place à des reliefs abstraits qu'il ne cesse de renouveler. Il découpe, plie, martèle, froisse, cisèle le cuivre en spirales et volutes. Une fois le cuivre maîtrisé, il revient à la peinture sans changer l'orientation de ses recherches. Les formes et la couleur traitées cette fois en aplat apportent une nouvelle dimension.
Vers les années 70, il entreprend des expériences avec un nouveau matériau, la peau dont il révèle les richesses plastiques. Il utilise la peau de vache ou de chèvre tendue sur des cadres de bois. Il pose sur la surface des colorants d'origine minérale ou végétale, tel le henné, symbole de protection et de beauté dans la société marocaine, le cobalt ou le safran. Ces produits traditionnels sont appliqués sur la peau, traitée de la même façon que celle des tambours.
Le graphisme et les formes déployées dans les compositions de BELKAHIA, sont des signes empruntés au répertoire ornemental des arts traditionnels tels que le tissage, le tatouage, la poterie et le travail du cuivre. Il a recourt, également, à certaines formes symboliques comme la main prophylactique ou le disque évoquant le calendrier lunaire et zodiacal. BELKAHIA retrouve les signes des arts populaires plus par instinct que par une analyse délibérée de leurs formes et de leurs significations. Il les intègre dans des compositions sur un nouveau matériau dont il ne cesse de révéler les richesses plastiques.
Il crée un espace plastique en architecturant ses pièces sous forme de cercles, triangles ou tout autre aspect géométrique où la symétrie n'est pas respectée.
Sa recherche plastique s'organise autour d'un répertoire de formes sensuelles qui suggèrent des êtres hybrides: "J'essaye de traduire mes propres fantasmes à travers des formes mâles et femelles à la fois. Je ne fais pas de symbolisme, je ne fais qu'exprimer des fantasmes".
La peinture de BELKAHIA apparaît comme le lieu d'une recherche liée à une terre et une histoire vivantes. L'artiste construit un territoire pictural original, interrogeant les signes qu'il porte dans sa mémoire - vision depuis l'enfance.
Farid BELKAHIA, artiste-artisan, cette affirmation pose problème à quelques uns. BELKAHIA y répond lui-même : "Je me considère comme un artisan dans la mesure où je travaille sans cesse un même objet, comme un artiste dans la mesure où je donne une émotion".
Fantasmes, vibrations : ses oeuvres cristallisent les traces de la mémoire et de l'intuition, la recherche d'un univers plastique autonome.
Artiste-artisan, BELKAHIA entend déborder cette polarité, faire acte d'une expérience avec la matière.
Farid BELKAHIA a su au long des années capter la culture millénaire de son pays ; il maintient dans le recueillement de son atelier un entretien continu avec les matériaux, cherchant toujours de nouvelles techniques.

Farid Belkahia Né à Marrakech, Maroc, en 1934.
Vit et travaille à Asilah.
Principales expositions personnelles.
1953 Première exposition à Marrakech.
1955-56-57 Galerie Mamounia, Rabat.
1957-67 Galerie Bab Rouah, Rabat. Galerie municipale, Casablanca.
1972 Galerie l'Atelier, Rabat. Galerie Design Steel, Paris.
1973 Galerie l'Atelier, Rabat.
1977 Galerie Structure, Rabat. Galerie l'Atelier, Rabat.
1979 Moussem culturel d'Asilah.
1980 Galerie Documenta, Copenhague. Galerie Nadar, Casablanca.
1984 Galerie l'Atelier, Rabat. Galerie Nadar, Casablanca. Galerie Al Kasabah, Asilah. Musée Batha, Fès. Centre culturel espagnol, Fès. Galerie Alif-Ba, Casablanca.
1986 Maison de la Culture du Havre.
Principales expositions collectives.
1957 Peintres marocains, Tunis.
1959-61 Biennale de Paris.
1956-59 Biennale d'Alexandrie.
1958 Arts plastiques marocains, Washington.
1963 2000 ans d'art au Maroc, Paris.
1966 Exposition manifeste, place Jamaa el Fna, Marrakech et place du 16 novembre, Casablanca. 1972 Intemational Paly Group, New York.
1974 Exposition des peintres maghrébins, Alger. 1ère Biennale arabe, Bagdad.
1975 Artistes marocains à Tunis.
1976 Exposition itinérante, Rabat, Fès, Meknès, Asilah.
1978 Peintres arabes, Centre culturel irakien, Londres.
1979 Exposition pour la sauvegarde de la Médina, Tunis.
1980 Salon de Mai, Paris. Galerie Faris, Paris. Peinture marocaine contemporaine, Fondation Miro, Barcelone (Espagne). FIAC, Grand Palais, Paris.
1981 Salon de Mai, Paris.
1982 International Fair of contemporary Art, Bâle (Suisse).
1984 Installation pour le centenaire de G. Bachelard, Romilly-sur-seine (France).
1985 Présences artistiques du Maroc, Grenoble. Maison de la culture, Grenoble. Galerie Passage, Troyes France).
1986 Présences artistiques du Maroc, Portugal.
1987 Biennale de Sao Paulo (Brésil).
1988 Présences artistiques du Maroc, Bruxelles, Ostende, Liège (Belgique).

Tallal Chaïbia
Tallal Chaïbia est née en 1929 à Chtouka, dans la région de Casablanca.
Elle grandit à la campagne, où, comme les petites filles de son âge, elle apprend à tisser la laine et à broder, ce qui lui servira plus tard pour gagner sa vie. Elle n'a jamais été à l'école et ce n'est que ces dernières années qu'elle prend des cours pour apprendre à lire et à écrire.
C'est en 1965 à l'âge de 36 ans que Tallal Chaïbia commence à peindre et montre ses toiles à son fils et au peintre Ahmed Cherkaoui qui l'encouragent. Pierre Gaudibert, de passage au Maroc, la découvre et la fait participer en 1966 au Salon des Indépendants au Musée d'Art Moderne de Paris.
Autodidacte, elle peint tout un monde intériorisé qu'elle restitue avec force et originalité. Ce sont des visages aux expressions saisissantes et dont elle n'a retenu que l'essentiel pour exprimer ce qu'elle ressent. Ce sont surtout des transpositions chromatiques abstraites qui n'ont plus aucun rapport avec la peinture naïve de ses débuts. De son pinceau chargé de degrés différents d'intensité, jaillissent des couleurs vives, violentes qu'elle va puiser dans les paysages où elle a été élevée. Sa nature de paysanne toute instinctive ressort de sa peinture qui, comme elle, déborde d'énergie et de gaieté. Elle réinvente ainsi la vie grouillante des milieux populaires dans une orgie de formes et de couleurs laissant le spectateur entrevoir sa force de caractère et son immense joie de vivre. On trouve dans ses toiles un plaisir de la répétition, caractéristique de l'enfance dont elle a conservé cette capacité à trancher dans le vif et à ne retenir que l'essentiel. Les personnages restent son sujet de prédilection et prennent possession de toute la surface de la toile. Deux thèmes reviennent avec constance: le visage et les mains.
Comme la plupart des autodidactes, elle transmet toute son affectivité travers la couleur qu'elle utilise à l'état pur. Elle joue sur la juxtaposition des couleurs entre un rose et un orange par exemple. Elle se donne ses propres lois. La toile s'organise loin des enseignements des maîtres anciens et modernes. Sa force de caractère lui a permis de se frayer son propre chemin et de s'imposer en tant qu'artiste femme malgré le poids des traditions sociales.

Tallal Chaïbia Née dans la région de Casablanca, Maroc.
Vit et travaille à Casablanca.
Principales expositions
1966 Goethe Institut, Casablanca. Galerie Solstice, Paris. Salon des Surindependants, Musée d'Art moderne, Paris.
1969 Marrocan School, Copenhague. Kunstkabinett, Francfort.
1970 Les Halles aux idées de fête, Paris.
1971 Dar America, Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès, Tanger.
1973 CIPAC, Galerie L'Oeil de boeuf, Paris.
1974 Exposition personnelle, Galerie L'Oeil de boeuf, Paris. Galerie Ivans Spence, Ibiza. Salon des réalités nouvelles, Paris.
1975 Exposition personnelle, Galerie L'Oeil de boeuf, Paris.
1976 Biennale de Menton.
1977 2e Biennale arabe, Rabat. Salon de Mai, Paris. Salon Réalité nouvelle, Paris.
1979 Centre culturel de Montmotillon, France.
1980 Galerie L'Oeil de boeuf, Paris. Galerie Ibtissam, Tunis. Galerie Engel, Rotterdam, Irak. Galerie Documenta Danemark. Art 80, Paris.
1981 FIAC, Grand Palais, Paris.
1982 Galerie Alifba, Casablanca. Cagnes-sur-mer, France.
1983 Galerie Ibtissam, Tunis. Galerie L'Oeil de boeuf, Paris.
1984 Galerie municipale, Vitry-sur-Seine (France). Art . contemporain arabe, Tunis. Musée d'art vivant, Tunis. FIAC, Grand Palais, Paris. Galerie de L'Oeil de boeuf, Paris. Institut Français, Athènes (Grèce).
1985 Présences artistiques du Maroc, Grenoble. Galerie L'Oeil de boeuf, Paris.
1986 Galerie le Carré, Suisse.
1987 Biennale de la Havane (Cuba). Salon d'Automne, Grand Palais, Paris.
1988 Présences artistiques du Maroc, Bruxelles, Ostende, Liège (Belgique).
1989 La peinture contemporaine marocaine, Galerie Almada Negreiros, Madrid. Galerie l'Oeil de Boeuf, Paris.
1990 Institut du Monde Arabe, Paris.

Mohamed Kacimi Il y a plus de vingt ans que KACIMI peint. Il peint depuis toujours, puisqu'il se concentre sur son travail depuis l'âge de dix-sept ans, sans s'écarter de sa préoccupation essentielle, trouver le sens du réel, le nommer dans le langage de la peinture. Aussi l'oeuvre évolue-t-elle vers un approfondissement, une rigueur et une richesse qui naissent de ce questionnement existentiel permanent.
KACIMI intervient sur ses peintures par des touches improvisées, dynamiques. Il se sert de ses doigts, de pinceaux, ficelles, cartons pour appliquer ses poudres, acryliques, colles, pigments'
Les couleurs forment une ombre qui en mouvement, laisse apparaître parfois la forme d'un corps qui n'est pas dissociable de l'ensemble des rythmes, des gestes, de la toile. A travers sa quête picturale, l'artiste privilégie inlassablement des signes-traces qui s'inscrivent, s'effacent, puis se masquent par d'autres signes.
Ces derniers travaux ont évolué, des petits formats aux grandes surfaces (3 à 5 mètres). Ces gestes sont désormais plus libres. La couleur ocre apparaît et transmet la fascination de l'artiste pour le désert. KACIMI utilise aussi les haïks comme supports, pièces de coton blanc, tissées à la main et drapées sur le corps des femmes. Il les porte au souk des teinturiers de la médina qui les plongent dans du jaune safran, du bleu cobalt, du rouge amarante'
KACIMI ne cesse de transgresser tout ce qui peut suggérer l'idée d'un encadrement : non seulement dans le cadre conventionnel du tableau de chevalet, mais aussi dans le cadre de l'atelier ou de la galerie. Ce peintre cherche à dépasser l'espace social concédé aux arts plastiques. Il a souvent travaillé à l'extérieur de l'atelier pour peindre des murs avec d'autres peintres ou avec des enfants ; il a planté des bâtonnets peints et fait flotter des étendards sur des rochers au plus près de l'océan Atlantique. En sortant de l'atelier, il se confronte à l'espace extérieur, aux éléments : l'eau, le vent, le soleil, pour une célébration de l'homme, de la terre. Il participe à de multiples rencontres et débats dans plusieurs pays et ne cesse d'écrire des textes publics ou intimes.
Son oeuvre s'inscrit en marge de l'abstraction calligraphique. Il refuse de s'enfermer dans l'esthétisme des signes et de l'artisanat. Sa peinture est en rupture avec les dogmes anciens et modernes.
En tant que peintre intellectuel, il assume une certaine radicalité: "De quelle image s'agit-il, écrit-il, ou peut-être de quelles images? De quel Maroc? Le Maroc histor

Présentation des artistes

Origine géographique

Maroc

Mots-clés

Date (année)

1990

Cote MCM

MCM_1990_MA_E2

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