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Syrie. Cérémonie soufie d'Alep. Dhikr Qâdirî-Khâlwatî. Spectacle

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Évènement

Titre

Syrie. Cérémonie soufie d'Alep. Dhikr Qâdirî-Khâlwatî. Spectacle

Sous-titre

avec le munshîd Muhammmad Hakim et les membres de la Zawiya Hilaliya

Date

2001-03-20

Date de fin

2001-03-22

Direction artistique

Lieu de l'évènement

Type d'évènement

Cérémonie, rituel

Description de la pratique

20-22 mars 2001
Le soufisme est la mystique de l'islam. Il s'agit de la principale voie de réalisation spirituelle propre à cette religion. Le terme arabe tasawuf dérive du mot sûf, laine, par référence à la robe de laine que portaient les premiers soufis. Le soufisme se
fonde sur le Coran, la parole divine matérialisée dans un livre sacré, ainsi que sur la sunna ou pratique du prophète Muhammad, le modèle par excellence de tout musulman et l'Homme Parfait pour le mystique.
Le soufisme a parfois été mis en opposition avec la religion formelle, attachée à la lettre, à l'aspect extérieur de la révélation, et qui constitue l'écorce de l'islam. En fait, il en est le complément, comme religion du coeur et de l'esprit, et comme dimension intérieure de l'islam. Le soufisme constitue la voie qui conduit de l'écorce au noyau, c'est-à-dire de la loi religieuse commune à tous les croyants (sharî'a) à la réalité, à la vérité transcendante, terme de la quête mystique. Le soufisme apparaît donc comme une voie initiatique qui ne s'adresse qu'à ceux qui sont prêts à renoncer au monde objectif et implique une mort suivie d'une renaissance, un dépouillement du moi en vue de laisser la place au seul Soi divin (en arabe : Huwa, "Lui").
Cette voie des derviches, c'est la tarîqa, à la fois chemin et confrérie, qui offre les moyens d'atteindre l'union avec Dieu. Le rattachement à une tarîqa s'effectue à travers la personne du shaykh, le maître qui en assure la direction spirituelle. Celui-ci doit avoir franchi toutes les étapes du périlleux voyage intérieur, afin de pouvoir à son tour guider ses derviches après les avoir initiés, c'est-à-dire leur avoir transmis la baraka, la grâce divine.
Pratiquement, la technique centrale de toute voie contemplative repose sur l'invocation, l'oraison, et le soufisme n'échappe pas à cette règle. Sa méthode est basée sur le dhikr ou mention, souvenir, remémoration ' sous-entendu de Dieu ' conformément à l'injonction coranique : "Ô vous qui croyez, invoquez souvent le nom de Dieu ! Louez-le matin et soir !" (33, 41-42).
Le terme dhikr dérive du syriaque dhukrana, ce qui indique que le principe existait avant l'islam. Les soufis, cependant, en ont fait une méthode tout à fait originale dont la pratique systématique est attestée dès le IXe siècle avec Abu Yazid Bastâmi (mort en 874) et surtout Sahl Tostari (mort en 896). La récitation des formules du dhikr s'appuie sur diverses techniques qui mettent en 'uvre le souffle et les mouvements du torse et de la tête. Il en résulte notamment une hyperventilation qui engendre un état de stupeur ou d'obnubilation qui favorise la concentration mentale.
Le dhikr consiste en la répétition incessante du Nom suprême, Allah, généralement accompagnée de la récitation d'autres noms désignant des qualités divines, tels que Hayy (le Vivant) et Qayyûm (le Subsistant). Le dhikr résume toute la voie : en s'immergeant totalement dans la répétition du nom divin, le derviche s'assimile à Lui, de sorte que l'invocant (dhâkir), l'Invoqué (madhkûr) et l'invocation (dhikr) ne font plus qu'un.
L'identité suprême est alors réalisée, transcendant toute dualité, toute limite, et réintégrant la nature primordiale et parfaite de l'être.
La conférie Qâdiriya
Né en 1077 dans une petite ville proche de la Mer Caspienne, 'Abd al-Qâdir al-Jîlâni s'établit à Bagdad à l'âge de dix-huit ans dans l'intention d'étudier le droit musulman.
Quand il a terminé ses études, il disparaît pendant trente-trois ans. La légende dit qu'il passe toutes ces années à méditer, retiré dans le désert. Il réapparaît à Bagdad vers 1127 pour occuper la chaire de son dernier maître, Abu Sa'ad al-Mubârak. Ses élèves lui construisent une habitation à l'endroit où il enseigne et ce lieu devient le premier ribât (couvent), le premier centre qâdiri de Bagdad.
Ses sermons attirent aussi bien des juifs, des chrétiens que des musulmans. Ils ont été consignés dans un livre intitulé La Conquête du Divin, qui demeure le principal ouvrage étudié au sein de la confrérie.
'Abd al-Qâdir al-Jîlâni meurt en 1166 à l'âge de quatre-vingt neuf ans et il est enterré dans son ribât, qui devient alors un lieu de pèlerinage encore très fréquenté de nos jours. Ses deux fils perpétuent son enseignement et lui donnent la mesure d'un véritable mouvement.
Au XVe siècle, cette confrérie est présente en Irak, en Syrie, en Égypte et dans toute l'Afrique du nord. La qâdiriya est aujourd'hui la plus grande confrérie du monde musulman. Elle se subdivise en de multiples branches portant chacune le nom de son fondateur. Celle qui nous intéresse ici est la khâlwatiya, fondée par al-Khâlwatî (mort en 1397).
Elle se répandit en Syrie et eut une grande renommée au XVIIe siècle. Plus connue sous son nom turc de Halvéti, elle se distingue par une retraite (khâlwa) de quarante jours afin de favoriser et de faciliter l'introspection, l'amour de Dieu, mais aussi l'éducation des âmes des murîdin ou apprentis mystiques. Cette retraite est encore régulièrement pratiquée chaque hiver.
Le dhikr de la Zawiya Hilaliya
À Jalloum, quartier populaire de la vieille ville d'Alep, le vendredi après-midi, avant la prière du couchant, les marchands et chalands du bazar se retrouvent pour un moment unique : le dhikr. Là, dans la salle de prière de la zawiya hilaliya, ils célèbrent ensemble le divin.
Tout comme les medersas, écoles religieuses destinées à abriter différents spécialistes des sciences religieuses, la zawiya est un lieu rattaché à une confrérie déterminée et réservé à la prière et à la méditation. Fondée en 1680 par le shaykh Hilal Ramî Hamdani, cette zawiya a toujours été dirigée par ses descendants qui sont enterrés dans la cour.
Aujourd'hui, elle est dirigée par le shaykh Jamal Eddine al-Hilali. Toujours fidèle aux préceptes du fondateur, l'enseignement de la théologie, des doctrines religieuses et de la pensée mystique y est encore assuré aujourd'hui.
Tout au long des différentes phases qui constituent la cérémonie, les formules scandées forment un socle sonore impressionnant sur lequel viennent se superposer les chants d'invocation et de louanges du munshîd, le chantre Muhammad Hakim. Son chant obéit aux règles de la tradition des modes, des rythmes et des formes musicales du Proche-Orient : mûwashshah, qad, shghul sûfi. Muhammad Hakim, élevé depuis sa plus tendre enfance dans un milieu mystique, a fait des études de théologie et appris les mûwashshahat (poèmes chantés de tradition savante) ainsi que le répertoire religieux avec les plus grands maîtres alépins. Il est devenu l'un des principaux chantres de la zawiya hilaliya.
Arwad Esber

ORDRE DU DHIKR DE LA ZAWIYA HILALIYA
1. Glorification du Sublime : ouverture
Ouverture du dhikr. Litanie sur la profession de foi :"Il n'y a de dieu que Dieu", prononcée par les officiants avec emphase. Récitation du soliste sur la litanie des officiants. Cette étape est suivie de la rakza,
2. Glorification du Sublime : Rakza
Intervalle musical consolidant la construction du dhik. Le munshîd chante des muwash - shahat, une qasîda et des louanges (mada'eh) pour préparer les officiants à l'extase.
3. Musaddar
Dérivé du mot sadar (poitrine) en raison du mouvement de torse des officiants. Répétition du nom d'Allah.
4. Maqsûm (partagé, réparti)
Les officiants répètent "Allahumma" (Ô mon Dieu), expression qui regroupe à elle seule les 99 noms de Dieu. Le mouvement de torse des officiants va de la droite vers la gauche, d'où le terme de maqsum.
5. At-taraqqî (élévation, ascension)
Les officiants répètent un vers sur l'éternité de Dieu, préexistant à toute chose et infini. et une prière : "Ô Toi qui réponds, nous te supplions d'exaucer notre demande".
6. As-sawi (d'après le nom d'un des shaykh de la tarîqa)
Répétition du nom d'Allah avec accompagnement des tambours daf. Le soliste improvise dans le style du hadi (pour stimuler les chameaux dans le désert) afin de mener les officiants vers la source.
7. Khummari (envahi par la fièvre, bouillonnant, faire lever la pâte)
Les officiants répètent : "Ô mon Dieu, nous implorons ta clémence dans nos épreuves. Ta clémence écartera les malheurs". C'est dans cette étape que les officiants atteignent en principe le summum de la pureté spirituelle, le wajd.
8. Dandana (bourdonnement)
Les officiants répètent le nom d'Allah en se balançant alternativement d'avant en arrière.

Le Festival de l'Imaginaire remercie M. Muhammad Qadri Dalal et M. Fateh Abou Zeid.

Contributeurs

Origine géographique

Syrie

Mots-clés

Date (année)

2001

Cote MCM

MCM_2001_SY_S1

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Titre Localisation Date Type
Syrie. Cérémonie soufie d'Alep. Dhikr Qâdirî-Khâlwatî. Photos Syrie 2001-03-20 Photo numérique
Syrie. Cérémonie soufie d'Alep. Dhikr Qâdirî-Khâlwatî. Photos Syrie 2001-03-20 Photo numérique
Titre Localisation Date Type
5e Festival de l'Imaginaire 2001